In Myrone CUICH –
Armes secrètes et ouvrages mystérieux de Dunkerque à Cherbourg, tome 2, les V1
et les V2, autoédition, Tourcoing, 1996
Le 29 août 1944 à 21 h 50, le général Jodl, de OKW du
Quartier Général de Hitler, envoie au Generalleutnant Hans Kammeler,
Gruppenführer des Waffen SS, le Télex n° 772.889/44, lui ordonnant de commencer
les tirs de V2 contre Londres.
Kammeler qui avait été nommé le 6 août 1944 par le
Reichsführer SS Himmler, responsable de la mise en œuvre des armes à longue
portée (V2), reçut le 30 août de Hitler en personne un nouveau Télex n°1.367/44
lui indiquant que la moitié des tirs soient dirigés sur Londres et l’autre
moitié sur Paris et les principales villes du Nord.
Le 2 septembre 1944, la 444e Batterie
expérimentale du Major Schutz commandant le groupe Sud installé à Sterpigny à
environ 25 kilomètres au Sud-Ouest de Saint-Vith, dans les Ardennes Belges, fut
chargé d’exécuter les tirs sur Paris, cible 0303.
Le 6 septembre, les deux tirs qui seront exécutés sur Paris
seront un échec, dû à une défaillance de la plate-forme inertielle de guidage.
le V2 - coupole d'Helfaut
Le 8 septembre, si la première V2 tirée à 7 h 30 se
désintégrera dès sa rentrée dans les couches basses de l’atmosphère terrestre,
la deuxième V2 tombera à 11 heures dans la région parisienne, à Chatonneau,
près de Maisons Alfort, un quartier pavillonnier compris entre la rue des
Sapins et la rue des Ormes, détruisant plus d’une dizaine de maisons, causant
la mort de 4 personnes et faisant une dizaine de blessés. Le soir même, les
tirs sur Paris sont interdits par ordre du Reichsführer SS Himmler pour des
raisons qu’on ignore.
Par contre ils seront repris contre les villes du Nord de la
France et le 15 septembre 1944 la première V2 tombera à la Foire Commerciale de
Lille ne faisant que des dégâts matériels.
Le lendemain 16 septembre à 5 h 55, une seconde V2 tombera
au n°38 de la rue Etienne Dolet, dans le quartier de Fives à Hellemmes lez
Lille, détruisant plus d’une quinzaine de maisons dans un rayon de plus de 100
mètres, causant la mort de cinq personnes dont Monsieur et Madame VANHOUTTE,
leur fille et leur nièce ainsi qu’une passante, Mademoiselle Josette YUNG qui
sera tuée par le souffle. Elle fera également un blessé grave et une dizaine de
blessés légers.
Le 17 septembre 1944, une troisième V2 tombe à 11 heures,
rue de Lambersart à Saint-André, détruisant plusieurs immeubles sans faire de
victime. Le lendemain 18 septembre à 11 heures, une V2 tombe à
Capelle-en-Pévèle dans un champ au Quartier du Thouars, causant un immense
entonnoir de 20 mètre, sans autres dégât ni victime.
Par contre, dans la nuit du 18 au 19 septembre une cinquième
V2 tombe à Marcq-en-Barœul dans le chemin st Roch près du couvent Bon Pasteur,
faisant quatre blessés légers, détruisant complètement un immeuble, rendant inhabitables
et endommageant près d’une centaine d’autres dans le quartier par le souffle.
Le 21 septembre 1944 à 11 heures 45 une sixième V2 tombe
dans un champ face au n°38 de la rue de la Petite Hollande, quartier du Croisé
Laroche à Marcq-en-Barœul, creusant un entonnoir d’environ 20 mètres de
diamètre et 8 mètres de profondeur, causant une quinzaine de blessés par les
éclats et le souffle, rendant six maisons inhabitables, endommageant fortement
six autres et une centaine d’autres seront également endommagées dans les
avenues Poincaré et de la République.
