In. Claude Seignolle, Les Evangiles du Diable, collection
Bouquins, Laffont, Paris, 2e édition 1998
« Les paysans flamands,
partie française y comprise, et brabançons connaissent un autre esprit du mal,
c’est Kludde ! Ils tremblent le soir à la seule pensée de le trouver sur
leur chemin en traversant les bois ou les champs. Les enfants hargneux ne se soumettent
que lorsqu’on menace de les conduire à Kludde.
Cet esprit est un véritable
Protée : il prend toutes les formes pour parcourir la terre. Ici il se
métamorphose en arbre ; d’abord
très petit, il grandit ensuite à vue d’œil et disparaît dans les nues comme une
ombre, renversant tout ce qui l’avoisine. Là il se revêt de la peau d’un énorme
chien noir, se tient sur les pattes
de derrière, court en secouant une lourde chaîne qu’il porte au cou, et saute
sur les épaules de tous ceux qu’il rencontre la nuit.
Parfois, Kludde est un
vieux cheval maigre ; il devient alors l’épouvantail des garçons d’écurie
et ceux-ci racontent qu’il leur arrive souvent, quand ils ont, le soir, conduit
leurs chevaux à la prairie, d’enfourcher le matin Kludde, qui les emporte et va
les précipiter dans un fossé.
Kludde se change aussi en chat, crapaud, chauve-souris, ou tout autre animal. Les campagnards
disent qu’il n’est pas loin quand ils voient sautiller dans les ténèbres deux
petites flammes bleues qui sont,
disent-ils les yeux du fantôme ; ils prétendent l’éviter en courant et en
faisant des zigzags comme un serpent. Cet esprit a reçu le nom de Kludde du cri
qu’il pousse : kludde, kludde. »
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