COTES DE FLANDRE ET DE PICARDIE
La côte de France offre un
aspect assez monotone sur les plages du Nord le paysage varie un peu,
selon qu'il existe ou non des falaises, mais les grèves sont partout, de
Dunkerque au Crotoy, c'està-dire jusqu'à l'embouchure de la Somme,
caractérisées par la largeur des estrans et l'envahissement continu du
sable qui, soulevé par le vent, est entraîné vers le rivage, où il
obstrue l'entrée des rivières et forme des dunes. Depuis la frontière
belge jusqu'à Sangatte, la grève est absolument plate elle se relève un
peu, puis apparaissent les falaises à pic du rivage du Pas-de-Calais à
partir du cap Gris-Nez, le sable a envahi le pied des falaises, et,
quoique celles-ci soient toujours très élevées, elles reculent
vers l'intérieur des terres, où elles forment des collines, et les
plages redeviennent plates et sablonneuses. Cette physionomie se
conserve jusqu'au Crotoy.
Cette première région peut être divisée
en deux parties Flandre, et Boulonnais-Picardie. La première division,
la Flandre, est située sur le rivage de la mer du Nord sur le
Pas-de-Calais se rencontrent les vestiges d'anciens ports, aujourd'hui
comblés, et la vie ne reprend que sur la côte boulonnaise, à partir du
cap Gris-Nez.
Plages de la Flandre.
Les rivages de la mer
du Nord, de Dunkerque à Calais, représentent une terre artificielle
conquise sur la mer par la main de l'homme.
La rivière l'Aa
divaguait autrefois à partir de Saint-Omer, et te vaste triangle ainsi
formé depuis cette ville jusqu'à Dunkerque et Calais, qui forment les
deux autres sommets, est le produit des alluvions de la rivière. Lors de
la formation de ce delta, long de 56 kilomètres, la mer recula peu à
peu devant les apports du fleuve, et bientôt, sur le terrain qui s'élève
ainsi lentement, la mer apporta le sable enlevé par le vent sur les
grèves immenses asséchées par chaque marée, et des dunes, première
barrière apportée au flot, se trouvèrent for mées.
C'est en cet
état que se trouvait la Flandre française aux premiers siècles de notre
ère: d'un côté la mer, de l'autre des marais ou moères, séparés de
l'Océan par de longues dunes, ouvertes d'espace en espace, pour laisser
s'écouler les diverses branches de l'Aa, portes ouvertes au flot qui, au
moment des grandes marées, venait envahir l'arrière des dunes et
ravager le sol mouvant des marais et des fragiles chaussées qui les
divisaient en lacs ou moëres, car c'est le nom qui leur est encore
conservé. Les comtes de Flandre ont beaucoup contribué à la conquête
industrielle de cette vaste région, en commençant les travaux
d'endiguement qui frayèrent un lit régulier aux bouches du fleuve. On
put alors assécher peu à peu les moères, et, lentement, ces terres
désolées furent remplacées par d'admirables cultures qui trouvèrent un
terrain tout préparé dans les dépôts de l'Aa.
Aujourd'hui, les
canaux multiples qui circulent dans la Flandre et en relient toutes les
principales villes, traversent des prairies merveilleuses qui
contrastent singulièrement avec l'aspect morne des dunes qui les
protègent contre les flots de la mer. La région des dunes est d'une
largeur de 1 à 2 kilomètres rien ne saurait rendre la sauvagerie - mônotone et triste de ces rivages silencieux, troublés seulement par le
bruit régulier des vagues, - qu'aucun obstacle n'arrête. Ces dunes
figurent une région montagneuse en miniature, constituée par des
monticules de 10 à 20 mètres de hauteur, de telle sorte qu'à moins de
monter sur un des dômes -les plus élevés, il est impossible d'embrasser
une grande étendue de terrain. Il résulte de ce fait qu'à moins de bien
connaître le pays, il est impossible de s'aventurer dans ce labyrinthe.
Rien
ne pousse sur les dunes à peine y voit-on de place en place, et sur les
flancs les plus à l'abri du vent de mer, une herbe courte et rare.
L'économiste Bande a proposé de fixer les dunes par des plantations
d'oyats, petite graminée à racines traçantes très fournies, qui
parviennent à consolider le sol, à le faire et à le préparer ainsi à
recevoir d'autres végétaux. Il est certain que si l'on pouvait arriver à
planter ces vastes terrains, on enlèverait à la région son aspect
triste et désolé, en même temps qu'on supprimerait un des dangers qui
menacent le pays.
Car la dune marche et tendance à ensevelir les
terrains exploités. Il faut se rendre compte, en effet, que la marée
laisse d'énormes estrans deux fois par jour or, les vents d'ouest ou
nord-ouest, .qui souffle presque continuellement sur les rivages de la
Flandre, apportent de nouvelles quantités de sables et constituent de
nouvelles dunes, en contribuant à exhausser les anciennes. D'autre part,
l'action du vent entraine les dunes, les.détruit et les remplace, ce
qui change plusieurs fois par an l'aspect des rivages, fait grave et
qui, d'après A. Burat, a souvent amené des naufrages en trompant les
navigateurs qui se fient à la configuration des lieux.
En résumé,
il y a peu de chose à dire des côtes de la Flandre, dont les plages
sont tristes et monotones d'aspect; la villégiature n'est possible que
dans les villes ou dans les villas qui les entourent mais les campagnes
qui se trouvent derrière les dunes sont riantes et très vivantes il ne
faudrait donc pas croire que ces régions soient déshéritées au point de
vue du pittoresque la plage de Rosendaël jouit, au contraire, d'une
réputation justifiée. Sur toutes les plages de cette région, comme,
d'ailleurs, sur toutes les plages depuis Dunkerque jusqu'au Havre, la
mer est souvent agitée par les vents du large, et les lames déferlent
violemment sur la rive les vents, en été, et surtout en septembre, sont
très violents, et le bain y est vraiment hydrothérapique et excitant
aussi toutes les stations de cette côte sont-elles favorables aux
enfants lymphatiques, et même aux malades scrofuleux mais elles ne
conviennent pas du tout aux sujets nerveux et facilement excitables,
non plus qu'aux personnes atteintes d'affections du cœur ou des voies
pulmonaires.
C'est surtout aux plages du Nord qu'il faut tenir
compte des recommandations générales qui ont été formulées dans l'introduction; le bain doit être court, de deux à cinq minutes pour
les jeunes enfants, et de dix minutes seulement pour les adultes. Des
bains plus longs pourraient, dans certaines conditions défavorables,
provoquer des accidents. Il faut se souvenir, en effet, que la lame de
mer, surtout quand le flot est agité, est un véritable moyen
hydrothérapique, dont l'action sur l'économie peut être très vive.
