vendredi 26 avril 2019

Le Nord... et la France sous les V1 et les V2


In Myrone CUICH – Armes secrètes et ouvrages mystérieux de Dunkerque à Cherbourg, tome 2, les V1 et les V2, autoédition, Tourcoing, 1996

Le 29 août 1944 à 21 h 50, le général Jodl, de OKW du Quartier Général de Hitler, envoie au Generalleutnant Hans Kammeler, Gruppenführer des Waffen SS, le Télex n° 772.889/44, lui ordonnant de commencer les tirs de V2 contre Londres.
 
Kammeler qui avait été nommé le 6 août 1944 par le Reichsführer SS Himmler, responsable de la mise en œuvre des armes à longue portée (V2), reçut le 30 août de Hitler en personne un nouveau Télex n°1.367/44 lui indiquant que la moitié des tirs soient dirigés sur Londres et l’autre moitié sur Paris et les principales villes du Nord.
 
Le 2 septembre 1944, la 444e Batterie expérimentale du Major Schutz commandant le groupe Sud installé à Sterpigny à environ 25 kilomètres au Sud-Ouest de Saint-Vith, dans les Ardennes Belges, fut chargé d’exécuter les tirs sur Paris, cible 0303.
 
Le 6 septembre, les deux tirs qui seront exécutés sur Paris seront un échec, dû à une défaillance de la plate-forme inertielle de guidage.
 
le V2 - coupole d'Helfaut
 
Le 8 septembre, si la première V2 tirée à 7 h 30 se désintégrera dès sa rentrée dans les couches basses de l’atmosphère terrestre, la deuxième V2 tombera à 11 heures dans la région parisienne, à Chatonneau, près de Maisons Alfort, un quartier pavillonnier compris entre la rue des Sapins et la rue des Ormes, détruisant plus d’une dizaine de maisons, causant la mort de 4 personnes et faisant une dizaine de blessés. Le soir même, les tirs sur Paris sont interdits par ordre du Reichsführer SS Himmler pour des raisons qu’on ignore.
 
Par contre ils seront repris contre les villes du Nord de la France et le 15 septembre 1944 la première V2 tombera à la Foire Commerciale de Lille ne faisant que des dégâts matériels.
 
Le lendemain 16 septembre à 5 h 55, une seconde V2 tombera au n°38 de la rue Etienne Dolet, dans le quartier de Fives à Hellemmes lez Lille, détruisant plus d’une quinzaine de maisons dans un rayon de plus de 100 mètres, causant la mort de cinq personnes dont Monsieur et Madame VANHOUTTE, leur fille et leur nièce ainsi qu’une passante, Mademoiselle Josette YUNG qui sera tuée par le souffle. Elle fera également un blessé grave et une dizaine de blessés légers.
 
Le 17 septembre 1944, une troisième V2 tombe à 11 heures, rue de Lambersart à Saint-André, détruisant plusieurs immeubles sans faire de victime. Le lendemain 18 septembre à 11 heures, une V2 tombe à Capelle-en-Pévèle dans un champ au Quartier du Thouars, causant un immense entonnoir de 20 mètre, sans autres dégât ni victime.
 
Par contre, dans la nuit du 18 au 19 septembre une cinquième V2 tombe à Marcq-en-Barœul dans le chemin st Roch près du couvent Bon Pasteur, faisant quatre blessés légers, détruisant complètement un immeuble, rendant inhabitables et endommageant près d’une centaine d’autres dans le quartier par le souffle.
 
Le 21 septembre 1944 à 11 heures 45 une sixième V2 tombe dans un champ face au n°38 de la rue de la Petite Hollande, quartier du Croisé Laroche à Marcq-en-Barœul, creusant un entonnoir d’environ 20 mètres de diamètre et 8 mètres de profondeur, causant une quinzaine de blessés par les éclats et le souffle, rendant six maisons inhabitables, endommageant fortement six autres et une centaine d’autres seront également endommagées dans les avenues Poincaré et de la République.
 
