samedi 26 octobre 2019

Mamès Cosseron de Villenoisy, l’honneur de l’Armée Française


Oublié à Dunkerque où il est né en décembre 1821, ce polytechnicien fait carrière dans le Génie. Il participe aux guerres d’Algérie, au moment où la France s’intéresse aux colonies d’Afrique du Nord, on le retrouve sous les murs de Sébastopol qu’il assiège en 1854. La guerre de Crimée est une guerre lointaine et difficile. 
 
La carrière sur les champs de bataille n’est plus à l’ordre du jour pour lui quand survient la guerre franco-prussienne. Professeur de fortifications à l’Ecole d’officiers de Metz, il est enfermé dans la ville avec l’armée du Maréchal Bazaine. Le Second Empire brûle ses derniers feux.
  

Le refus de la défaite
 
            Pour lui, hors de question d’être prisonnier. Bazaine se rend quelques jours après l’Empereur qui a ouvert Sedan à l’ennemi, offrant 180.000 prisonniers aux Prussiens. Mamès Cosseron de Villenoisy s’évade à pieds, déguisé en civil et rallie le Luxembourg puis Bruxelles. 
 
Très actif, il publie quatre articles anonymes dans le journal « L’Indépendance Belge ». Le jeune état, né en 1830, a échappé à l’invasion prussienne et accueille les transfuges français de tous ordres. Ses quatre articles sont publiés dans un ouvrage justement titré « La capitulation de Metz devant l’histoire », il ne peut supporter que le trop fameux Bazaine puisse s’en tirer à si bon compte pour avoir livré à la fois une ville fortifiée de premier ordre et son armée toute entière. Il poursuit néanmoins la guerre jusqu’à la capitulation définitive de la France. 
 
L’Homme est entier. Les responsables de la défaite restent impunis, la France est en majeure partie occupée, les cosaques campent sur les Champs-Elysées (et imposent le mot « bistro » dans les cafés et autres estaminets), les Prussiens exigent des indemnités d’occupation exorbitantes à une France exsangue… mais les chefs militaires coupables de trahison restent impunis. 
 
Il émet une vive protestation à l’Assemblée Nationale. Le coup politique est rude et lui vaut de durables rancœurs mais l’objectif est atteint : le procès de Bazaine s’ouvre en 1873. Le Maréchal est d’abord condamné à mort avec dégradation militaire mais sa peine est commuée en 20 ans de détention par le Maréchal-président Mac-Mahon qui, lui avait été battu à Sedan. Incarcéré à l’île sainte-Marguerite, face à Cannes, il s’évade en 1874 et s’enfuit en Espagne pour y mourir d’une congestion cérébrale en 1888.

Un confrère de Séré de Rivières
 
En 1873, Mamès Cosseron de Villenoisy est chef du Génie à Grenoble, il entreprend la fortification de la ville en la dotant d’une nouvelle enceinte,  plus vaste, plus forte. La tâche est ardue car l’on sait l’importance qu’a prise en Europe le nouveau géant qu’est l’Allemagne, surtout depuis la proclamation du IIe Reich dans la Galerie des Glaces de Versailles le 18 janvier 1871. 
 
En 1881, il prend enfin sa retraite avec le grade de Général de Brigade. Malgré des drames familiaux (une de ses sœurs décède dans l’incendie du Bazar de la Charité le 4 mai 1887), la retraite reste active, en rédigeant des articles et des livres, notamment sur la fortification.  Au terme d’une carrière remplie loin des rivages dunkerquois, il décède à Paris le 1er février 1903…

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