mardi 3 mars 2015

côtes de Flandre et de Picardie

in " Plages du Nord et de la Normandie (de Dunkerque au Mont-Saint-Michel)" par G. Bardet, éditions Dentu, Paris, 1892.

COTES DE FLANDRE ET DE PICARDIE
La côte de France offre un aspect assez monotone sur les plages du Nord le paysage varie un peu, selon qu'il existe ou non des falaises, mais les grèves sont partout, de Dunkerque au Crotoy, c'està-dire jusqu'à l'embouchure de la Somme, caractérisées par la largeur des estrans et l'envahissement continu du sable qui, soulevé par le vent, est entraîné vers le rivage, où il obstrue l'entrée des rivières et forme des dunes. Depuis la frontière belge jusqu'à Sangatte, la grève est absolument plate elle se relève un peu, puis apparaissent les falaises à pic du rivage du Pas-de-Calais à partir du cap Gris-Nez, le sable a envahi le pied des falaises, et, quoique celles-ci soient toujours très élevées, elles reculent vers l'intérieur des terres, où elles forment des collines, et les plages redeviennent plates et sablonneuses. Cette physionomie se conserve jusqu'au Crotoy. 
 
Cette première région peut être divisée en deux parties Flandre, et Boulonnais-Picardie. La première division, la Flandre, est située sur le rivage de la mer du Nord sur le Pas-de-Calais se rencontrent les vestiges d'anciens ports, aujourd'hui comblés, et la vie ne reprend que sur la côte boulonnaise, à partir du cap Gris-Nez. 

Plages de la Flandre.
Les rivages de la mer du Nord, de Dunkerque à Calais, représentent une terre artificielle conquise sur la mer par la main de l'homme.
La rivière l'Aa divaguait autrefois à partir de Saint-Omer, et te vaste triangle ainsi formé depuis cette ville jusqu'à Dunkerque et Calais, qui forment les deux autres sommets, est le produit des alluvions de la rivière. Lors de la formation de ce delta, long de 56 kilomètres, la mer recula peu à peu devant les apports du fleuve, et bientôt, sur le terrain qui s'élève ainsi lentement, la mer apporta le sable enlevé par le vent sur les grèves immenses asséchées par chaque marée, et des dunes, première barrière apportée au flot, se trouvèrent for mées. 

C'est en cet état que se trouvait la Flandre française aux premiers siècles de notre ère: d'un côté la mer, de l'autre des marais ou moères, séparés de l'Océan par de longues dunes, ouvertes d'espace en espace, pour laisser s'écouler les diverses branches de l'Aa, portes ouvertes au flot qui, au moment des grandes marées, venait envahir l'arrière des dunes et ravager le sol mouvant des marais et des fragiles chaussées qui les divisaient en lacs ou moëres, car c'est le nom qui leur est encore conservé. Les comtes de Flandre ont beaucoup contribué à la conquête industrielle de cette vaste région, en commençant les travaux d'endiguement qui frayèrent un lit régulier aux bouches du fleuve. On put alors assécher peu à peu les moères, et, lentement, ces terres désolées furent remplacées par d'admirables cultures qui trouvèrent un terrain tout préparé dans les dépôts de l'Aa. 

Aujourd'hui, les canaux multiples qui circulent dans la Flandre et en relient toutes les principales villes, traversent des prairies merveilleuses qui contrastent singulièrement avec l'aspect morne des dunes qui les protègent contre les flots de la mer. La région des dunes est d'une largeur de 1 à 2 kilomètres rien ne saurait rendre la sauvagerie - mônotone et triste de ces rivages silencieux, troublés seulement par le bruit régulier des vagues, - qu'aucun obstacle n'arrête. Ces dunes figurent une région montagneuse en miniature, constituée par des monticules de 10 à 20 mètres de hauteur, de telle sorte qu'à moins de monter sur un des dômes -les plus élevés, il est impossible d'embrasser une grande étendue de terrain. Il résulte de ce fait qu'à moins de bien connaître le pays, il est impossible de s'aventurer dans ce labyrinthe. 

Rien ne pousse sur les dunes à peine y voit-on de place en place, et sur les flancs les plus à l'abri du vent de mer, une herbe courte et rare. L'économiste Bande a proposé de fixer les dunes par des plantations d'oyats, petite graminée à racines traçantes très fournies, qui parviennent à consolider le sol, à le faire et à le préparer ainsi à recevoir d'autres végétaux. Il est certain que si l'on pouvait arriver à planter ces vastes terrains, on enlèverait à la région son aspect triste et désolé, en même temps qu'on supprimerait un des dangers qui menacent le pays.

Car la dune marche et tendance à ensevelir les terrains exploités. Il faut se rendre compte, en effet, que la marée laisse d'énormes estrans deux fois par jour or, les vents d'ouest ou nord-ouest, .qui souffle presque continuellement sur les rivages de la Flandre, apportent de nouvelles quantités de sables et constituent de nouvelles dunes, en contribuant à exhausser les anciennes. D'autre part, l'action du vent entraine les dunes, les.détruit et les remplace, ce qui change plusieurs fois par an l'aspect des rivages, fait grave et qui, d'après A. Burat, a souvent amené des naufrages en trompant les navigateurs qui se fient à la configuration des lieux. 

En résumé, il y a peu de chose à dire des côtes de la Flandre, dont les plages sont tristes et monotones d'aspect; la villégiature n'est possible que dans les villes ou dans les villas qui les entourent mais les campagnes qui se trouvent derrière les dunes sont riantes et très vivantes il ne faudrait donc pas croire que ces régions soient déshéritées au point de vue du pittoresque la plage de Rosendaël jouit, au contraire, d'une réputation justifiée. Sur toutes les plages de cette région, comme, d'ailleurs, sur toutes les plages depuis Dunkerque jusqu'au Havre, la mer est souvent agitée par les vents du large, et les lames déferlent violemment sur la rive les vents, en été, et surtout en septembre, sont très violents, et le bain y est vraiment hydrothérapique et excitant aussi toutes les stations de cette côte sont-elles favorables aux enfants lymphatiques, et même aux malades scrofuleux mais elles ne conviennent pas du tout aux sujets nerveux et facilement excitables, non plus qu'aux personnes atteintes d'affections du cœur ou des voies pulmonaires. 

C'est surtout aux plages du Nord qu'il faut tenir compte des recommandations générales qui ont été formulées dans l'introduction; le bain doit être court, de deux à cinq minutes pour les jeunes enfants, et de dix minutes seulement pour les adultes. Des bains plus longs pourraient, dans certaines conditions défavorables, provoquer des accidents. Il faut se souvenir, en effet, que la lame de mer, surtout quand le flot est agité, est un véritable moyen hydrothérapique, dont l'action sur l'économie peut être très vive. 
 
