En
consultant le registre des délibérations de la commune de Saint-Pol-sur-Mer (59
430)
Côte
DI 13 (23 décembre 1937 – 6 septembre 1946), l’on s’aperçoit que la municipalité
de Saint-Pol-sur-Mer, dans la proche banlieue de Dunkerque, a bénéficié d’aides
substantielles lors de la période difficile de l’occupation. La ville a subi de
plein fouet le choc de l’invasion, les dégâts liés à l’opération Dynamo sont importants
car la ville voit ses infrastructures industrielles mises à mal par les bombardements,
qu’il s’agisse des tissages de jute du comptoir linier, ou la destruction
presque totale des dépôts de pétrole. Non seulement la ville est occupée mais
le travail manque puisque le port est sous administration allemande mais en
plus impraticable en raison des nombreuses épaves qui encombrent bassins et
écluses.
Le 12 décembre 1940 est promulguée au Journal officiel
la loi du 16 novembre « portant réorganisation des corps municipaux ». Dans les
communes de plus de 2 000 habitants, le Conseil municipal, le maire et les
adjoints n’étaient plus élus mais nommés. Le maire, qui n’est plus
obligatoirement choisi parmi les conseillers municipaux, et les adjoints sont
nommés par le ministre, secrétaire d’État à l’Intérieur, dans les communes de
plus de 10 000 habitants ; par le préfet dans les communes de 2001 à 10 000
habitants (articles 4 et 6). Les membres du Conseil municipal sont nommés par
le ministre, secrétaire d’État à l’Intérieur, dans les communes de plus de 50
000 habitants, sur une liste de présentation établie par le préfet, après avis
du maire nommé, liste comportant un nombre de candidats double du nombre de
sièges à pourvoir ; dans les communes de 2001 à 50 000 habitants, par le
préfet, sur une liste de présentation établie dans les mêmes conditions par le
maire nommé. Autant dire que la commune de Saint-Pol-sur-Mer,
traditionnellement marquée à gauche, Parti communiste et SFIO, est désormais
dirigée par des personnes censées être plus favorables au régime. Mais quelle
est réellement leur marge de manœuvre dans un territoire occupé mais qui plus est,
déclaré zone interdite, rattachée au commandement allemand établi au palais de Palais
de Laeken et où l’autorité française est somme toute relative.
A cela
s’ajoute le poids de l’occupation en France, pays vaincu mis en coupe réglée et
économiquement pillée. La presque totalité de la production agricole et
industrielle est envoyée en Allemagne et les échanges extérieurs réduits au strict
minimum, le peu qu’il en reste ne pouvant profiter à une région maritime dévastée.
Les bombardements alliés réguliers n’arrangent d’évidence rien.
Devant
faire appel à la solidarité nationale, les saint-polois se retrouvent avec une « marraine »
bien plus pauvre qu’elle.
des villes-marraines désignées volontaires
A l’origine, la ville
marraine de Saint-Pol devait être la ville d’Évian, devant être une nouvelle source
de revenus, (petite facétie de l’histoire, une ville d’eau subventionnait alors
la ville de l’agglomération dunkerquoise qui comptait le plus de bistros, comme
un hommage de la vertu au vice). Pourtant et contrairement à la Guadeloupe, Évian
ne peut devenir ville marraine « pour des raisons financières », ce qu’apprend
le conseil municipal à la séance du 27 septembre 1942 mais promet un don de
40.000 francs provenant des recettes de fêtes, qui est actée au conseil
municipal du 29 novembre suivant où la répartition des sommes est décidée sur
proposition du maire : Il propose de prélever sur cette subvention les
sommes à accorder aux œuvres ci-après :
- 2.000 frs à l’ouvroir «
Saint-Benoît »
- 2.000 frs à l’ouvroir «
N-D de Lourdes »
- 2.000 frs à l’ouvroir de
la cité des Cheminots
Le conseil municipal, après
avoir entendu l’exposé de M. le Maire, décide d’accorder à MM. Les directeurs
des ouvroirs précités les mêmes sommes que propose M. le maire, savoir
-
à M. L’abbé
Samsoen, directeur de l’ouvroir Saint-Benoît 2.000 frs
-
à M. l’abbé
Mouton, directeur de l’ouvroir N-D de Lourdes 2.000 frs
-
à M. l’abbé
Pels, directeur de l’ouvroir Cité des Cheminots 1.000 frs
« 29 novembre 1942 adoption
de la ville de Saint-Pol-sur-Mer
Le chef du Gouvernement
nous fait parvenir par l’intermédiaire de M. le Préfet du Nord et de M. le
Sous-Préfet de Dunkerque une lettre nous informant que la ville de la
Guadeloupe des Antilles Françaises était proposée pour adopter notre commune.
