In Collectif - Visages de la Flandre et de l'Artois,
collection "Provinciales", éditions les Horizons de France, Paris
1949
"Bonne Vierge fut Eulalie, Beau corps avait, plus belle âme.
Voulurent la vaincre les ennemis de Dieu, voulurent lui faire diable servir.
Elle n'écouta pas les méchants conseillant qu'elle reniât Dieu qui reste
là-haut dans le ciel, ni pour or, ni ragent, ni parures, par menaces du roi, ni
prières, ni nulle chose ne la put jamais plier, la jeune fille, qu'elle n'aimât
pas toujours le service de dieu; et ce fut traduite devant Maximilien, qui, en
ces jours, était roi sur les païens. Il l'exhorte à ce dont jamais ne se
soucie, qu'elle abandonne le nom de chrétien" (traduction des
auteurs)
Cantilène de Sainte-Eulalie, le
premier texte en langue romane, Xe siècle, Bibliothèque de Valenciennes
"Le Ve siècle ne s'acheva
point que saint Vaast, premier catéchiste de Clovis, n'eût été fait par saint
Rémy évêque de l'ancienne cité des Atrébates, c'est-à-dire Arras. Après sa mort
fut fondée sous son nom une abbaye destinée à devenir un foyer de civilisation,
concurremment avec les abbayes de Saint-Bertin et de Saint-Amand, entre autres.
Alcuin s'appuyait sur elles quand, sous le règne de Charlemagne, il voulait
faire de la France une "Athènes chrétienne". A la requête de son ami
Radon, abbé de Saint-Vaast, il composa une Vie du saint qui avait permis à
Arras de refleurir. Egalement lié avec Arnon, abbé de Saint-Amand, il lui exprimait
son bonheur de se diriger "vers les charmantes demeures de Saint-Amand,
cherchant mon ami très cher, disait-il, afin de rafraîchir mon âme par de doux
entretiens avec lui".
Les manuscrits laissés par ces
trois monastères témoignent qu'ils assumèrent, ici comme ailleurs, le rôle de
ne point laisser périr les humanités. Faut-il rappeler que leurs annales,
celles de Saint-Bertin, entre autres, sont les premières sources de l'Histoire
de France?
Si nous ouvrons les Phénomènes
d'Aratus à la Bibliothèque de Boulogne, nous trouvons ce manuscrit orné par un
moine bertinien, au Xe siècle, de miniatures visiblement calquées sur des
modèles latins ou byzantins. Autre exemple, le fameux Liber Pilosus que la
Bibliothèque de Valenciennes a hérité des Bénédictins de Saint-Amand, contient
sur des feuillets de parchemin qui se font suite, la Cantilène de
Sainte-Eulalie et le Rythmus teutonicus, premiers monuments de la langue romane
et de la langue germanique."
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