In Alexis Martin – « Les
étapes d’un touriste en France, de Dunkerque à Arras, Péronne et Montdidier »,
A. Hennuyer, imprimeur-éditeur, Paris, 1898, 372 pages, pp 53-58
Rosendaël, Malo-les-Bains
Rosendaël est un vieux
bourg qui dépendait autrefois de Coudekerque et qui, depuis un demi-siècle, a
pris assez d’extension pour qu’on ait pu en 1891 en détacher la commune de
Malo-les-Bains, dont la plage remplace fort avantageusement l’établissement de
bains primitivement établi à Dunkerque à droite du chenal, près de l’entrée du
port.
On se rend à Rosendaël par le
chemin de fer ou par le tramway ; quand vient le dimanche, les Dunkerquois
ferment leurs magasins et, comme les Parisiens vont à Saint-Cloud ou à Meudon,
ils vont à Rosendaël.
Sur le chemin, à la sortie de la ville,
ils rencontrent le vaste parc Jacobsen ; c’est le bois de Boulogne du
lieu.
Dans son voisinage, on a
construit l’hospice de Dunkerque, un vaste bâtiment agrémenté de larges cours
et de baux jardins et dont le caractère architectural est fort élégant.
Quant à Rosendaël, c’est une
vaste agglomération charmante de maisons de campagne, de jardins verdoyants, de
pépinières en pleine production, de villas coquettes et souvent d’assez
aristocratique allure.
Ajoutons à cela nous ne savons
combien de bals, de restaurants aux vastes salons, de lieux de plaisir, aux
alléchantes enseignes, pour la plupart empruntées à l’argot parisien ; il
y a là le Bal Mabille, l’Hippodrome, l’Hirondelle, le Bois
de Vincennes, le Rendez-vous des amis, les Bienvenus, Jean
Bart, etc. Tout cela est de patriarcal aspect, tenu par des gens
accueillants et brille de cette irréprochable propreté qui est le caractère
dominant des villes du Nord.
Ne supposez pourtant pas que le
lieu soit absolument frivole. On y travaille, les pépinières dont nous avons
parlé vous l’ont prouvé, vous y trouverez encore d’autres industries prospères
et particulièrement quelques-unes de ces grandes brasseries où se confectionne
cette excellente bière du Nord qui se vend ici 10 centimes le verre.
Rosendaël a aussi sa mairie et
son église, la première bâtie au fond d’une place décorée d’un kiosque à
musique, la seconde sans originalité.
Transportons-nous à Malo-les-Bains.
Une digue splendide, bordée de
villas, de chalets, de jardins, rivalisant d’élégance, d’originalité et de
fraicheur, un casino construit par M. Colibert, un Kursaal, où les
divertissements artistiques ou mondains, se succèdent sans interruption et
varient de jour en jour ; le joli square Rombout, grand jardin anglais,
promenade agréable bien que manquant d’ombre, où les enfants s’ébattent, tandis
que les mères s’abandonnent à leur délicieux babillage ; tout cela, vous
le voyez, suffit pour attirer à Malo-les-Bains et pour y retenir.
Mais dirigeons-nous vers la mer.
Elle vient mourir ici sur une immense étendue de sable d’une douceur et d’une
finesse telles qu’on croit, en le foulant, marcher sur un tapis moelleux. Dans
les belles journées, quand un chaud soleil dore le sol et argente les vagues,
quand tous les baigneurs se sont portés vers la plage, le coup d’œil qu’elle
offre est véritablement très curieux. Rien de plus amusant que la multiplicité
et la diversité des cabines qui se sont fixées là, des tentes-abris qui s’y
dressent, des immenses parasols qui s’y déploient parfois au-dessus de toute
une famille. Au milieu de cette agitation joyeuse, parmi ces hommes souriants,
ces femmes élégantes, ces jolis babys aux jambes nues, ces bandes d’ânes gris
aux oreilles pomponnés de rouge, devant ces coquets salons improvisés entre
quatre planches, si parisiens par le luxe et la causerie ; devant d’autres
si londoniens par les couleurs criardes qui les décorent et la raideur de ceux
qui les fréquentent ; parmi cette infinie variété de types, des costumes,
d’allures, charmé par cette familiarité générale qui prendra fin avec la
saison, étourdi par ce mouvement auquel se mêlent les vendeurs et les loueurs
de toutes sortes d’objets, on se croirait volontiers transportés au milieu d’un
de ces kans dont parlaient les contes orientaux et que les caravanes
dressées près des villes eut encombrées.
Où le flot arrive, les tentes et
les cabines fixes dont place aux cabines roulantes que de forts percherons
emmènent dans la mer et y laissent jugent à propos de revenir ; là, les
nageurs se livrent à leurs ébats, et les bateaux de sauvetage, avec leur petit
pavillon qui frémit dans l’air comme une flammes dansent doucement sur la
vague.
Les bains sont souvent le but
d’un voyage à Dunkerque ; mais on l’a vu par ce qui précède, ils ne sont
pas l’unique attrait de cette belle ville ; elle est celles où l’on peut
séjourner longtemps avec plaisir après l’avoir visitée avec intérêt, ce celles
aussi qui peuvent – les lignes qui suivent peuvent le prouver – servir de point
de départ à de fort intéressantes promenades faciles à faire en une journée et
parfois même entre le repas du midi et celui du soir.
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