Des remerciements ont été adressés au Chef du Gouvernement en signalant
toutefois qu’il aurait été plus favorable d’être adoptée par une ville de la
Métropole comme l’ont été nos villes et communes et villes environnantes. »
Force est de constater que la
proposition n’émane même pas de la Guadeloupe elle-même. Elle a été proposée.
Or la situation de la Guadeloupe n’est guère reluisante. L’ile, sous statut
colonial, est très éloignée de la métropole, sous la botte d’un gouverneur
nommé part Vichy on ne peut plus autoritaire. L’insularité et la pauvreté ne
facilitent pas la tache des Guadeloupéens qui en sont réduits à vivre d’expédients.
Subissant un blocus sévère, aucun ravitaillement ne parvient depuis la métropole.
Rationnement et système D sont de mise et déjà le recyclage fait flores dans
une ile où les habitants sont dénués, en exploitant toutes les ressources
locales comme le manioc ou la noix de coco pour extraire de l’huile, faire
bouillir l’eau de mer pour obtenir du sel, entretenir le feu pour pallier le
manque d’allumettes. Autant dire que la Guadeloupe ne vit pas, elle survit. Inutile
de dire que les saint-polois ne peuvent espérer d’aide en nature.
Les subventions arrivent à saint-Pol-sur-mer
11 avril 1943 subvention
de la Guadeloupe
« M. Verreman termine
son rapport en annonçant à l’assemblée une heureuse nouvelle : la
subvention de 500.000 francs que la colonie de la Guadeloupe marraine de la
ville, vient d’accorder à sa filleule. Le conseil municipal lui adresse des
félicitations pour tous les efforts. »
La somme, extraordinaire pour
la situation, l’est donc encore plus compte-tenu de l’état des donateurs
désignés volontaires, néanmoins et c’est ce qui importe, c’est de voir l’utilisation
des sommes utilisées dans le cadre de la subvention. La délibération du mois de
juillet 1943 laisse déjà à penser que l’on ne se situe pas nécessairement dans
le cadre de l’aide d’urgence, du moins telle que nous l’entendrions aujourd’hui.
28 juillet 1943 subventions
« Une somme de
250 frs a été distribuée aux lauréats du concours du blason saint-polois. Il a
été distribué une somme de 150 francs au premier et 2 sommes de 50 francs aux
deux suivants.
La commission des finances
reconnaissant l’activité bienfaisante du dispensaire d’hygiène social propose
d’allouer une subvention annuelle de 2.000 francs à cet organisme qui soigne
actuellement 394 familles saint-poloises.
Une somme de 2.000 francs
également est attribuée au patronage Saint-Benoît. Notons que les sommes ainsi
accordées sont prélevées sur la subvention de la ville d’Évian.
La précieuse activité de
l’administration municipale a permis de faire attribuer à la ville
d’importantes subventions qui serviront à soulager ceux qui souffrent et ceux
qui ont payé un large tribut du fait de la guerre.
La commission nommée à
l’occasion de la réception du don de la ville d’Évian a été également chargée
de la répartition du don de la Guadeloupe.
