in XVe centenaire du baptême
de Clovis - colloque inter universitaire et international - Reims 19 septembre
- 25 septembre 1996 - première session
Franz Staab, Landau
Les royaumes Francs au Ve siècle (résumé préliminaire)
1) approchant la notion de royaume au Ve siècle
La notion d'un royaume de
l'époque de l'Ancien Régime demande des qualités qui nous semblent être quasi
axiomatiques, parce qu'elles sont devenues par une grande partie aussi des
qualités d'un état démocratique contemporain: l'unité du peuple et de son état,
l'intégrité et la stabilité de son territoire, la succession légitime du
gouvernement, le rôle presque exclusivement politique du roi. Quand on
essayerait de mesurer les royaumes mérovingiens des VIe et VIIe siècles avec
les qualités ci-nommées, on aurait de grandes difficultés de les honorer du
titre d'un royaume.
De l'autre côté, les qualités
d'un royaume de l'autorité sont - naturellement, n'est-ce pas - mieux
adaptables aux phénomènes du Bas Empire. Le royaume serait constitué par exemple
d'un territoire ou d'une cité défendu par son roi et le peuple grec, qui font
partie du monde grec, sans envelopper tous les Grecs. L’identité de ce royaume
serait fournie par ses dieux locaux, sa dynastie et son conseil des vieux
nobles. Le rôle du roi serait religieux de même que politique et militaire.
2) Deux types de royaume au Ve siècle : dans la Germanica Libera, dans les provinces romaines
Dans la Germanica Libera, les
royaumes germaniques sont mal connus, car les auteurs romains ou grecs du Bas
Empire ne s'intéressent pas trop aux conditions de la Barbarie. Mais ils
montrent une curiosité envers les barbares qui entrent dans l'Empire, ou
deviennent des soldats dans l'armée romaine. Bien sûr, la perception des
barbares est guidée chez les Romains et les grecs par les notions et les images
traditionnelles, mais pas toujours sans une réflexion scientifique. Une étude,
par exemple, des mots usités par Ammien Marcellin pour qualifier les rois
alamans, francs et leurs royaumes peut démontrer qu'il commande bien les outils
de l'ethnographie grecque. Aussi, on observe un grand intérêt dans les origines
ou précurseurs des peuples barbares.
En général, on peut dire que les
royaumes francs dans la Germanica Libera conservent des traits communs avec les
autres peuples de l'antiquité, mais aussi les possibilités des associations des
jeunes guerriers décrites par Tacite.
Au contraire, les royaumes dans
les provinces romaines auront besoin d'une fonction supérieure de leur chef
dans l'armée romain, d'une accommodation au foedus, d'une concentration sur
leurs devoirs militaires. Leur avantage sera d'une nature double : les revenus
matériels et le renseignement de la civilisation romaine. A cause de cela, les
royaumes barbares dans les provinces romaines deviennent plus riches, plus
puissants et plus développés que les royaumes dans la Germanica Libera. Un
stationnement dans des cités fortifiées ou des castra donne à leur roi un plus
grand pouvoir. Les chefs barbares s'orientent dans les provinces, aussi comme
les Romains, selon les structures militaires documentées dans la Noticia
Dignitatum. Des choses modernes, comme des frontières dites naturelles ou des
frontières linguistiques n'intéressent pas;
3) Le royaume de Cologne
Dès les temps de Constantin le
Grand, les Romains devaient se défendre contre les Francs dans la région de
Cologne. Mais l'empire restait victorieux jusqu'au succès définitif des Francs
en 459/61. Les informations sur ces guerres contiennent quelques noms des rois,
mais peu ou nul renseignent sur leurs royaumes. Cependant, le nom Merogaisus de
l'un des rois battus et exécutés par Constantin évoque un élément linguistique
significatif pour la future dynastie des Mérovingiens. Leurs racines semblent
antérieures aux données indiquées par Grégoire de Tours.
Le royaume de Cologne n'était pas
le seul royaume franc dans la Germania Secunda. Pour quelque temps, au moins un
autre royaume s'était établi, c'est-à-dire le royaume de Xanten. Mais à
l'époque de Clovis, c'était le royaume de Clovis qui avait concentré toutes les
forces franques dans les régions de la Germania Secunda. A Cologne et à Xanten,
on aimait l'élément linguistique sigi- dans les noms royaux, un élément qui
n'était pas usité par les Mérovingiens dans le Nord de la France.
Comme grand adversaire des francs
rhénans depuis les temps romains, on peut considérer le peuple alamanique. Afin
de gagner quelque secours contre les Alamans, les Francs rhénans coopéraient
avec les Burgondes de la Sapaudia. Mais, avant les victoires de Clovis, les
Alamans restaient les maîtres de la Germania Prima et posaient un danger
incessant pour le royaume de Cologne. Le résultat de l'alliance avec Clovis
pour Sigibert et Clodéric de Cologne, c'était d'abord la chute des Alamans,
mais enfin aussi l'extinction de leur branche de la dynastie mérovingienne.
4) Le royaume de Tournai
Les origines des Francs dans le
Nord de la Gaule remontent probablement aux incursions franco-saxonnes du IVe
siècle. Une grande différence entre ces Francs et les Francs rhénans n'existait
jamais. Selon les études de Mathias Springer, la notion moderne des
"Francs Saliens" serait le résultat d'une interprétation erronée
d'Ammien Marcellin. A côté du Royaume de Tournai, il y avait aussi quelques
autres dans des lieux fortifiés de ces contrées. Ils fleurissaient jusqu'à leur
élimination par Clovis.
Déjà, à l'époque de Childéric, le
royaume de Tournai était devenu le plus fort dans le Nord de la, Gaule. La
politique traditionnelle de ce royaume était une alliance avec Aegidius et
après avec Syagrius contre les Burgondes et les Visigoths. Dans ce système,
Childéric était un confédéré loyal de Syagrius, et aussi un ami respectueux de
Sainte Geneviève. Comme les Burgondes étaient les alliés des Francs rhénans, il
y avait quelques différences entre les intérêts des royaumes de Tournai et de
Cologne.
Le renversement des alliances
introduit par Clovis changeait tout. Il confrontait Syagrius, épousait une
princesse burgonde, obtenait l'aide de Cologne contre les Visigoths, annexait
le royaume de Cologne et conduisait les Francs rhénans contre les Alamans.
Au VIe siècle, Cologne et Tournai
avaient perdu leur rang de capitale d'un roi régnant. Mais leurs styles un peu
différents dans les noms royaux survivaient. Enfin, c'était Charlemagne qui
choisit comme capitale Aix-la-Chapelle dans l'ancien royaume de Cologne, mais
seulement la tradition de Tournai pour ses fils Lothaire et Louis.
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