In A. Salamagne « Vauban… en
Flandre et Artois, places de l’intérieur », association des amis de la
maison Vauban, Saint-Léger, 1995, 102 p, pp 75-77
« Les provines conquises
constituèrent à partir des années 1668 un vaste chantier, forçant l’admiration
des Espagnols, où des milliers d’hommes retourneront la terre, tailleront les
pierres, amèneront par charrois ou bateaux les matériaux à pied d’œuvre. Les travaux
de la citadelle de Lille occuperont en février 1668 1.800 ouvriers ou paysans
occuper à creuser les terrassements, ceux des fortifications d’Ypres en 1678 et
de Menin en mars 1679 jusqu’à 1.200 hommes.
Chacune des provinces sera mise à
contribution pour fournir les ressources de son sol : du Tournaisis proviendra
la chaux hydraulique nécessaire aux fondations des ouvrages inondables ou à la
couverture des terrasses des bâtiments, de Lille et sa région la pierre
calcaire exportée à Ypres, de Valenciennes le grès mis en œuvre à la citadelle
de Lille, de la forêt de Nieppe le bois utilisé en Flandre tandis que par
Tournai et Condé transitait le charbon en provenance de Mons indispensable à la
cuisson de de la chaux et des briques.
Les carrières inspectées à Douai
ou à Lille par Vauban, Chazerat ou Simon Vollant travaillaient à plein
rendement mais la main-d’œuvre locale spécialisée s’avéra insuffisante devant l’énormité
de la tâche : en 1668, in dut faire venir des tailleurs de pierre blanche,
des crocqueteurs ou tailleurs de grès de Paris, de Doullens, d’Abbeville
ou de Normandie pour accélérer les travaux du Fort de Scarpe ou de la citadelle
de Lille.
En 1668, la construction de la citadelle
de Lille nécessita 3,3 millions de parpaings. En août, on en tirait 2.000
chaque jour des carrières de Lezennes, carrières situées au sud-est de Lille,
mais d’autres encore furent mises en exploitation dans les environs de Lille, à
Templemars, Ennequin et Esquermes, pour fournir 8.000 parpaings par jour. Cette
quantité s’avéra encore insuffisante car il en aurait fallu au moins 12.000 par
jour. Au cours de l’hiver 1668, on fut donc contraint d’ouvrir six carrières
supplémentaires à Templemars et Ennequin qui procurèrent en 1669 avec celles du
faubourg des Malades 15.000 parpaings par jour. Simon Vollant se rendait
encore, en 1668, dans les carrières de Béthune pour passer les fournitures de
grès nécessaires au soubassement de la citadelle.
¨Partout il fut nécessaire d’ouvrir
de nouvelles carrières comme à Ypres au mont Kemmel pour le grès, ou encore à
Tournai, pourtant région d’exploitation de carrières, pour la pierre bleue. Enfin
on eut recours pour accélérer encore les travaux à la brique, en Flandre en
particulier où les bonnes carrières faisaient défaut : à Lille en 1670
pour les travaux d’agrandissement de l’enceinte, on avait stocké 25 millions de
briques ; à Ypres, en 1679, on estimait les besoins pur les travaux à 30
millions de briques. La brique d’Armentières bénéficiait d’une réputation
particulière, mais elle était de proportions inférieures et coutait plus cher :
« je sçais bien », écrivait Louvois à l’intendant Le Peletier
en octobre 1668 à propos de la citadelle de Lille, « que la brique d’Armentières
résistant plus aux injures du temps que celle de Lisle, il en fault pour faire
les parements ; mais je crois que quand on mettroit une brique et demie d’espaisseur, ou deux au plus, l’on pourrait faire le reste
du parement, qui est de trois pieds d’espaisseur de brique du pays »
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