Beaucoup
de personnes à intestin délicat ne peuvent supporter les plages du
Nord, en raison des changements rapides et vifs de températures, qui
amènent chez elles des entérites souvent douloureuses. C'est là un
accident assez fréquent des premiers jours de séjour, et il n'est pas
rare de voir des personnes vigoureuses atteintes de diarrhées et même de
vomissements dans la nuit qui suit leur arrivée, surtout lorsque cette
arrivée coïncide avec un vent violent ou' seulement frais.
Aussi
ne saurait-on trop recommander aux voyageurs qui vont passer l'été sur
les côtes de Flandre d'emporter des vêtements chauds et de s'en vêtir
dès qu'arrive le soir; c'est là une précaution dont on se trouvera
toujours bien.
Un autre inconvénient des plages du Nord, comme
aussi de toutes les plages très sablonneuses, est la projection du sable
à travers le visage, qui se produit toutes les fois que le vent est
violent, et particulièrement marée basse il est donc utile de noter ce
fait pour ne pas choisir cette région quand on doit y conduire des
enfants dont les peux sont malades ou seulement sensibles.
Dunkerque,
Duinkerken en flamand, c'est-à-dire église des Dunes, ville et port de
France, chef-lieu d'arrondissement (Nord), à 67 kilomètres N.-O. de
Lille, à 88 kilomètres par chemin de fer et 281 N.-N.-E. de Paris, sur
la mer du Nord 35,071 habitants.
Topographie.
La situation
de Dunkerque, dont le niveau se trouve souvent plus bas que celui des
marées, a donné au pays une configuration toute particulière. Jusqu'au Ve siècle, la partie occupée aujourd'hui par la ville était encore à
demi noyée sous les eaux d'un golfe puis sur la côte, élargie par les
alluvions qui s'y déposaient, commencèrent des travaux d'endiguement,
dirigés d'abord par les échevins,
VILLAS ET APPARTEMENTS.
On trouve des appartements et des maisons meublées,
soit en ville, confiés de nos jours à des commissions syndicales de
grands propriétaires, les Watteringues,. comme on les appelle du mot
watergand, qui désigne les fossés d'assainissement creusés à travers
champs. Ces fossés se déversent dans des canaux, aboutissant à la mer
par des écluses qu'on ouvre à marée basse. Grâce à cette organisation
spéciale, le nombre d'hectares cultivable s'élève à 40,000.
C'est
vers 960 que Baudoin III, comte de Flandre, fortifia le petit hameau
de Saint-Gilles, berceau de la ville de Dunkerque. Philippe lé Bel la
prit aux comtes de Flandre et la conserva jusqu'en 1305. De 1588 à 1658,
elle fut prise et reprise successivement par les Français et les
Espagnols la victoire des Dunes (1658); remportée par Turenne, devait
nous en assurer la possession mais Louis XIV céda la la ville aux
Anglais qui nous avaient aidés à la reconquérir. En 1662, Charles II la
revendit au roi pour 5 millions, Vauban la fortifia, et elle prit une
part active aux guerres contre l'Angleterre et la Hollande c'est
l'époque des corsaires dunkerquois,
Jean Bart et Forbin, dont les exploits sont légendaires (1688-1697).
Les
traités d'Utrecht (1713), d'Aix-la-Chapelle (1748) et de Paris (1763)
imposèrent à la France la destruction du port de Dunkerque. Sauvée des
Anglais par la victoire de Hondschoote (1793), cette place maritime
commença, sous la Restauration, des travaux de reconstruction activement
poursuivis depuis. Le décret du l'i juillet 1861 provoqua
l'élargissement et l'approfondissement du chenal, l'établissement d'un
troisième bassin, et d'autres améliorations qui font aujourd'hui de
Dunkerque un de nos meilleurs ports.
Dunkerque est la patrie du
jurisconsulte Guillaume Martins, de Denis Montfort, du peintre Descamps,
des généraux Thévenet et de Guilleminot, et de la glorieuse dynastie
des Bart, Jean, Frauçois et Philippe, dont le dernier fut gouverneur de
Saint-Domingue.
Dunkerque se compose
de trois parties, trois îles, séparées entre elles par les canaux de
Furnes, de Moëres, de Bergues, de Bourbourg et de Mardych.
Au nord se trouve la ville proprement dite, coupée de rues
régulières et assez larges, qui renferme lia chapelle Notre-Dame des Dunes l'église Saint-Eloi, lieu de sépulture de Jean Bart et de sa
famille le Beffroi, ancienne tour de l'église Saint-Eloi, contenant les
29 cloches du fameux carillon; le musée et la bibliothèque, réunis dans
un même édifice de construction moderne. Au sud s'étend la Basse-Ville,
centre d'établissements industriels au sud-ouest, enfin, sont les
quartiers pauvres et populeux dits de la Citadelle, parce qu'ils
occupent la place de l'ancienne forteresse.
L'entrée
du port de Dunkerque est assez difficile, car le chenal qui y donne
accès débouche sur une grève plate et au milieu d'une mer peu profonde
aussi un grand nombre de phares et de balises ont été établis pour
diriger les navires. Ceux-ci pénétrent d'abord dans une fosse qui
constitue la rade de Dunkerque de là ils entrent dans un chenal formé
par deux jetées en charpentes de 800 mètres de longueur, puis dans
l'avant-port, canal d'environ 600 mètres qui précède immédiatement
le port d'éclaouage; c'est seulement à marée haute que s'ouvrent les
bassins à flot, au nombre de trois. La longueur totale à parcourir est
de 2 kilomètres environ, la profondeur en vive eau, c'està-dire au
moment du maximum de tenue, n'est que de 6m,5O, ce qui ne permet pas à
Dunkerque de recevoir les navires de très grand tonnage. La superficie
totale du port est de 18 hectares, et les quais offrent au service des
navires un développement de près de trois kilomètres.
Comme tous
ceux des rives du nord de la Manche et de la mer du Nord, le port de
Dunkerque a tendance à s'ensabler, et ce n'est qu'au prix de grands
efforts qu'on parvient à maintenir la profondeur du chenal à ce point de
vue, les.travaux exécutés dans ces dernières années peuvent être
considérés comme un modèle dans l'art de l'architecture maritime. Un
grand nombre de bassins à écluses ont été creusés à l'ouest du chenal et
sur toute la longueur de l'avant-port au moment de la pleine mer, ces
bassins se remplissent, et l'eau qu'ils renferment est conservée grâce à
la fermeture automatique des portes. Lorsque la mer est basse et le
chenal presque à sec, on ouvre toutes les écluses à la fois, et la masse
d'eau, qui n'est pas moindre de deux millions de mètres cubes, se
précipite en un torrent impétueux qui balaie le chenal, le creuse et
entraine à la mer le sable qui a été apporté par le flot.
