Parcours atypique que celui François Thurot. Né à
Nuits-Saint-Georges en 1727, au cœur de la Bourgogne, il s’engage jeune dans la
Marine. Les coteaux et vallons bourguignons ne devaient offrir assez d’espace à
ce fils de maître de poste. Engagé comme chirurgien après de brèves études sur
un corsaire dunkerquois, il est fait prisonnier par les Anglais. Trop peu pour
lui, il s’évade et s’engage comme simple matelot. Il devient pilote puis
navigue comme capitaine d’un navire de commerce
Corsaire du Roi
Engagé comme capitaine corsaire au service de l’armateur
dunkerquois Taverne de Mont d’Hyver et mène ses campagnes honorablement mais le
raid anglais sur Cherbourg en 1758 vient tout bouleverser. Louis XV veut faire
la même chose, un prêté pour un rendu ! Pour se faire, il fait construire
à Dunkerque et alentours 180 bateaux plats, sortes de chalands de
débarquements, pour porter chacun 300 hommes en armes ou 60 cavaliers et des
brames de 20 canons pour appuyer le débarquement. La flotte, renforcée de
30.000 hommes sous les ordres du Maréchal de Conflans, est prête pour une
invasion en terre anglaise l’année suivante.
Le corps expéditionnaire ainsi
formé comporte 4 compagnies de grenadiers, 5 piquets des gardes-françaises, 4
piquets des gardes-suisses, 5 piquets du régiment d’Artois, 4 piquets du
régiment de Bourgogne, 3 piquets du régiment de Cambis et 4 autres du régiment
des Volontaires étrangers… On confie une escadre à Thurot. Le voilà à 32 ans au
commandement de plusieurs navires.
Le 14 octobre 1759, il quitte Dunkerque aux
commandes de la frégate « Amaranthe » mais le lendemain, une tempête
disloque le convoi, obligeant le groupe à se concentrer à nouveau à Bergen. Le
20 février 1760, les Français débarquent à Carrickfergus, à proximité de
Belfast, sous les ordres du marquis de Bragelongne. Il en profite pour réarmer
ses frégates, mises à mal par le périple et se concentre sur la garnison qu’il
fait tout entière prisonnière et qu’il emmène à Dunkerque puis, lois de la
guerre obligent, il rançonne la ville.
Retour fatal
La route du retour, il croise au large de l’île de Man trois
frégates anglaises dont l’Eole de Lord Elliot. La sagesse aurait commandé de
refuser l’engagement, mais l’honneur… lui… en décide autrement. Le choc est
terrible. La Blonde, armée de 36 canons et la Terpsichore, forte de 24 canons,
se rendent vite mais pas François Thurot. Au commandement du Maréchal de Belle
Isle, il oppose une résistance acharnée mais il meurt au cours du combat.
Triste journée que le 28 février 17600… Ses navires se rendent, marins comme
soldats sont faits prisonniers de guerre par les Anglais qui les envoient
littéralement pourrir sur les pontons, ces vaisseau de guerre désarmés et démâtés
où les prisonniers vivent dans les privations, les brimades et la vermine. Les
prisons flottantes anglaises jouissent d’une triste et terrible réputation.
Quand à Thurot, on l’inhume au cimetière irlandais de Kirkmaiden,
Galloway… L’épitaphe qu’on lui grave est terrible : « jeune et trahi
par la Victoire, ci-gît l’intrépide Thurot, qui vécut assez pour la Gloire mais
pour l’Etat mourut trop tôt »
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