Par M. Charles LE GOFFIC
Discours prononcé à l’Assemblée générale du 4 avril 1911-
Société des Œuvres de Mer, 18, rue de la Trémoille, Paris 8e,
reconnue d’utilité publique par décret du 7 décembre 1898
Mesdames, Messieurs, il y a quinze ans que s’est constituée
cette Société des Œuvres de Mer. Ses ambitions étaient fort modestes à
l’origine : elle ne se proposait que de réunir les fonds nécessaires
à l’entretien d’un aumônier et d’un médecin sur les Bancs de Terre-neuve, elle
n’osait attendre davantage de la charité privée, même soutenue par les pouvoirs
publics. Vous savez comme ses prévisions furent dépassées et que, dès la première
année de sa fondation, elle put mettre sur chantier un navire-hôpital et jeter
les bases de sa Maison de famille saint-pierraise. Le 20 avril 1896 au matin,
peu de jours après sa bénédiction solennelle par le délégué de Mgr l’archevêque
de Rennes, le Saint-Pierre
appareillait de Saint-Malo et faisait voile vers le Banc. Il y parvenait le 10
mai et se mettait à la besogne le lendemain. A la fin de la journée du 11, il
avait accosté onze bateaux, donné des vivres à l’un, du charbon à l’autre, des
nouvelles et des consultations à tous. Quatre éclopés du Pierre-Philippe étaient recueillis dans la même journée. Enfin, le Saint-Pierre recevait sa première visite
et opérait sa première cure morale sur la personne d’un capitaine fécampois.
Ce brave homme commandait la Baucis. Un joli nom, un triste navire ! C’est sur cette Baucis que, l’année précédente, un
novice de seize ans, un enfant pris en grippe par le subrécargue du bord, avait
été lardé de coups d’épiquois jusqu’à l’expiration. Le capitaine ne s’était pas
interposé ; l’équipage, terrorisé ou complice, avait laissé faire. Un
subrécargue est une puissance à bord. Celui-ci n’eût peut-être pas été inquiété
si, au retour, il ne s’était pas vanté de son crime dans les cabarets. La
justice s’en mêla. Quand le Baucis
revint sur le Banc, son équipage avait fait peau neuve, à l’exception de trois
hommes. Mais une fatalité pesait sur le navire depuis son départ de Fécamp. Au
cours de la traversée, un pêcheur s’était jeté par-dessus les
bastingages ; sur le Banc, un doris s’était perdu avec le second et
l’« avant » qui le montait. Or, ce pêcheur, ce second et cet
« avant » de doris étaient justement les trois hommes qui restaient
de l’ancien équipage et qui, témoins du crime, n’avaient pas eu le courage de
l’empêcher. Et le capitaine de la Baucis,
superstitieux comme tous les marins, voyait là plus qu’une simple
coïncidence : une campagne commencée sous de si funèbres auspices ne
pouvait finir que par une catastrophe générale ; sûrement le navire était
« maudit »… L’aumônier du Saint-Pierre
prit à part le pauvre homme, et vous imaginez aisément ce que put être leur
entretien, quoique rien n’en ait transpiré au dehors. Votre Bulletin, avec la
discrétion qui convient en ces matières délicates, se borne à dire que le capitaine
de la Baucis regagna son navire
« l’esprit plus tranquille et le cœur un peu remonté » (Vifs applaudissements)
Ainsi, dès le premier jour de son entrée en campagne, le Saint-Pierre avait affirmé la double
utilité de sa mission, le médecin du corps et le médecin de l’âme, qu’il
transportait sur le Banc, s’étaient employés, dans une collaboration étroite,
au sauvetage de cinq malheureux.
* * *
Vraiment le début était beau, trop beau peut-être !
Vingt jours après, le Saint-Pierre
faisait côte, l’équipage réussissait à se sauver, mais le navire était perdu.
Bien des œuvres naissantes ne se fussent pas relevées d’une
pareille avanie : la vôtre n’y vit qu’un stimulant. Une obscure coalition
de forces adverses vous avait enlevé votre premier hôpital flottant ? Vous
répondîtes à l’agression des éléments par la mise en chantier de deux nouveaux
navires : le Saint-Pierre n°2,
destiné à Terre-Neuve, et le Saint-Paul,
destiné à l’Islande.
C’étaient deux voiliers encore – vos ressources ne vous
avaient pas permis de faire davantage ; - ils partirent tous deux en 1897,
et leur carrière fut brève : en Islande, le Saint-Paul s’éventrait sur des rochers ; à Terre-Neuve, le Saint-Pierre abordait une goélette de
Saint-Malo, la coulait par le fond et manquait de disparaître avec elle ?
Cette fois, tout paraissait dit. Mais vous avez un privilège
bien rare, même pour des croyants : vous sortez plus forts des épreuves
qui vous frappent ; le malheur ne brise pas votre élan, il le redouble.