La
plage de Dunkerque est située à l'est du port, dans les dunes que
traverse la route de Rosendaël. On y trouve un grand établissement de
bains et un casino assez bien décoré. C'est surtout autour du casino
que sont groupées les villas dont l'ensemble constitue véritablement,
plutôt que la ville elle-même, la station balnéaire de Dunkerque. Le
service des bains se fait à l'aide de cabines roulantes qui conduisent
le baigneur jusqu'à la mer. Le vent du large est âpre et rend souvent la
lame dure, ce qui fait que le baigneur doit être très prudent.
Cette
plage est triste, le pays environnant est plat et non boisé; les dunes
sur lesquelles sont groupées les maisons occupent un assez vaste espace,
et de plus, on se trouve encore trop près des nombreuses usines dont
les cheminées accidentent seules le paysage.
Dunkerque est en
effet une ville essentiellement commerçante et industrielle on y trouve
des filatures, des scieries, des raffineries de pétrole le port arme
pour la pêche à la morue et fait un commerce extrêmement actif avec
l'Angleterre le mouvement était en 1875 de 1,300,000 tonnes, tant en
exportation qu'en importation.
Les
environs de la ville de Dunkerque sont surtout intéressants par les
canaux nombreux qui les sillonnent le paysage est verdoyant et la
culture très active mais on ne doit rien attendre de pittoresque dans
une région artificielle où tout, même le sol, est l'œuvre do l'homme les
jardins nombreux qui entourent la ville sont admirablement entretenus
les habitants y mettent un grand amour-propre, mais les promenades sont
monotones, et les seules distractions du baigneur se trouvent dans les
excursions en mer ou dans les visites aux villes voisines Gravelines,
Calais, Rosendaël, que nous décrivons plus loin, et à l'intérieur du
pays Hondschoote, Bourbourg, Bergues.
Parmi celles-ci, Bergues
est la plus intéressante on y remarque l'un des plus beaux monuments du
département du Nord le Beffroi, tour gothique datant du xvie siècle, qui
renferme une énorme cloche du poids de 6,500 kilogrammes et un carillon
célèbre.
A Hondschoote, on peut voir une belle tour du xve
siècle, surmontée d'un clocher élevé la hauteur du monument atteint 80
mètres.
ROSENDAEL est une petite plage située à 1 kilomètre au
nord de la grève de Dunkerque; c'est un village balnéaire très gai et
d'aspect plus riant que celui de la ville aussi le nombre des baigneurs y
est-il plus considérable. On y trouve un établissement de bains, un
casino et des villas entourées de beaux jardins.
Depuis quelques
années, cette petite station se développe assez rapidement; jusqu'à ces
dernières années, son succès était surtout dû à la population du
département du Nord, mais depuis peu la plage deRosendaël voit un
certain nombre de baigneurs Parisiens, attirés par la vie gaie et
mouvementée qu'y mènent les riches habitants des villes manufacturières
des environs. On sait que c'est dans le Nord que se trouvent les plus
belles fortunes de France.
* * *
CALAIS
Calais, chef-lieu de
canton (Pas-de-Calais), arrondissement de Boulogne, à 31 kilomètres N.-B.
de cette ville; 270 N. de Paris et 377 par chemin de fer, situé sur le
Pas-de-Calais 12,573 habitants.
Historique.
On ignore la date de
la fondation de Calais, dont l'origine se perd dans la nuit des temps;
elle faisait partie du fief des contes de Boulogne, dont l'un lui
octroya, à la fin du VIII° siècle, une charte communale. Fortifiée par le
comte Philippe Hurepel, elle avait acquis, au XIVe siècle, assez
d'importance pour entrer dans l'association de la Hanse teutonique. En
1346, après la bataille de Crécy, Edouard III vint mettre le siège
devant Calais et s'en empara au bout de onze mois on connaît l'acte de
dévouement par lequel
Eustache de Saint-Pierre et ses compagnons sauvèrent la ville d'une
destruction totale. Pendant plus de deux siècles, les Anglais restèrent
maitres de la place, et ce fut seulement en 1558 que François de Guise
la reconquit, après un blocus de huit jours. Les Espagnols s'en
emparèrent pendant les guerres de la Ligue (1595), mais le traité de
Vervins (1598) nous rendit définitivement cette importante place forte.
C'est à Calais que débarqua Louis XVIII, lorsqu'il rentra en France pour
la première fuis le 24 avril 1814
Parmi les hommes célèbres qui naquirent à Calais, citons seulement Eustache de Saint-Pierre et le romancier Pigault-Lebrun.
Aspect et monuments.
Calais,
en sa double qualité de ville fortifiée et de cité à demi anglaise,
présente un aspect sévère: des murailles, des bastions, deux forts la
défendent l'un au sud-ouest, le fort Nieulay, l'autre au nord le fort
Risbanc. Quant aux monuments enfermés dans l'enceinte, ce sont l'église
Notre-Dame, rebâtie par les Anglais à la fin du XIV siècle, et si haute
qu'on l'aperçoit de Douvres, l'hôtel de ville, dont
l'une des ailes est surmontée
d'un beffroi qui renferme l'un des plus célèbres carillons de la
Flandre; la' tour du Guet, vieil édifice romain réparé au commencement
du siècle, et l'hôtel de Guise construit par Édouard III et donné par
Henri Il au vainqueur de Calais.
Calais fait une concurrence très
active au port de Boulogne pour le transit des voyageurs et le
transport des marchandises à grande vitesse pour l'Angleterre on exporte
beaucoup de produits alimentaires destinés à l'approvisionnement de
Londres le mouvement des voyageurs atteint jusqu'à 200,000 par an.
Calais
est une ville à demi anglaise et nos voisins d'outre-Manche s'y sont
installés en tel nombre que, pendant la saison d'été, on compte trois
Anglais sur quatre baigneurs c'est à eux qu'appartiennent la plupart des
villas qui couvrent les environs de la ville.
Les murs
d'enceinte qui ont été conservés ont empêché le développement de la
vieille ville aussi une ville nouvelle s'est-elle créée au sud des
remparts :c'est à Saint-Pierre-lès-Calais que s'est concentrée la vie
industrielle du pays il s'y trouve des filatures, des fonderies et
surtout des fabriques de tulle.
départs par jour, services à prix réduits pendant la saison.
Port et plage.
Un
chenal assez court maintenu libre, grâce aux puissantes chasses
pratiquées à chaque marée par les eaux de retenue, donne accès au
port d'échouage dans lequel s'ouvrent les écluses du bassin de flot. Ce
port est beaucoup trop petit pour les besoins commerciaux de Calais.
