mercredi 5 juillet 2017

sainte Isebergue et saint Venant, vierge et martyr (806 ou 808)



 In Mgr Guerin « Les Petits Bollandistes – vies des saints » 1876, Paris, 652 pages, pp 84-89


        Les autorités respectables et les traditions constantes sur lesquelles s'appuie le savant biographe de sainte Isbergue, dans le Légendaire de la Morinie, donnent à son récit un très grand poids. On peut y puiser avec confiance pour présenter une notice qui fasse connaître cette sainte patronne de l'Artois.

Sainte Isbergue (1) est cette enfant de bénédiction dont la naissance servit à resserrer les liens qui unissaient déjà la catholique France au Saint-Siège. Aussitôt qu'elle eut reçu le jour, Pépin le Bref, son père, envoya une ambassade au souverain pontife Etienne II, le priant de servir de père spirituel à sa fille. Le Pape accepta avec joie cette proposition que lui faisait le roi de France, et députa sur-le-champ un des premiers dignitaires de sa cour pour tenir en son nom l'enfant sur les fonts de baptême. Il paraît très probable qu'on lui donna alors le nom de Ghirla, abréviation du mot Ghirlanda, lequel aurait la même signification que le mot Etienne, en latin Stephanus, et en grec Stephanos, qui veut dire couronne. Dès ce jour, le pape Etienne donna à Pépin dans ses lettres le titre de compater (compère), qui exprime cette union spirituelle contractée au baptême de sainte Isbergue.
 
Ainsi, dans les vues admirables de la Providence, la naissance d'une innocente petite fille devenait un moyen puissant pour accomplir par l'Eglise son œuvre divine dans le monde entier. Il ne paraîtra donc pas étonnant que sainte Isberge ait donné dès son plus bas âge des témoignages d'une éclatante sainteté.
 
Peu de temps après sa naissance, de graves événements qui se passaient à Rome forcèrent le pape Etienne de venir chercher un refuge en France, auprès du roi Pépin. Toute petite encore et avant que l'âge lui permît d'exercer quelque influence par elle-même, la jeune Isbergue devint alors le lien des sages résolutions qui devaient procurer le bien des peuples et la paix de la chrétienté. Aussi les circonstances ayant demandé le concours de la France, pour forcer à la paix les injustes ennemis du Saint-Siège, le pape Etienne trouva dans le roi Pépin une bonne volonté et un empressement que la pensée de Giselle, fille spirituelle du souverain Pontife, entretenait et faisait croître de jour en jour.
On croit qu'au retour de cette expédition, le roi Pépin vint, avec sa famille, habiter la ville d'Aire, où il avait une maison royale. La position de cette ville lui avait plu. Située dans une plaine, plusieurs collines l'environnent. Trois rivières qui l'arrosent et qui se divisent en plusieurs canaux rendent son terrain extrêmement fécond. Pépin se rendit donc à Aire il y fit construire auprès de l'église de Saint-Pierre, un château qui porta le nom de la Salle. C'est dans ces lieux, où le nom de sainte Isbergue est aujourd'hui si populaire, que cette Sainte habita avec sa famille. C'est de là peut-être que fut envoyé au pape Paul I er le linge qui avait servi à son baptême, quand ce Pontife, successeur d'Etienne, écrivit au roi Pépin, pour lui annoncer son élévation sur le siège de saint Pierre, et le désir qu'il avait de continuer les bonnes relations qui avaient existé entre lui et son prédécesseur.
 
