Hondschoote en 1641 (Sanderus)
Hondschoote
Notice de H. Piers, 1833
Cette place ouverte était autrefois
très célèbre par ses manufactures de serges et de toiles qui passaient jusqu’en
Turquie. C’était une des villes de Flandre « où les draperies avaient
grande réputation » (Lepetit). « La ville d’Hondschoote est bonne et
gentille, et l’on y fait une telle quantité de serges, qu’ordinairement on
vient à en faire tous ans jusqu’à cent mille pièces » (Guicciardin) voilà
comme le temps fait disparaitre les trônes, les dynasties et les monumens, observe
Crapelet, protège, fortifie, étend et accroit l’industrie des peuples. »
Hondschoote a été construit près
du canal de Bergues à Furnes, probablement dans le dixième siècle, lors de la formation
de la plupart des cités de cette contrée. Son no est souvent mentionné, à cause
de ses édifices religieux, dans les annales ecclésiastiques de la Morinie. Son
étymologie semble dérivée de quelque terme familier aux chasseurs.
Hondschoote, dans les guerres du
moyen-âge, éprouvé à peu près la même fortune que les villes circonvoisines.
Les bourgeois, zélés catholiques,
y jouissaient également de plusieurs franchises favorables ; le comte
Louis de Créci, pour protéger et ordonner leur industrie, leur avait accordé le
droit de plomber et de marquer toutes les étoffes fabriquées dans leurs
ateliers, d’une empreinte portant d’un côté les armes du Prince, et de l’autre,
celles de la ville. « On voit encore dans les archives d’Hondschoote, des
registres très volumineux qui renferment les noms des fabricans et à côté de
chaque nom, la marque particulière que chacun adoptait. » La cour de
justice d’Hondschoote, d’une structure élégante, avait aussi un renom
respectable et possédait diverses immunités.
Philippe-le-Bon avait accordé, en 1430, au seigneur du lieu, quelques
concessions pour une somme de 4.000 florins.
Hondschoote fut incendié en 1383,
lorsque Charles VI chassa les Anglais de cette contrée. Les Français la
dévastèrent en 1558 comme Dunkerque et Bergues. Deux nouveaux incendies détruisirent
sa prospérité, l’un en 1576, consuma 600 ateliers dans la partie occidentale de
la ville, l’autre en 1582, encore plus terrible, commis par les Français à l’instigation
jalouse des Huguenots, anéantit 17 rues et plus de 900 fabriques.
En 1658, plusieurs détachements d’infanterie
sous les ordres du duc d’York (depuis Jacques II), y furent mis en quartier ;
la paix d’Aix-la-Chapelle, laissa cette ville à la France, les Hollandais la brulèrent
presqu’entièrement en 1708.
Hondschoote restera fameux dans
notre histoire par la journée du 8 septembre 1793.
« C’est par un beau jour d’automne
que se donna la bataille d’Hondschoote dont les suites pouvaient être si
avantageuses à la France. En effet, si Houchard, plus habile, mais non plus fidèle,
eût marché rapidement après la bataille, nous fermions toute retraite à l’ennemi,
nous nous emparions du duc d’York et nous tenions l’armée qui assiégeait Furnes…
A compter de la journée d’Hondschoote, la terreur dont nous avions été frappés
passa sous les drapeaux ennemis » (De Jouy). Jourdan, Leclercq, Vandamme,
Collaud, Hédouville, Gobrecht, assistèrent à ce combat qui avaient pour la France
l’importance de ceux de Marathon et de Platée. Hoche y obtint le grade de
général de brigade. Presque toute la 32e division des gendarmes à pied
demeura parmi les morts ; une grande partie des blessés fut transportée à
St-Omer, dans les églises de st-Bertin et de St-Denis, et au collège anglais.
Il y avait en 1764, 539 feux à
Hondschoote ; sa population est maintenant de 3.882 habitans. On prétend
qu’elle était très élevée, il y a quelques siècles. Les pestes de 1545 et 1578
la décimèrent d’une cruelle manière. Jean Strabant, vingt-deuxième curé
de st-Vaast, comptait dans sa paroisse, en 1568, 18.000 communians, et cependant
Hondschoote n’était pas encore parvenu à l’apogée de sa splendeur, puisque d’autres
édifices l’embellirent encore les années suivantes.
