Vaucauwenberghe, en quelques mots, a tout dit de Trystram.
Né
à Ghyvelde en 1821, le milieu dont il est issu n’est guère aisé : il est
le fils d’un modeste douanier ; quant à sa mère, elle ne sait ni lire ni
écrire. Comme beaucoup d’enfants, il quitte l’école à 10 ans pour entrer comme
apprenti chez un tailleur, puis il est employé dans une sucrerie du jeu de
Mail.
A12 ans, il se fait embaucher par la maison de commission Baudin où il
s’intéresse au négoce. Sur le conseil du directeur des douanes, il s’oriente
vers le commerce et s’établit comme courtier en assurances pour les remplacements
militaires.
La loi permet de se faire remplacer si l’on tire un mauvais numéro
pour aller faire son service… C’est que le conscrit doit servir 7 ans sous les
drapeaux ! Système injuste qui privilégie les plus riches ! Plus
tard, ses adversaires politiques ne manquèrent jamais de le qualifier de
« marchand d’hommes », surtout lors des campagnes électorales !
Il
poursuit ses études seul et se marie en 1843 avec une jeune modiste
coudekerquoise. De ce mariage naissent cinq enfants dont l’un, Jean, lui
succède plus tard en politique. Le sens du commerce est inné chez lui. Les
assurances, même en les diversifiant, ne lui suffisent pas. Il se lance dans le
négoce et l’export agricoles où il amasse assez d’argent pour le réinvestir
dans le commerce du bois puis dans le raffinage du pétrole. Voilà un homme qui
compte à Dunkerque ! Lorsque qu’éclate la Révolution de 1848, le jeune
homme de 27 ans jouit d’une situation prospère et d’une réelle popularité.
Les combats politiques
A partir de 1848, il commence une nouvelle carrière, dans la
politique cette fois, avec le Parti républicain. La révolution et la naissance
de la Deuxième République suscitent de nombreux espoirs. Ses relations lui
mettent le pied à l’étrier. Il reçoit le soutien de la Franc-maçonnerie, à
laquelle il appartient.
Le coup d’état de 1851 et le Second Empire l’excluent
de la vie politique… Proscrit par le régime, il se jette à corps perdu dans le
travail. Avec son associé Louis Crugeot, il fonde une maison d’importation de
bois de Scandinavie dotée d’une scierie mécanique en 1856. Elle devient vite la
première de France !
Les associés récidivent avec la création d’une raffinerie
d’huiles de pétrole mais celle-ci brûle en 1860 et en 1887, ravageant la
scierie. Il préfère alors céder le pétrole aux Lesieur. Il s’adonne un temps au
commerce des fontes et des fers et s’aperçoit alors de la faiblesse du port. Républicain
convaincu, il est nommé sous-préfet de
Dunkerque en 1870.
Une charge qu’il accepte parce que la France est en
danger : l’Empire vacille contre les Prussiens ! Il puise même dans ses propres
deniers pour contribuer à la défense de la ville ! Cependant, il démissionne
rapidement pour se présenter aux élections législatives mais la France n’est
pas encore républicaine…
Battu, il persévère : les mandats se succèdent au
Conseil Général où il siège de 1871 à 1905 et dont il assure plusieurs fois la
vice-présidence. Le chemin de fer, arrivé à Dunkerque en 1848, met en évidence
les carences portuaires. Les travaux prévus avancent lentement et de vastes
espaces sont réservés aux fortifications. Trystram convainc le ministre des
Travaux publics lors de l’inauguration de l’écluse ouest de la nécessité de
l’agrandissement !
A la Chambre !
Il a beau œuvrer au développement du port dunkerquois en
assurant aussi la présidence de la Chambre de Commerce et d’Industrie, il
pressent que son action ne sera efficace que sous les ors de la République…
Il
entre en 1876 à la Chambre des députés mais suite à la crise du 16 mai 1877, la
chambre est dissoute. La campagne électorale de 1877 est un échec mais
l’élection est invalidée et il retrouve son siège au Palais Bourbon l’année
suivante et parvient à intéresser Freycinet, le ministre des Travaux Publics en
place, qui fait de Dunkerque une question nationale : il faut rendre le
port capable de concurrencer Anvers !
Obtenant les travaux espérés, il n’a
de cesse de réclamer toujours plus, pour renforcer le port. Par expérience,
peut-être aussi par goût, ses travaux parlementaires privilégient les domaines
commerciaux et maritimes. Inlassable travailleur, il est réélu en 1881. Battu
en 1885, il revient en 1886 à l’occasion d’une élection partielle mais en 1889,
il est battu par Lalou, un candidat boulangiste…
Elu sénateur en 1892 à la mort de l’amiral
Peyron, il garde son siège 20 ans… Malade,
il quitte la vie publique en 1905 et se retire chez lui, au 25 de la rue de
l’abreuvoir. Veuf depuis 1896, il y vit en compagnie de sa fille Albertine et
décède l’année suivante. Grâce à lui, Dunkerque devient le troisième port
français, passant de 800.000 tonnes en 1870 à 3,5 millions en 1906. Dunkerque a
perdu un de ses plus ardents supporters…
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