Le 2 octobre 1944 au matin, le Generalleutnant SS Kameler ordonne à ses batteries de reprendre les tirs de V2 sur Paris et les villes françaises. Ce jour-là, quatre V2 exploseront à une cinquantaine de kilomètres de la capitale et seront suivis par 17 autres au cours des journées du 3, 4 et 5 octobre 1944. Ceci malgré l’arrêt des tirs sur Paris qui fut ordonné à l’Etat-Major du Reichsführer Himmler, par Télex n°7773.619/44 du Général Jodl de OKW du 3 octobre à 1 h 18 indiquant : « Pour des raisons politiques, tout tir contre Paris par V2 sera avant tout suspendu ».
 
Il faut noter qu’après le repli des Ardennes Belges, la 444e Batterie s’installera à Cuxhaven près de Trèves en Allemagne et deux autres à Merzig dans la Sarre, d’où débuteront les premiers tirs de réglage le 2 octobre. Ces batteries se trouveront à près de 400 kilomètres de Paris, alors que la portée pratique de la V2 est de 320 kilomètres, de ce fait il faut supposer que Kammeler qui avait outrepassé les ordres reçus, a effectué simplement des tirs de réglage, afin de se rapprocher de l’objectif.
 
C’est également le 5 octobre1944 à 7 h 45 que la ville de Tourcoing sera réveillée par une énorme explosion, la première V2 tombe face au n°87 de la rue du Pont de Neuville, causant la mort de deux personnes, Mme WUYTACK Gabriel et VANOVERFELD Marie, faisant une quinzaine de blessés et détruisant plusieurs maisons par le souffle.
 
Le mercredi 11 octobre 1944 deux nouveaux tirs auront lieu sur la région du Nord, à 11 heures une V2 tombe rue Victor Hugo à Vieux Condé, faisant 20 blessés dont 2 gravement atteints par des éclats et détruisant de nombreux immeubles. L’autre V2 tombe à 17 h 35 dans un champ situé près de la ferme Delporte, compris entre les Trois Tilleuls et le Hameau de la cave St Paul, blessant un ouvrier agricole et détruisant quelques vitres par le souffle.
 
Le 12 octobre vers 14 h 30 une V2 tombe dans un champ au Hameau Wattissart à Seclin et le lendemain 13 octobre vers 7 h 35 vers 7 h 35 une V2 tombe à Bousbecque dans le quartier de l’Alouette, à l’extrémité de la rue St- Joseph, ne causant que les dégâts dans les immeubles sans aucune victime. La dernière V2 tombera dans la nuit de Noël 1944 à Wattignies-L’Arbrisseau.
Au cours de la période du 8 septembre au 15 octobre 1944, 59 V2 furent tirés contre Tourcoing, Lille, Arras, Cambrai et Saint-Quentin et 21 sur Paris.
 
DES V1 PROVENANT DES TIRS EFFECTUES CONTRE LES VILLES BELGES TOMBERONT DANS LE NORD DE LA FRANCE. 
 
 le V1 - coupole d'Helfaut
 
Après sa retraite fin août 19944 et la perte de ses bases de lancement du Nord de la France, le 155e Flakregiment complètement désorganisé se regroupe au Camp Maria à Anvers.
 
A partir du 1er septembre 1944, il s’installe en Hollande avec une partie de son matériel évacué. Seize rampes de lancement légères avaient été installées dans le triangle compris entre Apeldoorn-Amersfoort et Zwolle et six autres au Sud de Rotterdam avec deux détachements du 155e Flakregiment. D’où quelques tirs seront probablement effectués, si l’on tient compte des V1 qui tomberont dans le Nord de la France.
 
Parallèlement le reste des éléments du 155e Flakregiment avec le Colonel Wachtel à sa tête s’installera également à partir du 1er septembre en Allemagne dans l’Eiffel, entre Trèves et Coblence, où huit bases de lancement avec rampes légères seront construites sur les hauteurs boisées de 400 à 500 mètres et comprenant deux batteries.
 
