le
110e RI dans la Grande Guerre
Officiellement créé en 1870, le 110e
Régiment de Ligne prend part à la guerre contre la Prusse où il soutient
notamment le siège de Paris puis participe à la répression de la Commune.
Finalement, il s’installe à Dunkerque en 1873, garnison qu’il quitte
momentanément pour se distinguer particulièrement lors de la Première guerre
mondiale avant de partir définitivement en 1939. Son régiment de réserve, le
310, reste moins connu.
Sous l’ovation des Dunkerquois
Mobilisé dès les premiers jours de la guerre, ses 58
officiers et 3.366 soldats embarquent dans les trains sous les vivats de la
foule pour rallier Hirson le vendredi 7 août 1914. Trois jours plus tard, ils
partent vers Revin et la Belgique mais l’offensive allemande est une
déferlante : Il faut se replier sur
la Seine à tout prix. Un sursaut le conduit sur l’Aisne puis la Marne où le 110
contribue à la victoire de la Première bataille de la Marne. Paris est
sauvée !
En mars 1915, à Laval-Wargnoulin, sur la côte 196,
ses hommes prennent une position qui devient « le fortin du 110 ». Le
régiment jouit déjà d’une excellente réputation. Sa route le mène vers les
batailles les plus dures : en avril, il prend position devant Verdun puis
part rapidement relever le 8e Régiment de Ligne aux Eparges. Il n’y
passe pas inaperçu : le président Poincaré épingle la Croix de guerre sur
son drapeau le 28 juin 1915. Apprenant ses faits d’armes, un conseiller municipal
ne peut s’empêcher de surnommer ces soldats « les Jean Bart des
Tranchées », curieuse filiation pour des biffins !
Les années terribles
Février 1916 : retour à Verdun, face au fort de
Douaumont sous des bombardements permanents. Il subit le froid « sibérien »
qui fait autant de ravages que les soldats allemands qui rampent jusqu’à ses
lignes pour y jeter des grenades.
Quelques mois plus tard, c’est la Somme où il enlève notamment le
secteur fortifié de Combles avec le 73e R.I. et le London Regiment.
Il n'y capture pas moins de 500 Allemands. Ces hauts faits lui confèrent le
port de la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire, la plus haute
distinction militaire française.
Les hommes connaissent enfin le repos à Provins au
printemps 1917 pour être renvoyé à Dunkerque et Bergues. Occasion est donnée de
revoir proches et familles. Si le 2e bataillon est mis à disposition
du Gouverneur Militaire de la Place, le 1er bataillon est quant à
lui envoyé en Belgique dès juillet: direction Westvleteren et Combreke.
L’Enfer des Flandres l’attend : le 110 subit chaque jour obus et attaques
aériennes mais surtout les nuages vert-brun d’Ypérite. Le mois d’août est
effroyable : le régiment participe à l’attaque des blockhaus des rives de
l’Yser belge. En octobre, ses hommes enlèvent aux Allemands de nombreuses
fermes fortifiées mais il leur faut traverser à pied le Steenbeck gonflé par
les pluies, l’eau montant jusqu’au ventre. Les pertes ne sont pas toutes dues à
l’ennemi !
Après des mois de guerre, on les retrouve encore au
front : en mai 1918, ils
contiennent l’offensive allemande du Chemin des Dames. Le caractère trempé de
ses hommes est encore prouvé dans la vallée de l’Ourcq et de l’Ailette, où ils
capturent près de 800 prisonniers, des canons, des mortiers et de nombreuses
mitrailleuses.
Un certain 11 novembre
En définitive, le 110 est sur les fronts les plus
exposés, dans les batailles les plus meurtrières. L’Armistice le surprend en
Lorraine. C’est le moment de faire les comptes ! Que sont ses 5 citations
à l’ordre de l’Armée face à la mort de 109 de ses officiers et de 2.619 de ses
soldats? Il ne s’arrête pourtant pas. Le 27 novembre, il est à Dillingen en
Sarre, le 14 décembre, il fait une entrée triomphale à Wiesbaden, où il reçoit
le 20 un éloge mérité de Pétain. Le 28 février, il retrouve enfin sa ville où
il est accueilli en grande pompe par le Général Gouverneur Pauffin de
Saint-Morel et le maire Henri Terquem. Les troupes se répartissent dans une
agglomération meurtrie. Le 1er bataillon prend ses quartiers à
Coudekerque-Branche, le 2e bataillon occupe la caserne Jean Bart.
Quant au troisième, il s’installe à Bergues.
Et le 310 ?
Mobilisé quelques jours après le 110, il est parti
pour la Champagne, les Ardennes et la Meuse. Sa charge à la Baïonnette à
Pieux-Morains lui vaut une citation à l’ordre de la Division. En octobre 1915,
il se distingue encore à Verdun, et sur la Meuse l’année suivante avant de
partir en manœuvre à Belfort, mais ses pertes ont été trop lourdes: il est
dissout le 31 mai 1916.
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