In H. Malo « Une grande
légende de la mer, Jean Bart », La renaissance du Livre, Paris, 1929, 230
pages, pp 89-91
Immédiatement après les combats du Texel (1964)
« Quant à Jean Bart, il
prend la poste pour Versailles où le roi l’a appelé. La bonne nouvelle de son
retour avec les navires de blé se répand instantanément dans tout le royaume,
et son nom vole de bouche en bouche. Le 4 avril, il parait à Versailles.
Quinze jours plus tard, le 19, il
est introduit dans la chambre à coucher du roi par la porte du salon de l’œil-de-bœuf.
A sa gauche, il voir le lit royal, imposant avec ses touffes de plumes blanches
sommant le baldaquin, avec ses rideaux qui tombent droit, masquant les colonnes
mais permettant de voir le lit séparé du reste de la pièce par une barrière
basse faite d’une colonne de bois doré. En face de lui, Louis XIV, portant en
sautoir le grand cordon du Saint-Esprit sur son habit couleur tabac d’Espagne,
la tête couverte du feutre noir et les mains gantées de gants blancs à crispins,
se tient debout. Derrière le monarque, le ministre de la Marine et plusieurs
officiers en justaucorps bleu ou rouge pris parmi les plus hauts gradés de l’armée
et de la marine, dignitaires de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis fondé
l’année précédente, et dont la première distribution de croix eut lieu dans
cette même chambre du palais de Versailles. Quelques grands seigneurs, debout
également, assistent à la cérémonie : Louis XIV va faire à Jean Bart l’honneur
de lui conférer personnellement la croix de chevalier de Saint-Louis, dont il
vient de lui signer le diplôme.
Jean Bart s’agenouille à deux
genoux sur le parquet devant le monarque. Il prête le serment de vivre et de
mourir dans la religion catholique, apostolique et romaine, de demeurer fidèle
à son roi, de lui obéir et de défendre son honneur, ses droits et sa couronne
envers et contre tous, de ne jamais quitter son service pour entrer à celui d’un
prince étranger, de révéler tout ce qu’il pourra connaître de contraire à la
personne de Sa Majesté et à l’Etat, enfin d’observer les règlements de l’ordre
en bon, sage et loyal chevalier.
La formule prononcée et le
serment reçu, Louis XIV, avec cette majesté imposante qui, chez lui, semble
naturelle, d’un geste noble et fier, tire son épée du fourreau et en touche le
récipiendaire sur chaque épaule. Il lui accroche sur la poitrine la croix que
lui a tendue le personnage qui se tient à sa droite. Jean Bart se relève. La cérémonie
est terminée. Cette fois, les marquis de Molière ne se moquent plus de lui. Il
n’est plus question de l’ours mené par M. de Forbin. »
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