lundi 16 juillet 2018

le général Gobrecht, de Cassel à Staple


Quittant la place de Staple, une petite rue mène à l’église paroissiale, vénérable hallekerk en briques d’argile rouge. Juste devant celle-ci, une tombe cloturée de grille s’offre à la vue, une tombe simple, une colonne fièrement dressée portant sur le socle la seule mention de son occupant. 
 


Martin Charles Gobrecht naquit le 11 novembre 1772 à Cassel. Volontaire dans la compagnie franche de Vandamme le 13 septembre 1792, il assista la même année au siège de Lille, fut nommé sous-lieutenant à l'armée du Nord le 4 mars 1793, et lieutenant dans la compagnie de chasseurs de Mont-Cassel (14e, puis 1re demi-brigade légère) le 5 septembre, et fut blessé à la bataille d'Hondschoote le 8 du même mois. Autant dire que l’ascension dans le grade est relativement rapide. 
 
Difficile de ne pas remarquer l’homme qui se distingue rapidement, notamment au passage du Wahal, en Hollande, le 21 nivôse an III, il reçut deux blessures au bras gauche et eut un cheval tué sous lui à la tête des grenadiers qui, dirigés en partie par lui, enlevèrent une redoute et 6 pièces de canon.
 
Devenu aide-de-camp du général Vandamme, Casselois lui aussi, le 27 germinal de la même année, il obtint le grade de capitaine à l'armée de Sambre-et-Meuse, le 11 brumaire, et assista, sous Moreau, aux deux passages du Rhin, où on le vit prendre terre le premier sous le feu de l'ennemi.
 
Le 17 nivôse an VI, il quitta ses fonctions d'aide-de-camp pour entrer avec son grade dans le 6e régiment de hussards à l'armée du Rhin, et reçut du général Brune le grade de chef d'escadron sur le champ de bataille de Bergen, en Batavie, le troisième jour complémentaire an VII.
 


Rentré le même jour dans ses fonctions d'aide-de-camp auprès du général Vandamme, il reçut une blessure grave à la tête en combattant contre les Anglo Russes à Castricum (Hollande spetentrionale) en Vendémiaire an VIII, Le 17 du même mois, il obtint la confirmation de son grade de chef d'escadron et servit successivement dans le 4° régiment de dragons le 16 pluviôse an XI et dans le 2° de l'arme le 23 frimaire an XII. Avec un tel parcours, il fut compris comme membre de la Légion-d'Honneur au camp d'Amiens, dans la promotion du 25 prairial de la même année, et fit partie de la grande armée, division Klein, dès la fin de l'an XIII.
 
A l'affaire d'Augsbourg, le 16 vendémiaire an XIV, il conduisit une charge brillante sur l'infanterie russe embusquée sur la lisière des bois et lui enleva 3 pièces de canon. Nommé major au 24° régiment de dragons le 16 mai 1806, il rejoignit son nouveau corps dans les garnisons d'Italie, et obtint la croix d'officier de la Légion d'Honneur le 27 juillet 1809.

Il se marie le 31 mars 1800 avec Marie Josèphe Eusèbe Barbe JOETS, avec comme témoins François Ignace Joets, 56 ans, homme de loy à Cassel, père de la future, Charles Gobrecht, 58 ans, marchand à Cassel, père du futur, Benoît van Assen, 33 ans, marchand à Cassel, et Mathieu Pierens, 55 ans, employé au greffe de l'administration. De son union naquirent deux filles : Virginie Françoise Josèphe (1801-1868) et Marie Reine Sophie (1803-1883).
 
En 1811, il fut nommé colonel du 30° régiment de dragons, et le 19 août même année il fut nommé baron de l'Empire pour sa belle conduite au combat d'Ostrowno (en Bielorussie). Après la retraite, pendant laquelle il eut 5 chevaux tués sous lui par le feu de l'ennemi, il vint en Saxe, où, ayant été promu général de brigade par décret du 13 juillet 1813, il prit le commandement de la cavalerie du 1er corps.
 
Enfermé dans Dresde, et prisonnier de guerre par suite de la violation de la capitulation de cette place, il ne revint en France qu'au mois de mars 1814. Mis en non-activité à cette époque, et décoré de la croix de Saint-Louis le 6 août, il fut mis à la retraite le 1er janvier 1825, et reçut la croix de commandeur de la Légion-d'Honneur le 5 janvier 1834.
Le général Gobrecht est mort à Saint-Omer le 7 juin 1845.

jeudi 12 juillet 2018

souvenir d'une fortune de mer au cimetière de Dunkerque

Au cimetière de Dunkerque, dans une des parties les plus anciennes, près du carré anglo-belge et du calvaire, à l'abri des frondaisons se dresse un monument sorti de la mémoire des plus anciens dunkerquois. Erigé en souvenir des victimes de l'Adriatic, il semble ne plus parler à grand monde, pourtant la côte dunkerquoise n'est pas exempte de naufrages et de catastrophes maritimes. 

