lundi 11 mai 2020

« Le chevalier de saint-Pol et sa première croisière »


in Bulletin de l’ Union Faulconnier, tome III, Dunkerque, 1900,  673 pages,  pp 169-172



 
« Vers la fin de 1702, le chef d'escadre de Pointis fut relevé de son commandement dans le Nord, cet officier, bon manœuvrier d'escadre, dont le courage était prouvé, fut à même de montrer sa capacité dans les eaux de la Méditerranée. En avril 1705, après plusieurs attaques tentées contre Gibraltar, en même temps assiégé par le maréchal de Tessé de Pointis se fit jour, avec cinq vaisseaux qui lui restaient, à travers une flotte ennemie de vingt-trois vaisseaux, qu'il combattit avec acharnement.
Après le départ de de Pointis, Pontchartrain eut l'heureuse inspiration de lui donner comme successeur le chevalier de Saint-Pol, l'ancien officier de choix de Jean Bart. Ce fidèle compagnon du béros dunkerquois allait bientôt continuer, dans des croisières aventureuses, l'école de son maître et, avec l'aide des croiseurs particuliers, inspirer à nos ennemis une crainte salutaire.
 
Avec de Saint-Pol, nous entrons clans la période où la marine d'armateurs, aidée par de rares bâtiments du Roi, jeta seule quelque éclat sur les événements de la guerre. Commandés par des officiers corsaires pourvus de commissions de lieutenants de frégate ou de capitaines de brûlot, les navires particuliers trouvèrent des ressources dans la vente des objets d'armement contenus dans les arsenaux. Trop souvent, depuis 1703 jusqu'à la fin de son règne, Louis XIV fut réduit, en raison de l'état des finances, à vendre des vaisseaux de la flotte royale. 
 
De Saint-Pol, qui commandait la frégate l'Adroit, de 30 canons, avait déjà fait, au commencement de 1703, la prise d'un vaisseau anglais de 32 pièces. Le 19 avril, il reprenait la mer avec le Milford de 40 canons, commandé par M. Damas de Marillac. 
 
« J’ai conçu, dit-il dans son rapport de campagne, qu'il, ne m'était pas possible de rien entreprendre d'utile pour le service du Roi », n'ayant sous ses ordres que deux bâtiments. Aussi, il engagea à se joindre à lui la Dryade, de 40 canons, la Reine-d ‘Espagne également de 40 canons, armées en course, ainsi que deux petits corsaires flamands. Le 23 avril, de Saint- Pol rentrait à Dunkerque après s'être emparé, presque en totalité, d'un convoi expédié de Londres pour la Hollande. Il ramenait également deux bâtiments de guerre ennemis, sur les trois qui formaient l'escorte. Le meilleur de ces navires était le Salisbury, percé pour 58 canons et tirant 16 pieds d'eau. 
 
« C'est, disait de Saint-Pol, un vaisseau parfait pour la navigation de Dunkerque ». Cornil Bart avait été blessé dans cette affaire. A la suite du succès de de Saint-Pol, les Anglais armèrent une flotte chargée de bloquer le port de Dunkerque, mais « ils ne purent empêcher la frégate la Sirène, de 30 canons, commandée par le capitaine André Bart d'y entrer de Cadix par le Nord- Ecosse, en moins de six semaines. »
Le 8 juin, le capitaine chevalier de Saint-Pol sortit de nouveau pour aller croiser aux liés Orcades, avec Le Salisbury, de 50 c, dont il avait le commandement, Le Milford, de 40 c, capitaine Damas de Marillac, L'Adroit, de 30 c, » de Seine, Le Ludlow, de 30 c, » de Roquefeuil, et une corvette de course.
Le 22 juin, il rencontra un convoi de pêcheurs escorté par quatre bâtiments de guerre anglais qu'il réussit à atteindre. Deux de ceux-ci furent enlevés à l'abordage par le Salisbury et le Ludlow. Après -un échange de quelques bordées, le capitaine de Seine réussit aussi à accoster un des bâtiments ennemis, il était à peine accroché, que son adversaire sauta. L'explosion démâta l'Adroit et l'ébranla au point qu'il coula peu de temps après, entraînant avec lui dans l'abîme son capitaine et la presque totalité de son équipage. L'ennemi profita de l'émotion causée par ce désastre pour se retirer ; de Saint-Pol le poursuivit et parvint à détruire presque tous les pêcheurs. Le 31 juillet, le Salisbury s'empara d'un vaisseau hollandais de 30 canons. Le 9 août, la petite escadre de de Saint-Pol fit jonction avec trois navires de Dunkerque, commandés par M. de la Luzerne, ce qui permit d'attaquer avec avantage la flotte de hareng, sortant de la Meuse sous l'escorte de quatre vaisseaux de guerre hollandais.
 
Dans son Journal de navigation de Saint-Pol, à différentes reprises, donne les plus grands éloges au lieutenant de vaisseau Cornil Bart, auquel il avait confié plusieurs missions importantes.
Le 14 octobre, de Saint-Pol arrivait sur la rade de Dunkerque. L'Intendant Robert, ayant été promu à l'Intendance de Brest, avait déjà quitté la ville à ce moment. »

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