Il trône avec les autres grandes figures de l’histoire
dunkerquoise sur la façade de l’Hôtel de Ville. En armure, arborant fièrement
le Lion de Flandre, il fut pour un seigneur aussi important que sa fille
Yolande de Bar…
Un apanage confortable
Fils du comte Robert de Béthune, sa destinée est intimement
liée à Dunkerque. Obligé de renoncer au Comté de Flandre pour son frère aîné
Louis de Nevers en 1318, il reçoit un confortable apanage : la Flandre
maritime entre Dunkerque et Cassel, Armentières et Warneton, pour le dédommager d’avoir été exclu de la
succession et, accessoirement de procurer assez de revenus pour ne rien
contester le moment venu.
Il aurait fait construire le château protégeant la ville, et
dote le port d’un quai digne de ce nom, là où n’était qu’une crique de sable.
La ville gagne en importance et prospère. Il faut la doter d’institutions plus
en rapport avec sa situation.
Robert réorganise l’échevinage de la ville :
le conseil comprend 22 membres dont le bourgmestre, les échevins et des
conseillers qui non seulement gèrent la ville mais rendent aussi la justice
pour les crimes et délits survenus sur son territoire. Encore faut il aussi être
en mesure de défendre la ville. Il créé les trois guildes ou serments chargés
de sa protection : les archers sous le patronage de Saint-Sébastien, les
arbalétriers sous l’égide de Saint-Georges et les arquebusiers sous le
patronage de Sainte-Barbe.
Contre les Flamands prompts à s’enrager
Après son mariage avec Jeanne de Bretagne en 1324, il est
confronté l’année suivante aux soubresauts des révoltes flamandes. Les villes
de Flandre vivent dans le souvenir de l’éclatante victoire du 11 juillet 1302 à
Courtrai, où lors de la bataille des Eperons d’or, les milices flamandes ont
fauché la fine fleur de la chevalerie française !
Les Flamands sont en
colère contre un Roi de France qui veut limiter leurs franchises et privilèges,
dont les chevaliers maintiennent les droits féodaux et qui lèvent des impôts
sans cesse plus lourds. Les insurgés en veulent particulièrement au Comte Louis
de Nevers. Si Robert de Cassel semble avoir soutenu les révoltés au début du
mouvement, il se range aux côtés du Roi, à qui il renouvelle son serment de
fidélité. Les révoltés entrent dans Dunkerque, démolissent le château et
saccagent la ville.
Or le Comte Louis de Nevers a sollicité plusieurs fois
l’aide du Roi. Profitant du Sacre à Reims, Philippe VI de Valois convoque l’Ost
royal à Arras pour juillet 1328. L’armée se met en marche dès l’arrivée de
l’oriflamme de Saint-Denis.
Pour forcer les Flamands à se battre en rase
campagne, où la chevalerie peut donner le meilleur d’elle-même, il ravage la
Flandre jusqu’aux portes de Bruges. Le gros de son armée marche sur Cassel. Retranchés
dans la ville, les insurgés l’attendent. Ils ne peuvent qu’observer les noires
fumées des incendies obscurcir le ciel.
Philippe VI arrive à la tête de 29
bannières, le comte d’Artois en aligne 22. Philippe de Valois se souvient du
désastre de Courtrai et n’engage pas ses chevaliers à la légère. Ces derniers
méprisent les Flamands de basse extraction, tout juste bons à rosser. Ils ôtent
leurs armures et prennent leurs aises.
Les Flamands, décidément peu respectueux
des usages de la guerre, attaquent à l’improviste et surprennent la piétaille
qui fait… la sieste et qui ne peut que fuir ! On la retrouve le
lendemain groupée aux alentours de Saint-Omer. L’alerte court dans le camp. Le
roi, en robe bleue brodée des fleurs de Lys, coiffé d’un simple chapeau de
cuir, rameute sa cavalerie et prend la tête de l’attaque au cri de « Qui
m’aime me suive » !
Les insurgés se rangent en cercle, ne peuvent
plus se replier. Trop près, les archers ne sont pas efficaces ! Le Comte de
Hainaut mène avec ses hommes une charge tournante, faisant voler les têtes par
le tranchant de leurs épées. Aucun insurgé ne survit. Les chevaliers français
ne s’en tiennent pas là : ils incendient Cassel. Ypres et Bruges se
soumettent et Louis de Nevers reprend son autorité en réprimant à tour de bras.
Quant à Robert de Cassel, fidèle au Roi, il impose de lourdes contributions aux
Dunkerquois, confisque les biens des rebelles, indemnise ses fidèles. Finalement
en 1329, il rend à Dunkerque ses coutumes et ses lois puis s’éteint à Warneton
en 1331. Son fils hérite de l’apanage mais en jouit peu de temps car il décède
lui aussi quelques mois après lui et c’est tout naturellement (en Flandre) que
sa sœur, une certaine Yolande, future comtesse de Bar, prend la succession…
Elle n’en fera pas moins reconstruire le château en 1336.
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