jeudi 9 janvier 2020

Avoir 16 ans et savoir dire non.


Né à Rosendaël le 24 décembre 1924, Pierre Léostic aurait pu vivre la jeunesse de nombre de ses camarades dans une France occupée, à courir aux abris et à se soumettre aux Allemands. Le fils du contrôleur en chef des douanes décide de s’engager pour la France Libre en décembre 1940. 
 
Presque 16 ans, c’est jeune pour prendre les armes. Qu’importe, capituler est hors de question ! Son père resté à Dunkerque, il laisse sa mère et ses quatre sœurs en Bretagne et rallie l’Angleterre à bord d’un navire anglais qui le prend en charge avec des Brestois à Ouessant. Solide gaillard, bien bâti, il ment sur son âge… 
 
Il a 15 ans et demi... et laisse à sa mère une lettre sans équivoque :

« Ma chère maman,
Je t'en supplie ne me blâme pas, mon sang bout dans mes veines. Je rêve de porter un fusil et de m'en servir.
J'ai pris cent francs et ma carte d'identité. A Dieu vat ! Je veux être français, français encore,français toujours! »

 Du haut de son 1,86 mètres, il veut en découdre, personne ne vient remettre en cause sa détermination ni son âge ! 

Ayant jeté sa carte d’identité, plus personne ne peut vérifier ses dires. Il est enrôlé comme chasseur-parachutiste et passe rapidement caporal. En juin 1942, sa compagnie rejoint les troupes de chocs anglaises chez les SAS, le Special Air Service et part en Egypte.




Dernière rafale
Les Allemands ont délogé les Alliés de Grèce et de Crète depuis juin 1941. Un an plus tard, Léostic et ses compagnons quittent l’Egypte. Ils débarquent d’un sous-marin britannique pour saboter la base aérienne d’Héraklion. Les hommes ont été avertis : la mission sera pénible et peu d’entre eux ont de chances de rentrer. 
 
Le coup de main est un succès : 22 avions allemands sont détruits, autant de menaces de moins pour les convois qui ravitaillent Malte. Or Malte doit absolument tenir ! Le commando ne peut pas repartir. Auraient-ils été dénoncés ? Ils sont rattrapés au soir par deux colonnes allemandes qui les encerclent.
 
Les  SAS tentent de s’échapper par le sud mais là aussi arrive un nouveau groupe ennemi. Les parachutistes attendent pour ouvrir le feu. Le jeune Pierre cherche une meilleure position de tir. Il tire mais il est presque immédiatement atteint par une première rafale de mitrailleuse… Il se relève et retire mais une nouvelle rafale l’achève…

Le décès de Pierre Léostic ne fut porté à la connaissance de ses parents qu'en octobre 1943 par la Croix Rouge. Son corps,  après avoir reposé 4 ans en terre grecque fut ramené en France  pour être inhumé au cimetière de Rosendaël. 

Monsieur Tsaldaris, Président du conseil de Grèce a remis la Croix de guerre grecque à la mère de Pierre Léostic dans la cour des Invalides à Paris lors d'une grande cérémonie en 1946.
Son nom est inscrit au mémorial des parachutistes SAS de la France Libre à Sennecey-le-Grand en Saône et Loire. Les villes de Brest, Dunkerque et Héraklion ont donné le nom de l'une de leurs rues à Pierre Léostic.

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