mercredi 3 juin 2020

La collégiale saint-Pierre d’Aire-sur-la-Lys


L'église actuelle remplace une église romane consacrée au XIIe siècle dont il ne demeure plus que quelques pierres réemployées et les bases des piliers de l’abside que l’on peut voir dans le chœur de l’église actuelle, sous des dalles de verre. 
 

Le chapitre de chanoines institué au milieu du XIe siècle est confirmée en 1119 par une bulle du pape Calixte II. 
 
Construite entre 1492 et 1634 — des pierres sculptées tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'édifice précisent les dates d'avancement des travaux — la collégiale Saint-Pierre est église paroissiale depuis 1803. Le chœur fut achevé un peu avant 1431. Commencée en 1569 et terminée en 1624, la tour s’écroula aussitôt. Ce ne fut qu’en 1634 que la collégiale fut complètement achevée, mais les chanoines y célébraient l’office depuis un siècle déjà. 
 
Dès 1624, la collégiale connaît ses premières restaurations : suite à l’effondrement de la tour et des sièges français de mai 1641 et juillet 1676 qui ont infligé des dégâts considérables au bâtiment. Le siège de septembre et novembre 1710 par les Hollandais laisse la collégiale à l'état de ruine. La tour, fragilisée par la destruction des voûtes, s'effondre à nouveau en 1711.

La levée des fonds pour sa reconstruction est difficile, obligeant même les chanoines à y contribuer en fonction de leurs prébendes de 1725 à 1730, les recettes sont complétées par des quêtes en plusieurs villes comme à St-Omer en 1728. Le roi accorde même des pensions sur plusieurs abbayes. L'office sera célébré pour la première fois dans le chœur à Pâques en 1729. Le transept est rétabli en 1733, les murs de la nef en 1736 et la voûte en 1738. La tour, qui a conservé ses deux premiers niveaux, est réédifiée entre 1735 et 1750, peu avant l'érection du beffroi en 1764.







Durant le XIXe siècle, Mgr Edouard Scott, curé irlandais d'Aire de 1829 à 1887, va entièrement réaménager l'intérieur de l'église Saint-Pierre. Il s'en tient à sa devise : "Dilexi decorem domus tuae" signifiant "j'ai aimé la splendeur de ta maison". Entre autres travaux, il fait exécuter des peintures murales sur l'intégralité des murs de la collégiale, pave le sol de marbre (1844), et apporte de nombreuses modifications. De même, il impose un nouveau mobilier, notamment le jubé et la chaire. La collégiale est ainsi classée monument historique en 1862.




Au XXe siècle, des travaux de restauration sont entrepris dès 1907. Ils sont interrompus par les tirs de la Première guerre mondiale. Les dégâts sont relativement importants mais l'église n'eut pas à souffrir comme au temps de Louis XIV car le maire d'alors s’était opposé à ce que l'armée anglaise utilise la tour comme observatoire et base d'opérations. 
 






avant la loi de 1922, les monuments aux morts étaient paroissiaux


En 1922, après des dégâts occasionnés par un ouragan, des travaux reprennent sur la tour et le chœur dès 1924. Lors de la Seconde guerre mondiale, un bombardement allemand atteint, en mai 1940, le flanc sud de la collégiale. Dix-huit fenêtres sont soufflées tout comme certaines toitures. En août 1944, ce sont les bombes de la RAF qui détruisent les chapelles rayonnantes sauf celles du nord. Le souffle atteint le mobilier, fenêtres et voûtes. Ainsi, au lendemain de la guerre, de nouvelles campagnes de restauration commencent. L'église ne sera rendue au culte qu'en 1954, le chœur est rouvert le 8 août 1981 puis sera repavé 2 ans plus tard. Néanmoins, dans les parties restaurées, un enduit blanchâtre remplace les peintures murales du XIXe s, provoquant un contraste certain.
 

La collégiale Saint-Pierre est liée au culte de Notre-Dame Panetière. Une statue de cette dernière est présente près de l'autel, sur la gauche du jubé. Elle est sortie de la collégiale chaque année, le 15 août, jour de l'Assomption, pour une procession dans toute la ville d'Aire-sur-la-Lys, son culte a célébré ses 800 ans récemment.
 
La légende de Notre-Dame Panetière est liée aux guerres de Philippe II Auguste, roi de France de 1180 à 1223. Une coalition s'était formée contre le roi, dont les membres les plus éminents furent l'Empereur Otton IV, Jean Sans Terre, roi d'Angleterre, et le comte de Flandre, Ferrand de Portugal. Ce dernier attaque l'Artois et assiège la ville d'Aire-sur-la-Lys en 1213. La ville est vite affamée. Le peuple invoque la Vierge de mettre fin à la disette. Quelques semaines plus tard, miraculeusement, une charrette de pain entre dans la ville. Les bourgeois et les soldats de la ville, parviennent à repousser les assiégeurs flamands, ouvrant ainsi un chemin au convoi du roi de France chargé de vivres. Grâce à ce sauvetage, Philippe Auguste peut manœuvrer dans le Nord de la France pour contrer la coalition et remporte une large victoire à Bouvines. C’est donc en mémoire de ces secours alimentaires que la sainte Vierge Marie fut dès lors invoquée sous le vocable de Notre-Dame de la Panetière.

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