Beaucoup de personnes à intestin délicat ne peuvent supporter les plages du Nord, en raison des changements rapides et vifs de températures, qui amènent chez elles des entérites souvent douloureuses. C'est là un accident assez fréquent des premiers jours de séjour, et il n'est pas rare de voir des personnes vigoureuses atteintes de diarrhées et même de vomissements dans la nuit qui suit leur arrivée, surtout lorsque cette arrivée coïncide avec un vent violent ou' seulement frais.

Aussi ne saurait-on trop recommander aux voyageurs qui vont passer l'été sur les côtes de Flandre d'emporter des vêtements chauds et de s'en vêtir dès qu'arrive le soir; c'est là une précaution dont on se trouvera toujours bien. 

Un autre inconvénient des plages du Nord, comme aussi de toutes les plages très sablonneuses, est la projection du sable à travers le visage, qui se produit toutes les fois que le vent est violent, et particulièrement marée basse il est donc utile de noter ce fait pour ne pas choisir cette région quand on doit y conduire des enfants dont les peux sont malades ou seulement sensibles. 
 
DUNKERQUE
Dunkerque, Duinkerken en flamand, c'est-à-dire église des Dunes, ville et port de France, chef-lieu d'arrondissement (Nord), à 67 kilomètres N.-O. de Lille, à 88 kilomètres par chemin de fer et 281 N.-N.-E. de Paris, sur la mer du Nord 35,071 habitants.

Topographie.
La situation de Dunkerque, dont le niveau se trouve souvent plus bas que celui des marées, a donné au pays une configuration toute particulière. Jusqu'au Ve siècle, la partie occupée aujourd'hui par la ville était encore à demi noyée sous les eaux d'un golfe puis sur la côte, élargie par les alluvions qui s'y déposaient, commencèrent des travaux d'endiguement, dirigés d'abord par les échevins, 

VILLAS ET APPARTEMENTS.
On trouve des appartements et des maisons meublées, soit en ville, confiés de nos jours à des commissions syndicales de grands propriétaires, les Watteringues,. comme on les appelle du mot watergand, qui désigne les fossés d'assainissement creusés à travers champs. Ces fossés se déversent dans des canaux, aboutissant à la mer par des écluses qu'on ouvre à marée basse. Grâce à cette organisation spéciale, le nombre d'hectares cultivable s'élève à 40,000. 
 
Historique.
C'est vers 960 que Baudoin III, comte de Flandre, fortifia le petit hameau de Saint-Gilles, berceau de la ville de Dunkerque. Philippe lé Bel la prit aux comtes de Flandre et la conserva jusqu'en 1305. De 1588 à 1658, elle fut prise et reprise successivement par les Français et les Espagnols la victoire des Dunes (1658); remportée par Turenne, devait nous en assurer la possession mais Louis XIV céda la la ville aux Anglais qui nous avaient aidés à la reconquérir. En 1662, Charles II la revendit au roi pour 5 millions, Vauban la fortifia, et elle prit une part active aux guerres contre l'Angleterre et la Hollande c'est l'époque des corsaires dunkerquois,
Jean Bart et Forbin, dont les exploits sont légendaires (1688-1697).
Les traités d'Utrecht (1713), d'Aix-la-Chapelle (1748) et de Paris (1763) imposèrent à la France la destruction du port de Dunkerque. Sauvée des Anglais par la victoire de Hondschoote (1793), cette place maritime commença, sous la Restauration, des travaux de reconstruction activement poursuivis depuis. Le décret du l'i juillet 1861 provoqua l'élargissement et l'approfondissement du chenal, l'établissement d'un troisième bassin, et d'autres améliorations qui font aujourd'hui de Dunkerque un de nos meilleurs ports.
Dunkerque est la patrie du jurisconsulte Guillaume Martins, de Denis Montfort, du peintre Descamps, des généraux Thévenet et de Guilleminot, et de la glorieuse dynastie des Bart, Jean, Frauçois et Philippe, dont le dernier fut gouverneur de Saint-Domingue.
 
Aspect et monuments.
Dunkerque se compose de trois parties, trois îles, séparées entre elles par les canaux de Furnes, de Moëres, de Bergues, de Bourbourg et de Mardych.
Au nord se trouve la ville proprement dite, coupée de rues régulières et assez larges, qui renferme lia chapelle Notre-Dame des Dunes l'église Saint-Eloi, lieu de sépulture de Jean Bart et de sa famille le Beffroi, ancienne tour de l'église Saint-Eloi, contenant les 29 cloches du fameux carillon; le musée et la bibliothèque, réunis dans un même édifice de construction moderne. Au sud s'étend la Basse-Ville, centre d'établissements industriels au sud-ouest, enfin, sont les quartiers pauvres et populeux dits de la Citadelle, parce qu'ils occupent la place de l'ancienne forteresse. 
 
Port et plage. 
L'entrée du port de Dunkerque est assez difficile, car le chenal qui y donne accès débouche sur une grève plate et au milieu d'une mer peu profonde aussi un grand nombre de phares et de balises ont été établis pour diriger les navires. Ceux-ci pénétrent d'abord dans une fosse qui constitue la rade de Dunkerque de là ils entrent dans un chenal formé par deux jetées en charpentes de 800 mètres de longueur, puis dans l'avant-port, canal d'environ 600 mètres qui précède immédiatement le port d'éclaouage; c'est seulement à marée haute que s'ouvrent les bassins à flot, au nombre de trois. La longueur totale à parcourir est de 2 kilomètres environ, la profondeur en vive eau, c'està-dire au moment du maximum de tenue, n'est que de 6m,5O, ce qui ne permet pas à Dunkerque de recevoir les navires de très grand tonnage. La superficie totale du port est de 18 hectares, et les quais offrent au service des navires un développement de près de trois kilomètres. 

Comme tous ceux des rives du nord de la Manche et de la mer du Nord, le port de Dunkerque a tendance à s'ensabler, et ce n'est qu'au prix de grands efforts qu'on parvient à maintenir la profondeur du chenal à ce point de vue, les.travaux exécutés dans ces dernières années peuvent être considérés comme un modèle dans l'art de l'architecture maritime. Un grand nombre de bassins à écluses ont été creusés à l'ouest du chenal et sur toute la longueur de l'avant-port au moment de la pleine mer, ces bassins se remplissent, et l'eau qu'ils renferment est conservée grâce à la fermeture automatique des portes. Lorsque la mer est basse et le chenal presque à sec, on ouvre toutes les écluses à la fois, et la masse d'eau, qui n'est pas moindre de deux millions de mètres cubes, se précipite en un torrent impétueux qui balaie le chenal, le creuse et entraine à la mer le sable qui a été apporté par le flot. 

