vendredi 6 décembre 2019

Des récompenses pour le canot de sauvetage de Calais (1934)


In « Société Centrale de Sauvetage des Naufragés – Assemblée Générale du 6 mai 1934 », Paris, pp 20-22

Prix Lieutenant de Vaisseau Louis Aynard (2.000 francs) ; Prix Marquis d’Urre d’Aubais (1.000 francs)
Médaille d’Or Vice-Amiral de Jonquières au patron Levavasseur
Médaille de Vermeil Baron Jules Choquet au mécanicien Plé
Médailles d’argent aux sous-patrons Avron et Perard
Médailles de Bronze aux canotiers
  

Le dimanche 14 janvier 1934, le vent de N.O. souffle en tempête. Au commencement de l’après-midi, le bureau du port est avisé qu’un trois-mâts goélette vient d’être jeté à la côte. Le canot de sauvetage à moteur Maréchal-Foch, aussitôt armé, fait route vers ce navire échoué à trois milles dans l’Est : c’est l’Albatros, de St-Malo, qui, transportant une cargaison de sel de Lisbonne à Gravelines, é été désemparé au cours de la tempête.
 
De furieux paquets de mer balayent le pont, les hommes épuisés par la lutte qu’ils ont soutenue pendant de longues heures sont fortement déprimés. Quelques canotiers du Maréchal-Foch réussissent à sauter à bord et réclament des naufragés le calme et le sang-froid qui vont être nécessaires pour effectuer un transbordement difficile et périlleux. Le mousse est embarqué le premier sur le canot de sauvetage, puis le reste de l’équipage, composé de six hommes ; la violence de la mer est telle que le Maréchal-Foch a plusieurs bordages enfoncés sur les bastingages du trois-mâts. Mais, grâce à son compartimentage et à ses caisses à air, sa sécurité n’est en rien compromise.  Il a glorieusement rempli sa mission et, lorsqu’il rentre au port, les nombreux Calaisiens massés sur les jetées et qui ont assistés à toutes les péripéties de ce difficile sauvetage, acclament le brave patron Levavasseur et ses valeureux canotiers.
 
Un mois plus tôt, au cours d’une tempête d’une violence inouïe, le canot de sauvetage Marechal-Foch avait déjà porté secours au bateau-feu le Dyck, parti en dérive à la suite de la rupture de ses chaînes.
 
Le 13 décembre, en pleine nuit, par une mer démontée et une température glaciale, le Maréchal-Foch partait à la recherche du bateau-feu. Aussitôt après avoir doublé les jetées, il avait à lutter contre une mer furieuse dont les assauts le recouvraient d’une épaisse couche de glace. Il poursuivait avec obstination des recherches malheureusement infructueuses. Le lendemain, le Dyck ayant été signalé échoué à la côte, le Marechal-Foch se portait aussitôt à son secours. Mais la coque du malheureux bateau était tellement engagée dans le sable que seuls la lanterne émergeait.  Il fut vite reconnu que trois hommes restés enfermés dans cette étroite prison étaient épuisés par le froid et les angoisses d’une nuit affreuse : les cinq hommes qui avaient essayé de s’en échapper au cours de la nuit avaient péri peu après des efforts surhumains pour se sauver.
 
L’arrivée du canot de sauvetage rendit aux survivants une lueur d’espoir ; mais son tirant d’eau et la violence des brisants rendaient tout accostage impossible.
 
Le sous-patron Avron réussit cependant, au moyen de l’appareil Reibel, à jeter une ligne sur la lanterne, à ce moment la rupture de son câblot obligea le canot à s’éloigner des brisants sur lesquels ils allaient être drossé.
 
La flèche qui avait porté à bord la ligne dériva heureusement jusqu’à terre et permit à de courageux maris qui, jusque-là, impuissants, assistaient de la plage à ce drame effroyable, d’établir un va-et-vient grâce auquel furent sauvés les malheureux survivants.
 
La station de Calais, dont les Annales sont déjà si riches en magnifiques sauvetages, peut être fière de ces nouveaux exploits.
 
Le patron Levavasseur, qui fait partir de l’équipage du canot de sauvetage depuis 42 ans, s’est montré digne des glorieux patrons qui l’ont précédé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire