lundi 25 mai 2020

l'unique casemate rotative au monde, la batterie Waldam du Fort Vert (62)


La batterie Waldam semble perdue dans un océan de verdure. Pour y accéder, un chemin mal carrossé, le « Digue taaf » qui met les amortisseurs à rude épreuve part de la batterie Oldenburg de Calais. Inutile d’aller plus loin au croisement avec le chemin de Waldam, il est en sens interdit. Bien que sur le territoire de Marck, il faudra revenir sur ses pas en repassant par Calais.
 

Le chemin de Waldam mène à un poste de garde plus loin vers la mer, une guérite en béton signale l’entrée de la position en faisant face à un poste de garde. En plusieurs endroits des tétraèdres émergent des broussailles et servent souvent de limite aux chemins, permettant de barrer les accès avec des chaines.
 

Il faut encore faire attention et choisir ses dates pour visiter les lieux. Des panneaux avertissent de ne pas sortir des chemins en raison de piégeages. Soit…  Cela interdit donc pour l’heure de tenter de visiter les casemates autres que le M 270 qui bordent le chemin. C’est qu’en cours du cheminement vers la tourelle M 305 que l’on s’aperçoit que plusieurs installations allemandes ont été reconverties en huttes de chasse, surtout autour des étangs entre la batterie et l’estran. La position reste néanmoins une de celles qu’il faut absolument visiter en raison de l’unicité de la casemate rotative.
 
Avant-guerre, les Français avaient établi une batterie d’artillerie au Fort-Vert pour défendre Calais, occupée et rééquipée par les Allemands après la prise de la ville.
 
La batterie « Waldam » est créée en juillet 1940 pour la protection orientale du port de Calais. Codée Küsten-Batterie MI, elle est constituée de trois pièces de 17cm SKL/40 placés à ciel ouvert. Au début de l’année 1942, la batterie passée à la Kriegsmarine, commandée par un Leitstand SK rehaussé par un troisième niveau, est remplacée par trois canons de 15 cm SKC/28 qui sont installés sur les emplacements initiaux. Chaque canon monté sur sellette repose sur une plateforme encadrée par deux soutes à munitions. En arrière, le personnel loge dans des abris de type SK/Kriegsmarine ; des locaux en béton ou mi-brique mi-béton servent à la logistique du site (abri cuisine, garages, abri infirmerie, abri usine, latrine, etc.) dont plusieurs portent des inscriptions nominatives. 
 
un des garages de la batterie

En 1943, la batterie est rattachée à la MAA 244 de Calais en tant que première batterie puis est codifiée en Stützpunkt 15. Ses effectifs sont alors de 3 officiers, 23 sous-officiers et 123 marins.
 
En août de la même année survient un second changement en profondeur. Deux casemates de type M 270 vont accueillir deux des trois matériels de 15 cm alors que la troisième pièce est prévue pour une installation sous une casemate expérimentale, de type M 305, dont le prototype a été confectionnée au Pio-Park de Gennevilliers sur ordre du Generalmajor der Marin Pionier Franz Habich, dans l’espoir de palier à l’inconvénient du manque de débattement des casemates fixes. 
 
 casemate M 270
casemates M 270 et M 305 et le Leitstand

Dans cet esprit, la casemate en béton de près de 700 tonnes montée sur sa soute à munitions est orientable grâce à un chemin de roulements par galets, prélevé sur le cuirassé français Provence. Pendant le tir du canon de 15 cm SK/28, la casemate pivote pour présenter son embrasure vers la mer. Après celui-ci, elle lui oppose son dos dont l’épaisseur de béton armé est prévue pour être plus résistante qu’un blindage. Néanmoins, la casemate présente un défaut majeur : le roulement de galets est fragile, c’est pour cette raison que le chemin de roulement est normalement protégé par le débordement de la tourelle et que l’espace dédié aux galets est réduit au strict minimum.  Cela n’empêche cependant pas un éclat de pénétrer par cet interstice lors de l’attaque canadienne de septembre 1944, grippant l’ensemble et figeant la tourelle dos à la mer.
 

casemate rotative M 305

Dans un premier temps, la défense du site repose sur un canon antichars de 2,5 cm PAK 11, plusieurs pièces de Flak et quelques canons de petits calibres. Après plusieurs changements, en juin 1944, la défense est assurée finalement par 4 pièces de 4 cm Flak, un projecteur de 150 cm et deux canons de 7,62 cm… 

 le Leitstand
A la fin de septembre 1944, la batterie est enlevée par la 3e division d’infanterie canadienne et les pièces neutralisées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire