le traitement de la pauvreté, la place des précaires dans la société, une question déjà ancienne...
(Archives Départementales du Nord, AdN L 5465, 16 mars 1791)
Lille, le 16 mars 1791
Messieurs,
Notre premier soin aussitôt après la réception de la lettre
que vous nous avez fait l’honneur de vous écrire le trois février dernier,
relativement au dépôt de mendicité de cette ville, a été de nous procurer tous
les renseignements qui manquaient aux comptes que nous vous avons précédemment
rendus…
Le premier objet dont il paroit instant de s’occuper est de
transporter dans un local plus aéré, plus commode et plus salubre les victimes
malheureuses que la sureté publique force à renfermer.
Nous avons déjà eu l’honneur de vous représenter, Messieurs,
combien la maison qui sert à cet usage est insuffisante et malsaine. Elle est
située à l’extrémité de la ville et dans un des quartiers les plus peuplés. Sa
proximité du rempart et des fortifications, la hauteur des batimens comparée à
l’extrême petitesse des cours y entretiennent une fraîcheur et une humidité
habituelle qui engendrent ou perpétuent les maladies scorbutiques dont les
prisonniers sont presque tous attaqués.
A ces inconvéniens resultants de sa situation, il s’en joint
d’autres qui proviennent de la petitesse du local et de l’état ruineux des
habitans de ce dépôt.
En effet le nombre des prisonniers des deux sexes qu’y
trouvent habituellement enfermés monte à cent quatre vingt personnes qu’on peut
dire avec vérité être entassées les unes sur les autres dans l’enceinte étroite
destinée à les recevoir.
Les deux sexes ne sont que faiblement séparés, ils trouvent
souvent le secret de se communiquer leurs desseins de révolte à travers leur
clôture, ils arrivent même quelques fois qu’ils se réunissent malgré la
vigilance du concierge.
D’un autre côté, l’état ruineux des batiments ne contribue
pas peu à diminuer la sûreté de cette clôture et à augmenter par les particules
salines et le salpêtre que laissent échapper les vieux murs, l’insalubrité
reconnue de ce dépôt.
Ces considérations nous ont engagés, Messieurs, à rechercher
les moyens d’établir dans un autre local la maison de mendicité…
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