vendredi 14 novembre 2014

Rapport très confidentiel sur un sujet brûlant

"Le point de vue des ingénieurs sur le Père Noël."

Il y a approximativement 2 milliards d'enfants (moins de 18 ans) sur Terre. Cependant, comme le Père Noël ne visite pas les enfants Musulmans, Hindous, Juifs ou Bouddhistes (sauf peut-être au Japon), ceci réduit la charge de travail pour la nuit de Noël a 15% du total, soit 378 millions. En comptant une moyenne de 3,5 enfants par foyer, cela revient a 108 millions de maisons, en présumant que chacune comprend au moins un enfant sage.

Le Père Noël dispose d'environ 31 heures de labeur dans la nuit de Noël, grâce aux différents fuseaux horaires et àla rotation de la Terre, dans l'hypothèse qu'il voyage d'Est en Ouest, ce qui parait d'ailleurs logique. Ceci revient a 967,7 visites par seconde.

Cela signifie que, pour chaque foyer Chrétien contenant au moins un enfant sage, le Père Noël dispose d'environ un millième de seconde pour parquer le traîneau, sauter en dehors, dégringoler dans la cheminée, remplir les chaussettes, distribuer le reste des présents au pied du sapin, déguster les quelques friandises laissées a son intention, regrimper dans la cheminée, enfourcher le traîneau et passer à la maison suivante.

En supposant que chacun de ces 108 millions d'arrêts sont distribués uniformément a la surface de la Terre (hypothèse que nous savons fausse, bien sur, mais que nous accepterons en première approximation), nous devrons compter sur environ 1,4 kilomètres par trajet. Ceci signifie un voyage total de plus de 150 millions de kilomètres, sans compter les détours pour ravitailler ou faire pipi. Le traîneau du Père Noël se déplace donc a 1170 kilomètres par seconde (3000 fois la vitesse du son). A titre de comparaison, le véhicule le plus rapide fabrique par l'homme, la sonde spatiale Ulysse, se traîne a 49 kilomètres par seconde et un renne moyen peut courir au mieux de sa forme a 27 kilomètres a l'heure. La charge utile du traîneau constitue également un élément intéressant

En supposant que chaque enfant ne reçoit rien de plus qu'une boite de Légo moyenne (un kilo), le traîneau supporte plus de 500 mille tonnes, sans compter le poids du Père Noël lui-même.

Sur Terre, un renne conventionnel ne peut tirer plus de 150 kilos. Même en supposant que le fameux "renne volant" serait dix fois plus performant, le boulot du Père Noël ne pourrait jamais s'accomplir avec 8 ou 9 bestiaux; il lui en faudrait 360 000, ce qui alourdit la charge utile, abstraction faite du poids du traîneau, de 54 000 tonnes supplémentaires, nous conduisant a bonnement 7 fois le poids du Prince Albert (le bateau, hein, pas le monarque).

600 000 tonnes voyageant a 1170 Kilomètres par seconde créent une énorme résistance a l'air. Celle-ci feraient chauffer les rennes, au même titre qu'un engin spatial rentrant dans l'atmosphère terrestre. Les deux rennes en tête de convoi absorberaient chacun une énergie calorifique de 14 300 millions de joules par seconde.

En bref, ils flamberaient quasi instantanément, exposant dangereusement les deux rennes suivants. La meute entière de rennes serait complètement vaporise en 4,26 millièmes de secondes, soit juste le temps pour le Père Noël d'atteindre la cinquième maison de sa tourne. Pas de quoi s'en faire de toute façon, puisque le Père Noël, en passant de manière fulgurante de zéro a 1170 km/s en un millième de seconde, serait sujet a des accélérations allant jusqu'à 17 500 G's. Un Père Noël de 125 kilos (ce qui semble ridiculement mince) se retrouverait plaque au fond du traîneau par une force de 2 157 507,5 kilos, écrabouillant instantanément ses os et ses organes et le réduisant a un petit tas de chair rose et tremblotante.

C'est pourquoi, si le Père Noël a existé, il est mort maintenant...

mardi 11 novembre 2014

un certain 11 novembre 1918


In Emile Carlier - « Mort ? Pas encore !  Mes souvenirs 1814-1918 par un ancien soldat du 127e R.I. », Archeologia Duacensis, Société Archéologique de Douai, 1993

(Emile Carlier est né à Valenciennes en 1882 et décédé en 1947)


« Pendant les dernières heures de la journée de la veille et toute la nuit, les radios ont capté au passage tous  les messages, tant français qu’allemands, transmis par la T.S.F. Nous sommes tenus, heure par heure, au courant des événements. A 6h ¼, la sonnerie du téléphone retentit. Le central nous informe officieusement que l’armistice est signé et que les hostilités cesseront le jour même à 11 heures.

