mardi 22 novembre 2016

la mer, cette éternelle compagne, cette perpétuelle ennemie

Les inondations de ces derniers jours, liés à une pluviométrie exceptionnelle, à des terrains déjà gorgés d'eau, composés de sables pissards, à des cours d'eau paresseux alimentés depuis les pentes artésiennes pour la plupart posent le terrible constat : l'eau est présente partout et ce n'est pas parce que l'institution des wateringues est pluriséculaire que le problème n'est pas... Mais sur le littoral flamand, nous sommes cernés, entre deux fronts. L'eau douce dans l'arrière-pays, la mer face à la côte, voilà deux dangers que nous ne connaissons trop bien, à plus forte raison que des transgressions (appellées justement dunkerquiennes) ont été des épisodes qui ont modelé le paysage, la façon de vivre et la manière d'appréhender le territoire... C'eut été un problème bien léger et sans grande importance si il n'y avait pas un souci de taille: le littoral est anthropisé à l'extrême, les villes se sont étendues, les hommes y vivent et travaillent et les structures économiques y sont nombreuses et difficiles à transférer...

Depuis les débats sur le réchauffement climatique et la plus que probable montée du niveau de la mer, la prise de conscience se fait plus aigüe. Il ne s'agit désormais plus de conquérir des terres sur la mer depuis son retrait, de faire des digues et d'assécher les polders mais bien de préserver des acquis. Si les bonnes volontés individuelles sont acquises à la cause, il faut désormais une plus forte implication des pouvoirs publics or l'état, contrairement à ce qui peut se passer pour d'autres territoires, d'autres zones géographiques à risque, ne semble guère pressé de prendre le problème en profondeur...

Ci-joint donc un exemple de ce qui nous préoccupe avec le cas de Oye-Plage, avec les mêmes soucis que sur le polder gravelinois...

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OYE-PLAGE

Risque de submersion marine : l’enquête publique finie, le plan de prévention déçoit

Par JEAN-PHILIPPE DELATTRE

 
Ce lundi, en début d’après-midi, quelques Ansériens échangeaient sur leur situation, dans le hall d’entrée de la salle Dolto, attendant leur tour pour être reçus par le commissaire-enquêteur. Certains habitent le quartier des Escardines, d’autres la route des Dunes. Les deux secteurs les plus exposés au risque de submersion marine, d’après le plan de prévention des risques littoraux (PPRL) (lire ci-dessous). Plan contre lequel ces riverains sont venus exprimer leur mécontentement. «  Depuis 1994, on alerte les élus pour qu’ils effectuent des travaux afin de renforcer le cordon dunaire, explique Philippe Lemaire, habitant des Escardines, un lourd dossier sur le risque de submersion sous le bras. Beaucoup de promesses nous ont été faites. Aujourd’hui, on nous oblige à faire des travaux de mise aux normes dans les maisons, mais les élus devraient d’abord renforcer la dune et ensuite réétudier le PPRL. Parce que si la dune s’effondre, les maisons seront foutues, et ça n’aura servi à rien d’y faire des travaux. »

Pétition

En effet, des travaux de mise aux normes peuvent être imposés aux habitants des Escardines et de la route des Dunes (mais recommandés, seulement, dans d’autres quartiers), pour des raisons de sécurité et pour évacuer les habitants à secourir. Comme par exemple, la création d’un étage refuge obligatoire. «  Nous avons acheté une maison de plein-pied exprès pour notre retraite, expliquent Marie-Jeanne et Hervé Le Carpentier, originaires de Marcq-en-Barœul. Elle vaut 100  000  €, et on ne bénéficierait que de 3  000  € d’aide seulement pour faire faire un étage. Alors que nos combles ne sont pas aménageables et qu’on ne sait pas si les fondations supporteraient un nouvel étage. Rien que faire estimer cela nous coûtera cher.  » Comme d’autres, ces riverains s’inquiètent de savoir quels travaux seront obligatoires pour «  pouvoir être assurés ou pour pouvoir vendre la maison  ». Pour Jean-Paul, du quartier des Escardines  : «  C’est à l’administration, qui a validé les permis de construire aux Escardines, d’assumer ces travaux. » Ces obligations, subventionnées par l’État à hauteur de 40  %, doivent être respectées dans les cinq ans après validation du PPRL et dans les deux ans pour les Escardines.
 
Au total, à Oye-Plage, Gravelines et Grand-Fort-Philippe, près de 110 personnes se sont exprimées auprès du commissaire-enquêteur. «  Une mobilisation importante  », d’après lui. «  À Oye-Plage, seuls des habitants des Escardines et de la route des Dunes sont venus. Certains ont lancé une pétition contre le PPRL, qui a recueilli 85  signatures  ».

Les enjeux et les suites du plan
 
- Le constat. Suite à la tempête Xynthia, le 28 février 2010, l’État a lancé l’élaboration de plans de prévention de risques littoraux (PPRL). Dans la région du delta de l’Aa, Oye-Plage, Grand-Fort-Philippe et Gravelines sont concernés.
- Les objectifs du PPRL. Le PPRL a pour but de délimiter le développement urbain en fonction des zones à risques et la mise aux normes d’habitations exposées, notamment aux Escardines et le long de la route des Dunes. Des mises aux normes peuvent être imposées, par exemple, pour des raisons de sécurité. Ces obligations, subventionnées par l’État à hauteur de 40  %, doivent être respectées dans les cinq ans après validation du PPRL et dans les deux ans pour les Escardines.
- Les risques à Oye-Plage. Le PPRL répertorie les risques de submersion d’ici 2100. En cas de catastrophe, le quartier des Escardines serait rapidement inondé mais dans le reste de la commune, les parcelles agricoles seraient plus touchées que les habitations. Oye-Plage compte près de 5  400 habitants, dont environ 150 aux Escardines.
- Enquête publique : et après ? L’enquête publique, ouverte le 18  octobre, a pris fin ce lundi. Le commissaire enquêteur doit ensuite remettre un rapport dans un délai d’un mois environ à la préfecture. C’est cette dernière qui validera, ou pas, le PPRL.

in La Voix du Nord, édition de Calais, 22 novembre 2016

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