La plage de Dunkerque est située à l'est du port, dans les dunes que traverse la route de Rosendaël. On y trouve un grand établissement de bains et un casino assez bien décoré. C'est surtout autour du casino que sont groupées les villas dont l'ensemble constitue véritablement, plutôt que la ville elle-même, la station balnéaire de Dunkerque. Le service des bains se fait à l'aide de cabines roulantes qui conduisent le baigneur jusqu'à la mer. Le vent du large est âpre et rend souvent la lame dure, ce qui fait que le baigneur doit être très prudent.
Cette plage est triste, le pays environnant est plat et non boisé; les dunes sur lesquelles sont groupées les maisons occupent un assez vaste espace, et de plus, on se trouve encore trop près des nombreuses usines dont les cheminées accidentent seules le paysage.

Dunkerque est en effet une ville essentiellement commerçante et industrielle on y trouve des filatures, des scieries, des raffineries de pétrole le port arme pour la pêche à la morue et fait un commerce extrêmement actif avec l'Angleterre le mouvement était en 1875 de 1,300,000 tonnes, tant en exportation qu'en importation. 

Promenades et excursions.
Les environs de la ville de Dunkerque sont surtout intéressants par les canaux nombreux qui les sillonnent le paysage est verdoyant et la culture très active mais on ne doit rien attendre de pittoresque dans une région artificielle où tout, même le sol, est l'œuvre do l'homme les jardins nombreux qui entourent la ville sont admirablement entretenus les habitants y mettent un grand amour-propre, mais les promenades sont monotones, et les seules distractions du baigneur se trouvent dans les excursions en mer ou dans les visites aux villes voisines Gravelines, Calais, Rosendaël, que nous décrivons plus loin, et à l'intérieur du pays Hondschoote, Bourbourg, Bergues.
Parmi celles-ci, Bergues est la plus intéressante on y remarque l'un des plus beaux monuments du département du Nord le Beffroi, tour gothique datant du xvie siècle, qui renferme une énorme cloche du poids de 6,500 kilogrammes et un carillon célèbre.
A Hondschoote, on peut voir une belle tour du xve siècle, surmontée d'un clocher élevé la hauteur du monument atteint 80 mètres. 

ROSENDAEL est une petite plage située à 1 kilomètre au nord de la grève de Dunkerque; c'est un village balnéaire très gai et d'aspect plus riant que celui de la ville aussi le nombre des baigneurs y est-il plus considérable. On y trouve un établissement de bains, un casino et des villas entourées de beaux jardins.
Depuis quelques années, cette petite station se développe assez rapidement; jusqu'à ces dernières années, son succès était surtout dû à la population du département du Nord, mais depuis peu la plage deRosendaël voit un certain nombre de baigneurs Parisiens, attirés par la vie gaie et mouvementée qu'y mènent les riches habitants des villes manufacturières des environs. On sait que c'est dans le Nord que se trouvent les plus belles fortunes de France. 

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CALAIS 
Calais, chef-lieu de canton (Pas-de-Calais), arrondissement de Boulogne, à 31 kilomètres N.-B. de cette ville; 270 N. de Paris et 377 par chemin de fer, situé sur le Pas-de-Calais 12,573 habitants. 

Historique.
On ignore la date de la fondation de Calais, dont l'origine se perd dans la nuit des temps; elle faisait partie du fief des contes de Boulogne, dont l'un lui octroya, à la fin du VIII° siècle, une charte communale. Fortifiée par le comte Philippe Hurepel, elle avait acquis, au XIVe siècle, assez d'importance pour entrer dans l'association de la Hanse teutonique. En 1346, après la bataille de Crécy, Edouard III vint mettre le siège devant Calais et s'en empara au bout de onze mois on connaît l'acte de dévouement  par lequel Eustache de Saint-Pierre et ses compagnons sauvèrent la ville d'une destruction totale. Pendant plus de deux siècles, les Anglais restèrent maitres de la place, et ce fut seulement en 1558 que François de Guise la reconquit, après un blocus de huit jours. Les Espagnols s'en emparèrent pendant les guerres de la Ligue (1595), mais le traité de Vervins (1598) nous rendit définitivement cette importante place forte. C'est à Calais que débarqua Louis XVIII, lorsqu'il rentra en France pour la première fuis le 24 avril 1814
Parmi les hommes célèbres qui naquirent à Calais, citons seulement Eustache de Saint-Pierre et le romancier Pigault-Lebrun. 
 
Aspect et monuments.
Calais, en sa double qualité de ville fortifiée et de cité à demi anglaise, présente un aspect sévère: des murailles, des bastions, deux forts la défendent l'un au sud-ouest, le fort Nieulay, l'autre au nord le fort Risbanc. Quant aux monuments enfermés dans l'enceinte, ce sont l'église Notre-Dame, rebâtie par les Anglais à la fin du XIV siècle, et si haute qu'on l'aperçoit de Douvres, l'hôtel de ville, dont
 l'une des ailes est surmontée d'un beffroi qui renferme l'un des plus célèbres carillons de la Flandre; la' tour du Guet, vieil édifice romain réparé au commencement du siècle, et l'hôtel de Guise construit par Édouard III et donné par Henri Il au vainqueur de Calais.
Calais fait une concurrence très active au port de Boulogne pour le transit des voyageurs et le transport des marchandises à grande vitesse pour l'Angleterre on exporte beaucoup de produits alimentaires destinés à l'approvisionnement de Londres le mouvement des voyageurs atteint jusqu'à 200,000 par an. 

Calais est une ville à demi anglaise et nos voisins d'outre-Manche s'y sont installés en tel nombre que, pendant la saison d'été, on compte trois Anglais sur quatre baigneurs c'est à eux qu'appartiennent la plupart des villas qui couvrent les environs de la ville.
Les murs d'enceinte qui ont été conservés ont empêché le développement de la vieille ville aussi une ville nouvelle s'est-elle créée au sud des remparts :c'est à Saint-Pierre-lès-Calais que s'est concentrée la vie industrielle du pays il s'y trouve des filatures, des fonderies et surtout des fabriques de tulle.
départs par jour, services à prix réduits pendant la saison.

Port et plage.
Un chenal assez court maintenu libre, grâce aux puissantes chasses pratiquées à chaque marée par les eaux de retenue, donne accès au port d'échouage dans lequel s'ouvrent les écluses du bassin de flot. Ce port est beaucoup trop petit pour les besoins commerciaux de Calais.
L'établissement de bains et la plage se trouvent placés en avant de la ville, au pied de dunes qui protègent le port et ses bassins, ils sont donc situés assez loin et d'une façon assez incommode, car pour s'y rendre, on est obligé de longer tous les quais et de franchir le bassin des chasses sur un pont. Le casino est une assez jolie construction en bois, confortablement aménagée. La plage est de tout point analogue à celle de Dunkerque et les observations que nous avons faites à ce sujet peuvent se rapporter également aux bains de mer de Calais. Le plus grand nombre des villas et pensions des environs de Calais se trouve nu village des Baraques, situé 2 kilomètres de la ville, au delà du bassin à Ilot. Le séjour de ce village est plus agréable et l'on se trouve à proximité des bains sans avoir à faire le grand détour que nous venons de signaler. 
 Promenades et excursions.
On peut facilement faire de Calais d'intéressantes excursions aux belles falaises qui longent le Pas-de- Calais et qui sont bornées. par les caps Blanc-Nez et Gris-Nez. (Voir la description de cette côte. au chapitre suivant, côte du Boulonnais.) Parmi les villes curieuses à visiter, citons Gravelines, Sangatte, Wissant, Guines, Marquise, Boulogne, etc.

GRAVELINES. Ville fortifiée, située entre Dunkerque et Calais, sur un petit port assez fréquenté des bateaux de commerce anglais. Gravelines a joui autrefois d'une importance considérable; mais l'ensablement de son port et l'impossibilité où l'on se trouve d'y remédier comme à Calais et à Dunkerque par des chasses puissantes, a beaucoup diminué le commerce qui s'y est longtemps fait.
On y trouve un chantier de constructions navales, et de grands entrepôts où sont déposés les œufs et les fruits qui constituent à peu près les seuls articles d'exportation avec l'Angleterre. Le seul monument remarquable de cette ville est sa vieille église datant du XVIe siècle.
Deux petits établissements de bains de mer sont situés aux villages du Grand et du Petit fort Philippe, qui se trouvent bâtis sur le bord même de la mer et de chaque côté du chenal, à 4 kilomètres de Gravelines. 

SANGATTE. Ce petit port de pêche (10 kilom. de Calais) est situé au commencement du soulèvement des falaises du Boulonnais. Son seul intérêt est qu'on a projeté d'y établir l'entrée du tunnel sous-marin qui doit être creusé entre la France et l'Angleterre. Ancien port d'échouage, aujourd'hui enterré sous les dunes: lorsque le vent est violent, le déplacement du sable met souvent à jour les anciennes constructions et les quais. Ce bourg se trouve à peu près au centre de la syrte aujourd'hui bien diminuée, qui est creusée entre les caps Blanc-Nez et Gris-Nez. 
  
WISSANT. Wissant a été un port de commerce important son existence remonte au temps de César et l'on trouve encore aujourd'hui des monnaies et des armes romaines dans les environs, particulièrement dans les terrains qui forment le tumulus de la motte Carlin. 

GUINES. Vieille ville célèbre par l'entrevue du Camp du Drap d'Or; on y visite l'église et l'hôtel de ville, monuments modernes. Au centre de la ville se voient les restes de l'ancien château et de son donjon. La ville est peu intéressante par elle-même, mais elle se trouve placée au milieu d'une belle forêt accidentée, où l'on rencontre de superbes points de vue 

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PLAGES DU BOULONNAIS
CALAIS A SAINT-VALERY-SUR-SOMME 

A partir de Sangatte, les dunes disparaissent et le soulèvement du Boulonnais se dessine; on monte peu à peu jusqu'aux hautes falaises du Pas-de6Calais, limité par les caps Blanc-Nez au N.-E. et Gris-Nez au S.-O. La ligne qui joint ces deux caps forme une syrte arrondie au fond de laquelle se trouve le village de Wissant, aujourd'hui à moitié enfoui sous les sables qui tendent à envahir la petite baie.
Cette ligne représente la cassure par laquelle la mer du Nord communique avec la Manche, les terrains sont absolument identiques à ceux qui se trouvent en face sur la côte anglaise.

Le cap Blanc-Nez présente un escarpement à pic de falaises formées par la craie blanche, aussi la mer, qui vient en battre le pied sape-t-elle ce terrain friable, qui s'écroule graduellement. De Sangatte, on peut suivre à marée basse la ligne des falaises, qui s'élèvent jusqu'à 140 mètres, mais il faut bien choisir son heure, car si l'on était gagné par le flot, il n'y aurait aucun secours à attendre. On trouve au delà du cap le cran d'escale, par où l'on peut remonter sur la falaise. Le cap Blanc-Nez représente du côté de la mer un vaste amoncellement de ruines. 

Au delà de Wissant, les terrains qui constituent la falaise changent d'aspect, on voit apparaître des bancs jurassiques inférieurs, marnes et craies glauconiennes verdâtres supportées par des argiles du gault. Ces argiles imperméables sont celles qui retiennent dans tout le bassin du Nord les eaux dites de niveau, et l'on voit sur la falaise émerger, à peu près à mi-hauteur, un grand nombre de cascatelles très pittoresques. 

Gris-Nez est formé de roches sombres qui lui donnent un aspect morne et triste, il est élevé seulement de 50 mètres au-dessus du niveau de la mer. Comme Blanc-Nez, ce cap est miné à la base par les courants de flot, aussi recule-t-il assez rapidement. Depuis le commencement du siècle, il a diminué de 20 mètres. Il supporte un phare de premier ordre, tour ronde qui est éclairée par un feu tournant il éclipses toutes les 30 secondes.

Du cap à Berck-sur-Mer, les falaises diminuent de hauteur et reculent vers l'intérieur des terres, la base se trouvant ensablée, ce qui fait que, malgré la présence de hauts contreforts, les plages sont très plates et peu accidentées, mais le paysage n'en est pas moins fort joli, surtout aux environs de Boulogne, où les côtes d'Equihen et d'Alprech présentent de fort beaux points de vue. 
 
A partir d'Equihen, les dunes reparaissent et ne cessent plus jusqu'à Saint-Valery, interrompues seulement par l'embouchure de la Canche et celle de l'Authie, dans les baies sablonneuses de ce nom.
Toute cette côte est dangereuse et inhospitalière pour la navigation, les courants qui apportent dans cette région, sous forme de sable, les débris des falaises normandes, sont des plus dangereux pour les navires, qu'ils portent sur un rivage sans abri. On ne trouve, en effet, aucun port pour les bateaux de moyen tonnage entre Dieppe et Boulogne, c'est-à-dire sur une étendue de près de 200 kilomètres. 