A 9.10, un planton m’apporte le message officiel à transmettre de suite aux unités de ligne. C’est une pièce historique que je conserve précieusement dans mes souvenirs de guerre. La voici telle que je l’ai passée dans la matinée du 11 novembre, exactement à 9.15 au 43e, à 9.25 au 127:

« Le signal à l’heure H : 11 heures, sera donné par des fusées à fumée jaune allumées à la diligence des Cts des sous-secteurs C.R. et P.A. les Cts de C.R. feront sonner « Cessez le feu »
  Sonnerie répétée à plusieurs reprises de 11 h à 11 h 15.
Toute communication avec l’ennemi est interdite.
Faire lire à toutes les troupes et afficher à tous les P.C. l’ordre suivant :
« On les a. Les hostilités sont suspendues sur tout le front à 11 heures.
Gloire à nos morts ! Vive la France ! Vive la République !
MESSIMY »

Toute la matinée jusqu’à 11 heures, l’artillerie française tire sans discontinuer. C’est un roulement ininterrompu. Les artilleurs veulent écouler le stock de leurs munitions ?

A onze heures, je pars à Gérardmer, chargé d’une mission assez originale. Avant la guerre, sur le versant allemand, à 1.500 mètres environ de l’ancienne frontière, sur la route de la Schlucht à Munster, se dressait le magnifique hôtel de l’Altenberg dont Guillaume II fut l’hôte à plusieurs reprises lors de ses voyages en Alsace. L’hôtel a été occupé par nos troupes en 1914 et détruit en partie par les bombardements. Dans les ruines a été aménagé un observatoire d’artillerie. Comme une prime de récupération est accordée par l’Autorité militaire pour chaque bouteille vide rapportée par les soldats, chacun se mit à fouiller les ruines de l’hôtel à cet effet. C’est ainsi que nous nous trouvions le 11 novembre, en possession de plusieurs centaines de bouteilles provenant des caves de l’Altenberg, que je reçus l’ordre de vendre au profit de la popote aux hôteliers de Gérardmer.

En arrivant à Retournemer, nous y trouvons une foule joyeuse qui grouille autour du tramway qu’elle prend littéralement d’assaut. La locomotive est ornée d’un faisceau de drapeaux tricolores. Au fur et à mesure que nous approchons de Gérardmer l’enthousiasme ne fait que grandir. Toutes les maisons sont pavoisées. Nous arrivons en ville où nous tombons en plein de débordement de la joie populaire. Pour fêter l’armistice, nous nous payons un repas somptueux à l’hôtel. Civils et soldats s’interpellent, s’arrêtent. On crie, on pleure. Un vent de folie semble avoir passé. Des camions automobiles, décorés de feuillages, de drapeaux français et américains parcourent les rues. Sur ces chars improvisés, des grappes de soldats clament leur joie d’être débarrassés de l’horrible cauchemar qui empoisonnait leur vie. Ils le traduisent par un chant qui fait furie et que chacun reprend avec entrain : « Le temps de nos misères est maintenant passé ! » Hélas ! Il sera dit que nous n’aurons pas encore bu le calice jusqu’à la lie.

Deux de mes camarades du 127e m’accompagnent dans mon voyage à Gérardmer. Le premier succombera quelques temps après sa démobilisation aux suites d’une bronchite contractée sur le front. Une destinée plus tragique encore est réservée au second. Ce dernier m’exprime la joie que lui cause la fin de la guerre et me raconte l’impression d’horreur qu’il a éprouvé, le 18 août précédent, à l’attaque de Tartiers, en voyant rouler à ses pieds la tête d’un de ses camarades. Deux mois plus tard, à Sarrebourg, le malheureux sera tué dans des circonstances particulièrement mystérieuses et poignantes… »


lundi 10 novembre 2014

une idée de sortie s'il pleut : la coupole de Wizernes-Helfaut

Dans le cadre des offensives du dernier sursaut contre les Alliés, le IIIe Reich complète le mur de l'Atlantique par des ouvrages gigantesques, dont les travaux sont menés par l'Organisation Todt afin de mettre en oeuvre les armes de représailles massives - et secrètes - développpées à Peenemünde au nord de l'Allemagne. Si l'armée de terre developpe le V2 sur la base de la fusée A4, l'armée de l'air s'engage dans le chemin de la Bombe volante V1, dont un ne version pilotée (le Reichenberg IV) devait se jeter sur les formations de bombardiers, tels les kamikazes japonais, en ayant toutefois la possibilité peu evidente de s'ejecter avant l'impact.

