jeudi 1 janvier 2015

juste une histoire de calendrier pour entamer l'année : l'importance de janvier


Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire des peuples, on retrouve les savants calculs pour établir un système de référence qui permette de mesurer avec le plus de précisions possibles, la durée du jour solaire, celle de la lunaison, la durée de l’année tropique. Ce système c’est ce qu’on appelle un « calendrier ».

Ce n’est pas la même chose qu’un « agenda », qui lui, est de création plus récente. Son étymologie est dans le verbe « agir ». C’est, nous dit Littré, « le petit livret destiné à noter les choses que l’on doit faire.. »

Ce n’est pas un « almanach », mot plus ancien. L’almanach est un développement du calendrier. Il contient plus d’informations sur l’année, les fêtes, les traditions, mais il peut être aussi une sorte d’annuaire, comme l’était par exemple « l’almanach royal » publié chaque année sous l’Ancien Régime. C’est un recueil où l’on consigne des quantités d’éléments, qui peuvent aller des recettes de cuisine aux conseils pour jardiner, selon la lune ça va de soi ! et bien d’autres choses encore, comme le très célèbre almanach Vermot, toujours en vente. Le célèbre calendrier des PTT que les collectionneurs et les plus anciens connaissent bien, ce carton imprimé recto verso avec une photo et les douze mois a pris, avec les années, la configuration d’un vrai almanach, vu tout ce qu’il contient. Il s’appelle d’ailleurs désormais « l’almanach du facteur ».
Eusèbe de Césarée (IVe siècle ap JC) nous dit que l’étymologie d’almanach viendrait de l’Égypte, du copte, « al » « calcul » et « men » « mémoire ». D’autres écoles voudraient que l’origine du mot soit dans l’article « al » et le mot hébreu « manah » « compter ». Je n’irai pas plus loin dans l’explication pour ne pas allonger ce texte, d’autant que cette étymologie est plaisante.

Pourquoi pas « chronique » ? C’est encore autre chose… ! Littré, lui encore, nous dit que la chronique c’est ce qui se débite par de petites nouvelles courantes, qui peuvent avoir plusieurs sujets : chronique de l’histoire, chronique d’un lieu, ou du temps… L’étymologie de chronique étant dans le latin « chronica » ou du grec « chronos » : « qui appartient au temps ».

Le mot calendrier vient du latin, "calendae", premier jour du mois chez les Romains. Quant au système, il est articulé autour de trois phénomènes astronomiques : le jour solaire moyen, la lunaison et l’année tropique (Intervalle de temps séparant deux passages à l´équinoxe moyen ; l´année tropique vaut, actuellement, environ 365.2422 jours). Les principales difficultés sont liées au fait que la révolution de la terre autour du soleil a une forme elliptique et que la terre est ronde, tournant sur elle-même, sur un axe incliné. On a donc de la difficulté à prendre un seul et unique point de référence. De plus, on s’est aperçu bien vite que le cycle de la lune et du soleil n’avaient pas la même durée et c’est Méton, qui au siècle de Périclès, découvrit ( ou emprunta aux Babyloniens ?) le fait que 19 années solaires contiennent 235 lunaisons, et donc qu’à l’issue de ce cycle, les phases de la lune reviennent pratiquement aux même dates. C’est ce qu’on appelle « le cycle de Méton ». Cette découverte est d'une une importance capitale pour la compréhension des dictons et proverbes du temps. On sait l’influence de la lune, mais cette influence sera « tempérée » selon sa position dans le ciel.. D’où l’importance, comme le faisait Monsieur Jourdain de savoir le calendrier et de connaître quand il y a de la lune ou quand il n’y en a point !

Quand on regarde les différents calculs au cours des siècles on ne peut rester qu’en admiration face leurs précisions. Chez les Égyptiens, le calendrier établi au 5éme millénaire avant JC comprend 12 mois de 30 jours auxquels on ajoute 5 jours dits épagomènes pour arriver à un compte presque juste de 365 jours un quart, avec trois saisons, basées sur la crue du Nil, qui conditionne toute la vie du pays : « l’inondation », qui apporte le limon, la terre et l’engrais nécessaire aux plantations, « la végétation », et « la récolte ». Mais cette année était trop courte de un quart de jour, et entraînait une dérive par rapport au cycle du soleil ce qui avait pour effet le rendre l’année égyptienne « vague ». Le début de l’année se déplaçait de 15 jours en 60 ans environ. Les Égyptiens s’aperçurent du décalage de la crue du Nil, et relevèrent que cette crue coïncidait avec le lever héliaque de Sirius, (Lever héliaque = première apparition d’une étoile dans un ciel déjà clair, juste avant le lever du soleil) la si brillante étoile de la constellation du chien qui nous vaut l’origine du mot canicule, ce dont je vous ai parlé en juillet. Les astronomes proposèrent un aménagement lié à l’observation de cette étoile. Hélas le lever de Sirius retardait de 1 jour tous les 4 ans, de sorte que le calcul restait encore « vague », l’accord ne se trouvant rétabli qu’au bout de 1461 années « vagues » ! Tardivement, Ptolémée III tenta d’introduire un 6 ème jour « épagomène »… Mais on était déjà sous les conquêtes romaines et c’est leur loi qui allait bientôt s’imposer..

