Eric Vanneufville (descendant de Jules Gosselet) in : « Géologie, patrimoine et
environnement en Nord-Pas-de-Calais » - résumés d’intervention du
colloque – 26-28 novembre 2002 », Musée d’Histoire Naturelle de Lille,
2002, p.p. 2-3.
« Né à Cambrai en 1832, Jules Gosselet est issu d’une
famille bien implantée dans le Hainaut, région de Landrecies-Maroilles. Son
père, jacques, était pharmacien à Cambrai, frère d’Auguste, médecin des
épidémies à Lille, et sa mère Adèle Dollez.
Elevé en liberté au grand air, instruit par sa tante
Tantinette puis par l’institution Courboulis de Landrecies où il apprit le
latin, il passa par le lycée de Douai qu’il quitta bachelier pour aller à Paris
à l’école de Pharmacie.
Trop distrait et bucolique pour être apothicaire, il entra
dans l’enseignement comme second professeur de mathématiques au Quesnoy où il
mena de front ses cours et ses premières recherches personnelles de sciences
naturelles.
Inscrit comme étudiant à Paris à ce titre, il se passionna
très vite pour la géologie et fut engagé par l’un de ses examinateurs, Constant
Prévôt, comme préparateur en géologie à la Sorbonne. Homme de terrain, à Paris
comme en sa région natale, après avoir réussi sa licence de sciences naturelles
en 1855, il présente à la Société géologique de France en 1857 une étude sur
les carrières d’Etroeungt, ses fossiles, sa stratigraphie. Dès lors, il fut
perçu comme un révolutionnaire n’ayant foi que dans le terrain, sa boussole et
son marteau, mais demeura l’élève assidu du très libéral et ouvert Constant
Prévost, comme du méthodique professeur Hébert. Sa thèse de doctorat, soutenue
en 1860 à la Sorbonne sur les terrains primaires de Belgique, des environs d’Avesnes
et du Boulonnais, confirme cette réputation.
Après un passage au lycée de Bordeaux jusqu’en 1864, où le
suivit en 1863 sa jeune épouse Marthe Dollez, il est professeur suppléant d’histoire
naturelle à la faculté de Poitiers, avant d’être nommé, fin décembre 1864,
titulaire de la chaire de Géologie créée à l’université de Lille.
Obstiné, voire têtu, de plus en plus adepte du terrain et de
la pédagogie active et pratique, il étudia et fit découvrir à ses élèves le Nord
de la France, les Ardennes et l’Eifel, s’attachant aux coupes stratigraphiques
et aux données révélées par les fossiles en matière de niveaux paléontologiques.
La connaissance tectonique de la chaîne ardennaise, la paléontologie de la zone
entre Rhin et Mer du Nord, la dénivellation, datée, des Flandres par rapport à
l’Artois, la cartographie géologique et hydrogéologique, les phosphates, la
houille sous les terrains dévoniens, constituèrent le résultat principal de ses
recherches, sur le terrain et synthèses réalisées en cours et en publications
par Jules Gosselet et l’équipe de ses disciples, stimulés par l’exemple de son
altruisme.
En 1902, atteint par la limite d’âge, il quitte sa chaire,
unanimement salué par les géologues de toute l’Europe, Charles Barrois continue
son œuvre et entretient une coopération amicale avec le généreux Jules Gosselet
qui a donné à la Ville de Lille et à son Université, sa collection et sa
bibliothèque. Dès lors, le grand-père instruisit personnellement ses deux
petits-fils dont François, futur président de la Société de géographie de
Lille, comme il avait instruit ses sœurs dans sa jeunesse à Landrecies.
Cette force de la nature mourut à 84 ans, en 1916, des
suites d’un malaise contracté au laboratoire tandis qu’il s’efforçait de
sauver, dans le froid et l’humidité, ses collections muséographiques mises à
mal par la terrible explosion du dépôt de munitions des Dix-Huit Ponts, dans
Lille occupée. »
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