Oublié à Dunkerque où il est né en décembre 1821, ce
polytechnicien fait carrière dans le Génie. Il participe aux guerres d’Algérie,
au moment où la France s’intéresse aux colonies d’Afrique du Nord, on le
retrouve sous les murs de Sébastopol qu’il assiège en 1854. La guerre de Crimée
est une guerre lointaine et difficile.
La carrière sur les champs de bataille n’est plus à l’ordre
du jour pour lui quand survient la guerre franco-prussienne. Professeur de
fortifications à l’Ecole d’officiers de Metz, il est enfermé dans la ville avec
l’armée du Maréchal Bazaine. Le Second Empire brûle ses derniers feux.
Le refus de la défaite
Pour lui,
hors de question d’être prisonnier. Bazaine se rend quelques jours après
l’Empereur qui a ouvert Sedan à l’ennemi, offrant 180.000 prisonniers aux
Prussiens. Mamès Cosseron de Villenoisy s’évade à pieds, déguisé en civil et
rallie le Luxembourg puis Bruxelles.
Très actif, il publie quatre articles
anonymes dans le journal « L’Indépendance Belge ». Le jeune état, né
en 1830, a échappé à l’invasion prussienne et accueille les transfuges français
de tous ordres. Ses quatre articles sont publiés dans un ouvrage justement
titré « La capitulation de Metz devant l’histoire », il ne peut
supporter que le trop fameux Bazaine puisse s’en tirer à si bon compte pour
avoir livré à la fois une ville fortifiée de premier ordre et son armée toute
entière. Il poursuit néanmoins la guerre jusqu’à la capitulation définitive de la
France.
L’Homme est entier. Les responsables de la défaite restent impunis, la
France est en majeure partie occupée, les cosaques campent sur les
Champs-Elysées (et imposent le mot « bistro » dans les cafés et
autres estaminets), les Prussiens exigent des indemnités d’occupation exorbitantes
à une France exsangue… mais les chefs militaires coupables de trahison restent
impunis.
Il émet une vive protestation à l’Assemblée Nationale. Le coup
politique est rude et lui vaut de durables rancœurs mais l’objectif est atteint :
le procès de Bazaine s’ouvre en 1873. Le Maréchal est d’abord condamné à mort
avec dégradation militaire mais sa peine est commuée en 20 ans de détention par
le Maréchal-président Mac-Mahon qui, lui avait été battu à Sedan. Incarcéré à
l’île sainte-Marguerite, face à Cannes, il s’évade en 1874 et s’enfuit en
Espagne pour y mourir d’une congestion cérébrale en 1888.
Un confrère de Séré de Rivières
En 1873, Mamès Cosseron de Villenoisy est chef du Génie à
Grenoble, il entreprend la fortification de la ville en la dotant d’une
nouvelle enceinte, plus vaste, plus
forte. La tâche est ardue car l’on sait l’importance qu’a prise en Europe le
nouveau géant qu’est l’Allemagne, surtout depuis la proclamation du IIe Reich
dans la Galerie des Glaces de Versailles le 18 janvier 1871.
En 1881, il prend
enfin sa retraite avec le grade de Général de Brigade. Malgré des drames
familiaux (une de ses sœurs décède dans l’incendie du Bazar de la Charité le 4
mai 1887), la retraite reste active, en rédigeant des articles et des livres,
notamment sur la fortification. Au terme
d’une carrière remplie loin des rivages dunkerquois, il décède à Paris le 1er
février 1903…
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