In Alain Gérard – « 100
figures d’Antan du nord de la France », éditions Voix du
Nord, Lille, 2002, 103 pages, p.75
Que le lecteur ne se méprenne pas
sur le sens de ce titre : nous ne prétendons nullement que le général
statufié au centre de Lille, où il est né rue Saint-André, le 3 juin 1818, soit
méconnu de ses concitoyens.
Mais si son action militaire est
présente à la mémoire de beaucoup, son rôle comme pacificateur et administrateur
efficace de vastes territoires africains est moins bien situé et enfin son œuvre
d’érudit est à peu près totalement oubliée.
C’est ce dernier point que nous
souhaitons tirer de l’ombre.
Ses recherches savantes se
partagent en trois secteurs. Le premier concerne le Soudan, le Sahara et le
Sénégal où Faidherbe accomplit une part essentielle de sa carrière. Il publie
de nombreux travaux relatifs à la géographie physique, économique et à l’ethnographie
de ces régions. Après son élection, par acclamations, à la présidence d’honneur
de la Société de géographie de Lille, en juin 1880, il enverra régulièrement
des notes prouvant la constance de son intérêt pour les pays où sa carrière
avait débuté.
Son état de santé l’ayant fait
affecter en Algérie, il poursuit des travaux historiques centrés sur les
Carthaginois, Hannibal et les migrations transsahariennes. Il explore et décrit
plusieurs centres archéologiques importants, en particulier des sites
mégalithiques. Ces travaux, tout à fait originaux à l’époque sont rapportés à l’académie
d’Hippone (ancienne ville numide) qu’il préside avec grande autorité. Ses publications
retiennent l’attention des milieux spécialisés et accroissent sa notoriété.
Les travaux auxquels il tient le
plus, et où il est probablement le plus original, sont consacrés à la
linguistique et aux inscriptions gravées, peintes, etc. relevées en Afrique du
Nord. Sa collection complète des inscriptions numidiques, publiée par la
Société des sciences de Lille en 1870 fait l’objet d’une superbe édition
réalisée par son condisciple et ami, l’imprimeur L. Danel. Faidherbe, membre
correspondant de la société depuis 1855, l’honore de nombreuses publications
originales : il est élu membre titulaire à l’unanimité, en mai 1872.
L’originalité des travaux qu’il
poursuit dans le domaine de l’épigraphie et des langues berbères le font élire
à l’Institut en 1884. Son œuvre savante, à défaut d’autres titres, eût été
suffisante pour sauver sa mémoire de l’oubli.