Tout d’abord une somme
supplémentaire de 100 francs sera attribuée à chaque bénéficiaire du Bureau de
Bienfaisance pour le mois d’août. Chaque habitant privé de ressources recevra
également une somme de 100 francs. Les Saint-Polois hospitalisés ne seront pas
oubliés et à l’occasion de la ducasse communale recevront chacun 50 francs au
lieu de 30 francs
Nous avons proposé une
somme de 5.000 francs au dévoué pasteur de la paroisse ND de Lourdes M. le curé
Mouton dont le sanctuaire par deux fois bombardé a été reconstruit.
Une première subvention de
5.000 francs a également été attribuée au Sporting Club Saint-Polois, nouvelle
société sportive communale pour lui permettre l’achat de matériel et
d’équipement de première utilité.
Ayant eu une délicate
pensée à l’égard des travailleurs partis en Allemagne, la commission des Finances
a proposé une subvention de 15.000 francs pour payer la confection et l’envoi
de colis à ces travailleurs.
L’achat du terrain de
sports aura lieu dès que le prix en aura été fixé avec les représentants d’une
société immobilière propriétaire derrière la mairie dans le prolongement de la
rue Victor Hugo. »
Entre dommages de guerre et chômage
lié à la destruction des infrastructures, le bureau de Bienfaisance ne peut que
distribuer des aides qui complètent bien mal le rationnement, d’autant plus que
les prix des denrées disponibles s’est largement envolé. L’on constate d’ailleurs
que le soin apporté au colis pour les travailleurs partis travailler en Allemagne,
en jetant un voile pudique sur la cause de départ, volontaire ou forcé dans le
cadre du S.T.O. sans cependant parler des prisonniers de guerre, pourtant
nombreux, qui étaient une préoccupation majeure du conseil municipal lors de la
Grande Guerre. Malheureusement, la délibération ne permet pas de connaitre les
origines des sommes, entre Guadeloupe, Évian et État Français. Lors du même
conseil municipal, se fait plus précis.
28 juillet 1943 subvention
de la Guadeloupe
« Monsieur de maire
rappelle au conseil municipal que la Paroisse ND de Lourdes a, par deux fois
été endommagée par faits de guerre, que malgré toutes les vicissitudes son
dévoué pasteur a réussi à la remettre en état pour y célébrer ses officies et
qu’en l’occurrence, il y aurait lieu que la commune y participe d’une façon
pécuniaire.
Le conseil municipal
Après audition de l’exposé de M. le maire
Décide d’attribuer au représentant de la
paroisse ND de Lourdes une subvention de cinq milles francs en prouvant ainsi
l’aide de la commune à la restauration d’une de ses églises et dit que le
prélèvement sera fait sur la subvention accordée à la commune par la
Guadeloupe. »
La paroisse Notre-Dame de
Lourdes (disparue aujourd’hui), est une petite église construite au en 1912
dans un quartier relativement populaire. Construite après la Loi de séparation
de l’Église et de l’État, elle échappe à l’autorité municipale mais aussi à ses
subsides. La spécificité de Saint-Pol-sur-Mer
est la lutte permanente et exacerbée entre partis de gauche et droite catholique.
Il peut paraitre surprenant qu’une telle somme soit affectée mais rien d’étonnant
au regard de ce qui s’est passé au moment du suicide de Roger Salengro. A sa
mort, la rue Jeanne d’Arc avait été rebaptisée en son honneur, ce qui avait
valu une lutte âpre, les partisans de l’ancien nom ayant même demandé l’assistance
du gouvernement de Vichy. Autre facteur à prendre en compte, la personnalité de
l’abbé Mouton qui jouissait d’un réel respect puisqu’il n’hésitait pas à sortir
pour porter secours lors des bombardements. L’on ne peut cependant que se poser
des questions sur la destination des subsides alloués par la Guadeloupe.
des utilisations de plus en plus diverses et variées...
