jeudi 2 avril 2020

l'Histoire d'Hondschoote telle que vue en 1833


Hondschoote en 1641 (Sanderus)

Hondschoote
Notice de H. Piers, 1833

Cette place ouverte était autrefois très célèbre par ses manufactures de serges et de toiles qui passaient jusqu’en Turquie. C’était une des villes de Flandre « où les draperies avaient grande réputation » (Lepetit). « La ville d’Hondschoote est bonne et gentille, et l’on y fait une telle quantité de serges, qu’ordinairement on vient à en faire tous ans jusqu’à cent mille pièces » (Guicciardin) voilà comme le temps fait disparaitre les trônes, les dynasties et les monumens, observe Crapelet, protège, fortifie, étend et accroit l’industrie des peuples. »
 
Hondschoote a été construit près du canal de Bergues à Furnes, probablement dans le dixième siècle, lors de la formation de la plupart des cités de cette contrée. Son no est souvent mentionné, à cause de ses édifices religieux, dans les annales ecclésiastiques de la Morinie. Son étymologie semble dérivée de quelque terme familier aux chasseurs.
 
Hondschoote, dans les guerres du moyen-âge, éprouvé à peu près la même fortune que les villes circonvoisines.
 
Les bourgeois, zélés catholiques, y jouissaient également de plusieurs franchises favorables ; le comte Louis de Créci, pour protéger et ordonner leur industrie, leur avait accordé le droit de plomber et de marquer toutes les étoffes fabriquées dans leurs ateliers, d’une empreinte portant d’un côté les armes du Prince, et de l’autre, celles de la ville. « On voit encore dans les archives d’Hondschoote, des registres très volumineux qui renferment les noms des fabricans et à côté de chaque nom, la marque particulière que chacun adoptait. » La cour de justice d’Hondschoote, d’une structure élégante, avait aussi un renom respectable et possédait diverses immunités.  Philippe-le-Bon avait accordé, en 1430, au seigneur du lieu, quelques concessions pour une somme de 4.000 florins.
 
Hondschoote fut incendié en 1383, lorsque Charles VI chassa les Anglais de cette contrée. Les Français la dévastèrent en 1558 comme Dunkerque et Bergues. Deux nouveaux incendies détruisirent sa prospérité, l’un en 1576, consuma 600 ateliers dans la partie occidentale de la ville, l’autre en 1582, encore plus terrible, commis par les Français à l’instigation jalouse des Huguenots, anéantit 17 rues et plus de 900 fabriques.
 
En 1658, plusieurs détachements d’infanterie sous les ordres du duc d’York (depuis Jacques II), y furent mis en quartier ; la paix d’Aix-la-Chapelle, laissa cette ville à la France, les Hollandais la brulèrent presqu’entièrement en 1708.
 
Hondschoote restera fameux dans notre histoire par la journée du 8 septembre 1793.
« C’est par un beau jour d’automne que se donna la bataille d’Hondschoote dont les suites pouvaient être si avantageuses à la France. En effet, si Houchard, plus habile, mais non plus fidèle, eût marché rapidement après la bataille, nous fermions toute retraite à l’ennemi, nous nous emparions du duc d’York et nous tenions l’armée qui assiégeait Furnes… A compter de la journée d’Hondschoote, la terreur dont nous avions été frappés passa sous les drapeaux ennemis » (De Jouy). Jourdan, Leclercq, Vandamme, Collaud, Hédouville, Gobrecht, assistèrent à ce combat qui avaient pour la France l’importance de ceux de Marathon et de Platée. Hoche y obtint le grade de général de brigade. Presque toute la 32e division des gendarmes à pied demeura parmi les morts ; une grande partie des blessés fut transportée à St-Omer, dans les églises de st-Bertin et de St-Denis, et au collège anglais.
 
Il y avait en 1764, 539 feux à Hondschoote ; sa population est maintenant de 3.882 habitans. On prétend qu’elle était très élevée, il y a quelques siècles. Les pestes de 1545 et 1578 la décimèrent d’une cruelle manière. Jean Strabant, vingt-deuxième curé de st-Vaast, comptait dans sa paroisse, en 1568, 18.000 communians, et cependant Hondschoote n’était pas encore parvenu à l’apogée de sa splendeur, puisque d’autres édifices l’embellirent encore les années suivantes.
 