Cependant la vertueuse Isbergue grandissait en sagesse et en âge devant Dieu et devant les hommes. Son coeur, saintement abandonné aux volontés du ciel, ne cherchait en toutes choses qu'à les accomplir avec fidélité: aussi demandait-elle souvent à Dieu qu'il lui plût de lui faire connaître celui qu'elle devait prendre pour le guide de sa conduite, afin d'arriver plus sûrement à la perfection évangélique vers laquelle elle se sentait fortement attirée. Dieu exauça sa prière et lui fit trouver un directeur sage et éclairé dans la personne de saint Venant. Homme de noble extraction (probablement même membre de la famille impériale et royale des Carlovingiens, et parent de sainte Isbergue), Venant se livra dans sa jeunesse à l'exercice des armes. Il aimait surtout, selon la coutume du temps, à montrer son adresse et sa valeur dans ces fêtes à la fois militaires et civiles où les hommes d'armes, en présence de la foule de leurs compagnons et d'un grand nombre de nobles dames, luttaient l'un contre l'autre avec des armes qui trop souvent ne respectaient point le caractère de ces combats, et les faisaient dégénérer en assauts meurtriers. Venant fut donc gravement blessé à la jambe dans une de ces dangereuses rencontres, et, retenu longtemps sur un lit de douleur, il eut le loisir de rentrer en lui-même et de méditer sérieusement sur la fin pour laquelle il était créé. La conclusion de ses réflexions salutaires fut que désormais, imitant son patron, saint Venant de Bourges, il suivrait un tout autre genre de vie. Aussi, à peine fut-il guéri, ou à peu près, de sa blessure, qu'aussitôt, laissant là parents et amis, il vint s'enfoncer dans une vaste solitude qu'il y avait alors sur les bords de la Lys. Là, vers l'endroit où s'élève aujourd'hui la petite ville qui porte son nom, il se construisit une petite cabane, qui était ainsi assez peu éloignée de l'église de Saint-Pierre-la-Montagne, à Aire sur-la-Lys.
 
Les religieux qui desservaient cette église voyaient souvent ce pieux solitaire venir adorer le Seigneur dans son temple et prendre part aux Sacrements. Ils parlèrent de ses vertus extraordinaires; bientôt le château de la Salle retentit des éloges que l'on faisait de sa sainteté tous voulurent le connaître, et la pieuse Giselle, dans des vues bien supérieures à celles d'une simple curiosité, ou même d'une édification passagère, désira vivement entrer en communication avec ce grand serviteur de Dieu. Déjà elle méditait un genre de vie plus parfaite encore que celle qu'elle avait menée jusque-là; elle pressentait que c'était là le secours que Dieu lui envoyait pour l'aider à accomplir ses généreux desseins.

 
La première entrevue de ces deux âmes si saintes se fit à un quart de lieue environ de l'église de Saint-Pierre d'Aire, sur le penchant de la montagne, et auprès de la fontaine, qui, depuis très longtemps, porte le nom de Fontaine Sainte-Isbergue.
 
Dès ce moment, la Sainte avança encore avec plus de rapidité dans la carrière des vertus. Son amour envers Jésus Christ se développa de plus en plus dans son cœur, et lui inspira même le désir de vivre pour lui dans la virginité perpétuelle. L'occasion de manifester ces dispositions d'une manière éclatante se présenta bientôt. L'empereur de Constantinople, Constantin Copronyme, informé des brillantes qualités de la fille du roi des Francs, et voulant contracter avec ce prince une alliance, lui fit demander Giselle en mariage pour son fils aîné Léon. Cette proposition était bien de nature à flatter Pépin, et elle fit en effet une grande impression sur son esprit mais l'opposition que les grands du royaume ainsi que les évêques témoignèrent à cette alliance, les lettres qu'écrivit le souverain Pontife lui-même pour l'empêcher, et plus encore que tout cela sans doute les ferventes prières de sainte Giselle, ne permirent pas que ce projet fût réalisé. La Sainte, qui avait promptement communiqué toutes ses craintes à saint Venant, en reçut les plus sages conseils. C'est même alors qu'elle fit en sa présence le vœu solennel de chasteté, afin de s'engager par cet acte irrévocable au service de Dieu.
 
A quelque temps de là, un noble prince du pays de Galles (d'autres disent un roi des Ecossais), ayant entendu parler de la beauté extraordinaire et des autres grandes qualités de la Sainte, vint en personne la demander en mariage, et comme il était bon catholique (nous disent les historiens du pays), beau, bien fait, riche et accompli de tous points, il plut au roi, à la reine et à toute la cour. Giselle seule était plongée dans la tristesse. Pressée par ses parents de consentir à ce mariage, elle leur demande une nuit pour y penser et fait dire à saint Venant de la passer de son côté en prières, afin d'obtenir de Dieu la rupture de ce second projet et l'éloignement de ce péril nouveau. Comme elle savait quelle était la cause principale qui la rendait un objet de désir pour ce prince, elle demandait à Dieu de lui ôter cette beauté qui lui faisait courir tant de dangers.
 
