In P. Perin & L.-C. Feffer – Les
Francs ; tome 1 : à la conquête de la Gaule – coll.
Civilisations, Armand Perrin, Paris, 1987, 229 p. pp.119-120
La tombe de Childéric fut découverte le 27 mai 1653 à 15
heures par un maçon sourd-muet, Adrien Quinquin, à l’occasion des travaux de
reconstruction de l’hospice Saint-Brice à Tournai. A 2,50 m de profondeur, il
mit au jour les débris d’une bourse de cuir remplie de pièces d’or, puis un
bracelet en or, ainsi que des restes de fer et surtout une grande quantité de
pièces d’orfèvrerie cloisonnée de grenats. Parmi ces objets se trouvait une
bague sigillaire en or avec l’inscription CHILDERIC REGIS. Il s’agissait donc
bien du roi Childéric, père de Clovis, qui était cité à plusieurs reprises par
Grégoire de Tours dans l’Histoire des
Francs.
L'anneau sigillaire de Childeric (D.R.)
Cette découverte fit l’objet d’une publicité immédiate à
Tournai, puis à Bruxelles. A une curiosité bien compréhensible pour ce trésor
royal, les citoyens de Tournai et les habitants des Pays-Bas espagnols ajoutèrent
la fierté légitime de posséder la sépulture du roi qui avait engendré la
première dynastie de la puissance voisine, la France ! L’archiduc
Léopold-Guillaume, gouverneur des Pays-Bas au nom du roi d’Espagne Philippe IV,
se fit remettre la presque totalité des trouvailles et chargea son médecin
personnel Jean-Jacques Chiflet, de les étudier et les publier, initiative
heureuse dont nous lui sommes redevables. Originaire de Besançon, Chiflet
(1588-1673) s’était fixé à Bruxelles après une brillante carrière qui l’avait
notamment conduit en Espagne, où il fut le premier médecin de Philippe IV.
Celui-ci l’avait chargé de publier l’histoire de la Toison d’Or, car Chiflet
ajoutait à sa science médicale un talent d’historien qui le conduira à publier
près de trente-cinq ouvrages entre 1607 et 1659. On comprend donc les raisons
qui conduisirent Léopold-Guillaume à faire appel à cet érudit pour l’étude et
la publication de la tombe de Childéric.
L’affaire fut menée avec célérité puisque l’ouvrage paru à
Anvers en 1655, en latin, sous le titre d’Anastasis
Childerici I Francorum regis ; sive thesaurus sepulchralis Tomaci
Nerviorum effossus et commentario illustratus, était illustré de vingt-sept planches gravées et
accompagnées de notations pertinentes. C’est à bon droit que l’on peut
considérer ce travail comme la plus ancienne publication archéologique à
caractère scientifique réel.
Après sa publication, le trésor fut à nouveau remis à
Léopold-Guillaume qui, à son départ des Pays-Bas espagnols en 1656, l’emporta à
Vienne. A sa mort en 1662, il devint la propriété de la maison d’Autriche et
revint à l’empereur Léopold Ier. En 1665, Jean-Philippe de Schonborn,
archevêque de Mayence et prince-électeur du Saint-Empire, obtint que ces
précieuses reliques fussent remises à Louis XIV en signe de reconnaissance :
en effet, celui-ci avait à la fois aidé l’armée impériale à vaincre les Turcs
en Hongrie, en 1664, tout en soutenant le prince-électeur lors d’une révolte de
ses sujets. L’empereur accepta, conseillé par son confesseur, le jésuite
Brenik, et il fit faire des copies des objets dont plusieurs ont été récemment
retrouvées à Innsbruck par le savant allemand Joachim Werner, professeur,
membre de l’Académie des Sciences de Bavière. Les originaux furent remis à
Louis XIV le 2 juillet 1665, alors qu’il se trouvait au château de
Saint-Germain. »
Merci! Superbe article
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