Le 2 octobre 1944 au matin, le Generalleutnant SS Kameler
ordonne à ses batteries de reprendre les tirs de V2 sur Paris et les villes
françaises. Ce jour-là, quatre V2 exploseront à une cinquantaine de kilomètres
de la capitale et seront suivis par 17 autres au cours des journées du 3, 4 et
5 octobre 1944. Ceci malgré l’arrêt des tirs sur Paris qui fut ordonné à
l’Etat-Major du Reichsführer Himmler, par Télex n°7773.619/44 du Général Jodl
de OKW du 3 octobre à 1 h 18 indiquant : « Pour des raisons
politiques, tout tir contre Paris par V2 sera avant tout suspendu ».
Il faut noter qu’après le repli des Ardennes Belges, la 444e
Batterie s’installera à Cuxhaven près de Trèves en Allemagne et deux autres à
Merzig dans la Sarre, d’où débuteront les premiers tirs de réglage le 2
octobre. Ces batteries se trouveront à près de 400 kilomètres de Paris, alors
que la portée pratique de la V2 est de 320 kilomètres, de ce fait il faut
supposer que Kammeler qui avait outrepassé les ordres reçus, a effectué
simplement des tirs de réglage, afin de se rapprocher de l’objectif.
C’est également le 5 octobre1944 à 7 h 45 que la ville de
Tourcoing sera réveillée par une énorme explosion, la première V2 tombe face au
n°87 de la rue du Pont de Neuville, causant la mort de deux personnes, Mme
WUYTACK Gabriel et VANOVERFELD Marie, faisant une quinzaine de blessés et
détruisant plusieurs maisons par le souffle.
Le mercredi 11 octobre 1944 deux nouveaux tirs auront lieu
sur la région du Nord, à 11 heures une V2 tombe rue Victor Hugo à Vieux Condé,
faisant 20 blessés dont 2 gravement atteints par des éclats et détruisant de
nombreux immeubles. L’autre V2 tombe à 17 h 35 dans un champ situé près de la
ferme Delporte, compris entre les Trois Tilleuls et le Hameau de la cave St
Paul, blessant un ouvrier agricole et détruisant quelques vitres par le
souffle.
Le 12 octobre vers 14 h 30 une V2 tombe dans un champ au
Hameau Wattissart à Seclin et le lendemain 13 octobre vers 7 h 35 vers 7 h 35 une
V2 tombe à Bousbecque dans le quartier de l’Alouette, à l’extrémité de la rue
St- Joseph, ne causant que les dégâts dans les immeubles sans aucune victime.
La dernière V2 tombera dans la nuit de Noël 1944 à Wattignies-L’Arbrisseau.
Au cours de la période du 8 septembre au 15 octobre 1944, 59
V2 furent tirés contre Tourcoing, Lille, Arras, Cambrai et Saint-Quentin et 21
sur Paris.
DES V1 PROVENANT DES TIRS EFFECTUES CONTRE LES VILLES BELGES
TOMBERONT DANS LE NORD DE LA FRANCE.
le V1 - coupole d'Helfaut
Après sa retraite fin août 19944 et la perte de ses bases de
lancement du Nord de la France, le 155e Flakregiment complètement
désorganisé se regroupe au Camp Maria à Anvers.
A partir du 1er septembre 1944, il s’installe en
Hollande avec une partie de son matériel évacué. Seize rampes de lancement
légères avaient été installées dans le triangle compris entre
Apeldoorn-Amersfoort et Zwolle et six autres au Sud de Rotterdam avec deux
détachements du 155e Flakregiment. D’où quelques tirs seront
probablement effectués, si l’on tient compte des V1 qui tomberont dans le Nord
de la France.
Parallèlement le reste des éléments du 155e
Flakregiment avec le Colonel Wachtel à sa tête s’installera également à partir
du 1er septembre en Allemagne dans l’Eiffel, entre Trèves et
Coblence, où huit bases de lancement avec rampes légères seront construites sur
les hauteurs boisées de 400 à 500 mètres et comprenant deux batteries.
