Le collège Michel de Swaen de Dunkerque a été remplacé par
un établissement baptisé du nom de Lucie Aubrac. Il ne reste plus que son ancienne salle de
sport pour en garder le souvenir, dommage pour un rare représentant des Belles
Lettres dunkerquoises.
Michel de Swaen nait à Dunkerque en 1654, la ville ne
devient française qu’en 1662 mais il faut beaucoup de temps pour que la
francisation soit effective, tellement longtemps que le flamand n’est plus
parlé dans les rues qu’à la fin du XIXe siècle. C’st donc tout à fait
naturellement que Michel de Swaen rédige pièce et poèmes en flamand. L’homme
voyage, notamment aux Provinces-Unies où il rend visite à son fils exilé.
Comment ne pourrait-il pas apprécier particulièrement l’atmosphère de liberté
qui y règne alors que les Pays-Bas du Sud connaissent les affres de la guerre,
subissant les menées bellicistes d’un Louis XIV désireux d’agrandir son Pré
Carré et de mettre au pas des Flamands qu’il juge ne pas vouloir devenir de
bons sujets, dociles et catholiques ?
L’homme est un savant : chirurgien et quincailler de
profession, on le compte parmi les magistrats de la ville. Une position
honorable que renforce sa présence au sein de la « Rederijskammer »,
la Chambre des Rhétoriciens de Dunkerque. Autant dire qu’il est fin lettré, bon
orateur et comme nombre de ses confrères, ses écrits se teintent d’Humanisme.
En 1687, on lui décerne le titre de « Prince de la
Rhétorique de Dunkerque » et entretient d’étroites relations avec les
autres Chambres de la Grande Flandre, néanmoins il n’accorde pas le privilège
d’imprimer ses œuvres. C’est sans son autorisation que ses traductions de l’« Andronic »
de Campistron et surtout du « Cid » de Corneille ont été imprimées et
diffusées dans le grand public. La plupart des ses œuvres, notamment les
comédies satiriques et les farces, passent à la postérité à titre posthume. La
plupart étaient conservées à l’abbaye saint-Winoc de Bergues mais bien peu ont
survécu à la tourmente révolutionnaire.
Intéressé par l’Histoire, ses textes consacrés à l’empereur
Charles Quint exaltent le sentiment d’être à la fois Flamand et catholique, au
point que certaines de ses pièces sont encore jouées aujourd’hui (mais avec une
certaine arrière-pensée politique, il faut le concéder). Refusant les
particularismes, il refuse d’écrire en flamand dialectal car pour lui, tous les
membres de sa communauté doivent avoir accès à son œuvre. L’humanisme est aussi
et avant tout un universalisme.
Nul doute qu’il n’aurait que peu gouté la polémique agitant
le Landerneau linguistique sur la question d ‘enseigner le flamand dialectal en
lieu et place du néerlandais, langue officielle et commune de la communauté
flamand et batave…
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