Vous l’accueillez presque comme un ami, vous voyez en lui le gage de vos succès
futurs ; vous savez que les grandes œuvres, comme les grands caractères,
se trempent dans l’adversité. Ceux qui ne vous connaissent pas peuvent
s’étonner de la façon détachée et souriante dont vous supportez les pires
calamités. Le secret de votre indémontable optimisme, le l’ai trouvé dans ces
lignes si simples et si charmantes d’un de vos aumôniers, M. l’abbé Silvent. Le
Saint-Pierre venait d’essuyer en
Islande une série de terribles de coups de vent ; il avait failli sombrer
en route, et le bon M. Silvent écrivait dans l’innocence de son âme :
« le seigneur nous réserve sans doute de nombreuses consolations
spirituelles, car il ne nous ménage pas les tempêtes. » (Vifs applaudissements)
Il ne vous les a pas ménagés à vous non plus,
Messieurs : tempêtes budgétaires et tempêtes politiques. Comme M. l’abbé
Silvent, vous les avez acceptées avec reconnaissance. C’était à vos yeux, une
rançon bien légère des magnifiques satisfactions que la Providence vous gardait
en réserve, et l’avenir a montré que vous n’étiez pas de si mauvais
calculateurs (applaudissements)
* * *
Aujourd’hui, les Œuvres de mer sont en pleine prospérité.
L’élan de la charité publique ne s’est pas ralenti, et, grâce à elle, les
voiliers d’antan, d’un maniement si incommode et parfois si dangereux, ont été
remplacés par deux steamers : le Saint-François
d’Assise et la Notre-Dame de la Mer,
modèles de légèreté, de confort et de résistance.
Tous deux sont partis la semaine passée pour leur
destination respective. Nos pêcheurs les attendent. Ils guettent avidement sur
l’horizon le panache de leurs cheminées ; ils les verront bientôt parmi
eux et ils se sentiront moins seuls, moins perdus dans l’immensité, comme si la
France s’était soudain rapprochée. Vous la leur apportez dans vos mains
cordiales, vous leur soufflez au visage la bonne odeur de ses colzas, de ses
pommiers, de ses genêts en fleur ; dans les eaux d’Islande comme à
Terre-Neuve, sur ces deux grandes paroisses des mers que vous avez annexées au
domaine ecclésiastique, vos navires ne sont pas seulement des ambulances :
ce sont des clochers en marche, selon l’expression d’un de vos aumôniers. Là
est leur force sur les âmes. Ils évoquent la patrie absente ; ils installent
son symbole au milieu des exilés ; ils suivent leur caravane sur le désert
des eaux, comme l’arche d’alliance que suivaient les Hébreux sur le désert des
sables : « Mourir n’est rien, me disait un Breton, mais c’est
mourir deux fois que de mourir loin de son pays. » Nos pêcheurs d’Islande
et de Terre-Neuve craignent moins la mort maintenant qu’ils sont sûrs, comme
chez eux, de mourir à l’ombre de la croix. (applaudissements)
Et sans doute, Mesdames et Messieurs, si vif soit
l’attachement de nos pêcheurs pour les principes religieux de leur enfance,
nous devons nous garder de trop grandes illusions. « Tous les marins ne
sont pas des saints », confessait naguère le P. Yves, qui est payé pour
les bien connaître. Ils ne sont même pas toujours des exemplaires d’humanité
très recommandables. L’alcool déchaine quelquefois en eux les pires passions,
et ce n’est pas sur la Baucis
seulement qu’un novice a été torturé par ses chefs. Le martyrologe de la grande
pêche, s’il était jamais dressé, donnerait le frisson. Cependant, depuis que
vous êtes là, on constate une diminution sensible de la criminalité maritime.
Si vous n’avez pas faits des saints de nos 12.000 pêcheurs hauturiers, vous
avez réveillé chez beaucoup d’entre eux les bons instincts assoupis. Il a suffi
que vous alliez à eux, que vous leur parliez comme à des frères de souffrance,
que vous pansiez leur âme comme vous aviez pansé les plaies de leur corps.
Jadis, avant l’établissement de votre Maison de famille saint-pierraise, le
Barachois, bon an, mal an, faisait une quinzaine de victimes parmi les marins
en état d’ébriété. Dès l’année 1897, ce chiffre descendait à 7 ; en 1899,
il n’était plus que de 4, pour remonter à 9 en 1900, redescendre à 6 en 1901 et
tomber enfin à zéro en 1903.
« Chose absolument inouïe jusqu’à ce jour dans les
annales de la colonie, écrivait votre rapporteur, aucun marin, ni à l’armement
ni au désarmement, ne s’est noyé, cette année dans le Barachois. » (Applaudissements)
* * *
Il y avait bien de quoi crier au miracle, en effet. Mais les
miracles, vous en êtes si coutumiers, que celui-ci a déjà cessé peut-être de
vous étonner. Je ne le relève que pour mémoire et afin de montrer l’efficacité
de votre action dans les domaines les plus divers.