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BOULOGNE
Boulogne, sous-préfecture du département du Pas-de-Calais, à 118 kilomètres N.-O. d'Arras, à 236 N.-N.-O. de Paris et 272 par le chemin de fer du Nord, à 32 kilomètres de Douvres en Angleterre. Port de mer à l'embouchure de la Liane, dans la Manche. 

Topographie.
Les environs de Boulogne sont formés de falaises escarpées descendant brusquement dans la mer; la ville elle-même est à demi bâtie sur le flanc d'une colline. A six ou sept kilomètres au large, se trouve un banc sous-marin, la bassure de Bass, formé de sables accumulés, qui protège le port contre la fureur des marées et constitue un brise-lames naturel de grande importance 

Historique.
La ville de Boulogne est fameuse dans l'histoire de la Gaule les savants l'assimilent au Portius Itius des Commentaires de César; Caligula y bâtit un phare Claude et Constantin y séjournèrent. Attila l'assiégea en vain (449) mais les Normands parvinrent à s'en emparer (882) et la conservèrent jusqu'en 912. Au moyen âge, les comtes du Boulonnais furent de puissants seigneurs Godefroy de Bouillon naquit, dit-on, à Boulogne même en 1477, Louis XI fit rentrer le comté dans le domaine de la couronne, et, pour éviter de rendre hommage aux ducs de Bourgogne, dont il se trouvait ainsi devenu le vassal, s'avisa de mettre la ville et ses dépendances sous la suzeraineté de la Vierge, exploitant à son profit une légende miraculeuse en honneur dans le pays. Prise par les Anglais en 1544, rachetée par Henri Il en 1550, Boulogne se conduisit bravement pendant les guerres du XVIIe et du XVIIIe siècle. Mais c'est en 1801 qu'elle prit une nouvelle importance,grâce à Napoléon et au projet de descente en Angleterre. Pendant quatre ans, d'immenses armements furent faits sur toute la côte le maréchal Soult, l'amiral Bruix, et, par trois fois, Napoléon lui-même présidèrent aux manoeuvres; puis, en 1805, la défaite de frafalgar força l'empereur à rappeler son armée pour combattre la quatrième coalition. Sous le règne de Louis-Philippe, on doit citer la tentative du prince Louis-Napoléon en 1840.

Les principales illustrations de Boulogne sont le professeur Daunou, qui fut aussi président du conseil des Cinq-Cents et du Tribunat Frédéric Sauvage, l'inventeur de la navigation à hélice, le célèbre critique Sainte-Beuve et l'égyptologue Mariette-Bey. 
 
Aspect et Monuments.
Boulogne se divise en deux parties la haute ville, comprenant l'ancienne cité, ceinte de murailles et flanquée de tours, s'élève à l'est, au sommet d'unecolline du haut de laquelle on jouit d'une admirable vue sur le port, la mer et, les jours de beaux temps, jusqu'aux falaises de Douvres, les remparts plantés d'arbres, l'antique château bâti au xme siècle par Philippe Hurepel,les rues tortueuses et irrégulières contribuent à donner à cette partie de la ville une physionomie pittoresque. La basse ville, au contraire, et son annexe le quartier industriel de Brequerecque, s'étend le long des quais, sur la rive droite de la Liane; c'est là que se trouvent les magasins de luxe, les hôtels, les maisons bourgeoises, habitées en grand nombre par des Anglais. Boulogne, comme Valais, est en effet une ville à demi anglaise, et la langue de nos voisins s'y parle couramment. De l'autre côté du fleuve, le faubourg de Capécure renferme la gare, le bassin à flot et des usines en nombre considérable. 

Sauf le château et un vieux beffroi situé derrière l'Hôtel de Ville, presque tous les édifices de Boulogne sont modernes et n'offrent aucun intérêt artistique ou historique. La cathédrale Notre-Dame, achevée en 1866, repose sur une crypte du XII siècle; les autres églises, dont une seule, Saint-Nicolas, est d'origine ancienne, n'ont rien de remarquable.

Deux digues jetées, présentant une légère courbure destinée à protéger les navires contre les vents d'ouest, donnent accès, par un chenal de 700 mètres de long sur 72 mètres de large, dans le port d'échouage, long de 900 mètres et large de 100 à 180 mètres; une écluse de chasse, avec pont tournant, le sépare de l'arrière-port, formé par le lit de la Liane, et communiquant avec le bassin de retenue, d'une superficie de plus de 60 hectares. Au S.-O. du chenal, se trouve le bassin à flot, pouvant abriter les navires du plus grand tonnage. 

Les phares de Gris-Nez et d'Alprech et les feux du port suffisent à éclairer cette partie de la côte. Le mouvement commercial de Boulogne, quoique moindre que celui de Dunkerque, est encore de 180 à 200,000 tonnes à l'entrée, de 60,000 à la sortie; 30,000 à 70,000 voyageurs s'y embarquent ou y débarquent trouve, tant dans la ville même que sur les bordsde la Liane, des pensions de famille (Buarding-liousps) où l'on peut s'installer pour la saison à des prix variables suivant l'époque, mais toujours relativement élevés.

Malgré les travaux exécutés, le port de Boulogne, de premier ordre comme port de pêche, est loin d'offrir toute la sécurité désirable; on a projeté d'utiliser la Bassure de Bass dont nous parlons plus haut, et d'y établir une digue qui, entourant la côte. d'Ambleteuse à Equihen,à une distance maxima de 3,000 mètres, constituerait une superbe rade en eau profonde et ferait de Boulogne le premier port de cette région. 

La plage de Boulogne est fort belle le sable,y est fin et elle s'avance en pente douce depuis le bas de la jetée nord du port jusqu'au premier rocher prés du fort de la Brèche, ce qui lui donne une étendue d'environ 1 kilomètre. La mer y est souvent dure, ce qui rend le secours du baigneur nécessaire aux enfants, aux femmes et à toutes les personnes qui ne savent pas nager; aussi, pour remédier à cet inconvénient, la ville a-t-elle fait construire deux magnifiques bassins de natation où l'eau se renouvelle à chaque marée. Le paysage de cette plage est nul au point de vue pittoresque, car on n'y a pour distraction que la vue du mouvement du port et le panorama, d'ailleurs fort beau, mais monotone, des hautes collines surchargées de villas qui entourent la ville mais les personnes qui aiment la vie mondaine et luxueuse trouveront rarement un établissement plus confortable et mieux installé. Une terrasse qui domine immédiatement la plage et dans laquelle sont creuséa les bassins de natation, donne accès au Casino, vaste construction de 50 mètres de largeur, formée d'un carré long tlanqué aux quatre angles de pavillons qui avancent sur le reste du monument. Ce Casino renferme un théâtre, une salle de bal, de grands salons de lecture, une bibliothèque, des jeux, etc. Derrière la construction, c'est-à-dire du côté de la ville, se trouve un grand jardin, admirablement entretenu et ombragé de beaux arbres, où peuvent jouer les enfants lorsque le vent est trop violent sur la plage. 

