mardi 21 juin 2016

des lumières dans la nuit dunkerquoise...



Deux éclats blancs de 10 secondes percent la nuit, les pinceaux de lumières se voient à 50 milles, environ 50 kilomètres, à la ronde… 

la solitude du gardien de phare?
 

Le phare du Risban est un précieux guide pour les marins. A l’origine, les lieux accueillaient le fort construit par Vauban, détruit comme le reste des fortifications à la paix d’Utrecht. Un fanal signale le port depuis 1683 mais une tempête en 1825 a raison de lui. Immédiatement, on lui trouve un remplaçant : le Leughenaer assure la relève. La solution est loin d’être idéale. La tour, assez basse, manque en visibilité et la lanterne n’est pas des plus fiables. Il faut un phare à Dunkerque !  Il est édifié en 1842 et fonctionne l’année suivante. Initialement prévu à la place de la vieille tour bourguignonne, les travaux portuaires obligent les architectes à lui trouver un nouvel emplacement : ce sera donc à 300 mètres de nouvelles jetées, que l’on vient justement d’allonger. Le fonctionnement d’un phare nécessite une attention constante. Il faut veiller à l’alimenter en huile végétale pour que la flamme brille. A partir de 1875, on la remplace par de l’huile minérale pour enfin électrifier la lanterne en 1883.

Pour un gardien de phare, Le Risban est alors un avant-goût de paradis, loin de l’isolement des phares perdus en mer ou plantés sur des îles ou de servir sur un bateau-feu, immobile et isolé en cas de coup dur. Presqu’en centre-ville, comme à Calais, la solitude du gardien de phare apparaît comme plus supportable. La tour cylindrique de 3,90 mètres de diamètre repose sur un bâtiment rectangulaire qui abrite les deux logements et les ateliers. De plus, le phare disposait à l’origine d’un petit jardin. L’ensemble fait tout de même 63 mètres de haut, ce qui en fait le phare le plus haut de sa catégorie. Un escalier de 276 marches sans halte possible offre l’accès à la lanterne… mais depuis son sommet, c’est une vue sur le large, la vie et les Flandres qui s’offre au regard. Comme le reste du port, le phare a été mis à rude épreuve par les combats de la dernière guerre. Les travaux de restauration commencent dès 1946. Automatisé depuis 1985, il subit une cure de jouvence en 1992 pour finalement être classé Monument Historique à la fin de 2010. La haute tour blanche semble être installée depuis toujours dans le paysage.

 
Sur un musoir comme une étrave dans la mer
 

Plus loin, à l’extrémité de la jetée ouest se dresse le feu de Saint-Pol… Haut seulement de 36 mètres, il signale l’entrée du port par deux éclats verts toutes les six secondes. Edifié en 1937-1938 par l’architecte Umbdenstock, il est le seul phare Art déco de nos côtes. Le fut de briques, dont l’émail blanc est parti avec les années, est interrompu par trois coupoles renversées qui servent de pare-soleil aux feux disposés autour du phare pour réguler la circulation. Au dessus d’elle, des corbeaux ressemblant à des mâchicoulis donnent un air de donjon à la partie supérieure, elle même percée de meurtrières. Umbdendstock à mis un soin particulier à la décoration du sommet. Le dôme de cuivre qui surmonte le feu est décoré d’une frise de métal découpé et des gargouilles noires en têtes de lion complètent le décor. Par les jours de gros temps, il était possible de rejoindre le feu par un souterrain ménagé dans la jetée mais le tunnel a finalement été muré. Dans le musoir, sous le feu, les quartiers des gardiens sont éclairés par des hublots presque au ras des flots. Lieu de travail, le feu n’en reçoit pas quelques attentions particulières, comme la rampe d’escalier qui se termine au sommet par une maquette du phare. Pourtant, lui aussi a failli disparaître du paysage portuaire. En effet, pendant la dernière guerre, il était ceinturé par un blockhaus allemand, les sous-sols convertis en soutes à munitions et des rails avaient été posés sur la jetée pour faciliter les transbordements.


 
Le blockhaus est démantelé à partir de 1946 mais il faut attendre encore huit ans pour que le feu puisse reprendre du service. Automatisé en 1978, il se délabre d’autant plus vite que son chauffage est arrêté. Son remplacement est alors envisagé au milieu des années 90. Le feu échappe finalement à la destruction grâce à l’action de l’association Myosotis. Classé Monument Historique en décembre 1999, il continue de veiller malgré tout sur les allers et venues du port est. 

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