L'établissement
de bains et la plage se trouvent placés en avant de la ville, au pied
de dunes qui protègent le port et ses bassins, ils sont donc situés
assez loin et d'une façon assez incommode, car pour s'y rendre, on est
obligé de longer tous les quais et de franchir le bassin des chasses sur
un pont. Le casino est une assez jolie construction en bois,
confortablement aménagée. La plage est de tout point analogue à celle de
Dunkerque et les observations que nous avons faites à ce sujet peuvent
se rapporter également aux bains de mer de Calais. Le plus grand nombre
des villas et pensions des environs de Calais se trouve nu village des
Baraques, situé 2 kilomètres de la ville, au delà du bassin à Ilot.
Le séjour de ce village est plus agréable et l'on se trouve à proximité
des bains sans avoir à faire le grand détour que nous venons de
signaler.
Promenades et excursions. On peut facilement faire de Calais d'intéressantes excursions aux belles falaises qui longent le Pas-de- Calais et qui sont bornées. par les caps Blanc-Nez et Gris-Nez. (Voir la description de cette côte. au chapitre suivant, côte du Boulonnais.) Parmi les villes curieuses à visiter, citons Gravelines, Sangatte, Wissant, Guines, Marquise, Boulogne, etc.
GRAVELINES.
Ville fortifiée, située entre Dunkerque et Calais, sur un petit port
assez fréquenté des bateaux de commerce anglais. Gravelines a joui
autrefois d'une importance considérable; mais l'ensablement de son port
et l'impossibilité où l'on se trouve d'y remédier comme à Calais et à
Dunkerque par des chasses puissantes, a beaucoup diminué le commerce qui
s'y est longtemps fait.
On y trouve un chantier de constructions
navales, et de grands entrepôts où sont déposés les œufs et les fruits
qui constituent à peu près les seuls articles d'exportation avec
l'Angleterre. Le seul monument remarquable de cette ville est sa vieille
église datant du XVIe siècle.
Deux petits établissements de
bains de mer sont situés aux villages du Grand et du Petit fort
Philippe, qui se trouvent bâtis sur le bord même de la mer et de chaque
côté du chenal, à 4 kilomètres de Gravelines.
SANGATTE. Ce petit
port de pêche (10 kilom. de Calais) est situé au commencement du
soulèvement des falaises du Boulonnais. Son seul intérêt est qu'on a
projeté d'y établir l'entrée du tunnel sous-marin qui doit être creusé
entre la France et l'Angleterre. Ancien port d'échouage, aujourd'hui
enterré sous les dunes: lorsque le vent est violent, le déplacement du
sable met souvent à jour les anciennes constructions et les quais. Ce
bourg se trouve à peu près au centre de la syrte aujourd'hui bien
diminuée, qui est creusée entre les caps Blanc-Nez et Gris-Nez.
WISSANT.
Wissant a été un port de commerce important son existence remonte au
temps de César et l'on trouve encore aujourd'hui des monnaies et des
armes romaines dans les environs, particulièrement dans les terrains qui
forment le tumulus de la motte Carlin.
GUINES. Vieille ville
célèbre par l'entrevue du Camp du Drap d'Or; on y visite l'église et
l'hôtel de ville, monuments modernes. Au centre de la ville se voient
les restes de l'ancien château et de son donjon. La ville est peu
intéressante par elle-même, mais elle se trouve placée au milieu d'une
belle forêt accidentée, où l'on rencontre de superbes points de vue
* * *
PLAGES DU BOULONNAIS
CALAIS A SAINT-VALERY-SUR-SOMME
A
partir de Sangatte, les dunes disparaissent et le soulèvement du
Boulonnais se dessine; on monte peu à peu jusqu'aux hautes falaises du
Pas-de6Calais, limité par les caps Blanc-Nez au N.-E. et Gris-Nez au
S.-O. La ligne qui joint ces deux caps forme une syrte arrondie au fond
de laquelle se trouve le village de Wissant, aujourd'hui à moitié enfoui
sous les sables qui tendent à envahir la petite baie.
Cette
ligne représente la cassure par laquelle la mer du Nord communique avec
la Manche, les terrains sont absolument identiques à ceux qui se
trouvent en face sur la côte anglaise.
Le cap Blanc-Nez présente
un escarpement à pic de falaises formées par la craie blanche, aussi la
mer, qui vient en battre le pied sape-t-elle ce terrain friable, qui
s'écroule graduellement. De Sangatte, on peut suivre à marée basse la
ligne des falaises, qui s'élèvent jusqu'à 140 mètres, mais il faut bien
choisir son heure, car si l'on était gagné par le flot, il n'y aurait
aucun secours à attendre. On trouve au delà du cap le cran d'escale, par
où l'on peut remonter sur la falaise. Le cap Blanc-Nez représente du
côté de la mer un vaste amoncellement de ruines.
Au delà de
Wissant, les terrains qui constituent la falaise changent d'aspect, on
voit apparaître des bancs jurassiques inférieurs, marnes et craies
glauconiennes verdâtres supportées par des argiles du gault. Ces argiles
imperméables sont celles qui retiennent dans tout le bassin du Nord les
eaux dites de niveau, et l'on voit sur la falaise émerger, à peu près à
mi-hauteur, un grand nombre de cascatelles très pittoresques.
Du cap à Berck-sur-Mer, les
falaises diminuent de hauteur et reculent vers l'intérieur des terres,
la base se trouvant ensablée, ce qui fait que, malgré la présence de
hauts contreforts, les plages sont très plates et peu accidentées, mais
le paysage n'en est pas moins fort joli, surtout aux environs de
Boulogne, où les côtes d'Equihen et d'Alprech présentent de fort beaux
points de vue.
A partir d'Equihen, les dunes reparaissent et ne
cessent plus jusqu'à Saint-Valery, interrompues seulement par
l'embouchure de la Canche et celle de l'Authie, dans les baies
sablonneuses de ce nom.
Toute cette côte est dangereuse et
inhospitalière pour la navigation, les courants qui apportent dans cette
région, sous forme de sable, les débris des falaises normandes, sont
des plus dangereux pour les navires, qu'ils portent sur un rivage sans
abri. On ne trouve, en effet, aucun port pour les bateaux de moyen
tonnage entre Dieppe et Boulogne, c'est-à-dire sur une étendue de près de
200 kilomètres.
* * *
BOULOGNE
Boulogne, sous-préfecture du
département du Pas-de-Calais, à 118 kilomètres N.-O. d'Arras, à 236
N.-N.-O. de Paris et 272 par le chemin de fer du Nord, à 32 kilomètres
de Douvres en Angleterre. Port de mer à l'embouchure de la Liane, dans
la Manche.