Le climat de Boulogne, résidence favorite des Anglais, est froid, brumeux ou pluvieux à partir du mois d'août, les soirées et les nuits sont fraîches et humides. Ce sont là des conditions défavorablespour les baigneurs d'une constitution délicate ou à réaction lente aussi doivent-ils prendre, sous le rapport du vêtement et des habitudes, les précautions qu'exige un pareil climat. La vie de Boulogne n'est pas seulement concentrée sur sa belle plage.

Promenades et Excursions.
La ville, fort belle elle-même, possède des quais magnifiques, un certain nombre de squares et de promenades non loin de ses remparts, jaillit une source ferrugineuse, la Fontaine de Fer, très fréquentée par les baigneurs anémiés au nord de la ville, se dresse la colonne érigée en mémoire de la Grande-Armée. Aux environs, nous signalerons les hautes falaises dominant la mer, la vallée du Denacre, le Moulinl'Abbé, avec sa vieille et curieuse Chapelle, convertie en grange, la vallée de la Liane, etc. 

Le chemin de fer conduit à Marquise, à Ambleteuse, Wimereux, et à Etaples, qui, avec le Portel et le Touquet, constituent les plages accessoires de Boulogne.

Plages annexes de Boulogne. 

AMBLETEUSE
Ce petit village, situé à 9 kilomètres de Marquise, a perdu son importance d'autrefois par suite de l'ensablement de son port. A cette petite station balnéaire, point de départ des excursions au Cap Gris-Nez, la vie est calme et très facile. 

MARQUISE
Petite ville de 4,500 habitants, station du chemin de fer de Boulogne à Calais, est un centre d'excursions très intéressantes. Les ruines de l'Abbaye de Beaulieu; la Danse des Noces, monument druidique des plus curieux la charmante Vallée Heureuse. que traverse la Slack, les hauts fourneaux et les carrières de marbre de la région, etc., ramènent chaque année à cette station des baigneurs et des touristes. 

WIMEREUX
Hameau bâti à l'embouchure du ruisseau le Wimereux, est fréquenté pendant la saison par un certain nombre de baigneurs, pour la plupart professeurs et étudiants, attirés par le laboratoire qu'y possède la Faculté des sciences de Lille. 

LE PORTEL
C'est un petit port de pêche (4,266 hab.), situé non loin du cap d'Alprech et à 4 kilomètres de Capécure. Au sud du Portel se trouve Equihen, village de pêcheurs, que fréquentent de rares baigneurs. 

ÉTAPLES
Chef-lieu de canton (3,000 hab.), port sur la rivière de la Canche et station du chemin de fer du Nord (voie de Paris à Boulogne et Calais). Cette petite ville, d'origine antérieure à la conquête romaine, ne serait autre que l'antique cité de Quentovic. Aujourd'hui, par suite de l'ensablement presque général de la baie de la Canche, son port n'est plus accessible qu'aux bateaux de pêche. Comme station balnéaire, Etaples se voit délaissée par son ancienne clientèle de baigneurs, au profit de la plage du Touquet. 

LE TOUQUET
Station balnéaire de création récente, située à 4 kilomètres d'Etaples, est appelée à devenir la principale des plages annexes de Boulogne. Le Touquet possède une plage de sable fin, sans galets ni vase, présentant une étendue de 5 kilomètres sur la mer et de 3 kilomètres sur la baie de la Canche. Le hameau balnéaire, construit au centre d'un vaste terrain en bordure de la mer, se trouve encadré: par des bois nouvellement plantés qui un jour donneront de l'abri et rappelleront, mais de loin, Arcachon en raison du grand nombre de sapinières que l'on a plantées. C'est là un grand effort qui a été fait par les intéressés, il serait à souhaiter qu'il soit récompensé, mais malheureusement cette région est bien âpre et bien froide. 

BERCK-SUR-MER
Berck-sur-Mer, bourg du Pas-de-Calais, arrondissement de Montreuil, 4,000 habitants.
Berck, il y a seulement quelques années, n'était qu'un village de pêcheurs, séparé de la mer par des dunes sablonneuses de 1,500 mètres de largeur. Le choix de cette plage pour l'installation d'un grand hôpital appartenant à l'Assistance publique de Paris a décidé de la fortune de la station, La décision de l'Administration a été prise sur les instances du docteur Perrochaud de Montreuil qui avait remarqué et établi la rareté de la scrofule dans les environs de Berck, et après un rapport favorable du docteur Bergeron. 

L'hôpital maritime est une vaste construction qui peut recevoir jusqu'à 600 enfants encouragés par l'exemple de l'Assistance publique, MM. de Rotchschild ont fondé un hôpital israélite où 80 enfants peuvent recevoir des soins. 

« Berck écrit le Dr Bergeron, est situé sur la Manche, par 0°,40' de longitude Ouest, et 50°,20' de latitude Nord. Cette plage est circonscrite à l'Est, par une zone de dunes dont la largeur varie de 100 à 400 mètres de la cime de ces dunes, on embrasse d'un coup d'œil une longue étendue de sable, qui, mesurant de (l'embouchure de l'Authie au sud, à celle de la Canche au nord), une ligne droite de 21 kilomètres, peut, par les plus fortes marées, avoir de 1,400 à 1,600 mètres de large et présente en tout temps une surface unie, sans galets ni rochers. « En arrière des dunes, et avant d'arriver au village qui donne son nom à la plage, on rencontre de fertiles prairies dues à des relais de mer.