Le site d'Eperlecques (près de Watten) ayant été détruit avant sa mise en service et transformé en usine de production d'oxygène liquide, le site de Wizernes se developpa pour servir de base d'assemblage et de lancement des V2 construits en allemagne par les déportés du camp de Dora-Mittelbau.
Bombardé et ruiné deux mois avant sa mise en service, la Heer se rabat alors sur des sites mobiles forcément moins facilement détectables pour lancer ses ogives  chargées d'une tonne d'explosifs, quasiment invulnérables.

A cela s'ajoute le site de Mimoyecques avec ses 80 tubes de lancement au gaz des fusées V3 qui fut détruit bien avant d'être mis en service et finalement saboté par les Alliés dès leur arrivée sur le site.

 Une fois passé saint-Omer et Longuenesse, on se dirige vers la coupole sont le dôme, initialement vide afin de servir de cloche de surpression contre les bombes de plusieurs tonnes et qui reste incomplet pour ses protections latérales;

A l'entrée, un Reichenberg IV rappelle la vocation du site et montre combien un si petit appareil, dont la vitesse augmente au fur et à mesure que son carburant est consommé (grâce au gain de poids) est difficile à intercepter; pour les aviateurs alliés qui devaient les abattre, peu de points sensibles pour celui ci comme pour le V1: tirer dans la pointe avant contenant la charge explosive, l'avant du pulso-reacteur car la partie arrière peut fonctionner même cribler de balles, ou se mettre à sa hauteur et faire basculer l'appareil d'un coup d'aile pour mettre au service son gyroscope, avec le risque d'être trouché par l'explosion;


 Au pavillon d'entrée, l'on vous offre le choix de combiner la visite du site (au moins 2h30) avec les seances du planétarium nouvellement construit... L'on penètre dans la coupole par l'un des tunnels ferroviaires, ponctués d'alvéoles où reste, dans l'une d'entre elles, un groupe electrogène de taille respectacle. En ce moment l'on peut suivre une exposition sur la libération de la région et l'histoire des armes de représailles ainsi que - centenaire oblige - sur la grande Guerre dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie...Une autre enfin a été érigée en mémorial des déportés du dernier train de Loos, offrant au regard sur les plaques le nom de tous ces déportés.


 D'autres alvéoles, non terminées à l'abandon de la construction, montrent la façon dont elles étaient percées et renforcées


 Les passages - interdits- rappellent les dures conditions de vie des ouvriers, contraints ou non - qui construisirent le site; l'eau y est suintante, l'air y est froi et l'on ne peut que conseiller - surtout en été - de se munir de vêtements chauds pour eviter le choc thermique qui peut fortement éprouver les poumons
 Un ascenseur automatique permet de remonter les 42 mètres de craie pour rejoindre la coupole qui était initialement vide et dont le percement des ouvertures de service furent un calvaire à creuser, le ferraillage compris  dans le béton étant du double des normes allemandes en construction de bunkers;
deux plateaux accueillent le visiteur. Au plateau supérieur, une maquette explique le fonctionnement du site tel qu'il devait être s'il avait été porté au statut opérationnel; ainsi qu'un V2 original, en version de combat suspendu au plafond qui permet d'en admirer les formes aérodynamiques simples ainsi que la dynamique des ailerons. Deux salles de cinéma, présentant des films de 20 minutes, projettent pour l'une "le Nord-Pas-de-Calais dans la main allemande" et pour l'autre "les nouvelles armes allemandes"

Le V1 dans sa livrée opérationnelle :
il pouvait etre lancé de bases fixes comme siracourt ou le bois des 8 rues (voir plus bas)
ou sur des rampes mobiles


La fusée v2, en livrée de combat


accompagnée par son moteur, qui  inspira les programmes spatiaux suivants
 Bien évidemment, la coupole ne se limite pas aux Vergeltungswaffen 1 und 2, elle raconte aussi le quotidien des camps, la vie sous l'occupation, la résistance et la collaboration, mais aussi le génocide, notamment avec une impressionnante collection de dessins faits par les prisonniers de Dora

Plus loin encore, le site évoque les suites des aventures des V1 et surtout des V2 avec leur usage militaire mais aussi la réponse nucléaire américaine avec la maquette de la bombe d'Hiroshima, des maquettes de fusées et les programmes spatiaux. Il ne faut pas omettre que les Français, Soviétiques et Américains s'emparèrent tant des materiaux, des fusées que des ingénieurs allemands, que Von Braün, père du V2 participa au programme Apollo dont le meilleur symbole reste la puissante fusée Saturn V et que le programme Ariane reçut en France, un large apport des ingénieurs allemands.

A noter qu'à l'entrée un casque (qui ne fonctionne pas dans les galeries souterraines) vous permet d'accéder aux commentaires des vitrines et sites présentés, des maquettes et d'obtenir les commentaires des films.

Pour le plus amples renseignements :