De leur côté les Grecs avaient plusieurs types de calendrier selon les grandes cités et leurs influences, calendrier athénien, dephique, thébain, corinthien. Le plus connu est le calendrier luni-solaire des Athéniens qui faisait alterner des mois pleins de 30 jours et des mois « caves » de 29 jours, soit un total de 354 jours auxquels on ajoutait un treizième mois … (mais pas pour des raisons de rémunération !)

Les premiers habitants de Rome, après la fondation de la ville par Romulus prirent comme référence le calendrier des gens du coin, c'est-à-dire ceux du pays d’Albe, qui ne comptait que 304 jours, répartis sur dix mois, désignés par leur numéro d’ordre, d’où l’origine du nom de nos mois de septembre, octobre, novembre et décembre (7ème, 8ème,9ème et 10ème mois). C’est le « calendrier albain »
A cette époque là, ni janvier ni février n’existaient et l’année commençait en mars, mois consacré à ce Dieu, père de Romulus et de Remus. Pour peupler Rome, Romulus organisa le rapt des Sabines. Après une réconciliation, il fut entendu que les rois seraient en alternance, romains ou sabins. C’est sous le règne du roi sabin, Numa Pompilus (-715 à – 642) que l’on tenta d’établir des règles pour le culte de dieux et qu’on mit en place un nouveau calendrier que l’on appelle souvent « calendrier pré-julien ». De fait il y eut plusieurs calendriers et ajustements mais je ne retiendrais que celui de Numa Pompilus.

Le décalage entre les saisons, c'est-à-dire les périodes d’influence du soleil, était tel qu’on essaya de rétablir une correspondance en ajoutant 50 jours. C’est l’origine de nos mois de janvier et février. On prit le nom du Dieu Janus, le « dieu des portes » ( de « janua », « porte » en latin ) le « dieu aux deux visages », l’un tourné vers le passé et l’autre vers le futur et le premier mois ajouté pour arrive à un compte plus juste fut donc janvier. Février tirerait lui son nom des fièvres et autres maladies engendrées à cette époque de l’année par les pluies et le froid, j’y reviendrait le mois prochain.

Cependant 304+50 cela donnait un chiffre pair et les chiffres pairs étaient considérés comme néfastes. Selon l’historien Macrobe, février se vit attribuer alors 28 jours, puis rapidement 29.

La réforme parut bien vite insuffisante. Il fallut rajouter un mensus intercalaris à la fin de février, pour arriver à un bon compte avant le début de l’année, qui restait toujours fixé au début de mars, en mémoire de Romulus et Remus.

Avec plus ou moins de bonheur on arrivait alors à une année moyenne de 365,25. Ce chiffre est à rapprocher par exemple de la durée de l’année sidérale, c'est-à-dire du temps que met le soleil pour revenir en face de la même étoile, qui est de 365 jours, 6 heures, 9 minutes et 9,5 secondes, ou encore de l’année tropique, c'est-à-dire de l’intervalle entre deux passages du soleil au point vernal qui est de 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 45 secondes. Il est remarquable de voir que l’écart des calculs est faible alors qu’on ne disposait pas d’instrument de mesure du temps.

Cependant ce « mensis intercalaris » était décrété de façon très désordonnée. Il fallut attendre l’arrivée de Jules César et sa désignation comme « Grand Pontife », avant qu’il soit nommé « Imperator », pour que soit entreprise une nouvelle réforme. Jules César avait sans doute eu connaissance du calendrier égyptien bien plus précis, au cours de ses aventures en Égypte. Souvenez-nous de Cléopâtre. L’Égypte c’est Alexandrie où le Grand Conquérant Alexandre, fondateur légendaire de la cité, avait fait venir quantité de savants, dont Aristarque qui avait conçu une horloge solaire et avait osé avancer que la terre se déplaçait par rapport au soleil, Ératosthène qui mesura l’inclinaison de la terre, Hipparque qui découvrit la précision des équinoxes et calcula l’année solaire à 6 minutes près… ! et bien sûr Ptolémée.