« L'orientation de la plage est plein ouest, de sorte que l'horizon n'est borné qu'au nord, par les falaises du Boulonnais et au sud par celle du Tréport et de Dieppe. Les marins du pays affirment qu'elle est à la fois préservée des vents froids du nord et de l'est, et ne se ressent jamais des tempêtes qui soufflent du sud-ouest. On comprend cependant, qu'à cette latitude, la température du rivage ne soit jamais extrêmement élevée, mais ce qui est constant et digne de remarque, c'est que, par les plus grands froids, elle ne s'abaisse jamais au-dessous de 9° et reste la plupart des hivers entre + 4° et 4° ainsi le sable, celui même que n'atteint pas le reflux, ne gèle jamais à une profondeur de plus de Om,05. Qui ne reconnaît là l'influence de cette dérivation en retour du Gulf-Stream*, qui, sous le nom de courant de Rennel, regagne l'Atlantique en suivant les côtes de France et d'Espagne. Cette circonstance explique comment les enfants peuvent, pendant la plus grande partie de l'hiver, continuer à vivre en plein air, et je n'ai pas besoin de faire ressortir l'importance de ce fait pour ceux des scrofuleux dont la maladie exige un traitement prolongé. »
 
L'auteur du rapport ajoute que « la plage n'est traversée par aucun cours d'eau, venant de l'intérieur apporter des détritus et des immondices » qui la souilleraient à marée basse. L'eau potable ne manque pas elle est limpide et d'un goût agréable. Il n'y a pas de marais salants, et les sables sont fixes ou, du moins, ne sont pas mouvants, et la mer, en se retirant, laisse de petits bassins formés par des accidents de terrain, et dans lesquels les enfants trouvent des bains à eau calme dont la température s'élève parfois jusqu'à 25° centigrades. » (Bergeron, loc. cit.) 

On voit de suite, d'après cette description si nette et si vraie, quelles immenses ressources les petits scrofuleux peuvent retirer de pareils bains les excités seront apaisés comme à Arcachon, par ces bains à eau calcaire; les déprimés trouveront, dans le bain à la lame, l'excitation nécessaire à leur organisme débilité. 

Il convient d'ajouter que la situation de Berck relativement peu éloignée de Paris, permet d'y envoyer un grand nombre d'enfants sans trop de frais.
 
« Les engorgements glandulaires, les abcès froids, les gommes scrofuleuses, les tumeurs blanches, et enfin la rachitisme peuvent y espérer, sinon la guérison, toujours une amélioration notable. Les blépharites chroniques, en général les affections des yeux, les éruptions eczémateuses, otorrhées sans lésion osseuse, les caries étendues, les nécroses profondes, s'améliorent rarement et le plus souvent s'exaspèrent. En résumé, il y a eu, sur 380 cas de diathèse scrofuleuse, traités à l'hôpital des enfants de Berck-sur-Mer, 234 guérisons, -c'est-à-dire une proportion de 60 0/0 93 améliorations ou 23 0/0 18 décès ou 4,6 0/0 et 36 résultats nuls ou 9 0/0. » (Bergeron, loc. cit.) 

Ces chiffres sont certainement encourageants mais, malgré l'autorité des docteurs Bergeron et Campardon, auxquels nous avons emprunté les lignes qui précèdent, nous pensons qu'on doit en attribuer le bénéfice beaucoup plus à l'hydrothérapie marine, à l'air salé et aux soins intelligents du docteur Cazin, dont on ne saurait trop louer le dévouement et le zèle professionnel, qu'au climat propre de la station de Berck. La situation de cette ville est en effet des plus médiocres et, en dépit du Gulf-Stream auquel on fait jouer vraiment un rôle par trop important et qu'on fait remonter trop haut, Berck est dans une région froide et apre de plus le sable, qui est le seul terrain du pays, est un grave inconvénient pour faire séjourner sur la plage les enfants scrofuleux qui sont trop souvent atteints d'ophtalmie. Il faut donc bien avouer que, tout en acceptant l'utilité de stations maritimes, on doit regretter que la première installation ait été faite dans un pays dont le seul avantage réel est de ne ne pas être éloigné de Paris. 

Le docteur Bergeron, dans son rapport, a beaucoup insisté sur la terminaison du Gulf-Stream sur les côtes de Picardie. Or il est parfaitement démontré aujourd'hui que ce grand courant meurt au delà de Cherbourg, sinon au point de vue mécanique, tout au moins au point de vue de la température des eaux de mer. C'est sur la côte ouest du Cotentin et aux îles normandes que se font sentir les derniers effets bienfaisants du grand courant d'eau chaude. Or, si l'on veut, comme la chose devrait être, choisir de véritables stations sanitaires, où l'on soit certain de trouver un climat tempéré en été et en hiver, c'est à la partie nord de la Bretagne et ouest du Cotentin qu'il faut s'adresser là, les gelées sont rares, la neige ne tombe presque jamais, et les camélias poussent en pleine terre les plages sont à l'abri des vents, grâce aux pointes nombreuses qui limitent les anses. Voilà, à notre avis, la seule région qui réponde à l'installation de véritables sanatoria.
Cette opinion commence d'ailleurs à être partagée par beaucoup de nos confrères et l'on peut espérer qu'avant peu, des hôpitaux s'élèveront dans des terrains plus propices que celui de la côte de Berck. 
 
SAINT-VALERY-SUR-SOMME.
Saint Valery sur Somme chef-lieu de canton (Somme) à l'embouchure de la Somme petit port de 3,605 habitants.

Historique.
Saint-Valery, dont l'emplacement fut peut-être occupé jadis par un camp romain, doit sa fondation à un moine de Luxeuil (613). Louis III remporta à Saucourt, dans les environs, une victoire qui délivra la ville des Normands (881). Un siècle et demi plus tard, Harold y fut emprisonné enfin c'est de Saint-Valery que Guillaume le Conquérant parti de Dive et forcé par le vent du sud de se réfugier dans la haie de la Somme, s'embarqua définitivement pour l'Angleterre en 1066.
Pendant la guerre de Cent ans, la ville de SaintValery fut prise et pillée par Charles le Mauvais en 1745, brûlée par Louis XI; au XIII° siècle, ruinée par les guerres de la Ligue ce n'est qu'à la fin du XVIIe siècle qu'elle entra dans une ère de tranquillité. 
Saint-Valery a donné naissance au père Lallemand et au contre-amiral Perrée.
 
Aspect et Monuments.
Le port de Saint-Valery s'appelle la Ferté; la ville proprement dite occupe le sommet d'une colline qui tombe à pic dans la mer, on y voit les restes de vieux remparts, les ruines de la tour où fut enfermé Harold, et l'église Saint-Martin, datant du XIIIe du XVe et du XVIe siècle. La basse ville n'offre rien de particulier à signaler quant à l'abbaye de Saint-Valery, elle est située en dehors du mur d'enceinte; il existe une chapelle sans intérêt, à l'extrémité de la colline qui forme le cap Hornu ou Cornu et d'où l'on jouit d'une belle vue sur la baie, la mer et les environs. 

