vendredi 25 octobre 2019

Le premier des Baudoin (de Flandre)


Baudoin Ier de Flandre... à ne pas confondre avec Baudoin Ier de Jerusalem qui, lui, à l'origine est Baudoin Ier de Boulogne, ni avec Baudoin Ier de Constantinople qui en fait est à l'origine Baudoin à la fois Baudoin IX de Flandre et Baudoin VI de Hainaut... décidemment, les dynasties médiévales ne faisaient pas preuve d'imagination quant aux prénoms...

L’Empire Romain d’Occident disparu en 476 laisse la place à ce que les historiens ont coutume d’appeler les « royaumes barbares ». Les Mérovingiens ont remplacé les Romains, puis ont cédé la place à Charlemagne et ses descendants… qui, fidèle à la loi franque, dépecèrent l’Empire au Traité de Verdun de 843.



combler le vide laissé par l'Empire
Les rois perdant en autorité, nombre de seigneurs locaux se sentent pousser des ailes et petit à petit accaparent le pouvoir, et certains, plus valeureux ou plus rusés, prennent de l’ascendant sur leurs voisins… Nous sommes alors à la naissance de l’âge des Principautés. La Flandre ne fait pas exception. Mais la Flandre de la fin du XIe siècle est bien peu de chose : une petite bande côtière coincée entre le Zwin et l’Yser, étroite bande de terre sablonneuse soumise aux incursions de la mer et aux débordements de ces petits fleuves qui l’encadrent. La Flandre est encore un pays d’eau. Les conditions de vie y sont difficiles. Parmi les seigneurs locaux, Baudoin est le comte du « pagus Flandrensis ». Il mène une lutte de longue haleine contre les Normands qui dévastent ses terres depuis les premières années du IXe siècle. On sait peu de lui si ce n’est qu’il a gagné le surnom de « Bras-de-fer », que lui vaudraient ses qualités guerrières. Tout au plus est-il décrit comme de grande stature et agile à cheval, on le dit  guerrier accompli. 
 
Accompli et audacieux… 

Vers 862, alors qu’il séjourne à la cour royale alors installée à Senlis, il enlève Judith, la fille du Roi Charles le Chauve. La demoiselle n’a pas encore vingt ans… Souci, pas bien gros, mais tout de même : elle est déjà veuve de deux rois anglo-saxons, Ethewulf de Wessex, puis son fils Ethelbald. Et lui, Baudoin, n’est qu’un petit comte, pas grand-chose finalement au regard de possibles prétendants… Prenant prétexte de la coutume germanique du rapt, il enlève l’héritière royale. Il a certainement bénéficié de l’aide du frère de cette dernière, le futur roi Louis le Bègue. A-t-elle suivi Baudouin de son plein gré ? Certainement… 
 
En effet, l’enlèvement, certains disent le «viol» (le droit de réipus, permetant d'imposer un mariage puisquil faut "réparer"), place le roi devant le fait accompli. Le couple s’unit secrètement par les liens du mariage, provoquant la fureur royale. Ils sont forcés de se cacher tandis que Louis le Bègue trouve la protection d’un prince plus puissant, très vraisemblablement en Bretagne, où l’autorité royale est à peine reconnue. Sauve qui peut général ! Pire encore, à Soissons, un synode épiscopal les excommunie. Hors de la communauté chrétienne, ils sont privés des secours de la foi comme de ceux des hommes. Qu’importe, les époux se rendent près du pape pour plaider leur cause. Le Pontife intercède auprès de Charles qui accepte de ratifier le mariage en 862 ou 863. Le roi, finalement, est obligé de reconnaître ce qui n’est finalement qu’une usurpation.

fondateur d'une dynastie
Non seulement Baudouin devient gendre royal mais en plus, on agrandit un peu le territoire que le roi lui confie. Encore fonctionnaire au service du roi, Baudouin Ier s’assure la pérennité de son emploi : il faut qu’il devienne héréditaire. La dynastie comtale flamande est enfin fondée. Et n‘a désormais de cesse d’être de plus en plus puissante. Défenseur acharné de son fief, il fortifie Arras, Gand et Bruges dont il fait sa capitale ainsi qu’un couvent à Furnes qui reçoit les reliques de Sainte-Walburge. Baudouin décède en 879 à l’abbaye Saint-Bertin, à Saint-Omer, où il a pris l’habit. Son corps y est déposé alors que son cœur et ses entrailles sont confiées à l’église Saint-Pierre de Gand. La Flandre, petit bout de terre coincé entre les eaux, entame une longue marche vers la puissance.

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