Les environs de Boulogne sont
formés de falaises escarpées descendant brusquement dans la mer; la
ville elle-même est à demi bâtie sur le flanc d'une colline. A six ou
sept kilomètres au large, se trouve un banc sous-marin, la bassure de
Bass, formé de sables accumulés, qui protège le port contre la fureur des marées et constitue un brise-lames naturel de
grande importance
La ville de Boulogne est
fameuse dans l'histoire de la Gaule les savants l'assimilent au Portius Itius des Commentaires de César; Caligula y bâtit un phare Claude et
Constantin y séjournèrent. Attila l'assiégea en vain (449) mais les
Normands parvinrent à s'en emparer (882) et la conservèrent jusqu'en
912. Au moyen âge, les comtes du Boulonnais furent de puissants
seigneurs Godefroy de Bouillon naquit, dit-on, à Boulogne même en
1477, Louis XI fit rentrer le comté dans le domaine de la couronne, et,
pour éviter de rendre hommage aux ducs de Bourgogne, dont il se trouvait
ainsi devenu le vassal, s'avisa de mettre la ville et ses dépendances
sous la suzeraineté de la Vierge, exploitant à son profit une légende
miraculeuse en honneur dans le pays. Prise par les Anglais en 1544,
rachetée par Henri Il en 1550, Boulogne se conduisit bravement pendant les guerres du XVIIe et du XVIIIe siècle. Mais c'est en 1801
qu'elle prit une nouvelle importance,grâce à Napoléon et au projet de
descente en Angleterre. Pendant quatre ans, d'immenses armements furent
faits sur toute la côte le maréchal Soult, l'amiral Bruix, et, par trois
fois, Napoléon lui-même présidèrent aux manoeuvres; puis, en 1805, la
défaite de frafalgar força l'empereur à rappeler son armée pour
combattre la quatrième coalition. Sous le règne de Louis-Philippe, on
doit citer la tentative du prince Louis-Napoléon en 1840.
Les
principales illustrations de Boulogne sont le professeur Daunou, qui fut
aussi président du conseil des Cinq-Cents et du Tribunat Frédéric
Sauvage, l'inventeur de la navigation à hélice, le célèbre critique
Sainte-Beuve et l'égyptologue Mariette-Bey.
Aspect et Monuments.
Boulogne
se divise en deux parties la haute ville, comprenant l'ancienne cité,
ceinte de murailles et flanquée de tours, s'élève à l'est, au sommet
d'unecolline du haut de laquelle
on jouit d'une admirable vue sur le port, la mer et, les jours de beaux
temps, jusqu'aux falaises de Douvres, les remparts plantés d'arbres,
l'antique château bâti au xme siècle par Philippe Hurepel,les rues
tortueuses et irrégulières contribuent à donner à cette partie de la
ville une physionomie pittoresque. La basse ville, au contraire, et son
annexe le quartier industriel de Brequerecque, s'étend le long des
quais, sur la rive droite de la Liane; c'est là que se trouvent les
magasins de luxe, les hôtels, les maisons bourgeoises, habitées en grand
nombre par des Anglais. Boulogne, comme Valais, est en effet une ville à
demi anglaise, et la langue de nos voisins s'y parle couramment. De
l'autre côté du fleuve, le faubourg de Capécure renferme la gare, le
bassin à flot et des usines en nombre considérable.
Sauf le
château et un vieux beffroi situé derrière l'Hôtel de Ville, presque
tous les édifices de Boulogne sont modernes et n'offrent aucun intérêt
artistique ou historique. La cathédrale Notre-Dame, achevée en 1866,
repose sur une crypte du XII siècle; les autres églises, dont une
seule, Saint-Nicolas, est d'origine ancienne, n'ont rien de remarquable.
Deux digues jetées,
présentant une légère courbure destinée à protéger les navires contre
les vents d'ouest, donnent accès, par un chenal de 700 mètres de long
sur 72 mètres de large, dans le port d'échouage, long de 900 mètres et
large de 100 à 180 mètres; une écluse de chasse, avec pont tournant, le
sépare de l'arrière-port, formé par le lit de la Liane, et communiquant
avec le bassin de retenue, d'une superficie de plus de 60 hectares. Au
S.-O. du chenal, se trouve le bassin à flot, pouvant abriter les navires
du plus grand tonnage.
Les phares de Gris-Nez et d'Alprech et
les feux du port suffisent à éclairer cette partie de la côte. Le
mouvement commercial de Boulogne, quoique moindre que celui de
Dunkerque, est encore de 180 à 200,000 tonnes à l'entrée, de 60,000 à la
sortie; 30,000 à 70,000 voyageurs s'y embarquent ou y débarquent trouve, tant dans la ville même que sur les bordsde la Liane, des pensions de famille (Buarding-liousps) où l'on peut s'installer pour la saison à des prix variables suivant l'époque, mais toujours relativement élevés.
Malgré les travaux exécutés, le port de Boulogne, de premier ordre comme
port de pêche, est loin d'offrir toute la sécurité désirable; on a
projeté d'utiliser la Bassure de Bass dont nous parlons plus haut, et
d'y établir une digue qui, entourant la côte. d'Ambleteuse à Equihen,à
une distance maxima de 3,000 mètres, constituerait une superbe rade en
eau profonde et ferait de Boulogne le premier port de cette région.
La
plage de Boulogne est fort belle le sable,y est fin et elle s'avance en
pente douce depuis le bas de la jetée nord du port jusqu'au premier
rocher prés du fort de la Brèche, ce qui lui donne une étendue d'environ
1 kilomètre. La mer y est souvent dure, ce qui rend le secours du
baigneur nécessaire aux enfants, aux femmes et à toutes les personnes
qui ne savent pas nager; aussi, pour remédier à cet inconvénient, la
ville a-t-elle fait construire deux magnifiques bassins de natation où
l'eau se renouvelle à chaque marée. Le paysage de cette plage est nul au
point de vue pittoresque, car on n'y a pour distraction que la vue du
mouvement du port et le panorama, d'ailleurs fort beau, mais monotone,
des hautes collines surchargées de villas qui entourent la ville mais les personnes qui aiment la vie mondaine et
luxueuse trouveront rarement un établissement plus confortable et mieux
installé. Une terrasse qui domine immédiatement la plage et dans
laquelle sont creuséa les bassins de natation, donne accès au Casino,
vaste construction de 50 mètres de largeur, formée d'un carré long
tlanqué aux quatre angles de pavillons qui avancent sur le reste du
monument. Ce Casino renferme un théâtre, une salle de bal, de grands
salons de lecture, une bibliothèque, des jeux, etc. Derrière la
construction, c'est-à-dire du côté de la ville, se trouve un grand
jardin, admirablement entretenu et ombragé de beaux arbres, où peuvent
jouer les enfants lorsque le vent est trop violent sur la plage.