Après avoir longtemps prié, une fièvre ardente la saisit, et en même temps elle est couverte d'une sorte de lèpre si hideuse, qu'elle devient un objet d'horreur pour ceux qui la regardent. Ses parents ne doutent pas qu'il n'y ait là une marque d'intervention céleste; ils cessent de lui parler de mariage, et le prince d'outre-mer, l'ayant vue si laide et défigurée, prend congé du roi et s'en retourne en son pays.
Toutefois il avait appris que c'était par les conseils et les exhortations de saint Venant que Giselle avait été amenée à penser et agir ainsi qu'elle l'avait fait. Il manifeste alors hautement sa colère, et, dès ce moment, deux des hommes de sa suite se mettent à chercher les moyens de le venger.
 
L'occasion ne leur fit pas défaut. En effet, ils persuadent à quelques scélérats qu'Isbergue, dans ses visites mystérieuses, va porter à Venant une foule d'objets précieux, que tous ces trésors sont cachés dans la cellule de cet ermite, et tout aussitôt ceux-ci ont résolu de tuer le saint solitaire, afin de se rendre maîtres de ces richesses supposées. Et bientôt saint Venant est tué par ces impies, et ainsi reçoit-il la palme du martyre, en récompense du sage conseil qu'il a donné à la princesse.
 
Cependant sainte Isbergue continuait de souffrir de la maladie qu'elle-même avait sollicitée comme un grâce. Mais le Seigneur, dont les voies sont toujours admirables, voulait que cette maladie servît à la fois à sauver du danger sa fidèle épouse, et à procurer triomphe de son serviteur saint Venant.
 
Une vision céleste apparaît donc a la pieuse princesse, et une voix mystérieuse lui dit que, pour être guérie, elle n'a qu'à prendre comme remède le premier poisson qui sera péché dans la rivière voisine, la Lys. Aussitôt le roi donne des Ordres, mais c'est en vain que les pêcheurs jettent leurs filets et font de longs efforts; leur pèche est infructueuse, et ils allaient revenir, lorsque tout à coup, à un certain endroit de la Lys, ils aperçoivent quelque chose qui flotte à la surface de l'eau. Ils s'approchent, ils voient que c'est un corps mort décapitée ils le prennent sur leur barque, et, au milieu des herbes amoncelées qui couvrent la poitrine du cadavre, ils trouvent une anguille que, dans leur foi simple et obéissante, ils s'empressent de porter à sainte Isbergue. La princesse, ne doutant nullement du caractère merveilleux de cet événement, et pleine de confiance en Dieu, n'hésite pas à manger ce poisson que d'autres eussent rejeté avec répugnance, et aussitôt sa fièvre cesse, les difformités dont elle était couverte disparaissent, la santé la plus parfaite lui est subitement rendue.
 
Elle ne doute plus alors que le corps trouvé par les pêcheurs ne soit celui de son guide vénéré, et bientôt les preuves les plus claires viennent lui donner pleinement raison. Une vieille femme aveugle avait souvent rendu à saint Venant des services de charité, en lavant et pansant la blessure qu'il avait à la jambe, et qui n'était pas encore parfaitement guérie lorsqu'il vint se retirer dans le bois de Wastelau. Cette femme est mandée, elle vient, palpe la jambe, reconnaît immédiatement la cicatrice de la blessure, et recouvre en même temps la vue. De plus on retrouve la tête du Saint, le doute n'est plus possible, de nouveaux miracles s'opèrent au contact de ces restes précieux, et le roi, pénétré de vénération et de reconnaissance, ordonne qu'on rende au saint Martyr les honneurs les plus grands. On porta solennellement le corps saint dans l'église où il avait coutume d'aller prier, celle de Saint-Pierre, sur la montagne (aujourd'hui Sainte-Isbergue), et il y fut inhumé. L'endroit où il avait mené la vie érémitique devint célèbre par la suite, et prenant de l'accroissement forma une ville qui porta le nom du Saint et s'appela Saint-Venant.
 
Après la mort du roi Pépin, qui arriva en 768, la bienheureuse Giselle eut encore à remporter une troisième victoire semblable aux deux précédentes. Cette fois, c'était avec un fils du roi des Lombards que Berthe sa mère voulait l'unir par les liens du mariage. Alors encore les circonstances et surtout les prières de la Sainte s'opposèrent à cette union que le ciel lui-même semblait réprouver.
 