Le 14 octobre 1944, le colonel Wachtel reçoit de l’OKW
l’ordre de préparer le tir contre les villes belges d’Anvers, Liège, Bruxelles
et Charleroi. En réalité le premier V1 tombe dans la Schilderstraat à Anvers le
13 octobre à 9 h 45 causant 32 morts et 45 blessés.
A partir du 17 septembre, le Colonel Wachtel reçoit un
nouvel ordre pour l’installation des sites de lancement le long du Rhin. Il
détache deux autres batteries dans le Sommerland et le Westerwald dans le pays
rhénan avec 32 sites de lancement pour exécuter les tirs sur les villes belges.
Dans la nuit du 18 septembre 1944, vers 23 h 30, deux V1
tombent à 30 minutes d’intervalle à Loos lez Lille, au n° 82 et 84 de l’avenue
Saint-Marcel, détruisant douze maisons, causant 9 morts et quinze blessés ainsi
que six autres dans la rue Saint-Fiacre.
Le même jour trois autres V1 tomberont dans le Nord de la
France. Le premier à 11 h30 à Baisieux derrière la brasserie Duquennoy, faisant
un blessé et de nombreux dégâts, le second à Roost-Warendin rue Marcel Sembat
vers midi et le troisième à Auby dans le quartier du Boniers.
Le dimanche 24 septembre 1944 à 18 h 30 un V1 tombe dans un
jardin de la rue du Villebrequin près de la poste de Croisilles dans le
Pas-de-Calais, tuant cinq personnes dont deux de la famille Masse, le directeur
d’école Monsieur Budin revenant de la chasse et faisant plusieurs blessés dont
la fille Masse qui sera gravement défigurée, causant de nombreux dégâts parmi
les habitations dans un rayon de cinquante mètres. Une seconde V1 tombera le
même jour à quelques minutes d’intervalle, rue des Jardins à Marchiennes sans
faire de dégâts.
Le lendemain 25 septembre, un V1 tombe à 16 h 30 dans une
prairie près du pont de la Scarpe à Nivelle, blessant mortellement M. Achille
Dufrenne, maire de la commune, et endommageant une dizaine de maisons par le
souffle de l’explosion. Le 27 septembre dans la nuit, un V1 tombe à Escaupont
en bordure de la Chaussée Brunehaut en forêt de Raismes.
Le 9 octobre 1944, à 18 h 40, un V1 tombe à Ronchin près de
Lille causant la mort d’une personne et faisant une quinzaine de blessés. Le
lendemain 10 octobre, en fin de soirée, un V1 tombe à Berlaimont au lieu-dit
« Le Hambu », ne soufflant qu’une vitrine de magasin.
Le 21 octobre 1944, le 155e Flakregiment devient
la 5e Flakdivision et commence le tir de 55 V1 sur Bruxelles et une
cinquantaine le 25 novembre sur Liège et Charleroi.
Le 15 novembre 1944, un V1 tombe rue Pasteur à Sars-Poteries
à 8 h 45 faisant 5 tués, une dizaine de blessés et détruisant tout un quartier
par le souffle de l’explosion. Le 28 novembre un V1 tombe rue Victor Hugo à
Hem, près du château de la Marquise, après avoir tourné au-dessus de Roubaix,
Croix et Wasquehal, détruisant les vitres de l’église St Corneille et des
maisons environnantes.
Du 16 au 30 décembre 1944, lors de la bataille des Ardennes,
une centaine de V1 seront tirés contre les troupes alliées sans grand résultat,
quelques-unes tomberont dans la région de Valenciennes et de Maubeuge.
Du 15 septembre 1944 au 30 janvier 1945, c’est plus d’une
cinquantaine d’engins de type V1 ou V2 qui tomberont dans le Nord de la France.
Aucun document n’existant à ce sujet, seuls 22 engins ont pu
être identifiés. Ceci pour les raisons suivantes, la presse qui à l’époque
était sous la censure militaire avait reçu des ordres de ne pas mentionner les
chutes des engins allemands afin de ne pas semer la panique parmi la population
déjà fortement éprouvée.
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