Avec un peu d’imagination, on peut penser que lors d’une fête organisée par Cléopâtre, César rencontra un de ces savants qui avait pour nom Sosigène. C’est lui qu’il chargea, en 46 avant JC, d’établir un nouveau calendrier c’est celui dit : « Julien », encore en usage chez les orthodoxes, avec un décalage actuel de 13 jours. Légende pour légende, voilà une façon amusante de dire que vraiment, si le nez de Cléopâtre avait été plus long… notre calendrier ne serait pas ce qu’il est, ni même notre mois de février.

Il faut savoir que pour rétablir les concordances, l’année 46 avant JC eut une durée exceptionnelle de 445 jours. Elle fut appelée « Ultimus annus confusionis » la dernière année de la confusion.

Le calendrier julien supprimait les mensis intercalaris, décrétait un mois de février de 29 jours et une alternance de 30 et 31 jours pour les autres mois, un doublement du 24 février tous les quatre ans ( le bissextile), fixait les dates des saisons et faisait l’année au premier janvier. Mais les pontifes romains chargés de l’application du calendrier le firent avec une preuve de mauvaise volonté évidente, face au totalitarisme de César ou aussi, disent les mauvaises langues, pour préserver leurs intérêts, parce que l’échéance du mois déterminait les contrats et les créances dont ils tiraient au passage un bon bénéfice. De plus les romains ne connaissaient pas le zéro. Pendant 36 ans, on fit une erreur en appliquant le jour bissextile tous les trois ans. Il fallut attendre l’avènement du neveu de Jules César, Auguste, pour remettre un peu d’ordre. On supprima alors le jour bissextile pendant douze ans. Au passage ont pris un jour à février pour que le mois d’août, consacré à Auguste soit en durée, égal à juillet, consacré à l’oncle Jules. Voilà pourquoi février n’a que 28 jours… ! et 29 les années bissextiles. C’est aussi cela un vestige des différentes péripéties des calendriers. Ce n’est pas parce qu’on compte les mois sur les creux et les bosses formées pas le poing fermé à la naissance des doigts !

Mais voilà ! ce n’était pas fini…l Le calendrier julien présentait en effet un décalage de 11 minutes et 12 secondes de trop. Avec les années, ce décalage cumulé fit, qu’en 1582, il fallut à nouveau remettre de l’ordre, notamment parce que cela entraînait un trop grand décalage avec l’équinoxe de printemps qui détermine lui la date toujours fluctuante de Pâques. C’est le Concile de Trente qui chargea le pape Grégoire XIII de faire établir un nouveau calendrier. Ce furent les savants Clavius et Lilio qui firent le travail de mise à jour. La bulle papale « inter gravissimas » instituant le nouveau calendrier, notre actuel calendrier grégorien universellement reconnu, fut signée le 24 février 1582 pour être appliquée au mois d’octobre de la même année. On supprima alors dix jours, ce qui explique que certains dictons, comme ceux de la sainte Luce le 13 décembre, n’ont plus de vraie justification calendaire. Ce calendrier fixait les règles de détermination de l’équinoxe et celles de l’application du jour bissextile, règles qui ne sont pas aussi simples qu’on le dit souvent. Si les années bissextiles sont tous bien tous les quatre ans, il y a eu et il y aura des exceptions : (1700, 1800, 1900 n’ont pas été bissextiles et 2100, 2200, 2300 ne le seront pas !) La réforme « grégorienne » les a déjà déterminées. Le seul fait que soient prévues des exceptions démontre bien que les calculs sont encore à ajuster ! De 365,25 jours de l’année julienne on est à 365, 2425 jours dans l’année grégorienne, mais l’année tropique reste à 365,2422 jours. Il faudra prévoir encore des réajustements et des réformes. Il y a quelques années on a ainsi ajusté l’heure officielle dans la nuit du premier janvier. Comme la question de la fixation de la date de Pâques continue de se poser et que maintenant c’est en plus la question des jours fériés qui vient à la une de l’actualité, la question de la fixation du calendrier reste posée. Aucun calendrier, même le calendrier chinois, pourtant si précis, qui fixe le premier Jour de l’An au premier jour de la 2ème nouvelle lune après le solstice d’hiver, (entre le 21 janvier et le 20 février ), et qui comporte lui aussi des jours complémentaires de façon à ce que l’équinoxe de printemps tombe toujours dans le second mois de l’année, ne donne pas totale satisfaction.