Afin de mettre un terme à ces sollicitations aussi importunes que multipliées, sainte Giselle résolut d'embrasser la vie religieuse, et de vivre sous la Règle si sage de Saint-Benoît. Elle fonda donc à Aire, dans l'enceinte de la seconde ville, et vraisemblablement dans le château même de la Salle, un monastère où se réunirent bientôt sous sa conduite un grand nombre de jeunes filles.(2) Pendant trente ans la princesse vécut dans ce pieux asile, où plusieurs fois elle reçut la visite de son illustre frère Charlemagne. Elle continua d'exercer autour d'elle, par ses exemples et ses inspirations, la plus salutaire influence, jusqu'au jour où elle alla dans le ciel se réunir à son céleste époux. Cette bienheureuse mort arriva le vingt- unième jour du mois de mai de l'année 806 ou 808. Son corps fut transporté avec une grande pompe et déposé dans l'église de Saint-Pierre, sur la montagne où elle avait voulu être inhumée. C'est ce lieu qui dans la suite porta le nom de Ghisleberg ou Isbergue.
 
Le culte de sainte Isbergue a toujours été très cher aux populations de l'Artois et surtout aux habitants d'Aire et de ses environs. De nombreux pèlerins se rendaient chaque année à la fontaine et à la chapelle qui portent son nom depuis des siècles. Voici la description qu'un savant auteur a donnée de cette fontaine et de cette chapelle.


     (1) Le Nom primitif de sainte Isbergue était Ghirla en latin, Giselle en français. Ghirla est la traduction d'Etienne, nom du Pape, son parrain. Etienne, en latin Stephanus, vient d'un mot grec qui veut dire couronne. Très peu de temps auparavant, Pépin avait reçu d'un Pape la
couronne de France; il était tout à fait convenable que la fille spirituelle de celui qui se
nommait couronne, la fille de celui qui venait d'être couronné, fût-elle-même appelée d'un
nom qui rappelât a chaque institut ce double fait. Or, Ghirla n'est que l'abrégé du mot
Ghirlanda, qui signifie couronne de fleurs. L'illustre parrain ne pouvait dont mieux rendre que
par ce mot heureux la double idée qu'il avait voulu exprimer. On s'accoutuma bientôt
prononcer Ghisla au lieu de Ghirla. Puis, après la mort de notre Sainte, on donna à la
montagne où reposa son corps le nom de Montagne de Ghisla (Montagne de Giselle, en Ghisle- berg); après l'invasion des Normands, beaucoup de mots furent changés au point de devenir presque méconnaissables, et de ce nombre fut le mot de Ghisle-berg on Gisele-berg, dont on fit Isleberg en ôtant l'aspiration initiale Gh, puis Is-berg et Isbergue. Enfin, on s'accoutuma à désigner par le même mot et le nom de la montagne ou reposait la Sainte et la Sainte elle-même, qui dès lors fut généralement appelée Isbergne. Nous avons un exemple frappant de ce genre de transformation dans le nom de Compostelle, lieu du célèbre pèlerinage d'Espagne, lequel vient certainement, par corruption, de Jacobus Apostolus. Les deux premières lettres, voyelles J et A, ont d'abord été retranchées, ainsi que le terminaisons purement latines us, et il restait : cobpostol; de là la forme actuelle i n'y a qu'un pas, la lettre b, lorsqu'elle se trouve devant p, se changeant souvent en m dans toutes les langues. Il serait par trop facile de citer bien d'antres exemples analègues et tout aussi extraordinaires la première vue.
 
       (2)  Ce monastère était situé en-deçà de la Lys, dans l'enceinte de la deuxième ville, laquelle était
enfermée entre les trois cours d'eau la Lys, la Laquette et le Madicq. II existait encore en 857,
et donnait son nom à cette partie de la ville, qui s'appelait Arie-Munster, tandis que l'autre,
située au-delà du pont du Castel, s'appelait Ariacum. Plus tard il fut détruit, sans doute par les hordes barbares qui vinrent envahir le pays. Cependant une chapelle fat conservée ou rétablie en l'honneur de la Sainte; on en voit encore aujourd'hui des restes en assez mauvais état dans le jardin du bâtiment qui sert d'entrepôt pour les tabacs, et qui, avant la Révolution, était une maison de religieuses. Cette chapelle a quelques parties qui offrent le caractère du 15 e siècle. Les religieuses dont nous parlons ici portaient à Aire le nom de Soeurs-Grises.

POUR ALLER PLUS LOIN

 

ISBERGUES : «Sainte Isbergue est une légende»

(l'écho de la Lys, 30-11-2016)

 

Jean-Marc Dissaux, le président de l’association locale pour l’histoire de l’Artois (Alpha), vient de publier un ouvrage sur la légende de sainte Isbergue, dont le culte est toujours célébré dans la commune, et même au-delà.
 
