L'église actuelle remplace une église romane consacrée au
XIIe siècle dont il ne demeure plus que quelques pierres réemployées et les
bases des piliers de l’abside que l’on peut voir dans le chœur de l’église
actuelle, sous des dalles de verre.
Le chapitre de chanoines institué au milieu du XIe siècle
est confirmée en 1119 par une bulle du pape Calixte II.
Construite entre 1492 et 1634 — des pierres sculptées tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur de l'édifice précisent les dates d'avancement des travaux
— la collégiale Saint-Pierre est église paroissiale depuis 1803. Le chœur fut
achevé un peu avant 1431. Commencée en 1569 et terminée en 1624, la tour
s’écroula aussitôt. Ce ne fut qu’en 1634 que la collégiale fut complètement
achevée, mais les chanoines y célébraient l’office depuis un siècle déjà.
Dès 1624, la collégiale connaît ses premières restaurations
: suite à l’effondrement de la tour et des sièges français de mai 1641 et
juillet 1676 qui ont infligé des dégâts considérables au bâtiment. Le siège de
septembre et novembre 1710 par les Hollandais laisse la collégiale à l'état de
ruine. La tour, fragilisée par la destruction des voûtes, s'effondre à nouveau
en 1711.
La levée des fonds pour sa reconstruction est difficile, obligeant
même les chanoines à y contribuer en fonction de leurs prébendes de 1725 à 1730,
les recettes sont complétées par des quêtes en plusieurs villes comme à St-Omer
en 1728. Le roi accorde même des pensions sur plusieurs abbayes. L'office sera
célébré pour la première fois dans le chœur à Pâques en 1729. Le transept est
rétabli en 1733, les murs de la nef en 1736 et la voûte en 1738. La tour, qui a
conservé ses deux premiers niveaux, est réédifiée entre 1735 et 1750, peu avant
l'érection du beffroi en 1764.
Durant le XIXe siècle, Mgr Edouard Scott, curé irlandais
d'Aire de 1829 à 1887, va entièrement réaménager l'intérieur de l'église
Saint-Pierre. Il s'en tient à sa devise : "Dilexi decorem domus tuae"
signifiant "j'ai aimé la splendeur de ta maison". Entre autres travaux,
il fait exécuter des peintures murales sur l'intégralité des murs de la
collégiale, pave le sol de marbre (1844), et apporte de nombreuses modifications.
De même, il impose un nouveau mobilier, notamment le jubé et la chaire. La collégiale
est ainsi classée monument historique en 1862.
Au XXe siècle, des travaux de restauration sont entrepris dès
1907. Ils sont interrompus par les tirs de la Première guerre mondiale. Les dégâts
sont relativement importants mais l'église n'eut pas à souffrir comme au temps
de Louis XIV car le maire d'alors s’était opposé à ce que l'armée anglaise
utilise la tour comme observatoire et base d'opérations.
avant la loi de 1922, les monuments aux morts étaient paroissiaux
En 1922, après des dégâts occasionnés par un ouragan, des
travaux reprennent sur la tour et le chœur dès 1924. Lors de la Seconde guerre
mondiale, un bombardement allemand atteint, en mai 1940, le flanc sud de la
collégiale. Dix-huit fenêtres sont soufflées tout comme certaines toitures. En
août 1944, ce sont les bombes de la RAF qui détruisent les chapelles
rayonnantes sauf celles du nord. Le souffle atteint le mobilier, fenêtres et
voûtes. Ainsi, au lendemain de la guerre, de nouvelles campagnes de restauration
commencent. L'église ne sera rendue au culte qu'en 1954, le chœur est rouvert
le 8 août 1981 puis sera repavé 2 ans plus tard. Néanmoins, dans les parties
restaurées, un enduit blanchâtre remplace les peintures murales du XIXe s, provoquant
un contraste certain.
La collégiale Saint-Pierre est liée au culte de Notre-Dame
Panetière. Une statue de cette dernière est présente près de l'autel, sur la
gauche du jubé. Elle est sortie de la collégiale chaque année, le 15 août, jour
de l'Assomption, pour une procession dans toute la ville d'Aire-sur-la-Lys, son
culte a célébré ses 800 ans récemment.
La légende de Notre-Dame Panetière est liée aux guerres de
Philippe II Auguste, roi de France de 1180 à 1223. Une coalition s'était formée
contre le roi, dont les membres les plus éminents furent l'Empereur Otton IV,
Jean Sans Terre, roi d'Angleterre, et le comte de Flandre, Ferrand de Portugal.
Ce dernier attaque l'Artois et assiège la ville d'Aire-sur-la-Lys en 1213. La
ville est vite affamée. Le peuple invoque la Vierge de mettre fin à la disette.
Quelques semaines plus tard, miraculeusement, une charrette de pain entre dans
la ville. Les bourgeois et les soldats de la ville, parviennent à repousser les
assiégeurs flamands, ouvrant ainsi un chemin au convoi du roi de France chargé
de vivres. Grâce à ce sauvetage, Philippe Auguste peut manœuvrer dans le Nord
de la France pour contrer la coalition et remporte une large victoire à
Bouvines. C’est donc en mémoire de ces secours alimentaires que la sainte
Vierge Marie fut dès lors invoquée sous le vocable de Notre-Dame de la
Panetière.
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