jeudi 16 mai 2019

Marie, sorcière à Templeuve


In Claude Malbranke, « Guide de la Flandre et de l’Artois mystérieux », 2e édition, éditions TCHOU, collection « les guides noirs », Paris, 1969, 479 pages, pp. 441-442

Templeuve pose un problème étymologique. Le mot templum, temple, apparait dans la première partie du nom ; quant au suffixe ovium, d’origine archaïque, son sens demeure obscur (NDLR : les historiens s’accordent depuis longtemps sur l’étymologie Templum Iovis, temple de Jupiter). C’est pourquoi une légende, qui semble dénuée de fondement, a voulu voir dans ce nom le souvenir d’un temple dédié à Jupiter ou à Bacchus.
 
Templeuve a été longtemps connu par ses sorciers. Le 10 novembre 1656, Marie de Navarre, femme Herbaut, une fermière fut arrêtée alors qu’elle s’enfuyait vers Tournai. On l’accuse d’être sorcière, d’avoir « adjuré Dieu, chresme et baptesme, d’avoir adhérence au Diable, d’avoir assisté au sabbat au bois d’Hucquin, d’avoir tenu conseil avec d’autres sorcières afin de faire mourir le sieur Adrien Fichelle ». Voici les témoins à charge : Antoine Bonnier lui reproche de l’avoir ensorcelée en lui « baillant un craquelin », Marguerite Dedans l’accuse de l’avoir ensorcelée en lui portant un fromage pour sa part de nourriture aux soldats qu’elle logeait ; Matthieu Rousseau lui reproche « de lui avoir fait un tour » en le frappant ; Jeanne Devendeville l’accuse de l’avoir ensorcelée en lui mettant « une baye ou jupe dessous sa tête pendant qu’elle dormait » ; Isabeau Wochel se plaint que la sorcière ait ensorcelé son fils « en lui baillant une pomme ». Le 16 décembre 1656, on la soumet à la torture et à la question ordinaire ; elle soutient qu’elle n’est point sorcière et qu’elle n’a point commis les crimes qu’on lui impute. Elle est condamnée à mort.
 
« D’autres malheureux, tels Jean d’Arras, Allard d’Engremont, Sainte Vougier, etc., furent pendus et brûlés pour le même motif dans la cour de ma ferme de Canchomprez ou sur la plaine des solières. On les accuse d’empêcher le lait de se coaguler, les animaux de se reproduire, les arbres de fructifier, en jetant ou en répandant une certaine poudre. On raconte le soir à l’écrienne, que le berger Hocques avait été condamné aux galères pour avoir fait périr, par le secret de sorcellerie, les bestiaux d’un fermier. Il faut bien se rendre compte que, si quelqu’un avait osé mettre en doute l’existence de la sorcellerie, il aurait été accusé d’y participer. » (C. Carpentier, A l’ombre du vieux clocher, 1941)

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