Baudoin Ier de Flandre... à ne pas confondre avec Baudoin Ier de Jerusalem qui, lui, à l'origine est Baudoin Ier de Boulogne, ni avec Baudoin Ier de Constantinople qui en fait est à l'origine Baudoin à la fois Baudoin IX de Flandre et Baudoin VI de Hainaut... décidemment, les dynasties médiévales ne faisaient pas preuve d'imagination quant aux prénoms...
L’Empire Romain d’Occident disparu en 476 laisse la place à
ce que les historiens ont coutume d’appeler les « royaumes barbares ».
Les Mérovingiens ont remplacé les Romains, puis ont cédé la place à Charlemagne
et ses descendants… qui, fidèle à la loi franque, dépecèrent l’Empire au Traité
de Verdun de 843.
combler le vide laissé par l'Empire
Les rois perdant en autorité, nombre de seigneurs locaux se
sentent pousser des ailes et petit à petit accaparent le pouvoir, et certains,
plus valeureux ou plus rusés, prennent de l’ascendant sur leurs voisins… Nous
sommes alors à la naissance de l’âge des Principautés. La Flandre ne fait pas
exception. Mais la Flandre de la fin du XIe siècle est bien peu de chose :
une petite bande côtière coincée entre le Zwin et l’Yser, étroite bande de
terre sablonneuse soumise aux incursions de la mer et aux débordements de ces
petits fleuves qui l’encadrent. La Flandre est encore un pays d’eau. Les conditions
de vie y sont difficiles. Parmi les seigneurs locaux, Baudoin est le comte du
« pagus Flandrensis ». Il mène une lutte de longue haleine contre les
Normands qui dévastent ses terres depuis les premières années du IXe siècle. On
sait peu de lui si ce n’est qu’il a gagné le surnom de
« Bras-de-fer », que lui vaudraient ses qualités guerrières. Tout au
plus est-il décrit comme de grande stature et agile à cheval, on le dit guerrier accompli.
Accompli et audacieux…
Vers 862, alors qu’il séjourne à la
cour royale alors installée à Senlis, il enlève Judith, la fille du Roi Charles
le Chauve. La demoiselle n’a pas encore vingt ans… Souci, pas bien gros, mais
tout de même : elle est déjà veuve de deux rois anglo-saxons, Ethewulf de
Wessex, puis son fils Ethelbald. Et lui, Baudoin, n’est qu’un petit comte, pas
grand-chose finalement au regard de possibles prétendants… Prenant prétexte de
la coutume germanique du rapt, il enlève l’héritière royale. Il a certainement
bénéficié de l’aide du frère de cette dernière, le futur roi Louis le Bègue.
A-t-elle suivi Baudouin de son plein gré ? Certainement…
En effet, l’enlèvement, certains disent le «viol» (le droit de réipus, permetant d'imposer un mariage puisquil faut "réparer"), place le
roi devant le fait accompli. Le couple s’unit secrètement par les liens du
mariage, provoquant la fureur royale. Ils sont forcés de se cacher tandis que
Louis le Bègue trouve la protection d’un prince plus puissant, très
vraisemblablement en Bretagne, où l’autorité royale est à peine reconnue. Sauve
qui peut général ! Pire encore, à Soissons, un synode épiscopal les
excommunie. Hors de la communauté chrétienne, ils sont privés des secours de la
foi comme de ceux des hommes. Qu’importe, les époux se rendent près du pape
pour plaider leur cause. Le Pontife intercède auprès de Charles qui accepte de
ratifier le mariage en 862 ou 863. Le roi, finalement, est obligé de
reconnaître ce qui n’est finalement qu’une usurpation.
fondateur d'une dynastie
Non seulement Baudouin devient gendre royal mais en plus, on
agrandit un peu le territoire que le roi lui confie. Encore fonctionnaire au
service du roi, Baudouin Ier s’assure la pérennité de son emploi : il faut
qu’il devienne héréditaire. La dynastie comtale flamande est enfin fondée. Et n‘a
désormais de cesse d’être de plus en plus puissante. Défenseur acharné de son fief,
il fortifie Arras, Gand et Bruges dont il fait sa capitale ainsi qu’un couvent
à Furnes qui reçoit les reliques de Sainte-Walburge. Baudouin décède en 879 à
l’abbaye Saint-Bertin, à Saint-Omer, où il a pris l’habit. Son corps y est
déposé alors que son cœur et ses entrailles sont confiées à l’église
Saint-Pierre de Gand. La Flandre, petit bout de terre coincé entre les eaux,
entame une longue marche vers la puissance.
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