jeudi 22 août 2019

Les royaumes francs au Ve siècle


in  XVe centenaire du baptême de Clovis - colloque inter universitaire et international - Reims 19 septembre - 25 septembre 1996 - première session
 
Franz Staab, Landau
 
Les royaumes Francs au Ve siècle (résumé préliminaire)

1) approchant la notion de royaume au Ve siècle
 
La notion d'un royaume de l'époque de l'Ancien Régime demande des qualités qui nous semblent être quasi axiomatiques, parce qu'elles sont devenues par une grande partie aussi des qualités d'un état démocratique contemporain: l'unité du peuple et de son état, l'intégrité et la stabilité de son territoire, la succession légitime du gouvernement, le rôle presque exclusivement politique du roi. Quand on essayerait de mesurer les royaumes mérovingiens des VIe et VIIe siècles avec les qualités ci-nommées, on aurait de grandes difficultés de les honorer du titre d'un royaume.
 
De l'autre côté, les qualités d'un royaume de l'autorité sont - naturellement, n'est-ce pas - mieux adaptables aux phénomènes du Bas Empire. Le royaume serait constitué par exemple d'un territoire ou d'une cité défendu par son roi et le peuple grec, qui font partie du monde grec, sans envelopper tous les Grecs. L’identité de ce royaume serait fournie par ses dieux locaux, sa dynastie et son conseil des vieux nobles. Le rôle du roi serait religieux de même que politique et militaire.
 
2) Deux types de royaume au Ve siècle : dans la Germanica Libera, dans les provinces romaines
 
Dans la Germanica Libera, les royaumes germaniques sont mal connus, car les auteurs romains ou grecs du Bas Empire ne s'intéressent pas trop aux conditions de la Barbarie. Mais ils montrent une curiosité envers les barbares qui entrent dans l'Empire, ou deviennent des soldats dans l'armée romaine. Bien sûr, la perception des barbares est guidée chez les Romains et les grecs par les notions et les images traditionnelles, mais pas toujours sans une réflexion scientifique. Une étude, par exemple, des mots usités par Ammien Marcellin pour qualifier les rois alamans, francs et leurs royaumes peut démontrer qu'il commande bien les outils de l'ethnographie grecque. Aussi, on observe un grand intérêt dans les origines ou précurseurs des peuples barbares.
 
En général, on peut dire que les royaumes francs dans la Germanica Libera conservent des traits communs avec les autres peuples de l'antiquité, mais aussi les possibilités des associations des jeunes guerriers décrites par Tacite.
 
Au contraire, les royaumes dans les provinces romaines auront besoin d'une fonction supérieure de leur chef dans l'armée romain, d'une accommodation au foedus, d'une concentration sur leurs devoirs militaires. Leur avantage sera d'une nature double : les revenus matériels et le renseignement de la civilisation romaine. A cause de cela, les royaumes barbares dans les provinces romaines deviennent plus riches, plus puissants et plus développés que les royaumes dans la Germanica Libera. Un stationnement dans des cités fortifiées ou des castra donne à leur roi un plus grand pouvoir. Les chefs barbares s'orientent dans les provinces, aussi comme les Romains, selon les structures militaires documentées dans la Noticia Dignitatum. Des choses modernes, comme des frontières dites naturelles ou des frontières linguistiques n'intéressent pas;
 
3) Le royaume de Cologne
 
Dès les temps de Constantin le Grand, les Romains devaient se défendre contre les Francs dans la région de Cologne. Mais l'empire restait victorieux jusqu'au succès définitif des Francs en 459/61. Les informations sur ces guerres contiennent quelques noms des rois, mais peu ou nul renseignent sur leurs royaumes. Cependant, le nom Merogaisus de l'un des rois battus et exécutés par Constantin évoque un élément linguistique significatif pour la future dynastie des Mérovingiens. Leurs racines semblent antérieures aux données indiquées par Grégoire de Tours.
 
Le royaume de Cologne n'était pas le seul royaume franc dans la Germania Secunda. Pour quelque temps, au moins un autre royaume s'était établi, c'est-à-dire le royaume de Xanten. Mais à l'époque de Clovis, c'était le royaume de Clovis qui avait concentré toutes les forces franques dans les régions de la Germania Secunda. A Cologne et à Xanten, on aimait l'élément linguistique sigi- dans les noms royaux, un élément qui n'était pas usité par les Mérovingiens dans le Nord de la France.
 
Comme grand adversaire des francs rhénans depuis les temps romains, on peut considérer le peuple alamanique. Afin de gagner quelque secours contre les Alamans, les Francs rhénans coopéraient avec les Burgondes de la Sapaudia. Mais, avant les victoires de Clovis, les Alamans restaient les maîtres de la Germania Prima et posaient un danger incessant pour le royaume de Cologne. Le résultat de l'alliance avec Clovis pour Sigibert et Clodéric de Cologne, c'était d'abord la chute des Alamans, mais enfin aussi l'extinction de leur branche de la dynastie mérovingienne.
 
4) Le royaume de Tournai
 
Les origines des Francs dans le Nord de la Gaule remontent probablement aux incursions franco-saxonnes du IVe siècle. Une grande différence entre ces Francs et les Francs rhénans n'existait jamais. Selon les études de Mathias Springer, la notion moderne des "Francs Saliens" serait le résultat d'une interprétation erronée d'Ammien Marcellin. A côté du Royaume de Tournai, il y avait aussi quelques autres dans des lieux fortifiés de ces contrées. Ils fleurissaient jusqu'à leur élimination par Clovis.
 
Déjà, à l'époque de Childéric, le royaume de Tournai était devenu le plus fort dans le Nord de la, Gaule. La politique traditionnelle de ce royaume était une alliance avec Aegidius et après avec Syagrius contre les Burgondes et les Visigoths. Dans ce système, Childéric était un confédéré loyal de Syagrius, et aussi un ami respectueux de Sainte Geneviève. Comme les Burgondes étaient les alliés des Francs rhénans, il y avait quelques différences entre les intérêts des royaumes de Tournai et de Cologne.
 
Le renversement des alliances introduit par Clovis changeait tout. Il confrontait Syagrius, épousait une princesse burgonde, obtenait l'aide de Cologne contre les Visigoths, annexait le royaume de Cologne et conduisait les Francs rhénans contre les Alamans. 
 
Au VIe siècle, Cologne et Tournai avaient perdu leur rang de capitale d'un roi régnant. Mais leurs styles un peu différents dans les noms royaux survivaient. Enfin, c'était Charlemagne qui choisit comme capitale Aix-la-Chapelle dans l'ancien royaume de Cologne, mais seulement la tradition de Tournai pour ses fils Lothaire et Louis.

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