La délibération suivante
semble plus légitime si ce n’est au regard du droit, au moins de la morale, et
se place beaucoup plus dans le cadre de l’aide d’urgence. On constatera encore
une fois que les Prisonniers de guerre ne sont pas mentionnés :
28 juillet 1943 Comité
d’assistance aux travailleurs français en Allemagne
« M. le maire avise
le conseil municipal qu’un comité d’assistance aux travailleurs français en
Allemagne a été constitué à Dunkerque et que ce comité a sollicité une
subvention des municipalités des municipalités de l’agglomération.
Il demande aux conseillers
de bien vouloir voter une subvention à cet organisme qui peut être considéré
comme le seul habilité à s’occuper de l’envoi de ces colis.
Le conseil municipal
Après avoir entendu
l’exposé de M. le maire
Décide de voter une
subvention de quinze mille francs à prélever sur le don de la Guadeloupe et qui
sera versé aux organismes au fur et à mesure de leurs besoins. »
... et qui profitent à d'autres
Cependant les sommes allouées
ne profitent pas aux seuls saint-polois, l’État Français demande même aux
communes sinistrées de porter la main à la poche :
28 novembre 1943 subvention
au secours national
« M. le maire donne
lecture au conseil municipal d’une lettre émanant du Secours National
sollicitant l’aide de la commune pour la campagne d’hiver.
Le
conseil municipal
Après avoir ouï la lettre
précitée
Vote une subvention de
deux mille cinq cents francs en faveur du Secours National laquelle subvention
sera prélevée sur celle de la Guadeloupe portée au budget additionnel 1943. »
La décision n’est pas anodine
et certainement pas innocente. En effet, le Secours National n’est pas une création
du régime de Vichy. Le Secours National a été créé le 4 aout 1914 par Albert
Khan pour apporter de l’aide aux militaires mais aussi aux civils en renfort
des services sociaux. L’une de ses premières actions dut la collecte de vêtements
chauds pour les soldats dans les tranchées. Reconnue d’utilité publique en
1915, elle est mise en sommeil pour être réactivée en octobre 1939 et en
octobre 1940, elle est placée sous la haute autorité du Maréchal Pétain et échappe
ainsi au contrôle des préfets régionaux. Mais plus qu’une œuvre caritative,
elle devient un des rouages essentiels de la propagande de l’État Français et
un instrument important de la politique de collaboration. Nul doute que
répondre aux appels aux dons est une décision qu’il faille considérer :
besoin de s’attirer les bonnes grâces du pouvoir ? engagement politique ?
volontariat obligé ?
Loin
encore une fois des imputations aux aides d’urgence, l’utilisation des fonds de
la Guadeloupe se fait pour des travaux d’infrastructures, finalement non
essentiels. En effet, la délibération du 24 décembre 1943 indique l’achat du château
Vancauwenberghe. La vaste demeure libre d’occupation appartenait à l’ancien
maire de la ville, à l’origine de nombreuses œuvres sociales comme « la
goutte de lait », prévention infantile avant l’heure et surtout fondateur
du sanatorium, déplacé depuis à Zuydcoote.
quand il n'est plus question de secours d'urgence
24 décembre 1943 château
Vancauwenberghe – subvention de la Guadeloupe
« M. le
maire expose au conseil municipal qu’une subvention de 500.000 francs a été
allouée par la Guadeloupe à la commune de Saint-Pol-sur-Mer. Il demande au
conseil municipal l’autorisation de prélever une somme de 100.000 francs sur
cette subvention pour payer en partie l’achat de la propriété destinée à
l’installation d’une colonie de vacances. Il fait remarquer qu’il serait
désirable de faire connaître le geste de la Guadeloupe vis à vis de la ville de
Saint-Pol-sur-Mer aux générations futures et que ce prélèvement de 100.000
francs serait une façon de marquer cette générosité.
Le conseil municipal après avoir entendu l’exposé de M. le
maire
Décide de prélever sur le solde disponible de la subvention
de la Guadeloupe la somme de 100.000 francs qui servira à payer en partie la
propriété Vancauwenberghe. ».
Occupée par les Allemands, la
municipalité ne verra jamais aboutir le projet lancé au conseil municipal du 12
avril 1942, voté à 12 voix contre six. Au conseil municipal du 27 septembre 1942,
suite à la proposition d’achat de la propriété Vancauwenberghe, la Préfecture a
réclamé une nouvelle demande avec plans à l’appui, contenant proposition
d’aménagement de terrains de jeux, de sports, pistes, etc., afin de pouvoir
solliciter une subvention à l’État, laquelle peut être de 50% du prix d’achat.
M. Lembrouck, architecte, a dressé ces nouveaux plans. La création d’une colonie
de vacances semble alors en bonne voie, mais reste néanmoins grevée par le problème
du financement dans une commune sinistrée et sans ressources autres que l’imposition,
la subvention guadeloupéenne octroyée en avril 1943 débloque alors la
situation.
Avant l’octroi de la subvention de la Guadeloupe, un montage
financier avait été voté le 29 novembre 1942. « Le château, une maison de concierge, une
maison de jardinier et un pavillon ainsi que 3 ha 73 ares, 15 ca de terres dont
le montant s’élève à 700.000 frs en vue de la création d’un terrain de sports
et d’une colonie de vacances et qu’il importe de couvrir cette dépense par un
emprunt à contracter près d’une société prêteuse de fonds.
Il
ajoute que la Caisse Autonome des Retraites de la Mutualité du Nord consent à
prêter les 700.00 frs nécessaires à l’achat de cette propriété au taux de 4,25%
net l’an, réserve faite que la commune de St-Pol-s/Mer pourra rembourser à la
Mutualité du Nord le montant de la subvention susceptible d’être allouée par l’État.
Le conseil municipal, Ouï
l’exposé du maire, Vote un emprunt de 700.000 frs remboursables en 30 ans à
partir du 1er janvier 1943, le taux d’intérêt est fixé à 4,25% net l’an et fait
ressortir l’annuité d’amortissement à frs 41.503,26. Voté et affecté au
remboursement du prêt, une imposition extraordinaire de 41 centimes
additionnels qui sera mise au recouvrement pendant 30 ans à partir du 1er
janvier 1943. »
La
subvention de la Guadeloupe ne résout cependant pas tous les problèmes. Le conseil
du 10 juin 1943 donne les indications suivantes : « M. Verreman,
adjoint, donne lecture de la lettre du Préfet du Nord nous avisant que la
sous-commission de la Reconstruction avait donné son avis favorable à l’achat
du château Vancauwenberghe et qu’il fallait et qu’il fallait recommencer à
nouveau toutes les pièces établies en 1941.
En conséquence, il
demande au conseil municipal de prendre une nouvelle délibération au sujet de
l’emprunt à contracter.
Le dossier d’achat doit
maintenant être établi sous une autre forme et comprendre
1° l’achat de la propriété soit 700.000
2° l’aménagement de la colonie de
vacances 638.000
3° l’aménagement des terrains de
sports 122.181
________________
ce
qui donne une dépense totale à envisager de
1.510.181 frs
De ce fait, nous devons
prévoir un emprunt de 1.500.000 francs au lieu de 700.000 francs voté lors de
la réunion du 29 novembre 1942.
Pour cet achat, nous
pouvons obtenir
1° la subvention pour le
terrain-centre scolaire pouvant varier de 60 à 80%
2° la subvention pour l’installation
terrain de sport de moins de 50 à 70%
3° la subvention de l’État pour
l’acquisition de l’immeuble en vue d’aménagement d’une colonie de vacances
pouvant atteindre 50% du prix d’achat de la propriété.
M. Verreman expose ce
qui suit.