Car il ne vous suffisait pas d’accompagner nos pêcheurs au
large, de les soigner, de les réconforter, de les ravitailler de toutes les
façons, moralement et matériellement : vous prétendiez les suivre à terre
où ils ne courent pas moins de dangers qu’à bord.
Et comme vous aviez raison ! Il faut avoir vécu dans
l’intimité des gens de mer pour savoir combien ils sont incapables de se
conduire « par leurs propres moyens », ainsi qu’on dit des barques
démâtées qui veulent gagner le port sous une voile de fortune. Leurs muscles
d’athlètes, leurs gros poings, leur cuir fauve, hâlé et comme saur, les font
paraître terribles, et, livrés à eux-mêmes, ce sont des faibles, des veules,
presque des enfants. Ils n’ont pas encore pris terre qu’ils sont déjà la proie
des « hôtesses » et des débitants. Tout un syndicat d’exploiteurs
patentés travaille à les rançonner jusqu’au dernier sou et n’y réussit
ordinairement que trop bien.
Le péril est moins grand sans doute en Islande, où nos goélettes
ne font que de courtes relâches dans les fjords pour livrer leur pêche aux
« chasseurs ». Mais à Saint-Pierre, pendant les trois semaines que
dure l’armement, et, plus tard, quand les « banquais » viennent au
ravitaillement, quand ils rallient une dernière fois en septembre le Barachois,
c’est une population flottante de 4 à 5.000 émigrants qui est exposée de façon
presque permanente à toutes les tentations de la débauche. Ajoutez que
Saint-Pierre armait ses derniers temps, pour son propre compte, près de
200 goélettes, que l’équipage de ces
goélettes couchait fréquemment à terre, enfin que les « chauffauds »
employaient au séchage de la morue, sur des « graves » un millier de
petits Bretons dont le sort lamentable était bien fait pour vous préoccuper.
Donner à tous ces gens, errants de la mer ou parias des « graves »,
un asile temporaire, une maison commune, l’illusion du foyer domestique
retrouvé, quel rêve ! et vous l’avez réalisé. Vous l’avez même dépassé,
comme c’est votre habitude. En moins de dix années, contre vents et marées, vos
admirables aumôniers de Saint-Pierre ont si bien manœuvré – pardonnez-moi cette
expression maritime qui n’est pas déplacée ici – que le Cercle des marins, le
petit Cercle familial d’antan est devenu un vaste et confortable immeuble avec
chapelle, salle de récréation, préau, dortoir, salle à manger même – car
maintenant vous hébergez et vous restaurez aussi les pêcheurs… Tout le monde y
trouve son compte, en définitive, à l’exception des cabaretiers. Un de vos
Bulletins annuels annonçait que trois de ces commerçants avaient dû fermer
boutique. Mais, par une rencontre singulière, c’était l’année même où, pour la
première fois depuis que les goélettes relâchent à Saint-Pierre, aucun ivrogne
n’avait trouvé la mort dans le Barachois. Et vous estimerez peut-être que ce
n’est pas payer trop cher la débâcle commerciale d’un trio d’empoisonneurs. (Vifs applaudissements)
* * *
Mesdames et Messieurs, je crains d’abuser de votre patience…
(Protestations unanimes) J’éprouve
comme il est difficile de parler d’un œuvre comme la vôtre, et comme tout ce
qu’on peut en dire, et toutes les réflexions et les plus beaux éloges resteront
toujours avec elle inférieurs au simple exposé des faits. Une page de vos
Bulletins en eût beaucoup plus appris à cet auditoire que tous les commentaires
et elle l’eût sans doute beaucoup plus remué.
Quelle éloquence, par exemple, dans ces quelques chiffres
que j’emprunte à une statistique déjà ancienne !
De 1897 à 1905, les navires-hôpitaux ont communiqué 5.553
fois avec des navires de pêche ; ils ont hospitalisé à leur bord 715 malades,
représentant 11.314 journées d’hôpitaux ; ils ont recueilli 291
naufragés ; ils ont opéré 308 rapatriements gratuits ; ils ont donné
en mer 2.735 consultations ; ils ont fourni à des bateaux un millier de
médicaments ; enfin, et comme ils font bénévolement office
d’intermédiaires postaux, ils ont remis à nos pêcheurs ou reçu d’eux pour leurs
familles 176.448 correspondances.
Supputez maintenant que leur action n’a cessé de grandir,
leur domaine de s’élargir, les services qu’ils ont pu rendre à ces mêmes
pêcheurs de 1905 à 1910. En doublant les chiffres qui précédent, vous avez
chance d’être au-dessous de la vérité (Applaudissements).
