On entre à peine dans le printemps... A peine sortis de l'hiver, les gens n'attendent plus que de se transformer en estivants. Certes, Dunkerque a la chance de posséder une plage de sable blond et fin ininterrompue puisque l'on peut s'enfoncer loin de l'autre côté de la frontière... Ville balnéaire à la digue bordée de villas anciennes encore nombreuses mais ponctuée de quelques immeubles modernes pas toujours d'un excellent goût, elle résume à elle seule toute l'histoire architecturale de la ville du XIXe siècle à aujourd'hui, de la mode de la villégiature à l'aventure du logement collectif en passant par la reconstruction de l'après-guerre... Depuis deux ans, l'on nous assène le titre de "reine des plages", parfois en précisant - chose utile - "du Nord"... Pas bien difficile finalement quand on tient compte du peu de kilométrage linéaire de côte pour le département...
Pourtant, Dunkerque a de la concurrence sérieuse et réelle, à proximité avec les plages de Leffrinckoucke, de Gravelines et de Zuydcoote, plutôt sauvages; celle de Bray-Dunes qui lui ressemble furieusement; et un peu plus loin les autres villes balnéaires dont Le Touquet-Paris-Plage, directement reliée à la capitale dès son établissement.
De l'autre côté de la frontière, les regards se tournent plus vers Ostende... Une ville qui a subi bien des coups durant les deux dernières guerres et dont le destin n'est pas si différent de Dunkerque quand on compare les vicissitudes historiques de ces deux villes. A Ostende, entre deux immeubles modernes, l on a souvent la chance de découvrir de charmantes maisons et demeures de maîtres du XIXe siècle. La ville englobe ses bassins, la gare ferroviaire et le ferry sont au coeur de la ville, permettant d'y arriver facilement... Retour donc sur le destin d'un petit village dont la fortune s'est faite avec la naissance de l'Etat belge...
Avant la Belgique moderne
A l’extrémité orientale d’une petite île émergeant à peine
des flots, Ostende n'est qu'un petit village exposé aux forces de la nature, est devenu un
haut lieu de villégiature dès la naissance de l’Etat belge. Si le village est
mentionné en 814, l’on a peu de renseignements sur ses premiers siècles
d’existence. L'on sait que les conditions de vie sont difficiles pour ce village de pêcheurs, sur une côte soumise aux caprices de la mer, de ses incursions régulières comme de ses fameuses tempêtes.
Au XIIIe siècle, il est élevé au rang de ville par Marguerite de
Constantinople. Comme nombre d’agglomérations du littoral, ses habitants sont
confrontés aux assauts de la mer. S’ils construisent le port au milieu du XVe
siècle, ses habitants sont contraints de déplacer la ville, quelques décennies
plus tard, un peu plus au sud pour l’abriter derrière une digue. Ostende fait alors
sa fortune avec la pêche au hareng. Les siècles passent…
Ostende est souvent
malmenée par les guerres. En 1489, elle est pillée par les troupes de
Maximilien Ier d’Autriche. Lors du soulèvement des Pays-Bas, pendant la guerre
de 80 ans, les Protestants s’enferment dans la ville, rasent une partie des
dunes. La mer s’engouffre alors dans la brèche, à l’emplacement de l’entrée
actuelle du port. De 1601 à 1604, elle est assiégée par les Espagnols. Les
Gueux, obligés de capituler, rendent une ville ruinée qui ne subsiste par la
suite que grâce à la guerre de course.
En 1722, la maison d’Autriche créé la
Compagnie d’Ostende, qui obtient le monopole du commerce dans les Indes
orientales et occidentales. Elle se spécialise très vite dans les denrées rares
et les épices d’Extrême-Orient. Puissante, elle est néanmoins dissoute sept ans
plus tard, pour empêcher un conflit avec l’Angleterre et les Provinces-Unies.
Le port devient la préoccupation essentielle des Ostendais qui entretiennent un
commerce important avec les Anglais. Leurs efforts sont ruinés par le blocus
continental décrété en 1806 par Napoléon Ier afin de détruire l’économie
anglaise. Les années passées sous domination française sont difficiles, même si la future Belgique n'est alors que plusieurs départements français. L'économie traditionnelle en souffre terriblement, et la ville survit plus qu'elle ne vit.
On peut même parler, finalement, d'une histoire parallèle avec Dunkerque...
Une destinée anglaise.
La bonne société britannique invente la mode des bains de
mer à la fin du XVIIIe siècle. L'heure n'est pas encore au tourisme de masse mais cette mode gagne les couches les plus aisées de la société.
