mercredi 23 octobre 2019

François Thurot, l’enfant adoptif de Dunkerque


Parcours atypique que celui François Thurot. Né à Nuits-Saint-Georges en 1727, au cœur de la Bourgogne, il s’engage jeune dans la Marine. Les coteaux et vallons bourguignons ne devaient offrir assez d’espace à ce fils de maître de poste. Engagé comme chirurgien après de brèves études sur un corsaire dunkerquois, il est fait prisonnier par les Anglais. Trop peu pour lui, il s’évade et s’engage comme simple matelot. Il devient pilote puis navigue comme capitaine d’un navire de commerce


Corsaire du Roi
 
Engagé comme capitaine corsaire au service de l’armateur dunkerquois Taverne de Mont d’Hyver et mène ses campagnes honorablement mais le raid anglais sur Cherbourg en 1758 vient tout bouleverser. Louis XV veut faire la même chose, un prêté pour un rendu ! Pour se faire, il fait construire à Dunkerque et alentours 180 bateaux plats, sortes de chalands de débarquements, pour porter chacun 300 hommes en armes ou 60 cavaliers et des brames de 20 canons pour appuyer le débarquement. La flotte, renforcée de 30.000 hommes sous les ordres du Maréchal de Conflans, est prête pour une invasion en terre anglaise l’année suivante. 
 
Le corps expéditionnaire ainsi formé comporte 4 compagnies de grenadiers, 5 piquets des gardes-françaises, 4 piquets des gardes-suisses, 5 piquets du régiment d’Artois, 4 piquets du régiment de Bourgogne, 3 piquets du régiment de Cambis et 4 autres du régiment des Volontaires étrangers… On confie une escadre à Thurot. Le voilà à 32 ans au commandement de plusieurs navires.

Le 14 octobre 1759, il quitte Dunkerque aux commandes de la frégate « Amaranthe » mais le lendemain, une tempête disloque le convoi, obligeant le groupe à se concentrer à nouveau à Bergen. Le 20 février 1760, les Français débarquent à Carrickfergus, à proximité de Belfast, sous les ordres du marquis de Bragelongne. Il en profite pour réarmer ses frégates, mises à mal par le périple et se concentre sur la garnison qu’il fait tout entière prisonnière et qu’il emmène à Dunkerque puis, lois de la guerre obligent, il rançonne la ville.


Retour fatal
 
La route du retour, il croise au large de l’île de Man trois frégates anglaises dont l’Eole de Lord Elliot. La sagesse aurait commandé de refuser l’engagement, mais l’honneur… lui… en décide autrement. Le choc est terrible. La Blonde, armée de 36 canons et la Terpsichore, forte de 24 canons, se rendent vite mais pas François Thurot. Au commandement du Maréchal de Belle Isle, il oppose une résistance acharnée mais il meurt au cours du combat. Triste journée que le 28 février 17600… Ses navires se rendent, marins comme soldats sont faits prisonniers de guerre par les Anglais qui les envoient littéralement pourrir sur les pontons, ces vaisseau de guerre désarmés et démâtés où les prisonniers vivent dans les privations, les brimades et la vermine. Les prisons flottantes anglaises jouissent d’une triste et terrible réputation.
 
Quand à Thurot, on l’inhume au cimetière irlandais de Kirkmaiden, Galloway… L’épitaphe qu’on lui grave est terrible : « jeune et trahi par la Victoire, ci-gît l’intrépide Thurot, qui vécut assez pour la Gloire mais pour l’Etat mourut trop tôt »

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