jeudi 20 février 2020

Noël est elle vraiment Noël ? petite mise au point

dimanche 16 fevrier, alors que je sortais de ma voiture, j'entends le beffroi de saint-Pol-sur-mer jouer "O douce nuit"... de quoi jeter le doute sur la date... et maintenant qeue Noel est passé, et le soufflé de la querelle des creches dans les établissements publics mis en sommeil jusque l'année prochaine, petit retour sur une question idiote; Noel est elle vraiment en décembre (si tant est que l'événements a réellement eu lieu... désolé, je ne suis pas prêt à faire le pari de Pascal)...



 
« Jésus est né le jour de Noël »


Odon Vallet, Petit lexique des idées fausses sur les religions, 2002

 
Nul ne sait précisément où ni quand Jésus est né. L’évangile de Matthieu (2, 1) affirme qu’il a vu le jour « à Bethléem de Judée » et celui de Luc (2, 4) « à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée ». 
 
Dans l’Ancien Testament, la ville de David, c’est Jérusalem (qu’il a prise aux Cananéens) tandis que Bethléem apparaît comme le lieu de naissance du roi-berger « qui fera paître Israël mon peuple » (2 Samuel 5, 2). 
 
Jésus est donc le nouveau Messie (titre déjà attribué à David), le bon pasteur né à la «maison du pain» ou Bethléem. 
 
Mais comme Joseph et Marie résidaient au village de Nazareth, en Galilée, à huit jours de marche de Bethléem, il est peu vraisemblable qu’une femme sur le point d’accoucher ait pu faire un tel voyage même pour répondre à un ordre de recensement romain mentionné par Luc (2, 1) et mal confirmé par l’Histoire. 
 
Peut-être Jésus est-il né à Nazareth mais aucune preuve ne peut être apportée quant à son lieu de naissance. La naissance du Christ, à la différence de sa mort (juste avant la Pâque juive), n’est reliée à aucune fête du calendrier et a pu prendre place en toute saison. 
 
Elle suit d’environ six mois la naissance de Jean-Baptiste dont la mère, Élisabeth, était enceinte de six mois (Luc 1, 36) lors de la visite de l’ange Gabriel à Marie. 
 
Il est donc logique de fêter la Saint-Jean le 24 juin, deux trimestres avant Noël. Noël serait le « jour de la naissance » (du latin natalis dies) ou le jour du « nouveau soleil » (du gaulois noio hel). 
 
En anglais, c’est la « messe du Christ » (Christmas) et en allemand, les « nuits sacrées » (Weihnachten). 

Ces hésitations étymologiques montrent que Noël a été perçu comme un événement théologique (la naissance d’un Messie) et comme un phénomène géographique (le retour du soleil). 
 
Cette deuxième explication est, historiquement, la première. Noël fut d’abord une fête du solstice d’hiver (le décalage de trois ou quatre jours semble négligeable) dans de nombreuses religions « païennes » de l’Europe préchrétienne, notamment dans les régions nordiques ou montagnardes, là où l’astre suprême se cache aux mauvais jours et fait craindre une nuit éternelle. 
 
Fêter le début des jours meilleurs, c’était alors le moyen d’exorciser la peur d’un froid perpétuel, d’une mort prévisible, « si le soleil ne revenait pas » (Ramuz). À Rome, cette fête du « Soleil invaincu » (Sol invictus) fut officialisée par l’empereur Aurélien (270-275 après J.-C.) qui se voulait un Roi-Soleil, un astre couleur d’or (aurus). Elle a été aussi associée au culte de Mithra, le dieu iranien symbolisant des forces vitales comme le soleil et le taureau. 
 
Or, la Bible présente aussi le Messie comme un « soleil de justice » (Malachie 3, 20) et comme un «astre levant » (Luc 1, 78). 
 
En retenant la date de cérémonies païennes pour commémorer un haut fait évangélique, l’Église christianisa une vieille fête de la nature et Noël fut célébré le 25 décembre à partir de l’an 336 (environ), à la fin du règne de Constantin, le premier empereur chrétien, dont lesoleil était le Christ. Noël devint un prénom de baptême, même s’il n’y avait alors pas plus de saint Noël que de saint Pascal. 
 
L’important était de dater précisément la naissance de Jésus pour en faire un événement historique et non une légende mythologique. Jésus est né le jour de sa naissance (c’est une évidence) qu’on appelle Noël (c’est de l’arbitraire). En plein hiver, la Nativité réchauffe le coeur et met de la vie sacrée dans une nature morte. 
 
À mesure que les missionnaires chrétiens évangélisèrent les zones tropicales et équatoriales, Noël perdit son caractère de fête du solstice d’hiver : sous l’équateur, il n’y a pas de « soleil invaincu » ou vaincu puisque l’astre suprême ne décline jamais. 
 
On peut donc fêter Noël sous les cocotiers des plages en se dorant la peau aux rayons d’Hélios. Dans l’hémisphère Sud, Noël est même la fête de l’été, l’équivalent de la Saint-Jean sous nos latitudes. C’est le jour le plus long, le plus chaud, l’inverse parfait de notre 24 décembre qui bat régulièrement des records de froid. Ainsi Noël peut-il, par ses paradoxes climatiques, symboliser aux antipodes une religion universelle."

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