mardi 3 mars 2020

Jean Bart, de la Marine Royale à la cavalerie de la République

Il y eut au moins deux chars baptisés Jean Bart dans la cavalerie lourde, le B1 bis n° 492 affecté à la 2e compagnie du 28e BCCr mais dont la carrière fut assez courte sous les couleurs françaises : le 7 juin 1940, le char en panne est remorqué vers la forêt de Halatte pour ensuite être embarqué à Chantilly vers le parc d'engins blindés le lendemain. 



Il y eut surtout le B1bis n°437 de la 2e compagnie du 47e BCC de Gien, où il est perçu en mars 1940...


il prend part aux combats d'Abbeville en mai 1940 où son équipage se distingue particulièrement...
 
le Jean Bart du 47eBCC (D.R.)

Mai 1940   BATAILLE D'ABBEVILLE
COMBAT DES 28 ET 29 MAI 1940 à HUPPY - LES CROISETTES

47e Bataillon de Chars de Combat
COMPTE  RENDU DE FIN DE COMBAT DU CHEF DE CHAR

 
LIEUTENANT FOERST
Char JEAN BART N° 435
 
Combat du 28 Mai 1940
 
Composition de l'Équipage avant l'engagement
Lieutenant FOERST : Chef de Char
Sergent-Chef Maurice BEURTHERET : Pilote
Caporal COLLIN : Aide pilote
Chasseur Noël MEIGNIER : Radio
 
SITUATION AVANT L'ENGAGEMENT
a) zone de stationnement : bois de Bienflos (venant de Guizancourt) 
 
b) Déplacements avant contact : Le char gagne la P.D. dans le cadre de  la 1ère Compagnie par l’itinéraire jalonné : bois de Bienflos - Fontaine le Sec - Oisemont - Doudelainville et P.D.
 
c) Emplacement  occupé avant l' attaque : bois de Bienflos - ravin Nord  Est de Doudelainville.
Ordres reçus avant l'attaque : dans le cadre de la 3ème Section, agir en  protection des deux autres sections de la Compagnie placées en premier échelon, attaquer en direction d'un Objectif 01 constitué par le chemin Est-Ouest limitant la crête de Boencourt, puis la compagnie se regroupant en 01 attaquer en Direction de 02 constitué par la cote 104 et le Mont Caubert.
Heure de franchissement des premières lignes amies : 17 heures
Heure de départ de 01 vers 02 : 18 heures
Reconnaissances effectuées - liaisons prises : néant
 
Relation complète de l'action des chars jusqu' au mouvement de regroupement.
 
La première ligne est franchie à 17 heures, l'action consiste d'abord dans une neutralisation des différentes haies et lisières caractérisant la zone très cloisonnée du Nord Est de Doudelainville, notamment en protection de la 1ère Section placée à Gauche, le chemin creux Est Ouest menant à Poultières, est cause d'une panne de terrain à laquelle il est remédié par la recherche d’un passage praticable ce qui fait perdre un temps appréciable, au moment de franchir la crête, le pilote ouvre le feu sur une arme anti-chars camouflée à l'angle d'un verger au Sud Ouest de Huppy, il semble que cette arme ait à ce moment déjà pris à partie d'autres chars de la Compagnie. Le Chef de char tire sur des éléments isolés ennemis qui s'échappent en se cachant derrière les haies, il pousse son char à la route G.B. 25 à la gauche de laquelle il voit des chars du 46e B.C.C. ignorant que cette unité était engagée et quel était son secteur, le chef de char croit s'être égaré vers la gauche et revient à droite, à ce moment il voit devant lui le char Rivoli qui part vers la droite, ce qui le confirme dans son idée, il pousse dans la direction du chemin à l'est de Huppy qu'il franchit en direction du Nord. A ce moment le Char Jeanne d'Arc du Capitaine Dirand passe à une centaine de mètres et le pilote a ordre de le suivre, afin de reprendre contact avec la section que le char doit protéger, mais lancé à la poursuite des fantassins ennemis qui s'échappent le long des haies, le contact avec le Jeanne d'Arc est perdu. Le Chef de char pousse davantage au Nord en appuyant à gauche où il pense trouver la Compagnie au delà de Huppy, quelques centaines de mètres plus loin la courroie Bombix saute, le pilote et l'aide pilote la remettent pendant qu'un char du 46e B.C.C., fait de la protection car des armes anti-chars prennent le char à partie, la réparation effectuée le Jean Bart avec deux chars du 46e B.C.C. attaque les pièces anti-chars qui se trouvent à la lisière d'un bois à 800 mètres environ du Nord Est, l'aide pilote ayant été blessé au front dans des circonstances indéterminées est inanimé, le pilote Sergent-chef Beurtheret charge lui même le canon de 75 et essaie d'atteindre les pièces ennemies, le chef de char en fait autant avec le 47 au moment de rectifier le tir, trop court, le pilote est atteint à l’œil droit par un obus de rupture ennemi qui s'est logé dans la fente de la lunette droite. Prenant sa place le chef de char essaie de continuer le tir au 75, mais ne distinguant rien à travers la lunette, il prend le volant et ramène le char à la position de regroupement. Prenant contact avec le Chef de bataillon, il se met en mesure de refaire les pleins d'essence et de munitions et reçoit l'ordre de reconstituer ce qui reste de la Compagnie pour attaquer à l'aube la côte 104.
Noms des blessés :
Sergent-Chef BEURTHERET, évacué par le 46e B.C.C. sur le poste divisionnaire. Blessure à l'œil droit (grave)
Caporal COLLIN blessure à la tempe gauche (légère)
 