Si nous prenons une
moyenne de subvention de 50% sur les frais locaux, nous obtenons environ
750.000 francs donc pour la somme dépensée de 750.000 francs nous aurons la
propriété Vancauwenberghe, l’aménagement d’une colonie scolaire et d’un terrain
de sport, en somme pour la ville, il n’y aurait aucune dépense supplémentaire
puisque nous avons prévu une sortie de fonds de 700.000 francs pour l’achat du
château.
À toutes fins utiles,
nous pouvons contracter cet emprunt et prélever les fonds qu’au fur et à mesure
des besoins, car nous devons envisager qu’actuellement avec l’occupation de
cette propriété par les troupes occupantes, il ne nous sera pas possible
d’envisager les travaux nécessaires pour l’aménagement de la colonie et du
terrain de sports. D’autre part, dès réception des subventions, l’argent sera
immédiatement reversé à valoir sur le total de l’emprunt contracté.
La commission des
finances dans sa réunion du 6 juin courant a donné son accord,
Le conseil municipal,
après avoir entendu l’exposé de M. Verreman, adjoint aux finances
Adopte de souscrire à
cet emprunt ».
La guerre
pris fin sans que ce projet soit mené à son terme. Occupé par les Allemands, malgré
les ventes immobilières, les dégâts par faits de guerre comme l’abattage des
arbres par les occupants, l’état général de la bâtisse ne permirent pas la poursuite
des travaux. Jugé insalubre, la propriété fut rasée et laissa place au lycée technique
Guynemer (qui ne conserva qu’un des murs de clôture et une porte de service de
la propriété). Alors que la colonie devait rendre hommage à l’aide des Guadeloupéens,
le souvenir de cette action fut perdue car même le nom de l’établissement fut
choisi pour honorer l’as de la chasse qui avait passé ses derniers mois dans la
ville.
et après la guerre ?
L’après-guerre
est marquée non plus par les combats mais la suite des privations, le
rationnement perdurant même pour certains produits jusqu’au milieu des années
50. Ainsi au conseil du 23 janvier 1946, sous la rubrique « initiatives
des conseillers », « M.
Bollengier demande d’élever une protestation contre le refus opposé par le
service du Ravitaillement Général à la demande de déblocage des 5 tonnes de
sucre offertes à notre commune par sa marraine la Guadeloupe.
Le maire
répond que cette proposition est anticipée car le refus n’aurait été signalé
que par téléphone à notre transitaire au cours d’une simple conversation.
Ladite
proposition sera faite si l’administration du Ravitaillement Général que nous
avons saisie de notre demande officielle de déblocage refuse d’accéder à notre
pétition. »
La subvention,
loin d’être épuisée, sert encore au saint-polois après-guerre puisque lors du
conseil du 6 septembre 1946, à propos du chauffoir public « M. le maire
expose que, pour assurer la continuité du fonctionnement du chauffoir public
ouvert aux vieillards en vue de pallier les rigueurs de l’hiver, il y aurait
lieu de voter un crédit pour assumer les dépenses qui incombent entièrement à
notre commune.
Il propose
de prélever un crédit sur le reliquat de la subvention de « La
Guadeloupe » soit quatre cent douze mille cinq cents francs (412.500 frs)
figurant au compte administratif de 1945 à reporter au budget additionnel de 1946.
Le conseil
municipal, après avoir entendu l’exposé ci-dessus, décide de prélever sur le reliquat
dont il s’agit un crédit provisionnel de ceux cent mille francs (200.000 frs)
1° pour
assurer le fonctionnement du chauffoir des vieillards pendant l’hiver 1946-1947
2° pour la
préparation de casse-croûtes et d’un repas de Noël à servir aux vieillards de
la commune »
Ainsi donc,
connaissant les difficultés saint-poloises, mais plus encore celles de la
Guadeloupe, la subvention de 500.000 francs, somme considérable pour l’époque,
et plus encore au regard des conditions de vie des Guadeloupéens, il est permis
de s’étonner de l’amnésie de cette commune. Nulle plaque, nulle rue en portant
le souvenir vient en rappeler le souvenir même 76 ans après les faits.
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