Qui étaient ces marins que l’on
surnommait les « demoiselles au pompon rouge » auxquels les
Dunkerquois sont si attachés ? Il y a toujours eu des troupes embarquées
comme la Coloniale mais ces derniers n’étaient pas des marins, contrairement à
la demi-brigade de l’Amiral Ronarc’h.
A la
déclaration de guerre, il y a trop de marins pour les navires
disponibles ! Que faire de ces hommes ?
On les affecte d’abord au
maintien de l’ordre à Paris et sa banlieue. Les débuts sont difficiles car
l’intendance ne suit pas et leur chef, l’Amiral Ronarc’h, doit chaque jour
trouver de nouvelles solutions pour l’équipement, les vivres... Un sacré chef
d’ailleurs qui, atteint par la limite d’âge pour le commandement à la
mer, fait tout pour rester avec eux.
Au secours d’Albert Ier
Les
premières missions ne sont guère valorisantes. Une fois que Paris n’est plus
menacée grâce à la victoire de la Marne, ils se trouvent mêlés aux zouaves et
ne combattent toujours pas ! Paris est leur berceau, les terres de
Belgique seront leurs fonds baptismaux car les forts belges tombent les uns
après les autres.
Les Français acceptent d’envoyer des troupes au secours
d’Albert Ier. Les Fusiliers-marins sont du voyage et c’est en sept convois que
6.500 hommes et 170 officiers mariniers partent vers Gand où ils se placent
sous les ordres des Belges. Joffre refuse cependant que ces derniers, épuisés
quittent leur front et laissent Français et Anglais sur place : leur
gouvernement s’installe à l’Hôtel de ville de Dunkerque et les Fusiliers-marins
prennent position à Dixmude au côté des troupes d’Albert Ier.
Sur l’Yser.
L’Yser
devient un fleuve de sang, les attaques allemandes sont féroces et les ordres
stricts : il faut tenir jusqu’au dernier marin. La retraite est la seule
décision qui ne soit pas envisageable! Il faut sans cesse réclamer des hommes
et des officiers, car les pertes dues aux canons lourds allemands sont élevées.
Ils tiennent mais c’est un régiment exsangue qui finalement se retire dans ses
baraques du camp d’aviation de Saint-Pol et de Fort-Mardyck. L’équipement se
fait plus complet grâce aux automitrailleuses blindées qui leur donnent
plus d’autonomie.
Le repos est de courte durée. En
décembre 1914, il faut repartir en Belgique. Les marins ont à peine eu le temps
de se remettre. Au Steenstraat, c’est pire encore. La situation sanitaire des
fusiliers-marins est catastrophique car les Belges ont inondé la plaine.
La presse vante leur courage, notamment les articles d’un marin, Pierre Loti,
qui se plaint que la reconnaissance de la Nation tarde à venir : ces
hommes n’ont même pas de drapeau alors qu’ils sont de tous les
sacrifices ! Le président Poincaré remédiera en personne à cette situation
en venant le leur remettre au terrain de Saint-Pol le 11 janvier 1915 mais,
malgré les efforts de Ronarc’h, il trouve des troupes exténuées.
Qu’importe ! Leur valeur est telle qu’ils remontent vite en ligne à la fin
du mois.
L’Enfer de Nieuport.
Les marins arrivent
dans le secteur le plus embourbé et le plus exposé. Les leçons de Dixmude ont porté : on attache
un soin particulier au « confort » des hommes mais on sanctionne
durement les manquements comme l’alcoolisme...Chaque jour, ce sont les
bombardements, après Ypres, les gaz.. Poincaré vient rendre visite aux marins
en avril. Les Allemands saluent son arrivée d’un obus inerte de 77, portant un
message de bienvenue (les Prussiens savent recevoir !). Les pertes sont
toujours aussi importantes et les réserves en hommes de moins en moins
disponibles : pas assez de marins formés, plus d’officiers. Finalement, la
brigade de Ronarc’h est en voie d’extinction. Elle est dissoute en novembre
1915 après avoir perdu plus 6.500 hommes. Il n’en reste qu’un bataillon qui
garde le drapeau, formé à Malo-les-Bains mais il part immédiatement pour la
Belgique et se distingue au Moulin de Laffaux en 1917. On retrouve aussi des
fusiliers-marins aux Dardanelles, en Serbie, partout où la Marine a besoin
d’hommes madrés au feu...
Quant à Ronarc’h, après avoir
oeuvré dans le domaine de la guerre sous-marine, il est nommé au commandement
des forces navales au Nord en mai 1916 et garde un oeil sur Dunkerque qu’il
sauve de l’évacuation et de la destruction du port demandée par les Anglais en
1918, lors de la grande offensive allemande...
Et l’on s’étonnerait de la haute
estime portée ici à ces hommes et à leur chef ?
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