Consommations en munitions et essence :
Carburant : 500 litres
Obus de 75 (explosifs) : 32, rupture : 0
Obus de 47 (explosifs) : 14, rupture : 0
Cartouches de mitrailleuse : 500 environ
Actions particulières du personnel :
Le pilote et l'aide-pilote ont fait preuve d'un cran incontestable, le pilote notamment, chargeant lui même le canon, n'a abandonné son siège que devant l'impossibilité de continuer à tirer et à piloter. Mériterait une récompense.
Le Chef de Char
Lieutenant FOERST
 

le Jean Bart du 47e BCC (D.R.)

Combat du 29 Mai 1940 :
 
Composition de l'équipage du Char JEAN BART
Chef de Char : Lieutenant FOERST
Pilote : Sergent MIARD
Canonnier faisant fonction : Lieutenant GAZELLE
 
Situation avant l'engagement :
Zone de stationnement : POULTIERES
Déplacements avant le Combat : du hameau de POULTIERES à la zone située à l'Est du Carrefour des CROISETTES.
 
Emplacement occupé avant l'attaque : la zone Est des CROISETTES.
 
Ordres reçus avant l'attaque : à la tête d’une section composée du char JEAN-BART,  du Char EYLAU (Chef de char Lieutenant ROBINET), du char SURCOUF (Chef de char PHILIPPOT), attaquer et conquérir la côte 104, de la pousser en direction du MONT CAUBERT, le tout en échelon de protection du 46e B.C.C.
 
Reconnaissances effectuées, liaisons prises : NEANT
 
Relation complète de l'action à partir de l'heure H.
 
La section s'engage dans la zone à l'Est du Carrefour des CROISETTES à 4 heures et prend place dans le dispositif d'attaque légèrement en arrière du 46e B.C.C. placé en premier échelon ; l'action commence par une neutra­lisation à la mitrailleuse des lisières de bois qui se trouvent à l'Est de la route nationale n° 28, aucune arme anti-chars ou automatique ne se révélant, l'action continue parallèlement à la route nationale n° 28, et le 46e B.C.C. appuyé dans les intervalles par la section, ouvre le feu sur la côte 104 qui fait l'objet d'une concentration de tous les moyens de feux, cependant que continue la neutralisation des lisières des bois situés plus à l'Est. L’action est dirigée concurremment sur toute la zone située en avant du terrain d'attaque et entraîne le destruction des différents couverts et abris pouvant receler des armes ennemies, A ce moment, le chef de Char, en l'absence presque totale de progression du 1er échelon décide, dans le but d'économiser l’essence, d'arrêter les moteurs ; au moment où reprend l'avance, le pilote veut remettre le moteur en marche, mais la batterie d'accumulateurs étant quasi déchargée, le démarreur ne peut plus entraîner le moteur ; le char JEAN BART n'étant pas muni de magnéto de départ (manquant  signalé dès le début, mais auquel il n'avait pu être remédié, le parc du Génie n’ayant pu remplacer cette magnéto).
Il est impossible  de remettre en marche à l’aide du démarreur VIET ; l’équipage sort alors du char par le trou d’homme et fait signe au char du Commandant de 47e B.C.C.  de vouloir bien se porter à sa hauteur ; le Chef de Bataillon exécute cette manœuvre, ce qui permet au Chef de Char de lui rendre compte de l’accident, le Chef de Bataillon décide qu’un autre char de la section remorquera le JEAN BART en dehors du terrain d'attaque ; l’équipage aidé de celui du char EYLAU assure le remorquage par ce char qui l’emmène quelques centaines de mètres au Sud des CROISETTES, où il l’abandonne pour revenir au combat. Le char est dépanné dans la matinée et amené à MARQUENNEVILLE ; les armes sont inutilisables.
 
Consommations en munitions et en essence :
Carburant : 140 litres
Munitions : Obus de 75 explosifs : 12
                Obus de 75 de rupture : 0
                Obus de 47 explosifs : 3
                Obus de rupture : 0 (canon avarié)
Balles de mitrailleuses : 360
Le chef de Char du JEAN BART
signé : FOERST.


le Jean Bart du 47e BCC (D.R.)

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