dimanche 10 novembre 2013

11 novembre... le temps du souvenir

 11 novembre 1918 à 11 heures... date et heure d'entrée en vigueur de l'armistice de la Grande Guerre que l'on désirait tant être la "der des ders"... Saignée fantastique dans les populations aux innombrables conséquences, il faut encore en mesurer la portée aujourd'hui encore. 
Elle fut une guerre de transition, notamment en France, entre la défaite honteuse de 1870 et la volonté de prendre revanche sur le traité de Francfort et portait les germes de la suivante, l'Allemagne n'ayant pas pardonné la volonté vengeresse et vindicative des Français, le repli sur eux mêmes des alliés anglais, sûrs de l'impunité qu'offrait leur insularité et des Etats-Unis, éloignés par un océan, les deux privilégiant par la suite l'Allemagne pour ne pas offrir à la France l'hégémonie sur l'Europe... 

Au-delà des considérations tactiques et de l'évolution du matériel militaire (car les avancées ne furent jamais aussi importantes), c'est vers les hommes qu'il faut porter le regard. 

Des régions entièrement dévastées (un quart nord-est de la France) à reconstruire et où l'on continue aujourd'hui de remettre au jour des vestiges, qu'il s'agisse de tranchées, de dépouilles ou d'armes encore actives. 
La croyance que l'Homme est capable de progrès est définitivement oubliée, il a su faire preuve de barbarie, soit par obligation, soit par choix, surtout par nécessité de survivre, écornant au passage les grands idéaux...

L'économie encore à reconstruire, opérer la transition pour le retour au temps de paix et répondre souvent par le silence aux demandes légitimes de ceux qui apportèrent leur pierre pour la poursuite du conflit : les femmes remplaçant les hommes dans les usines ou dans les champs (pensons aux paysannes labourant sans chevaux, car réquisitionnés par exemple), aux enfants souvent mobilisés pour des travaux ponctuels, aux ressortissants des colonies...

Il faut penser aux catégories sociales ravagées comme la paysannerie française, constituant le gros des troupes, le manque d'instituteurs au sortir de la guerre, qui par leur niveau d'instruction fournissaient l'essentiel des sous-officiers sur le terrain, sur les blessés et mutilés qui ne reprirent pas leur place dans la société civile (et dont les blessures n'étaient pas que physiques), aux enfants qui ne naquirent pas ou qui se retrouvèrent orphelins (être pupille de la Nation, belle gloire quand le père n'est plus...), aux "fusillés pour l'exemple" qui le plus souvent étaient innocents ou ne faisaient que rapporter le ras-le-bol face à des Etats-majors incompétents...

Il serait bon que les célébrations du centenaire pensent à mettre à l'honneur ceux dont les noms ne sont pas sur les monuments (quelle commune de France n'en a pas ? Le recrutement et l'avancements des classes furent nationaux et nul village, fut-il le plus petit, n'a pas sa liste de tombés au champ d'honneur). Espérons que le Centenaire, donc, honore aussi les fusillés injustement, les veuves et orphelins de guerre, les sans-grade de l'arrière qui ont permis qu'"ils ne passent pas", à l'image du monument aux morts de Saint-Pol-sur-mer qui mêle depuis sa construction les noms des victimes civiles comme militaires sans distinction aucune... sans oublier tous ceux qui contribuèrent à l'effort de guerre par leur travail souvent acharné... Puis peut-etre ne pas oublier de rappeler qu'au terme de la guerre, la population fatiguée et fragilisée offrit une plus large prise à l'épidémie de "grippe espagnole" qui fit plus de victimes que le conflit lui-même... Sans etre médecin, on peut de toute façon y voir une relation partielle de cause à effet... La population fragilisée par les carences des années de guerre subirent de longues années encore le rationnement... 

Pour la Nation, pour la communion que nous allons entamer dès cette année, il serait bon de ne pas perdre le souvenir de ceux qui se sont sacrifiés... tous ne furent pas dans les tranchées...


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