Le
climat de Boulogne, résidence favorite des Anglais, est froid, brumeux
ou pluvieux à partir du mois d'août, les soirées et les nuits sont
fraîches et humides. Ce sont là des conditions défavorablespour les
baigneurs d'une constitution délicate ou à réaction lente aussi
doivent-ils prendre, sous le rapport du vêtement et des habitudes, les
précautions qu'exige un pareil climat. La vie de Boulogne n'est pas
seulement concentrée sur sa belle plage.
Promenades et Excursions.
La ville, fort
belle elle-même, possède des quais magnifiques, un certain nombre de
squares et de promenades non loin de ses remparts, jaillit une source
ferrugineuse, la Fontaine de Fer, très fréquentée par les baigneurs
anémiés au nord de la ville, se dresse la colonne érigée en mémoire de
la Grande-Armée. Aux environs, nous signalerons les hautes falaises
dominant la mer, la vallée du Denacre, le Moulinl'Abbé, avec sa vieille
et curieuse Chapelle, convertie en grange, la vallée de la Liane, etc.
Le
chemin de fer conduit à Marquise, à Ambleteuse, Wimereux, et à Etaples,
qui, avec le Portel et le Touquet, constituent les plages accessoires de
Boulogne.
Plages annexes de Boulogne.
AMBLETEUSE
Ce
petit village, situé à 9 kilomètres de Marquise, a perdu son importance
d'autrefois par suite de l'ensablement de son port. A cette petite
station balnéaire, point de départ des excursions au Cap Gris-Nez, la
vie est calme et très facile.
MARQUISE
Petite ville de
4,500 habitants, station du chemin de fer de Boulogne à Calais, est un
centre d'excursions très intéressantes. Les ruines de l'Abbaye de
Beaulieu; la Danse des Noces, monument druidique des plus curieux la
charmante Vallée Heureuse. que traverse la Slack, les hauts fourneaux et
les carrières de marbre de la région, etc., ramènent chaque année à
cette station des baigneurs et des touristes.
WIMEREUX
Hameau
bâti à l'embouchure du ruisseau le Wimereux, est fréquenté pendant la
saison par un certain nombre de baigneurs, pour la plupart professeurs
et étudiants, attirés par le laboratoire qu'y possède la Faculté des
sciences de Lille.
C'est un petit port de pêche
(4,266 hab.), situé non loin du cap d'Alprech et à 4 kilomètres de
Capécure. Au sud du Portel se trouve Equihen, village de pêcheurs, que
fréquentent de rares baigneurs.
ÉTAPLES
Chef-lieu de canton
(3,000 hab.), port sur la rivière de la Canche et station du chemin de
fer du Nord (voie de Paris à Boulogne et Calais). Cette petite ville,
d'origine antérieure à la conquête romaine, ne serait autre que
l'antique cité de Quentovic. Aujourd'hui, par suite de l'ensablement
presque général de la baie de la Canche, son port n'est plus accessible
qu'aux bateaux de pêche. Comme station balnéaire, Etaples se voit
délaissée par son ancienne clientèle de baigneurs, au profit de la plage
du Touquet.
LE TOUQUET
Station balnéaire de création
récente, située à 4 kilomètres d'Etaples, est appelée à devenir la
principale des plages annexes de Boulogne. Le Touquet possède une plage
de sable fin, sans galets ni vase, présentant une étendue de 5
kilomètres sur la mer et de 3 kilomètres sur la baie de la Canche. Le
hameau balnéaire, construit au centre d'un vaste terrain en bordure de
la mer, se trouve encadré: par des bois nouvellement plantés qui un jour
donneront de l'abri et rappelleront, mais de loin, Arcachon en raison
du grand nombre de sapinières que l'on a plantées. C'est là un grand
effort qui a été fait par les intéressés, il serait à souhaiter qu'il
soit récompensé, mais malheureusement cette région est bien âpre et bien
froide.
BERCK-SUR-MER
Berck-sur-Mer, bourg du Pas-de-Calais, arrondissement de Montreuil, 4,000 habitants.
Berck,
il y a seulement quelques années, n'était qu'un village de pêcheurs,
séparé de la mer par des dunes sablonneuses de 1,500 mètres de largeur.
Le choix
de cette plage pour l'installation d'un grand hôpital appartenant à
l'Assistance publique de Paris a décidé de la fortune de la station, La
décision de l'Administration a été prise sur les instances du docteur
Perrochaud de Montreuil qui avait remarqué et établi la rareté de la
scrofule dans les environs de Berck, et après un rapport favorable du
docteur Bergeron.
L'hôpital maritime est une vaste construction
qui peut recevoir jusqu'à 600 enfants encouragés par l'exemple de
l'Assistance publique, MM. de Rotchschild ont fondé un hôpital israélite
où 80 enfants peuvent recevoir des soins.
« Berck écrit le Dr
Bergeron, est situé sur la Manche, par 0°,40' de longitude Ouest, et
50°,20' de latitude Nord. Cette plage est circonscrite à l'Est, par une
zone de dunes dont la largeur varie de 100 à 400 mètres de la cime de
ces dunes, on embrasse d'un coup d'œil une longue étendue de sable, qui,
mesurant de (l'embouchure de l'Authie au sud, à celle de la Canche au
nord), une ligne droite de 21 kilomètres, peut, par les plus fortes
marées, avoir de 1,400 à 1,600 mètres de large et présente en tout temps
une surface unie, sans galets ni rochers. « En arrière des dunes, et
avant d'arriver au village qui donne son nom à la plage, on rencontre de
fertiles prairies dues à des relais de mer.
