Hondschoote, à l’ombre de la Wytte Tor et des ailes de ses
moulins, garde le souvenir de son passé industrieux, du bruit de la bataille
révolutionnaire, des interventions de Lamartine et du souvenir studieux d’Emile
Coornaert.
Treizième enfant d’une famille d’ouvriers agricoles, il voit
le jour à Hondschoote en 1886. Studieux, il décroche le baccalauréat mais la
mort de son père l’oblige à se partager entre les bancs de la Faculté et la vie
active. En 1906, licencié en lettres, il devient journaliste et poursuit ses
études à Lille puis en Sorbonne. Bien que dispensé de service militaire, il
s’engage en 1915. Démobilisé en 1919, il passe l’agrégation d’Histoire l’année
suivante et enseigne à Alençon, Nancy et au Lycée Condorcet à Paris. Il se
marie en 1920 mais en travailleur insatiable, il est Docteur est Lettres en
1930 et obtient le poste de Directeur d’Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes
Etudes, à la place de Marc Bloch, le fondateur de l’Ecole des Annales, une nouvelle
façon d’étudier l’histoire qui prend plus en compte les groupes humains que les
personnages… Sa carrière prend un
nouveau tour en 1934-1935 car il est nommé à la chaire d’Histoire de
l’Université de Sao Paulo au Brésil.
Les honneurs parisiens
En 1936, Emile Coornaert est le nouveau titulaire de la
chaire d’Histoire du travail au collège de France où certains le
méjugent : selon Maurice Halbwachs, il serait « un médiocre » au
« fort accent belge »… Cela ne l’empêche en rien de travailler sur la
sayetterie Hondschootoise et l’industrie de la laine à Bergues du XIVe au XVIIe
siècle pour deux thèses et d’étudier les corporations avant 1789.
La guerre bouleverse les existences des Français. En 1941,
il rejoint le réseau de Résistance créé
par Henri de Montfort, le directeur des Services de l’Institut de France. Leur
journal clandestin « La France continue » est des plus virulents.
Avec « Université Libre » et « Témoignage chrétien », c’est
un des rares journaux à dénoncer la situation des Juifs. Ce journal change de
nom en juin 1945 en devenant « Ici Paris »…
Après-guerre, il relance le Syndicat Général de l’Education
Nationale, le SGEN, affilié à la CFTC et en est élu président en 1944. Pour
lui, le syndicalisme sert à transformer la société, sans haine ni violence mais
il finit par démissionner de son poste suite au rejet d’une de ses
motions ?
Historien acharné
La recherche est le cœur du métier d’historien. Travailleur
acharné, il continue de publier ses travaux. En 1958, juste récompense pour
celui qui a défriché les études sur le monde du travail, il est élu membre de
l’Institut. L’enfant d’Hondschoote porte désormais l’habit vert des
Académiciens et est nommé au Comité des Travaux Historiques et Scientifiques,
un siège qu’il occupe de 1969 à son décès en février 1980. Il expire à Paris
mais est alors inhumé dans son village d’Allarmont dans les Vosges. Décoré pour
ses actes durant la Grande Guerre puis dans la résistance, officier de la
Légion d’Honneur, il est devenu un immortel par son entrée sous la Coupole et
pour les enfants d’Hondschoote dont les écoles publiques portent le nom.
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