Sebastien Damarey nous a aimablement autorisé à reproduire ses propos au sujet de cette fortune de mer tombée dans l'oubli...

"Gravelines: le 16 Février 1879, le trois mats Anglais l'Adriatic, commandé par le capitaine Taylor, arrivait en rade de Dunkerque chargé de guano en provenance de Huanillos. Il s'échoua en pleine tempête, à hauteur de Gravelines, à 5 miles à l'Ouest de Dunkerque. Les 21 hommes d'équipage furent récupérés sans peine. Le déchargement du navire au moyen d'allèges débuta dans des conditions satisfaisantes mais brusquement, dans la nuit du 25 Février, une violente tempête s'abattit sur la côte, submergeant le navire, le mettant en pièces et engloutissant tout ceux qui s'y trouvaient. Ce sinistre épouvantable fit 36 morts. Un vaste élan de générosité vint en aide au veuves et orphelins de cette catastrophe à jamais immortalisée par un monument érigé au cimetière de Dunkerque à la mémoire des victimes (source: Jean-Luc PORHEL "fortunes de mer sur les bancs de Flandre")"

 

lundi 2 juillet 2018

1663... la francisation en marche à Dunkerque

1662: Louis XIV achète Dunkerque aux Anglais. Pour 4 millions de livres tournois, le port passe défintivement aux mains des Français. Si la francisation n'aura pas lieu d'être pour les châtellenies de Lille et d'Orchies qui sont de toutes façon francophones, la Flandre flamingante doit se mettre au diapason de son nouveau souverain et adopter le français dans ses actes adminsitratifs... Pour le peuple, ce sera un peu plus long...

Lettre de S.M. au magistrat de Dunkerque, qui ordonne de procéder en langue françoise
26 may 1663

DE PAR LE ROI
CHERS & BIEN-AMEZ, par Nôtre Depêche du vingt-six Mey dernier, Nous vous avons mandé que Nôtre intention êtoit, que doresnavant toutes les Ordonnances, Sentences et Jugemens qui seroient par vous rendus, ensemble tous les Actes & Procedures de Justice furent proférées & couchées par écrit en Langue Françoise ; mais considérant qu’il ne seroit pas convenable que les Procez qui ont été commencez ou instuits en Langue Flamende sussent continuez en autre Langue, Nous vous faisons cette Lettre, pour vous dire, que nous trouvons bons, que ce qui reste à faire pour la conclusion & Jugemens des Procez en commencez, soit couché & proferé en Langue Flamande, ainsi que par le paasé ; & qu’à l’égard des Procez qui pourront être doresnavant intentez, les Procédures en soyent faites et proferées en Langue Françoise, suivant ce qui est porté par notre précédente depêche, à laquelle Nous remettant de ce qqui Nous pourrions ajoûter à la présente, Nous ne vous la ferons plus longue ny plus expresse ; n’y faites donc faute, CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR. Donné  à Paris le dixieme juin 1663. Signé, LOUIS, & plus bas, LE TELLIER & scellé du cachet du Roy en… La superscription estoit A nos chers & bien-amez les Bailly, Bourgmaître & Eschevins de Dunkerque.

1729... quand le conseil d'Etat légifère sur le commerce de l'Etain à Dunkerque


ARREST DU CONSEIL D’ESTAT DU ROY
Qui permet l’entrée de l’Estain en bloc par la basse Ville de Dunkerque,
En payant Six livres du cent pesant