«
L'orientation de la plage est plein ouest, de sorte que l'horizon n'est
borné qu'au nord, par les falaises du Boulonnais et au sud par celle du
Tréport et de Dieppe. Les marins du pays affirment qu'elle est à la
fois préservée des vents froids du nord et de l'est, et ne se ressent
jamais des tempêtes qui soufflent du sud-ouest. On comprend cependant,
qu'à cette latitude, la température du rivage ne soit jamais extrêmement
élevée, mais ce qui est constant et digne de remarque, c'est que, par
les plus grands froids, elle ne s'abaisse jamais au-dessous de 9° et
reste la plupart des hivers entre + 4° et 4° ainsi le sable, celui même
que n'atteint pas le reflux, ne gèle jamais à une profondeur de plus de
Om,05. Qui ne reconnaît là l'influence de cette dérivation en retour du
Gulf-Stream*, qui, sous le nom de courant de Rennel, regagne
l'Atlantique en suivant les côtes de France et d'Espagne. Cette
circonstance explique comment les enfants peuvent, pendant la plus
grande partie de l'hiver, continuer à vivre en plein air, et je n'ai pas
besoin de faire ressortir l'importance de ce fait pour ceux des
scrofuleux dont la maladie exige un traitement prolongé. »
L'auteur
du rapport ajoute que « la plage n'est traversée par aucun cours d'eau,
venant de l'intérieur apporter des détritus et des immondices » qui la
souilleraient à marée basse. L'eau potable ne manque pas elle est
limpide et d'un goût agréable. Il n'y a pas de marais salants, et les
sables sont fixes ou, du moins, ne sont pas mouvants, et la mer, en se
retirant, laisse de petits bassins formés par des accidents de terrain,
et dans lesquels les enfants trouvent des bains à eau calme dont la
température s'élève parfois jusqu'à 25° centigrades. » (Bergeron, loc.
cit.)
On voit de suite, d'après cette description si nette et si
vraie, quelles immenses ressources les petits scrofuleux peuvent retirer
de pareils bains les excités seront apaisés comme à Arcachon, par ces bains à eau calcaire; les déprimés trouveront, dans le
bain à la lame, l'excitation nécessaire à leur organisme débilité.
« Les engorgements glandulaires, les abcès froids, les
gommes scrofuleuses, les tumeurs blanches, et enfin la rachitisme
peuvent y espérer, sinon la guérison, toujours une amélioration notable.
Les blépharites chroniques, en général les affections des yeux, les
éruptions eczémateuses, otorrhées sans lésion osseuse, les caries
étendues, les nécroses profondes, s'améliorent rarement et le plus
souvent s'exaspèrent. En résumé, il y a eu, sur 380 cas de diathèse
scrofuleuse, traités à l'hôpital des enfants de Berck-sur-Mer, 234
guérisons, -c'est-à-dire une proportion de 60 0/0 93 améliorations ou 23
0/0 18 décès ou 4,6 0/0 et 36 résultats nuls ou 9 0/0. » (Bergeron,
loc. cit.)
Ces chiffres sont certainement encourageants mais,
malgré l'autorité des docteurs Bergeron et Campardon, auxquels nous
avons emprunté les lignes qui précèdent, nous pensons qu'on doit en
attribuer le bénéfice beaucoup plus à l'hydrothérapie marine, à l'air salé et aux soins intelligents du
docteur Cazin, dont on ne saurait trop louer le dévouement et le zèle
professionnel, qu'au climat propre de la station de Berck. La situation
de cette ville est en effet des plus médiocres et, en dépit du
Gulf-Stream auquel on fait jouer vraiment un rôle par trop important et
qu'on fait remonter trop haut, Berck est dans une région froide et apre
de plus le sable, qui est le seul terrain du pays, est un grave
inconvénient pour faire séjourner sur la plage les enfants scrofuleux
qui sont trop souvent atteints d'ophtalmie. Il faut donc bien avouer
que, tout en acceptant l'utilité de stations maritimes, on doit
regretter que la première installation ait été faite dans un pays dont
le seul avantage réel est de ne ne pas être éloigné de Paris.
Le
docteur Bergeron, dans son rapport, a beaucoup insisté sur la
terminaison du Gulf-Stream sur les côtes de Picardie. Or il est
parfaitement démontré aujourd'hui que ce grand courant meurt au delà de
Cherbourg, sinon au point de vue mécanique, tout au moins au point de
vue de la température des eaux de mer. C'est sur la côte ouest du
Cotentin et aux îles normandes que se font sentir les derniers effets
bienfaisants du grand courant d'eau chaude. Or, si l'on veut, comme la
chose devrait être, choisir de véritables stations sanitaires, où l'on
soit certain de trouver un climat tempéré en été et en hiver, c'est à la
partie nord de la Bretagne et ouest du Cotentin qu'il faut s'adresser
là, les gelées sont rares, la neige ne tombe presque jamais, et les
camélias poussent en pleine terre les plages sont à l'abri des vents,
grâce aux pointes nombreuses qui limitent les anses. Voilà, à notre
avis, la seule région qui réponde à l'installation de véritables
sanatoria.
Cette opinion commence d'ailleurs à être partagée par
beaucoup de nos confrères et l'on peut espérer qu'avant peu, des
hôpitaux s'élèveront dans des terrains plus propices que celui de la
côte de Berck.
Saint Valery sur Somme chef-lieu de canton (Somme) à l'embouchure de la Somme petit port de 3,605 habitants.
Historique.
Saint-Valery,
dont l'emplacement fut peut-être occupé jadis par un camp romain, doit
sa fondation à un moine de Luxeuil (613). Louis III remporta à Saucourt, dans les environs, une
victoire qui délivra la ville des Normands (881). Un siècle et demi plus
tard, Harold y fut emprisonné enfin c'est de Saint-Valery que Guillaume
le Conquérant parti de Dive et forcé par le vent du sud de se réfugier
dans la haie de la Somme, s'embarqua définitivement pour l'Angleterre en
1066.
Pendant la guerre de Cent ans, la ville de SaintValery fut
prise et pillée par Charles le Mauvais en 1745, brûlée par Louis XI; au XIII° siècle, ruinée par les guerres de la Ligue ce n'est qu'à la fin du XVIIe siècle qu'elle entra dans une ère de tranquillité.
Saint-Valery a donné naissance au père Lallemand et au contre-amiral Perrée.Aspect et Monuments.
Le
port de Saint-Valery s'appelle la Ferté; la ville proprement dite
occupe le sommet d'une colline qui tombe à pic dans la mer, on y voit
les restes de vieux remparts, les ruines de la tour où fut enfermé
Harold, et l'église Saint-Martin, datant du XIIIe du XVe et du XVIe
siècle. La basse ville n'offre rien de particulier à signaler quant à
l'abbaye de Saint-Valery, elle est située en dehors du mur
d'enceinte; il existe une chapelle sans intérêt, à l'extrémité de la
colline qui forme le cap Hornu ou Cornu et d'où l'on jouit d'une belle
vue sur la baie, la mer et les environs.
Port et baie de Somme.
Avant
la construction du viaduc reliant les deux rives de l'estuaire,
Saint-Valéry et le petit port du Crotoy qui lui fait face présentaient
une certaine importance comme lieu de refuge pour les navires qui se
rendait à Abbeville. Aujourd'hui la baie tend à s'ensabler sur plusieurs
points, on rend les rives à la culture à l'entrée, s'accumulent des
bancs considérables que les chasses établies sont impuissantes à
balayer. On a cependant projeté d'agrandir le port en y ajoutant un
bassin à flot. Actuellement il se compose d'un chenal, bordé d'une digue
de halage, et d'un port d'échouage accessible aux navires de 300 à 500
tonneaux.
