Cornil Saus voit le jour en 1659 dans une ville de Dunkerque
soumise aux Anglais, conformément aux accords passés avant la bataille des
Dunes du 14 juin 1658. Qu’importe, il ne reste pas longtemps sous la férule de
la perfide Albion, Louis XIV rachète la ville en 1662… et en fait une cité
dévouée corps et âme à la couronne de France.
Des promotions rapides
En mai 1689, Cornil obtient son premier commandement en
guerre. Les débuts doivent être épiques car la Sottise n’est qu’une chaloupe de
huit tonneaux. Cela n’effraie que ceux qui connaissent la hargne dunkerquoise à
s’attaquer souvent à plus gros qu’eux. Qu’importe l’esquif, il montre vite sa
bravoure.
En 1692, le voilà nommé commandant du Dauphin. Un navire qui ne jauge
que 50 tonneaux mais avec lequel il accompagne Jean Bart dans sa campagne en
Baltique. Bien lui en prend, il ne ramène pas moins de 100.000 livres de
prises. Cornil n’hésite pas à affronter le feu ennemi : en 1693, il est
grièvement blessé lors d’un combat contre une frégate anglaise de 21 canons. Sa
conduite bénéficie d’une telle renommée que Louis XIV lui-même lui envoie une
médaille en récompense de sa bravoure.
Comme tous les Corsaires dunkerquois, il
profite des rares périodes de paix pour naviguer au commerce. La guerre,
finalement, n’est qu’une activité parmi d’autres et nos marins et capitaines
doivent bien travailler quand les canons se taisent.
L’année 1703 est éprouvante. Il croise dans le Pas-de-Calais
sur le Soleil. Voilà un vaisseau digne de son commandement : 120 tonneaux,
18 canons et 140 hommes… mais le 2 octobre, il affronte une frégate anglaise.
On imagine difficilement le choc de ces batailles, entre la mitraille et les
boulets, les balles de mousquets, la fumée, le sang… et le choc des
abordages ! Au cours du combat, une balle lui transperce la joue mais il
tient bon et continue de se battre au côté de ses marins.
Remarqué par le Roi
Le marin jouit d’une bonne, d’une excellente réputation même.
En 1706, Louis XIV lui fait envoyer une épée, distinction sans égale alors, si
ce n’est l’anoblissement… 1709 est, elle, une année encore marquée par la
guerre de course. Il profite pour faire de nombreuses prises dans la Manche
grâce l’Auguste, fort de 56 canons.
La même année, il reçoit le grade de
Capitaine de frégate légère. Deux ans plus tard, il est fait Capitaine de Vaisseau. Avec le
nouveau grade viennent de nouvelles responsabilités. On place sous ses ordres
une escadre de six navires, rassemblant une puissance de feu de 274 canons et
2.290 hommes. Avec eux, il fait des ravages dans l’Atlantique. La vie à bord
est dure, dangereuse et finalement brève.
En 1712, il rentre au port très
malade et affaibli. Veuf, qui peut l’attendre ? Il donne ses biens à
l’Hôpital et s’y retire. Il finit même par en prendre la direction. La
retraite ? Quelle retraite ? Rester
à terre, il n’en continue pas moins de participer à la vie de sa cité où il
rend le dernier soupir le 23 janvier 1738 puis est mis en terre dans l’église
Saint-Eloi… Le Ministre Pontchartrain en fit un éloge simple mais
terrible : « Flamand sans aucun extérieur mais qui excelle en deux
choses : qu’il n’aime pas la rade et qu’il n’est pas pillard »…
Merci pour cette publication d'un lointain ancêtre... représenté sur un tableau de Mathieu Elias : "Les Administrateurs de l’hôpital de Dunkerque" signé Jean-Michel Saus
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