lundi 3 juin 2019

Le dépôt de mendicité de Lille en 1791


le traitement de la pauvreté, la place des précaires dans la société, une question déjà ancienne...
 
(Archives Départementales du Nord, AdN L 5465, 16 mars 1791)

Lille, le 16 mars 1791

Messieurs,
Notre premier soin aussitôt après la réception de la lettre que vous nous avez fait l’honneur de vous écrire le trois février dernier, relativement au dépôt de mendicité de cette ville, a été de nous procurer tous les renseignements qui manquaient aux comptes que nous vous avons précédemment rendus…
Le premier objet dont il paroit instant de s’occuper est de transporter dans un local plus aéré, plus commode et plus salubre les victimes malheureuses que la sureté publique force à renfermer.
 
Nous avons déjà eu l’honneur de vous représenter, Messieurs, combien la maison qui sert à cet usage est insuffisante et malsaine. Elle est située à l’extrémité de la ville et dans un des quartiers les plus peuplés. Sa proximité du rempart et des fortifications, la hauteur des batimens comparée à l’extrême petitesse des cours y entretiennent une fraîcheur et une humidité habituelle qui engendrent ou perpétuent les maladies scorbutiques dont les prisonniers sont presque tous attaqués.
 
A ces inconvéniens resultants de sa situation, il s’en joint d’autres qui proviennent de la petitesse du local et de l’état ruineux des habitans de ce dépôt.
 
En effet le nombre des prisonniers des deux sexes qu’y trouvent habituellement enfermés monte à cent quatre vingt personnes qu’on peut dire avec vérité être entassées les unes sur les autres dans l’enceinte étroite destinée à les recevoir.
 
Les deux sexes ne sont que faiblement séparés, ils trouvent souvent le secret de se communiquer leurs desseins de révolte à travers leur clôture, ils arrivent même quelques fois qu’ils se réunissent malgré la vigilance du concierge.
 
D’un autre côté, l’état ruineux des batiments ne contribue pas peu à diminuer la sûreté de cette clôture et à augmenter par les particules salines et le salpêtre que laissent échapper les vieux murs, l’insalubrité reconnue de ce dépôt.

Ces considérations nous ont engagés, Messieurs, à rechercher les moyens d’établir dans un autre local la maison de mendicité…

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