Du 8 novembre 1729
Extrait des Registres du Conseil d’Estat

VU au Conseil d’Estat du Roy, la Resqueste presentée par les Directeur & Syndics de la Chambre du Commerce de Lille : Contenant, que sur les representations faites par les Marchands Estainiers ou Potiers d’Estain de la Ville de Valenciennes, rapportées dans l’Arrest du 15 Fevrier dernier. Sa majesté a eu la bonté d’ordonner par ledit Arrest que les Villes de Lille & de Valenciennes seroient ajoutées à celles par lesquelles l’entrée de l’Estain dans le Royaume a été permise par l’Ordonnance de 1681, en conséquence a permis aux Marchands & Negocians qui feront venir de Gand & de Mons de l’Estain en bloc & non travaillé pour la consommation de la Flandre, de le faire entrer par lesdites Villes de Lille & de Valenciennes en y payant six livres du cent pesant, à quoy Sa Majesté a bien voulu moderer le Droit de douze livres dix sols porté par ladite Ordonnance de 1681, lequel Estain ne pourra estre reçu dans lesdites Ville de Lille & Valenciennes, qu’en observant les formalitez prescrites par l’Arrest du Conseil du 12 avril 1723 & ne pourra estre transporté de la Flandre dans l’estendüe des Cinq grosses Fermes, que par les Bureaux d’Amiens, Perone & St Quentin & en y payant outre les Droits ordinaires du Tarif de 1664 le supplément de ceux portez par ladite Ordonnance de 1681 & justifiant de l’acquit de payement de six livres du cent pesant, qui aura esté fait aux Bureaux de Lille & Valenciennes à leur arrivée : Que l’Estain estant non seulement utile aux Estainiers, Potiers & Plombiers mais aussi aux teinturiers en Ecarlate, si l’entrée n’en estoit permise qu’en le tirant de Gand & de Mons, la faveur que Sa Majesté a eu intention d’accorder par ledit Arrest du 15 Fevrier, deviendroit inutile à la plus grande partie de ceux qui en font la consommation, en ce que cet Estain devant provenir de la Compagnie des Indes Orientales de Hollande, & estre accompagné de Certificats de ladite Compagnie, ainsi qu’il est ordonné par l’Arrest du 12 Avril 1723, il doit necesssairement venir de Hollande ; & que s’il falloit que de Hollande on le fist passer par gand ou Mons, les Droits qu’il payeroit dans les Bureaux de l’Empereur, & les frais de voiture par terre, excederoient la moderation des Droits accordée par ledit Arrest du 15 fevrier dernier ; qu’il seroit important pour le commerce de la Flandre Françoise d’éviter ce détour, qui ne peut que causer du retard & des frais considérables ; pourquoy ils supploient très humblement Sa Majesté de permettre l’entrée desdits Estains par le Port de Dunkerque, aux mêmes clauses & conditions posées par l’Arrest du 15 Fevrier dernier. Le Mémoire des Fermiers generaux, contenant qu’il seroit effectivement plus commode & moins couteux aux Marchands de Lille de pouvoir tirer de l’Estain dont ils ont besoin pour leur commerce, directement par le Port de Dunkerque, qu’ils n’y voyent aucun inconvenient, en observant les formalitez prescrites par l’Arrest du 12 Avril 1723 pour empescher qu’il ne s’en introduise d’Angleterre, & que s’agissant de favoriser le commerce, ils consentent à la même modération de Droits accordée par l’Arrest du 15 février dernier, sans cependant oster aux Marchands de Valenciennes la faculté de le tirer de Gand & de Mons, attendu qu’ils ne sont point à portée comme ceux de Lille, de le tirer de Dunkerque par les canaux & qu’ils n’en pourroient éviter la voiture par terre de Lille à Valenciennes.
Vû aussi lesdits Arrests des 12 Avril 1723 & 15 Fevrier de la présente année, ensemble l’avis des Deputez du Commerce : Oüy le rapport du Sieur le Peletier, Conseiller d’Estat ordinaire & au Conseil Royal, controlleur general des Finances, LE ROY EN SON CONSEIL a ordonné & ordonne que la basse Ville de Dunkerque sera ajoutée aux Villes par lesquelles l’entrée de l’Estain dans le Royaume a esté permise par l’Ordonnance de 1681 & par l’Arrest du Conseil du 15 fevrier dernier, en consequence a permis & permet à commencer du jour de la publication du present Arrest, l’entrée de l’estain en bloc & non travaillé, accompagné de Certificats de la Compagnie des Indes Orientales de Hollande, ainsi qu’il est prescrit par l’Arrest du 12 Avril 1723 par la basse Ville de Dunkerque pour la consommation de la Flandre Françoise, en payant au bureau qui y est establi six livres du cent pesant, à quoy Sa Majesté a bien voulu moderer le Droit de douze livres dix sols porté par l’Ordonnance de 1681. Veut Sa Majesté que lesdits Estains ne puissent être transportez de la Flandre Françoise dans l’étendüe des Cinq grosses Fermes, que par les Bureaux & aux mêmes conditions énoncées audit arrest du 15 Fevrier dernier. Enjoint Sa Majesté aux Sieurs Intendans & Commissaires départis dans les Provinces de Picardie, de la Flandre & du Hainaut, de tenir la main à l’execution du présent Arrest qui sera lu, publié & affiché par tout où besoin sera. FAIT au Conseil d’Estat du Roy, tenu à Versailles le huitième jour du mois de Novembre mil sept cens vingt-neuf. Collationné, Signé EYNARD

Collationné à l’Original par Nous, Conseiller-Secrétaire du Roy, Maison-Couronne de France & de ses Finances.

A PARIS
DE L’IMPRIMERIE ROYALE
MDCCXXIX