Le
même soir arrivaient des renforts, malheureusement trop tard. Il ne
restait plus qu'à s'organiser derrière la banquette de la rivière dont
nous fîmes un obstacle infranchissable. Pendant six jours et six nuits,
les Allemands essayèrent de passer à n'importe quel prix, sans autre
résultat d'ailleurs que d'aggraver considérablement leurs pertes. Tels
les sauvages, cruels et voleurs, que ceux de la vieille Marine, comme
moi, ont encore connus en Malaisie. Avec la même rage impuissante ils
s'acharnaient à l'escalade du navire en relâche dans leurs îles, animés
par l'espoir de massacrer l'équipage et de faire main basse sur ses
richesses.
Et ce navire, la berge de l'Yser le rappelait un peu,
couronnée qu'elle était de matelas pare-balles qui évoquaient le
souvenir des bastingages à hamacs d'autrefois, et garnie de défenseurs
en bérets à pompons rouges. Mais la brigade navale était épuisée. Il
devenait absolument nécessaire de l'envoyer se reformer quelque part,
et, le 16 novembre, une division territoriale se présenta pour relever
l'amiral Ronarc'h et ses « Jean Le Gouin » de leur « quart » de
vingt-six jours sur l'Yser.
Au repos, ils n'y demeurèrent pas
longtemps. A peine complétés, on les revit en Belgique, pas loin de la
mer. Le hasard les a même fait rencontrer avec les fusiliers de la
Marine allemande, qu'ils ont eu la satisfaction de battre copieusement.
Mais je n'ai pas encore réuni les documents nécessaires pour raconter
leurs derniers combats. Un autre jour, donc, j'achèverai de nouer en
gerbe les lauriers de nos admirables Mathurins. Ne pouvant plus, hélas !
marcher avec eux, c'est encore un peu les suivre que d'enregistrer
pieusement les hauts faits de mes anciens camarades
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