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à cette légende ?
 
Tout d’abord parce que sainte Isbergue est un personnage qui intéresse le grand public. Sa légende est inscrite dans l’ADN de tous les Isberguois. Mais aussi parce qu’elle est très intéressante pour l’historien.
 
Dans quel sens ?
 
Pour deux raisons. D’abord parce qu’il existe une documentation très riche autour du personnage. On compte par exemple trois hagiographies sur sainte Isbergue, dont la plus ancienne remonte au 15e siècle. Les archives sont aussi nombreuses. J’ai par exemple pu consulter les comptes de l’église jusqu’en 1538. C’est très rare à l’échelle du Pas-de-Calais. Isbergues doit être l’une des communes où les archives sont les plus nombreuses. L’autre raison, c’est l’interprétation que l’on peut faire de cette légende. Un historien ne peut pas se contenter de raconter les récits merveilleux transmis de génération en génération. Il se doit de comprendre ce qui se cache derrière la légende.
 
Et qu’avez-vous découvert ?
 
Comme chacun sait, sainte Isbergue a été guérie de la lèpre en mangeant l’anguille trouvée sur le corps de saint Venant. L’anguille, c’est ici la clé de l’énigme. L’anguille, c’est la fusion entre le serpent, symbole chrétien par excellence, et le serpent, symbole diabolique d’origine païenne. Sainte Isbergue est donc un culte païen qui a été christianisé.
À cette légende s’est greffée une autre légende. On pensait qu’Isbergue était la sœur de Charlemagne, et que ses parents, Pépin le Bref et Berthe aux grands pieds, étaient enterrés à Aire, histoire de donner un semblant historique à la légende. Mais tout ceci est faux. On n’est d’ailleurs même pas sûr que sainte Isbergue ait vraiment existé, ce qui déchaîne les passions.
 
Pourtant, la légende de sainte Isbergue reste vivace dans l’esprit des gens.
 
Oui, on continue de l’accréditer. Même la Ville commet l’erreur sur son site internet en reprenant la légende comme s’il s’agissait d’une parole d’évangile. L’historien ne peut pas se contenter de répéter les erreurs, il se doit de rétablir la vérité historique. C’est ce que nous tâchons de faire avec cet ouvrage.
 
Pourquoi avoir décidé de l’écrire aujourd’hui ?
 
Tout simplement parce que l’année dernière, on a mis la main sur un ouvrage rare, le chaînon manquant que je me désespérais de trouver un jour. En 1629, Jean d’Offaigne, le curé d’Isbergues, a écrit un ouvrage sur la vie de sainte Isbergue. S’il était connu des historiens, il était introuvable, aussi bien dans les bibliothèques du Nord – Pas-de-Calais qu’à la BNF. Finalement, on l’a trouvé par hasard sur internet. C’est une bibliothèque jésuite de la région lyonnaise qui l’a numérisé avant de le mettre en ligne. C’est un autre miracle que l’on pourrait attribuer à sainte Isbergue (rires).
 
Avez-vous fait d’autres découvertes durant vos recherches ?
 
Oui. Alors que les premières impressions venaient d’être lancées, j’ai découvert dans des archives pas encore dépouillées la preuve que la chapelle sainte Isbergue avait été construite entre 1660 et1665. La tradition attribuait sa construction au 17e siècle mais rien ne permettait de le prouver. Aujourd’hui, on en est sûr. En revanche, la construction autour de la source existait déjà en 1629 et pourrait dater du Moyen-Âge.
 
L’ouvrage est disponible au Brazza, rue Roger-Salengro à Isbergues. Il est aussi en vente le samedi matin lors des permanences d’Alpha à la Maison des associations. On peut également le commander par courrier auprès de Jérôme Engrand, 2 rue du Maréchal-Joffre, 62330 Isbergues. Prix : 15€.

1 commentaire:

  1. Tres interressant; je m'appelle Pierre Venant et mon pere ne en 1892 s'appelait Charles, Pierre Venant. Il m'a toujours dit qu'une partie de la famille avait enleve le nom " Saint " au moment de la revolution, mais on pouvait reconnaitre la famille avec les prenoms Pierre, Charles, Robert .. ? Est-ce exact ? Sa grand mere etait une De Neve. La legende est tres attirante pour cette periode, il y a certainement beaucoup de verites cachees.

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