C'est un curieux spectacle que de voir, à la marée
montante, cet immense estuaire, large à son embouchure de près de deux
lieues, et presque à sec
quand la mer est basse, envahi rapidement par le flot qui monte avec
bruit, entraînant une centaine de petits bateaux à voiles, ramenés du
large où ils pêchaient la crevette et le maquereau. SaintValery est en
effet un port de pêche assez important, et cette industrie contribue,
avec l'exportation des légumes, à la prospérité du pays.
Il n'y a
pas de plage à Saint-Valery pourtant il existe deux établissements de
bains, l'un à la Ferté, à l'entrée du port, l'autre plus loin, vers la
ville, près de la pépinière où est bâti le casino. Ces bains sont peu
fréquentés, car on ne peut s'y baigner qu'à marée haute, et l'extension
n'en est pas considérable.
Promenades et Excursions.
De
Saint-Valery on peut faire de jolies excursions au Bois des Bruyères, à
Pinche-Falise et à la vallée d'Amboise on peut aussi se rendre, par
terre ou par eau à la sous-préfecture d'Abbeville. Parmi les bourgs et
les villages environnants, il faut citer Rue, Crécy, Noyelles, dans
l'intérieur des terres, les petits ports du Crotoy, du Hourdcl, et les
plages de Cayeux et d'Onival.
ABBEVILLE. Selon les uns Hableville ou
Havreville, selon les autres Abbatis villa, sous-préfecture du
département de la Somme, située sur la Somme (19,000 habitants).
Cette
cité fortifiée par Charlemagne et par Hugues Capet, faisait partie des
fameuses villes de la Somme au sujet desquelles Louis XI batailla si
souvent contre les ducs de Bourgogne; en 1415, Louis XII y célébra son
mariage avec Marine d'Angleterre les guerres de la Ligue et celles du
règne de Louis XIV nuisirent au développement commercial de la ville
dont les fortifications, presque détruites, furent réparées par Vauban.
C'est à Abbeville qu'eut lieu, en 1766, le jugement et l'exécution du
chevalier de la Barre.
Parmi les monuments à visiter, signalons
l'Eglise Saint-Wulfran, inachevée, mais très remarquable; le beffroi de
L'Hôtel de ville, et diverses vieilles maisons, situées dans des rues
anciennes et tortueuses; la garnison de François Ier, le logis
Sélincourt, les bâtiments de la prison. Abbeville a donné naissance à
Millevoye, au musicien Lesueur et à l'amiral Courbet.
La vallée
d'Abbeville, arrosée par trois rivières, communique en outre avec le
canal de Saint-Quentin, et avec la mer par le canal de Saint-Valery, ce
qui permet à un certain nombre de vaisseaux, représentant ensemble
environ 20,000 tonnes, d'entrer dans le port d'Abbeville et d'en sortir
annuellement. Des manufactures de draps, de tapis, de toiles, des
raffineries, des corderies constituent les industries principales
d'Abbeville.
RUE.
Jadis port de mer, n'offre plus d'autre intérêt
que son église, ou plutôt sa chapelle du Saint-Esprit, restée seule
debout après la démolition de l'église Saint-Vulphy, en 1826. Cette
chapelle, bâtie du XIIIe au XVIE siècle, est ornée d'un porche où se
trouvent de superbes sculptures.
CRÉCY-EN-POHTHIEU.
Situé aux
environs d'une belle forêt de 28 kilomètres de tour, possède une église
du XV° siècle et une croix très ancienne; on y visite en outre le champ
de bataille où Édouard III vainquit Philippe de Valois en 1346.
NOYELLES-SUR-MER.
Pauvre village de 802 habitants, voyait autrefois la marée pénétrer
jusqu'à l'écluse d'un moulin dans le ruisseau du Pont-Dieu; près de là
se trouve la Butte de Saint-Ouen, dans laquelle des fouilles récentes
ont fait découvrir de nombreux ossements.
Stations annexes de Saint-Valery
LE CROTOY
Autrefois
ville importante, aujourd'hui bourg maritime de 1,500 habitants, situé
au milieu de la baie de Somme, à 3 kilomètres environ au nord de
Saint-Valery, entouré de vieux remparts; on y montre une église dont le
clocher date du XVe siècle, et l'emplacement d'une tour où Jeanne d'Arc
aurait été enfermée par les Anglais. Ce port bien abrité, possède un
grand bassin de retenue, qui sert à combattre le rapide ensablement du
chenal. L'établissement de bains, assez fréquenté à cause de la
salubrité du Crotoy, renferme un jardin anglais, un restaurant, un café,
des salons on y découvre une belle vue sur la mer, la baie et
Saint-Valery. Peu d'excursions à faire, vu l'insignifiance des environs
on se rend cependant aux dunes de Saint-Quentin, intéressantes surtout
au point de vue géologique. Le port du Crotoy est un port de pêche comme
Saint-Valery.
LE HOURDEL
(102 habitants) est un simple
hameau de Cayeux situé à 4 kilomètres de Saint-Valery, la plage y est
belle et l'on a songé à y établir des bains.
CAYEUX
Gros bourg de 300 habitants, possède une église du XIIIe siècle.
Le
voisinage de quelques dunes causait autrefois l'ensablement des rues et
des champs mais il s'est élevée une masse de galets, arrachés aux
falaises du Bourg-d'Ault, qui protège les habitations et permet à la
culture de s'étendre.
A 2 kilomètres au nord de Cayeux, on a
établi un phare tournant de troisième ordre qui permet aux navires de se
diriger à travers les bancs de sable de la baie de Somme. Un grand
étang de 8 kilomètres de long servait de refuge aux barques de pêche,
avant que le chenal n'en eut été obstrué par le sable et les galets.
A
quelques kilomètres du sud de Cayeux, est une plage en formation à
marée haute, les galets y sont nombreux mais la mer, en se retirant,
laisse à découvert une superbe grève sablonneuse. Il s'y trouvait déjà
un établissement de bains mais depuis
quelques années, de nombreuses villas s'élèvent aux environs et l'on
bâtit en ce moment un petit casino et un hôtel destinés.à à attirer les
baigneurs, encore très rares sur cette partie de la côte, Onival touche,
par le faubourg des Quatre-Rues, au Bourg-d'Ault dont nous parlerons
plus bas. Onival est la première plage de galets en partant du nord à
mesure qu'on s'avance vers le sud, on en rencontre toujours davantage et
d'une façon plus continue.
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