Les coutumes particulières de la
ville d’Hondschoote dont l’échevinage dépendait du présidial de Bailleul, se
trouvent dans le recueil des coutumes de Flandre. Sa kermesse est fixée au
deuxième dimanche de juillet. Il s’y tient deux foires ; l’une d’un jour,
le vendredi après la Pentecôte, l’autre qui s’ouvre le deuxième dimanche de
juillet, dure cinq jours. Les foires d’Hondschoote étaient jadis magnifiques,
mais il ne reste plus que le souvenir de cette situation florissante.
Le conseil d’arrondissement a
récemment renouvellé son vote pour l’achèvement de la route d’Hondschoote à
Wormhoudt.
L’église paroissiale de st-Vaast,
à Hondschoote, déjà signalée au commencement du treizième siècle, rebâtie en
1386, décorée alors d’un carillon très harmonieux, est surmontée d’une tour
gigantesque.
On voyait dans cette ville, avant
la révolution, un couvent de trinitaires, un de Récollets, un de Sœurs grises,
et une de religieuses Récollétines. Elle possédait en outre un hôpital qui
contenait trente lits pour les malades indigens, et un collège où l’on
enseignait les humanités, dirigé par les Récollets. Il y avait aussi un pensionnat dans lequel on
apprenait la musique vocale et instrumentale.
La musique d’Hondschoote offre un
prix de 600 fr. au concours du 4 août prochain.
Sanderus a conservé un joli plan
d’Hondschoote ; les destinées de cette ville ont eu assez de ressemblance
avec celles de Poperinge.
La seigneurie d’Hondschoote est
aussi une ancienne bannière de Flandre, possédée pendant plusieurs siècles par
les chevaliers de cette noble maison. Guillaume Moran d’Hondschoote et Raoul de
Lederzeele, étaient rangés sous l’étendard de Godefroi-de-Bouillon. Cette seigneurie
appartint ensuite au prince de Hornes.
Jacques Navarchus, né à
Hondschoote, précepteur de Dépautère, ami d’Erasme, a laissé quelques épitres
latines, écrites avec élégance.
Pascal Zoutens, né à
Hondschoote, instituteur à Ypres fit paraître à Anvers, en 1524, des mélanges
de grammaire.
Le comte Pierre-Antoine Herwyn de
Nevele, né à Hondschoote, le 18 septembre 1753, était conseiller pensionnaire
dans cette ville, et avocat au parlement de Flandre. Lors de la convocation des
états-généraux en 1789, il fut élu membre de l’assemblée constituante par le
baillage de Bailleul, et adopta avec modération les nouveaux principes. Adversaire
prononcé des terroristes, la chute de Robespierre épargna sa tête. Sous le Directoire,
il fut nommé commissaire près de l’administration de la Lys, ce département l’envoya
au Conseil des Anciens, en mars 1789, et il y remplit les fonctions de
secrétaire. A l’époque du Consulat, le
25 décembre suivant, il devint l’un des premiers membres du Sénat-Conservateur,
où il se montra, dit-on, presque toujours opposé aux vues de Napoléon, faisant
constamment partie de la petite minorité de ce corps. En 1814, il adhéra avec
empressement à la chute de l’insatiable conquérant. Louis XVIII le créa pair,
le 4 juin suivant, et lui conféra, le 24 avril 1817, la grande croix de la Légion
d’Honneur. Il s’était surtout rendu digne de cette noble distinction, par la
prestation de son serment de Comte pardevant la cour royale de Paris, le 20
mars 1815, à midi ; fidélité certainement comparable à celle des temps antiques.
Cet homme supérieur à tant de titres, est mort à Paris, le 24 mars 1824.
Le baron Herwyn, ancien
sous-préfet de Furnes, frère du comte, l’a puissamment aidé dans le desséchement
des grandes et petites Moëres.
Le 8 mai 1829, M et Mme Coppens
(cette dame est sœur de Lamartine) ont fait don à l’hospice de Bergues de deux
maisons et que quatre hectares 70 ares de terre, le tout évalué à 16.300
francs.
Toute cette famille est chérie et
respectée dans le canton d’Hondschoote par ces ventes et par sa bienfaisance
habituelle. M. laurent Coppens a été procureur du Roi à l’Amirauté de
Dunkerque, président de la Députation du Nord, en 1791, à l’assemblée législative,
et en 1815 et en 1816, membre de la chambre des députés.
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