In Ad. ROTON,
Les
personnages remarquables du département du Nord, Inspecteur primaire,
Officier de l’Instruction publique, 1890
« DUCORNET (Louis-César-Auguste), venu au monde sans
bras à Lille en 1806, mort en 1856, a prouvé par son exemple ce que peut une
volonté puissante pour suppléer à des imperfections naturelles. Grâce à son
application, à sa persévérance, il parvint à manier à l’aide de ses pieds le
crayon et le pinceau avec une dextérité qui tenait du prodige. Pour ménager la
délicatesse de ses pieds, qu’il transformait en quelque sorte en mains, il
s’astreignit à ne marcher que le moins possible ; quand il voulait
dessiner ou peindre, son père le portait sur un échafaudage placé en face de
son chevalet ; il l’en descendait de même.
Admis à l’école académique de Lille, en 1819, Ducornet y
remportait dès l’année suivante une médaille de deuxième classe, un premier
prix en 1822 et, sur la recommandation de Gérôme, il était désigné pour venir
étudier à Paris, comme titulaire d’une bourse royale de 1.200 francs, augmentée
d’une pension de 300 francs que lui faisait la ville de Lille. Ducornet acheva
de se fortifier dans l’atelier de Lethière, et d’acquérir un talent qui lui
valut la réputation d’un de nos artistes les plus distingués. On le loue
beaucoup pour la richesse de son coloris.
Ses œuvres principales sont : Les marchands d’esclaves (1833, au musée d’Arras), Marguerite consultant une fleur pour savoir
si elle est aimée de Faust (1834) ; Apparition du Christ à Madeleine (1835) ; Le repos de la sainte Famille en Egypte (1841) ; Saint-Denis prêchant dans les Gaules
(1846, à l’église de Saint-Louis en L’Ile) ; Vision de Sainte-Philomène (1846, à l’église de Saint-Riquier,
Somme), un de ses meilleurs tableaux ; Le
nid de mésanges (1848), Portrait du
Général Négrier (1849), au musée de Lille ; La belle Edith (1855, au château de Compiègne). »
* * *
Note :
De plus, né sans fémurs, il n'avait que quatre orteils par pied et était
atteint d'une sorte de nanisme. Bien qu'il n'ait jamais réussi à passer la
deuxième étape du prix de Rome (à cause de son handicap), il eut plusieurs
médailles à des salons. La critique a souvent été clémente avec lui, la blague
étant facile : « ce que Ducornet fait avec ses pieds, d'autres ne peuvent le
faire avec leurs mains ». Sa condition le rendant impropre à la marche, il se
déplaçait en étant accroché au dos de son père. Malgré ses handicaps, c'était
un très bel homme. Il vécut et travailla de 1845 à 1856 environ au 14, rue
Visconti à Paris. Son portrait, comme celui du général Négrier sont visibles au Musée des Canonniers sédentaires
de Lille
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