Le 14 octobre 1944, le colonel Wachtel reçoit de l’OKW l’ordre de préparer le tir contre les villes belges d’Anvers, Liège, Bruxelles et Charleroi. En réalité le premier V1 tombe dans la Schilderstraat à Anvers le 13 octobre à 9 h 45 causant 32 morts et 45 blessés.
 
A partir du 17 septembre, le Colonel Wachtel reçoit un nouvel ordre pour l’installation des sites de lancement le long du Rhin. Il détache deux autres batteries dans le Sommerland et le Westerwald dans le pays rhénan avec 32 sites de lancement pour exécuter les tirs sur les villes belges.
 
Dans la nuit du 18 septembre 1944, vers 23 h 30, deux V1 tombent à 30 minutes d’intervalle à Loos lez Lille, au n° 82 et 84 de l’avenue Saint-Marcel, détruisant douze maisons, causant 9 morts et quinze blessés ainsi que six autres dans la rue Saint-Fiacre.
 
Le même jour trois autres V1 tomberont dans le Nord de la France. Le premier à 11 h30 à Baisieux derrière la brasserie Duquennoy, faisant un blessé et de nombreux dégâts, le second à Roost-Warendin rue Marcel Sembat vers midi et le troisième à Auby dans le quartier du Boniers.
 
Le dimanche 24 septembre 1944 à 18 h 30 un V1 tombe dans un jardin de la rue du Villebrequin près de la poste de Croisilles dans le Pas-de-Calais, tuant cinq personnes dont deux de la famille Masse, le directeur d’école Monsieur Budin revenant de la chasse et faisant plusieurs blessés dont la fille Masse qui sera gravement défigurée, causant de nombreux dégâts parmi les habitations dans un rayon de cinquante mètres. Une seconde V1 tombera le même jour à quelques minutes d’intervalle, rue des Jardins à Marchiennes sans faire de dégâts.
 
Le lendemain 25 septembre, un V1 tombe à 16 h 30 dans une prairie près du pont de la Scarpe à Nivelle, blessant mortellement M. Achille Dufrenne, maire de la commune, et endommageant une dizaine de maisons par le souffle de l’explosion. Le 27 septembre dans la nuit, un V1 tombe à Escaupont en bordure de la Chaussée Brunehaut en forêt de Raismes.
 
Le 9 octobre 1944, à 18 h 40, un V1 tombe à Ronchin près de Lille causant la mort d’une personne et faisant une quinzaine de blessés. Le lendemain 10 octobre, en fin de soirée, un V1 tombe à Berlaimont au lieu-dit « Le Hambu », ne soufflant qu’une vitrine de magasin.
 
Le 21 octobre 1944, le 155e Flakregiment devient la 5e Flakdivision et commence le tir de 55 V1 sur Bruxelles et une cinquantaine le 25 novembre sur Liège et Charleroi.
 
Le 15 novembre 1944, un V1 tombe rue Pasteur à Sars-Poteries à 8 h 45 faisant 5 tués, une dizaine de blessés et détruisant tout un quartier par le souffle de l’explosion. Le 28 novembre un V1 tombe rue Victor Hugo à Hem, près du château de la Marquise, après avoir tourné au-dessus de Roubaix, Croix et Wasquehal, détruisant les vitres de l’église St Corneille et des maisons environnantes.
 
Du 16 au 30 décembre 1944, lors de la bataille des Ardennes, une centaine de V1 seront tirés contre les troupes alliées sans grand résultat, quelques-unes tomberont dans la région de Valenciennes et de Maubeuge.
 
Du 15 septembre 1944 au 30 janvier 1945, c’est plus d’une cinquantaine d’engins de type V1 ou V2 qui tomberont dans le Nord de la France.
 
Aucun document n’existant à ce sujet, seuls 22 engins ont pu être identifiés. Ceci pour les raisons suivantes, la presse qui à l’époque était sous la censure militaire avait reçu des ordres de ne pas mentionner les chutes des engins allemands afin de ne pas semer la panique parmi la population déjà fortement éprouvée.

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