Parmi les héritages de ces réformes et de ces différents calendriers il faut encore parler du nom des jours de la semaine. Les calendes, nones et ides furent remplacés par une institution hébraïque consistant en une série répétitive de 7 jours. Leur dénomination est liée à celle des cinq planètes alors connues et aux deux luminaires, le soleil et la lune. C’est l’origine du nom de nos jours de la semaine que je ne vous ferai pas l’affront de reprendre ici. Mis en application de façon assez tardive par les chrétiens, ce n’est qu’au Moyen Age que la semaine entra véritablement dans l’usage civil.

Quant au début de l’année fixé au 1er Janvier, nous avons vu que cela avait été décidé dès le II siècle. Mais la mauvaise application des dispositions dériva longtemps, au point que, constatant de telles disparités selon les provinces qu’il traversait au cours d’un grand voyage à travers le pays, Charles IX , par l’édit de Roussillon, en 1564, fixa le début de l’année au 1er Janvier. J’ai déjà parlé de cela à l’occasion du mois d’avril et rappelé que cette décision nous a laissé le « poisson d’avril ».

C’est dans ces occasions que l’on s’offrait des « étrennes » ou « cadeaux ». Le terme «étrenne» a une origine ancienne ; il vient du latin « strena » qui désigne un cadeau d’heureux présage. C’est un présent que l’on fait plutôt à l’occasion du premier Jour de l’An. C’est aussi la gratification que l’on donne en fin d’année aux domestiques et à certains employés. C’est pour cette raison que le mois de janvier est baptisé : « le mois des concierges ». Étrennes est surtout utilisé au pluriel. L’origine des étrennes remonterait à l’époque des Sabins. Encore un héritage de leur part ! Ils avaient coutume au seuil de la nouvelle année de couper des branches de verveine dans les bois de la déesse Strenia ; les pauvres en faisaient cadeau aux riches, les serviteurs et maîtres. Après le rapt des Sabines par les Romains, ceux-ci auraient adopté cet usage en le développant ; c’est ainsi qu’on aurait ajouté aux branches quelques produits peu coûteux tels que du miel, du gui, du laurier, des branches d’olivier. Alors les riches et les nantis romains, soucieux d’éblouir leur entourage, auraient somptueusement rendu ces cadeaux. Puis on offrit des amphores de vin, des paniers de dattes, de figues ou de légumes, des gâteaux et des fleurs. Pour « faire mieux et plus joli» on commença à envelopper les fruits d’une feuille d’or ou bien on échangea des médaillons sur lesquels était inscrit le traditionnel souhait : « Que l’année nouvelle soit heureuse pour toi ! » Ensuite vinrent les lampes symboliques en argile décorée. Un grand nombre de celles-ci ont été retrouvées dans des tombeaux.

Au cours des siècles ces cadeaux, échangés au moment des Saturnales et des Calendes de janvier, sont devenus de plus en plus importants ; c’est pourquoi l’Eglise avait menacé d’excommunication ceux qui offriraient des objets trop luxueux et trop chers pour leurs ressources personnelles. Pour éviter l’application de ces ordonnances rigoureuses, les Romains se seraient mis à offrir également des présents aux prélats, aux magistrats et même à l’empereur. Ainsi ceux qui entendaient abolir la pratique des étrennes en devenaient les premiers bénéficiaires. Institutionnalisées, les étrennes devinrent donc une taxe directe dont l’empereur et son administration retirèrent de gros bénéfices.
Le mot « cadeau » vient lui du latin populaire « capitellus » dérivé de « caput », « tête » ; il a désigné la lettre capitale jusqu’au XVIème siècle, puis des paroles superflues enjolivant un discours, puis un divertissement offert à une dame et enfin le présent. C’est à la fin du XVIIIème siècle que ce terme a pris le sens qu’il a aujourd’hui. Le mot « présent » correspond à celui de « cadeau » mais il ne s’emploie plus aujourd’hui que dans la langue littéraire ou poétique.