Les coutumes particulières de la ville d’Hondschoote dont l’échevinage dépendait du présidial de Bailleul, se trouvent dans le recueil des coutumes de Flandre. Sa kermesse est fixée au deuxième dimanche de juillet. Il s’y tient deux foires ; l’une d’un jour, le vendredi après la Pentecôte, l’autre qui s’ouvre le deuxième dimanche de juillet, dure cinq jours. Les foires d’Hondschoote étaient jadis magnifiques, mais il ne reste plus que le souvenir de cette situation florissante.
 
Le conseil d’arrondissement a récemment renouvellé son vote pour l’achèvement de la route d’Hondschoote à Wormhoudt.
 
L’église paroissiale de st-Vaast, à Hondschoote, déjà signalée au commencement du treizième siècle, rebâtie en 1386, décorée alors d’un carillon très harmonieux, est surmontée d’une tour gigantesque.
On voyait dans cette ville, avant la révolution, un couvent de trinitaires, un de Récollets, un de Sœurs grises, et une de religieuses Récollétines. Elle possédait en outre un hôpital qui contenait trente lits pour les malades indigens, et un collège où l’on enseignait les humanités, dirigé par les Récollets.  Il y avait aussi un pensionnat dans lequel on apprenait la musique vocale et instrumentale.
 
La musique d’Hondschoote offre un prix de 600 fr. au concours du 4 août prochain.
 
Sanderus a conservé un joli plan d’Hondschoote ; les destinées de cette ville ont eu assez de ressemblance avec celles de Poperinge.
 
La seigneurie d’Hondschoote est aussi une ancienne bannière de Flandre, possédée pendant plusieurs siècles par les chevaliers de cette noble maison. Guillaume Moran d’Hondschoote et Raoul de Lederzeele, étaient rangés sous l’étendard de Godefroi-de-Bouillon. Cette seigneurie appartint ensuite au prince de Hornes.
 
Jacques Navarchus, né à Hondschoote, précepteur de Dépautère, ami d’Erasme, a laissé quelques épitres latines, écrites avec élégance.
 
Pascal Zoutens, né à Hondschoote, instituteur à Ypres fit paraître à Anvers, en 1524, des mélanges de grammaire.
 
Le comte Pierre-Antoine Herwyn de Nevele, né à Hondschoote, le 18 septembre 1753, était conseiller pensionnaire dans cette ville, et avocat au parlement de Flandre. Lors de la convocation des états-généraux en 1789, il fut élu membre de l’assemblée constituante par le baillage de Bailleul, et adopta avec modération les nouveaux principes. Adversaire prononcé des terroristes, la chute de Robespierre épargna sa tête. Sous le Directoire, il fut nommé commissaire près de l’administration de la Lys, ce département l’envoya au Conseil des Anciens, en mars 1789, et il y remplit les fonctions de secrétaire.  A l’époque du Consulat, le 25 décembre suivant, il devint l’un des premiers membres du Sénat-Conservateur, où il se montra, dit-on, presque toujours opposé aux vues de Napoléon, faisant constamment partie de la petite minorité de ce corps. En 1814, il adhéra avec empressement à la chute de l’insatiable conquérant. Louis XVIII le créa pair, le 4 juin suivant, et lui conféra, le 24 avril 1817, la grande croix de la Légion d’Honneur. Il s’était surtout rendu digne de cette noble distinction, par la prestation de son serment de Comte pardevant la cour royale de Paris, le 20 mars 1815, à midi ; fidélité certainement comparable à celle des temps antiques. Cet homme supérieur à tant de titres, est mort à Paris, le 24 mars 1824.
 
Le baron Herwyn, ancien sous-préfet de Furnes, frère du comte, l’a puissamment aidé dans le desséchement des grandes et petites Moëres.
 
Le 8 mai 1829, M et Mme Coppens (cette dame est sœur de Lamartine) ont fait don à l’hospice de Bergues de deux maisons et que quatre hectares 70 ares de terre, le tout évalué à 16.300 francs.
Toute cette famille est chérie et respectée dans le canton d’Hondschoote par ces ventes et par sa bienfaisance habituelle. M. laurent Coppens a été procureur du Roi à l’Amirauté de Dunkerque, président de la Députation du Nord, en 1791, à l’assemblée législative, et en 1815 et en 1816, membre de la chambre des députés.

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