In P. Perin & L.-C. Feffer – Les
Francs ; tome 1 : à la conquête de la Gaule – coll.
Civilisations, Armand Perrin, Paris, 1987, 229 p. p 122
Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, le « trésor »
de Childéric, après 1665, ne souleva pas le même intérêt à la cour de France qu’à
Tournai et à Vienne. Les reliques de Childéric prirent d’abord place dans les
collections royales conservées au Palais du Louvre, avant d’être transférées à
la Bibliothèque royale de la rue de Richelieu, où elles semblent avoir été peu
accessibles. En effet, tous les chercheurs qui s’intéressèrent à cette découverte
se bornèrent à reproduire les planches de Chiflet. Un inventaire daté de 1864,
conservé à la Bibliothèque nationale, permet néanmoins de connaître la composition
exacte du célèbre trésor.
Ayant traversé sans encombre la période révolutionnaire, le
trésor de Childéric fit les frais du vol rocambolesque qui fut perpétré à la
Bibliothèque royale dans la nuit du 5 au 6 novembre 1831, sans que la presse
judiciaire de l’époque (les archives de la police ayant disparu lors de la
Commune de Paris) n’en fit une seule fois mention, à la différence d’autres
pièces d’orfèvrerie tenues pour plus prestigieuses, tel la « Patère de
Rennes », le « Plat de César » ou le « sceau d’or de Louis
XII » !
Le vol fut commis par un forçat évadé, Fossard, dit « Bonnet
rouge » et par son complice Drouillet, dit « le voyageur ». Tous
deux furent rapidement arrêtés par le policier Coco Lacour, adjoint du célèbre
Vidocq. Après une enquête pleine de rebondissements, les suspects avouèrent et
il fut enfin possible de savoir ce qu’étaient devenus les objets volés en
novembre 1831. Les objets en or massif avaient été fondus à la hâte aussitôt
après le vol et on retrouva au domicile du dénommé Drouhin, complice de Bonnet
Rouge, dix-sept lingots d’or. Les objets les plus difficiles à transformer en
lingots, comme les pièces cloisonnées du trésor de Childéric, furent immergées
dans la Seine près du Pont-Marie, et à l’aide d’une cloche à plongeur, on pût
repêcher le nombre exact de sacs de cuirs indiqués par les accusés, à la fin de
juillet et au début d’août 1832. Au total, 77 des 80 kg de pièces d’orfèvrerie
et de médailles furent récupérées mais la perte était immense pour l’art et la
science. C’est pourquoi, en ce qui concerne le trésor de Childéric, le livre de
Chiflet est un document irremplaçable.
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