En 1784, un aubergiste anglais obtient le droit
de bâtir un petit pavillon où les baigneurs viennent acheter quelques
rafraichissements. Autour de cette échoppe naissent d'autres activités comme les cabines tirées par des chevaux qui emmenent le baigneur dans l'eau, loin à l'abri des regards. Le tourisme balnéaire est né : les Anglais qui viennent
visiter le champ de bataille de Waterloo aiment s’arrêter dans la petite
bourgade où certains notables font construire des villas. Il faut en convenir, ce sont bien les Anglais qui ont inventé le "tourisme", histoire de s'échapper quelque peu de leur insularité.
Puis naquit la Belgique
La révolution de 1830 permet la naissance d'un nouvel état avec une onarchie parlementaire dotée d'un roi qui règne mais ne gouverne pas. Le Roi fait la Belgique et la dynastie des Saxe-Coubourg préside malgré tout à de profondes transformations. Certes le Roi est confortablement installé au palais de Laaken, mais il faut bien tenir son rang, à l'image des autres souverains. Très vite, la royauté se trouve d'autres lieux de villégiature...
Dès 1834, la famille
royale prend ses quartiers dans la petite ville flamande. Le roi Léopold Ier
séjourne régulièrement dans une demeure de maître. La reine Louise-Marie y rend
le dernier soupir… Dans de telles conditions, Ostende est LE lieu où il faut
être pour tout noble ou grand bourgeois qui se respecte.
En 1839, Ostende est
reliée par le chemin de fer à la capitale. De plus, une ligne de ferry, la
malle, est mise en place pour rallier Douvres dès 1846. La ville est la mode :
en 1850, le premier casino-kursaal est construit, en bois, pour être facilement
démonté en cas de guerre. Pourtant Ostende est démilitarisée en 1865. Une fois
les fortifications rasées, la ville peut entamer son expansion.
L’intérêt royal ne se dément pas. Léopold II y installe sa
résidence d’été en 1874 en construisant le chalet royal. Son influence sur les
architectes et urbanistes est réelle…
Quant aux Anglais, ils sont « chez
eux » : en 1883, le Grand Prix d’Ostende se tient dans le nouvel
hippodrome que l’on baptise du nom de Wellington, le vainqueur de Waterloo. A
partir de 1895, c’est l’Anglais North, le « roi des nitrates », qui
mène à bien un nouveau projet d’aménagement du côté de Mariakerke et obtient en
même temps une concession de chemin de fer vicinal entre la ville et
Middelkerke… En 1896, l’église saint-Pierre-et-saint-Paul se consume dans un
incendie. Qu’importe, elle est rebâtie dans un très beau style néogothique à
partir de 1901 pour être inaugurée en 1905. La ville cherche son caractère
propre… entre villas à l’anglaise, maisons de maîtres, vieilles demeures à pas
de moineau et église aux dentelles de pierre…
Ostende subit d’effroyables
destructions pendant la première guerre mondiale, car c’est désormais un port de guerre allemand dont
les sous-marins font des ravages et la banlieue n’est pas plus épargnée à cause
des canons lourds que le Kaiser a fait installer. Gigantesque garnison et port militaire, Ostende fait l'objet de toutes les attentions des Alliés qui bombardent abondamment la ville. Il importe de faire taire les canons lourds installés dans la ville et dans sa périphérie et surtout de bloquer navires et sous-marins qui font des ravages dans la Manche et la Mer du Nord... La tentative anglaise pour
bloquer le port reste là dans toutes les mémoires. Comment d'ailleurs pourrait-elle échapper aux combats, la ligne de front s'est établie à l'issue de la course à la mer dans sa banlieue immédiate.
La Seconde guerre mondiale apporte un nouveau lot de destructions et la ville côtière se trouve confrontée à de nouveaux défis.
Après la Grande Guerre,
Ostende bénéficie des congés payés et attire sans cesse plus de monde. Néanmoins, il faut attendre l'après-seconde guerre mondiale pour en mesurer les effets et en tirer profit Aux demeures
bourgeoises qui ont survécu aux guerres, on donne pour voisins de hauts
immeubles puis des géants de verre telle la tour Europa. La ville reste un but privilégié de
promenade, avec sa longue plage de sable fin mais laisse un goût bizarre aux
amateurs d’architecture par le mélange des styles et des époques…
mooi gebracht verhaal wat doet nadenken en reflecteren naar wat voorbij is en onze kindertijd tijdens WO1 blijvend is blijven. Dank!
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