Or, Mesdames et Messieurs, l’Œuvre de mer n’est pas contenue
toute entière sans ses navires-hôpitaux et sans sa Maison de famille
saint-pierraise. Une maison de famille plus modeste s’est élevé en 1902, par
ses soins, à Faskrudfjord ; un hôpital y a été annexé, dépendant du
vicariat apostolique du Danemark et d’Islande, mais entretenu et pourvu de tous
les perfectionnements modernes sur des fonds recueillis en France.
Je m’en voudrais d’oublier un dernier service rendu par
votre Société aux malheureuses victimes des pêches arctiques : toutes ne
dorment pas sous les eaux de l’Islande ; beaucoup ont été rejetées à la
côte par le flot ; quelques-unes se sont éteintes à l’hôpital même. Le
cimetière qui recevait les dépouilles de ces infortunés faisait peine à voir
jusqu’ici : c’était un tertre sauvage, envahi par la brousse, planté de
croix à demi pourries que secouaient les rafales et dont la pluie, la neige
avaient effacé les inscriptions. Ah ! le triste lieu pour attendre le
signal de l’archange ! Vos aumôniers en ont fait un cimetière décent, un
vrai « champ du repos » où les morts sont honorés aux grandes
fêtes ; et que les parnassies et les pensées fleurissent de mai à
septembre. Les croix ont été redressées, les inscriptions rétablies. Que dire
de plus, Messieurs ? Œuvre d’assistance, de sauvetage sous toutes les
formes, vous avez voulu être, vous êtes encore cette chose douce et
sacrée : l’œuvre du souvenir (Vifs
applaudissements).
* * *
En terminant son discours l’an dernier, M. Lacour-Gayet, qui
vous avait parlé en termes si émus de la vie des pêcheurs, adressait un appel
chaleureux à son auditoire et le conjurait de redoubler de zèle pour venir en
aide au Comité central des Œuvres de Mer.
Si cet appel a été entendu, vous le savez, puisque
l’affluence des souscriptions et le don magnifique du grande Française, Mme
Piédor, vous ont permis de construire un nouveau vapeur-hôpital, spécialement
affecté à l’Islande, la Notre-Dame de la
Mer.
Mais l’entretien de ce vapeur va grever lourdement votre
budget de 1911. Chaque journée de navigation du Saint-François revenait à 500 francs ; chaque journée du Saint-François et de la Notre-Dame de la Mer réunis reviendra au
double. Vous estimez de ce fait que votre budget de dépenses, qui s’élevait
l’an passé à 140.000 francs, atteindra cette année 200.000 francs. Le Ministère
de la Marine vous a conservé sans doute la modeste allocation de 6.000 francs
qui lui paraît suffisante pour attester le caractère éminemment national de
votre Œuvre. C’est la charité privée qui devra vous fournir les reste,
c’est-à-dire la presque totalité de la somme, 194.000 francs.
Je suis tranquille, Messieurs : elle vous les fournira
– non seulement parce qu’elle est la charité, la charité qui donne sans compter
et quelquefois à l’aveuglette, mais parce qu’aucune œuvre n’est plus propre que
la vôtre à la prendre aux entrailles. Nous sommes un peuple de marins et tout
ce qui touche à la mer nous émeut irrésistiblement. God made the world, but the devil made Iceland. « Dieu a créé
le monde, dit un proverbe anglais, mais c’est le diable qui a créé
l’Islande. » Hélas ! Il a créé
aussi Terre-Neuve, et l’enfer banquais, j’en ai peur, n’est pas beaucoup plus
confortable que l’enfer islandais. Qu’il y ait des hommes pour accepter contre
un infime salaire, de passer la moitié de leur vie dans ces géhennes, c’est une
chose que l’on ne saurait jamais assez admirer. Et qu’il y en ait d’autres pour
les y suivre par simple humanité, les consoler, les soigner, les préparer à la
grande traversée finale vers les rades hospitalières du paradis, c’est ce qui
me paraît plus admirable encore (Vifs
applaudissements).
* * * * * * * * *
M. le vice-amiral DE
LA JAILLE
Mesdames,
Messieurs,
Je voudrais avoir l’éloquence de M. Le Goffic pour lui
exprimer votre pensée qui est aussi la mienne. C’est qu’il n’était pas possible
de dire mieux ce que sont les Œuvres de Mer. On ne pouvait mieux exciter votre
pitié pour elles, et même – dois-je dire le mot, moi, votre président, je le
risque cependant – votre admiration. (Vifs
applaudissements)
Je renouvelle à M. Le Goffic vos remerciements, en même
temps j’espère qu’il voudra bien, comme je le lui ai demandé tout à l’heure,
continuer à nous aider, par sa parole éloquente et sa plume si habile, à rester
ce que nous sommes.
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