mardi 4 septembre 2012

le curieux destin du château de Quesnoy-sur-Deule




Pour un lieu qui tire son nom d'une "Chenaie au bord de la Deûle", le village est désert d'arbres, agriculture moderne oblige. Placé sous le patronage de Saint-Michel, dont la première mention remonte à 1132, il était défendu par un château de belle taille et dont ne demeurent que quelques rares illustrations.

Erigé dans la Deûle, le château est une tour rectangulaire de 60 mètres sur 80 avec 8 tourelles et un pont-levis. La basse-cour possède aussi un jardin de plaisance (cadastre de 1867 section C2). Il se dressait à environ 125 mètres de l'église paroissiale. Au XVIIème siècle, une chapelle castrale et une porte monumentale y sont adjointes. Cette dernière se trouvait devant la place du village.

La «ville, terre et seigneurie» de Quesnoy-sur-Deûle relève de la Salle de Lille et détient la justice vicomtière, celle concernant les affaires courantes.

En 1371, la seigneurie est entre les mains de «Gossuin, sire de Kesnoit et de Brasse, chevalier et dame Yolent de Mortagne, sa femme» lequels sont nommés dans un arbitrage du bailli de Lille, concernant la seigneurie de Tourcoing. En mars de l'année suivante, la seigneurie est décrite comme comprenant d'abord un manoir avec 22 bonniers de terre (un peu plus de 31ha). Le château, primitivement installé dans la rivière, doit protéger le pont et les écluses de la ville. Il utilise donc la Deûle comme douves afin de mieux la verouiller.

Le 18 juin 1411, une sentence du baillage de Lille adjuge au duc de Bourgogne «la terre du quenoy sur deusle» aux depends de «Jean duquenoy du droit qu'il prétendoit y avoir comme hoir de Jehan duquenoy son  oncle seigneur de lad. terre». La même année, le duc de Bourgogne entre en possession de la seigneurie non sans consentir à un dédommagement au prétendant:
«Jehan duc de Bourgogne conte de Flandre (...) a tous ceulx que ces pntes leres verront salut. Comme certain procez se soit piecha meu entre Jehan du quesnoit demourant en la ville du Quesnoit sur le deulle demandeur d'une part et mes procureurs estans à Lille pour au nom de nous deffendeur d'autre part par devant mon gouvernement de Lille ou son sextendant pour raison de la terre et seignourie dudit lieu du quesnoit laquelle ycelieu Jehan disoit a son droit par la succession de feu Jehan du quesnoit jadis son oncle et seigneur dicelle tere et seignourie auquiel tant fut procédé que sentence fut donnée par ledit gouvernement ou son lieutenant au profit et intention de medt procureur sont icellui Jehan duquesnoit appela et releva et fit excuses son dit appel au parlement de monß le Roy (...) en menant procès  qui a duré plus de six ans (...)que renoncheront audit procez et a tout le droit de propriété et succession que amon pouoir et reclamans en ladit terre et seignourie dud. quesnoit pour lui et ses hoirs et ayans cause a tous jours, savoir faisons que nous en sus et es advis et deliberation avecq les gens de me conseil et meismes par la pitié et compassion que avons eu dicelluy Jehan lui avons donné et par ces presentes de mes gains (illisible) donnons la somme de 20 frans de provision...».Il est précisé plus loin qu'il d'agit d'une provision  annuelle sur les revenus de cette terre (ADN / B1130 n° 19207).  La renonciation de Jean Ducquenoy est passée devant le bailli de Tournai le 19 mars 1411, confirmée le 24 juillet 1412. Celui «renonce bien à tout droit de propriété et de succession et réclames sur la terre du quenoy la conséquence de la donation  faite audit Jehan Duquenoy de 20 frans de rente viagère sur le revenu  de la terre par le Duc de Bourgogne». En 1417, 1419 et 1420, le seigneur de Quesnoy est le «noble homme franchois doignies, escuier».

