A l’une des extrémités de la place de l’hôtel de ville de
Bergues, s’élève le beffroi, tour en briques e 54 mètres de haut et offrant 7 m
50 de large sur chacune de ses faces. La porte qui donne l’accès à l’intérieur
se trouve côté Sud, mais le côté Est, orné d’une manière plus symétrique,
faisant face à l’hôtel de ville et moins engagé dans les habitations, peut être
considéré comme la façade principale/
Entouré à sa partie inférieure de constructions parasites
que l’on a malheureusement laissé s’y grouper, ce beffroi présente, à partir du
toit de ces constructions jusqu’à la naissance des tourelles, des arcatures
ogivales aveugles, dont les bordures sont formées à l’aide de petites briques
moulées exprès. A 23 mètres du sol s’élancent, aux quatre angles de la tour, d’élégantes
tourelles octogonales, placées en encorbellement et ornées comme la tour d’arcatures
ogivales aveugles. Chaque tourelle est couverte d’un petit dôme en ardoises,
offrant aussi une forme octogonale et couronné d’un gracieux campanile ;
entre ces tourelles, au haut de la tour, se voient les quatre cadrans de l’horloge
portés par des montants en fer. La partie supérieure de ces cadrans forme
parapet autour de la plate-forme de la tour. Au centre de cette plate-forme s’élève
la chambre des cloches, construction octogonale, qui est ouverte sur toutes ses
faces, et au-dessus de laquelle s’élève le campanile central beaucoup plus
grand et plus orné que ceux des tourelles. Il est surmonté d’une boule allongée
et au-dessus de cette boule tourne au vent le
lion portant un étendard qui sert de girouette. Comme nous l’avons dit l’édifice
est en briques, à l’exception toutefois de deux cordons de feuilles frisées
ornant les tourelles qui sont en pierre, et de têtes bizarres placées aux
angles de ces mêmes tourelles qui sont en bois. Le caractère de l’édifice
révèle la fin du XIVe ou le commencement du XVe siècle. C’est à tort que l’on
attribue aux Espagnols. C’est un monument qui est bien flamand et qui a été
élevé près de deux siècles avant l’établissement de la puissance de l’Espagne en
Flandre ; d’ailleurs les Espagnols, comme nous l’avons déjà rappelé, n’ont
exercé aucune influence artistique dans les Pays-Bas. A l’intérieur les parties
inférieures de la tour, bâties avec solidité et appuyées sur des murs épais et
une voûte en ogive, supportent seules le poids des parties supérieures où se
trouve la charpente. Cette charpente relie les quatre faces de la tour, sans
les charger : la faiblesse d’écarrissage de ses montants verticaux prouve
qu’ils n’ont d’autre destination que de prévenir l’écartement et de servir de
tirants plutôt que de points d’appui. La charpente qui joue le rôle principal
est dans la chambre des cloches; toutes les forces y sont concentrées
autour d’un poinçon très solide qui sert d’axe général à la construction et en
forme le véritable point d’appui.
La chambre des cloches renferme une grosse cloche dite le Tocsin, pesant 6.783 kilogrammes, une
cloche dite de la Retraite ou du Ban, pesant 3.200 kilos, deux autres
cloches, pesant chacune 750 kilos et enfin 29 cloches et clochettes de
différentes grosseurs, servant pour le carillon. Parmi les inscriptions que
présentent ces cloches, nous ne reproduirons que celle de la cloche du Ban, qui
est en flamand et dont voici la traduction : « année 1782. Mon nom
est cloche du ban, tel était aussi le nom de ma mère âgée de 222 ans et de ma
grand’mère âgée de 177 ans. » La cloche de 1782 avait donc été fondue avec
une cloche comptant 222 ans d’existence et par conséquent datant de 1560, et
celle-ci avait elle-même été fondue avec une autre comptant 177 ans et datant
par conséquent de 1383. Or, en cette année 1383, la ville de Bergues a été
prise par les Français et livrée aux flammes, à l’exception de trois édifices
religieux. Cette date de la fonte de la cloche est probablement aussi celle de
la construction du beffroi.
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