Port et baie de Somme.
Avant la construction du viaduc reliant les deux rives de l'estuaire, Saint-Valéry et le petit port du Crotoy qui lui fait face présentaient une certaine importance comme lieu de refuge pour les navires qui se rendait à Abbeville. Aujourd'hui la baie tend à s'ensabler sur plusieurs points, on rend les rives à la culture à l'entrée, s'accumulent des bancs considérables que les chasses établies sont impuissantes à balayer. On a cependant projeté d'agrandir le port en y ajoutant un bassin à flot. Actuellement il se compose d'un chenal, bordé d'une digue de halage, et d'un port d'échouage accessible aux navires de 300 à 500 tonneaux.
C'est un curieux spectacle que de voir, à la marée montante, cet immense estuaire, large à son embouchure de près de deux lieues, et presque à sec quand la mer est basse, envahi rapidement par le flot qui monte avec bruit, entraînant une centaine de petits bateaux à voiles, ramenés du large où ils pêchaient la crevette et le maquereau. SaintValery est en effet un port de pêche assez important, et cette industrie contribue, avec l'exportation des légumes, à la prospérité du pays.
Il n'y a pas de plage à Saint-Valery pourtant il existe deux établissements de bains, l'un à la Ferté, à l'entrée du port, l'autre plus loin, vers la ville, près de la pépinière où est bâti le casino. Ces bains sont peu fréquentés, car on ne peut s'y baigner qu'à marée haute, et l'extension n'en est pas considérable. 

Promenades et Excursions.
De Saint-Valery on peut faire de jolies excursions au Bois des Bruyères, à Pinche-Falise et à la vallée d'Amboise on peut aussi se rendre, par terre ou par eau à la sous-préfecture d'Abbeville. Parmi les bourgs et les villages environnants, il faut citer Rue, Crécy, Noyelles, dans l'intérieur des terres, les petits ports du Crotoy, du Hourdcl, et les plages de Cayeux et d'Onival. 

ABBEVILLE. Selon les uns Hableville ou Havreville, selon les autres Abbatis villa, sous-préfecture du département de la Somme, située sur la Somme (19,000 habitants). 

Cette cité fortifiée par Charlemagne et par Hugues Capet, faisait partie des fameuses villes de la Somme au sujet desquelles Louis XI batailla si souvent contre les ducs de Bourgogne; en 1415, Louis XII y célébra son mariage avec Marine d'Angleterre les guerres de la Ligue et celles du règne de Louis XIV nuisirent au développement commercial de la ville dont les fortifications, presque détruites, furent réparées par Vauban. C'est à Abbeville qu'eut lieu, en 1766, le jugement et l'exécution du chevalier de la Barre. 

Parmi les monuments à visiter, signalons l'Eglise Saint-Wulfran, inachevée, mais très remarquable; le beffroi de L'Hôtel de ville, et diverses vieilles maisons, situées dans des rues anciennes et tortueuses; la garnison de François Ier, le logis Sélincourt, les bâtiments de la prison. Abbeville a donné naissance à Millevoye, au musicien Lesueur et à l'amiral Courbet. 

La vallée d'Abbeville, arrosée par trois rivières, communique en outre avec le canal de Saint-Quentin, et avec la mer par le canal de Saint-Valery, ce qui permet à un certain nombre de vaisseaux, représentant ensemble environ 20,000 tonnes, d'entrer dans le port d'Abbeville et d'en sortir annuellement. Des manufactures de draps, de tapis, de toiles, des raffineries, des corderies constituent les industries principales d'Abbeville. 
 
RUE
Jadis port de mer, n'offre plus d'autre intérêt que son église, ou plutôt sa chapelle du Saint-Esprit, restée seule debout après la démolition de l'église Saint-Vulphy, en 1826. Cette chapelle, bâtie du XIIIe au XVIE siècle, est ornée d'un porche où se trouvent de superbes sculptures. 

CRÉCY-EN-POHTHIEU. 
Situé aux environs d'une belle forêt de 28 kilomètres de tour, possède une église du XV° siècle et une croix très ancienne; on y visite en outre le champ de bataille où Édouard III vainquit Philippe de Valois en 1346. 

NOYELLES-SUR-MER. 
Pauvre village de 802 habitants, voyait autrefois la marée pénétrer jusqu'à l'écluse d'un moulin dans le ruisseau du Pont-Dieu; près de là se trouve la Butte de Saint-Ouen, dans laquelle des fouilles récentes ont fait découvrir de nombreux ossements. 

Stations annexes de Saint-Valery
LE CROTOY
Autrefois ville importante, aujourd'hui bourg maritime de 1,500 habitants, situé au milieu de la baie de Somme, à 3 kilomètres environ au nord de Saint-Valery, entouré de vieux remparts; on y montre une église dont le clocher date du XVe siècle, et l'emplacement d'une tour où Jeanne d'Arc aurait été enfermée par les Anglais. Ce port bien abrité, possède un grand bassin de retenue, qui sert à combattre le rapide ensablement du chenal. L'établissement de bains, assez fréquenté à cause de la salubrité du Crotoy, renferme un jardin anglais, un restaurant, un café, des salons on y découvre une belle vue sur la mer, la baie et Saint-Valery. Peu d'excursions à faire, vu l'insignifiance des environs on se rend cependant aux dunes de Saint-Quentin, intéressantes surtout au point de vue géologique. Le port du Crotoy est un port de pêche comme Saint-Valery.

LE HOURDEL
(102 habitants) est un simple hameau de Cayeux situé à 4 kilomètres de Saint-Valery, la plage y est belle et l'on a songé à y établir des bains. 

CAYEUX
Gros bourg de 300 habitants, possède une église du XIIIe siècle.
Le voisinage de quelques dunes causait autrefois l'ensablement des rues et des champs mais il s'est élevée une masse de galets, arrachés aux falaises du Bourg-d'Ault, qui protège les habitations et permet à la culture de s'étendre.
A 2 kilomètres au nord de Cayeux, on a établi un phare tournant de troisième ordre qui permet aux navires de se diriger à travers les bancs de sable de la baie de Somme. Un grand étang de 8 kilomètres de long servait de refuge aux barques de pêche, avant que le chenal n'en eut été obstrué par le sable et les galets. 

ONIVAL
A quelques kilomètres du sud de Cayeux, est une plage en formation à marée haute, les galets y sont nombreux mais la mer, en se retirant, laisse à découvert une superbe grève sablonneuse. Il s'y trouvait déjà un établissement de bains mais depuis quelques années, de nombreuses villas s'élèvent aux environs et l'on bâtit en ce moment un petit casino et un hôtel destinés.à à attirer les baigneurs, encore très rares sur cette partie de la côte, Onival touche, par le faubourg des Quatre-Rues, au Bourg-d'Ault dont nous parlerons plus bas. Onival est la première plage de galets en partant du nord à mesure qu'on s'avance vers le sud, on en rencontre toujours davantage et d'une façon plus continue.

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