A la fin du XIVème siècle, le château est une résidence occasionnelle des ducs de Bourgogne qui le possèdent toujours. Aux alentours de 1579, les gueux s'en emparent mais, repris, il est détruit tout comme le village.  Louis de Mailly entreprend de le reconstruire et y fonde, en1616, une chapelle. Le rapport du 26 fevrier 1618  servi par «Louis de Mailly, chevalier», mentionne «ung chasteau environné d'eauwes, ung pont levis avecq la bassecourt, fossez et jardins de plaisance contenant ung bonnier d'heritage abouttant à la chaussée de Lille à Ypres, d'aultre à la rivière de la Deusle, du triesmes sises à la chimenteire dudict quesnoy et à la ruyelle du riviage de St-Michel» 
Un inventaire mentionne pour la même date un dénombrement «de la ville, terre et seigneurie de Quesnoy sur la deusle par Louys de Mailly, chevalier, Sr du Quesnoy, Gavre, Mœurchin, vicomte d'Epe, Sgr de Blangy, Buire au bois et du Faut, provenant de la succession de Jean de  Monsire, Sieur de Ghémicourt, son frère utérin, fils de Dame Gabrielle d'Oignies, sa mère»

Son fils Philippe y fait de nombreux travaux et élève notamment une porte monumentale donnant sur la place du village. Le fief prend de l'importance car Philippe IV d'Espagne créé le Comté du Quesnoy en 1661. 

En 1698, la seigneurie est tenue par «Madame la marquise de quesnoy, veuve du sieur de Mailly». Dugué de bagnols précise que Quesnoy est «érigé en marquisat, [est] terre considérable mais qui n'a pas beaucoup de mouvances».

Au XVIIIème siècle, le château est propriété du Duc de Croÿ et est utilisé comme prison. Sans utilité, le château est vendu sous le Premier Empire puis rasé. On pouvait encore voir ses fondations en 1914 mais elles furent diminuées par le redressement de la Deûle.

6 commentaires:

  1. Bonjour, quelques corrections :
    - Gossuin, sire de Kesnoit et de Brasse. En fait de Braffe (à Péruwez-B)ces de Kesnoit là n'ont rien à voir avec ceux de QsD. Le Quesnoy dont ils sont seigneurs est également à Péruwez. Leuridan avait déjà noté une erreur d'attribution de leur blason à ceux de QsD. D'ailleurs en 1372 Gossuin est vivant mais le Jean de Quesnoy (sur Deûle) dont vous parlez en fait le rapport et dénombrement...
    - En 1417, 1419 et 1420, le seigneur de Quesnoy est le «noble homme franchois doignies, escuier. Faute de frappe, c'est en 1517. Quesnoy devient propriété des duc de Bourgogne puis est donné à la collégiale St Pierre de Lille en 1425 puis en 1429 à Guy Guilbaut qui le laisse à sa fille épouse de Bauduin d'Oignies dont descend François.
    - Je serais intéressé par la référence du dénombrement après 1618.
    - Il s'agit de Jean de Monsure et non Monsire.
    - En 1661 Quesnoy est érigé en marquisat, pas en comté.
    En tous cas bravo pour vos références qui corrigent quelques erreur souvent publiées.

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    2. Bravo HistoireDuNord et Castello-Lillois, merci aussi!
      Je cherche depuis 30 années l'origine des Sires de "Pottes" (aux trois pots") par rapport aux METIERS et aux NOMS DES HABITANTS des lieux, à dans le château du Quesnoy à Pottes (Ellezelles, où habitait mon ancêtre Kerchove) et, deux siècles plus tôt, dans le château du Quesnoy à Potelle (où habitait Alart de Mortaigne avec son épouse Catherine de Pottere). Exemples d'habitants: Errembeult, De Potter ("aux trois pots"), Sersander... Souvent des gens de Renaix, Roubaix, Tournai, Courtrai, Douai (armes "aux trois pots") occupant le chateau du Quesnoy (mes cousins de Kerchove) ou le château de Molembaix (mes cousins Ghellinck, auteurs du livre sur les "sires de pottes"). Merci pour toute aide via ma page Généanet: https://gw.geneanet.org/nicolaspotter_w?lang=en&n=frasnes+help&oc=0&p=jehan+frasnes+francois+pierre&type=tree

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