Au cœur de l’hiver et de l’obscurité, Noël, la fête la plus joyeuse et la plus brillante de l’année est célébrée avec faste et ferveur. Si chaque région possède ses rituels et ses décorations, on oublie souvent que Noël est un curieux mélange de traditions religieuses et païennes. La célébration de la naissance de Jésus est apparue en Occident au cours du IVème siècle et a été fixée le 25 décembre, jour du solstice du calendrier julien et elle est restée à cette date quand on a ajusté les calculs et fixé le solstice au 21 ou au 22 décembre. Cette fête s’est substituée aux fêtes romaines, celtes et nordiques célébrant, depuis la nuit des temps, le solstice d’hiver et le retour du Soleil. Afin d’imposer le cycle de leurs fêtes, les pères de l’Eglise ont ainsi christianisé les rites païens les plus populaires sous l’Antiquité et, en particulier, le culte voisin et rival de Mithra – dieu protecteur envoyé sur terre un 25 décembre pour annoncer la renaissance du Soleil – qui était alors implanté à Rome et en Gaule.

C’est encore dans les mêmes coutumes ou habitudes ancestrales qu’il faut trouver l’origine de la galette des Rois.
En tirant les Rois en cette fête de l’Epiphanie nous pensons aux Rois Mages, à la crèche et encore aux cadeaux… En Espagne c’est encore ce jour-là que l’on fait les cadeaux aux enfants. Mais la tradition de la galette des Rois est une coutume bien plus ancienne qui n’a dans ses origines rien à voir avec eux. C’est une tradition, elle aussi, qui se réfère à l’évolution du temps, à la longueur des jours, et au soleil qui brille chaque jour un peu plus et qui s’inscrit dans toutes les fêtes qui jalonnent ces jours autour du solstice d’hiver, où il n’est question que de fêter le triomphe de la lumière sur la nuit et les ténèbres.
Les Romains organisaient à cette période des saturnales. On y partageait déjà la fève et on désignait ainsi le roi de la fête. Au Moyen Age ce fut la fête des Fous, devenus la fête des Innocents, sujette à toute sorte de débordements. Très tôt les chrétiens ont fait de ce jour la fête chrétienne de l’Epiphanie ! La manifestation de la Lumière du Monde aux Nations, symbolisée par les Rois Mages. C’est une des interprétations.

Le gâteau partagé à cette occasion, appelé galette, était bien comme aujourd’hui dans les pays du Nord de la France, un gâteau plat et rond, symbolisant le soleil qui renaît, (on retrouvera ainsi le même symbolisme avec les crêpes de la Chandeleur) alors que le gâteau des Rois dans le midi est plutôt une couronne qui a plus l’aspect, avec un peu d’imagination, du turban dont sont quelquefois affublés nos Rois Mages venus d’Orient

Sous la Révolution, la fête des Rois, jugée « anticivique », fut rebaptisée « fête du bon voisinage » - lointaine ancêtre de nos fêtes de quartiers ou de villages, fêtes qui se développent de plus en plus et c’est une très bonne chose ! - ; on y dégustait non plus la fameuse « galette royale » mais la « galette des Sans-Culotte ».

Sous François 1er une amusante anecdote fut à l’origine,- dit-on ! - à cette occasion, de la belle barbe de ce Roi. Le souverain se trouvait à Romorantin pour y fêter les Rois. On lui signala qu’un autre roi venait d’être élu dans un hôtel voisin. « Même un jour d’Epiphanie, dit en riant François 1er, il ne peut y avoir qu’un seul roi à Romorantin ! ». Suivi de ses amis, il alla demander raison au roi de la fève. Comme il neigeait, on se battit à coup de boules de neige. Soudain, pour faire reculer les attaquants, un mauvais plaisant lança un tison enflammé qui atteignit le roi au menton et le blessa. Une autre version dit qu’il y avait une pierre dans la boule de neige ! Pour cacher sa cicatrice, François 1er laissa pousser sa barbe et toute la Cour devint barbue !
Que ce rappel d’origines et de coutumes fort anciennes ne gâche pas notre plaisir, et fêtons les Rois sans scrupules. Cela n’a plus rien de païen dans nos festivités et l’hommage au jour qui triomphe sur la nuit n’est-il pas aussi un hommage à la création et au Créateur!

Ce jour de l’Epiphanie marque souvent le début de l’hiver, ou au moins une forte reprise du temps froid. Pourtant il fait encore très doux cette année !
« Les hivers les plus froids, sont ceux qui prennent vers les Rois »
Une journée des Rois bien ensoleillée est peut-être un bon présage :
« Beaux jours aux Rois, blé jusqu’au toit. » ou encore : « Belle journée aux Rois, l’orge croît sur les toits. »


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