La batterie Waldam semble perdue dans un océan de verdure.
Pour y accéder, un chemin mal carrossé, le « Digue taaf » qui met les
amortisseurs à rude épreuve part de la batterie Oldenburg de Calais. Inutile
d’aller plus loin au croisement avec le chemin de Waldam, il est en sens
interdit. Bien que sur le territoire de Marck, il faudra revenir sur ses pas en
repassant par Calais.
Le chemin de Waldam mène à un poste de garde plus loin vers
la mer, une guérite en béton signale l’entrée de la position en faisant face à
un poste de garde. En plusieurs endroits des tétraèdres émergent des
broussailles et servent souvent de limite aux chemins, permettant de barrer les
accès avec des chaines.
Il faut encore faire attention et choisir ses dates pour
visiter les lieux. Des panneaux avertissent de ne pas sortir des chemins en
raison de piégeages. Soit… Cela interdit
donc pour l’heure de tenter de visiter les casemates autres que le M 270 qui
bordent le chemin. C’est qu’en cours du cheminement vers la tourelle M 305 que
l’on s’aperçoit que plusieurs installations allemandes ont été reconverties en
huttes de chasse, surtout autour des étangs entre la batterie et l’estran. La
position reste néanmoins une de celles qu’il faut absolument visiter en raison
de l’unicité de la casemate rotative.
Avant-guerre, les Français avaient établi une batterie
d’artillerie au Fort-Vert pour défendre Calais, occupée et rééquipée par les
Allemands après la prise de la ville.
La batterie « Waldam » est créée en juillet 1940
pour la protection orientale du port de Calais. Codée Küsten-Batterie MI, elle
est constituée de trois pièces de 17cm SKL/40 placés à ciel ouvert. Au début de
l’année 1942, la batterie passée à la Kriegsmarine, commandée par un Leitstand SK
rehaussé par un troisième niveau, est remplacée par trois canons de 15 cm
SKC/28 qui sont installés sur les emplacements initiaux. Chaque canon monté sur
sellette repose sur une plateforme encadrée par deux soutes à munitions. En
arrière, le personnel loge dans des abris de type SK/Kriegsmarine ; des
locaux en béton ou mi-brique mi-béton servent à la logistique du site (abri
cuisine, garages, abri infirmerie, abri usine, latrine, etc.) dont plusieurs
portent des inscriptions nominatives.
un des garages de la batterie
En 1943, la batterie est rattachée à la MAA 244 de Calais en
tant que première batterie puis est codifiée en Stützpunkt 15. Ses
effectifs sont alors de 3 officiers, 23 sous-officiers et 123 marins.
En août de la même année survient un second changement en
profondeur. Deux casemates de type M 270 vont accueillir deux des trois
matériels de 15 cm alors que la troisième pièce est prévue pour une
installation sous une casemate expérimentale, de type M 305, dont le prototype
a été confectionnée au Pio-Park de Gennevilliers sur ordre du Generalmajor
der Marin Pionier Franz Habich, dans l’espoir de palier à l’inconvénient du
manque de débattement des casemates fixes.
casemate M 270
casemates M 270 et M 305 et le Leitstand
Dans cet esprit, la casemate en
béton de près de 700 tonnes montée sur sa soute à munitions est orientable
grâce à un chemin de roulements par galets, prélevé sur le cuirassé français
Provence. Pendant le tir du canon de 15 cm SK/28, la casemate pivote pour
présenter son embrasure vers la mer. Après celui-ci, elle lui oppose son dos
dont l’épaisseur de béton armé est prévue pour être plus résistante qu’un
blindage. Néanmoins, la casemate présente un défaut majeur : le roulement
de galets est fragile, c’est pour cette raison que le chemin de roulement est
normalement protégé par le débordement de la tourelle et que l’espace dédié aux
galets est réduit au strict minimum.
Cela n’empêche cependant pas un éclat de pénétrer par cet interstice
lors de l’attaque canadienne de septembre 1944, grippant l’ensemble et figeant
la tourelle dos à la mer.
casemate rotative M 305
Dans un premier temps, la défense du site repose sur un
canon antichars de 2,5 cm PAK 11, plusieurs pièces de Flak et quelques canons
de petits calibres. Après plusieurs changements, en juin 1944, la défense est
assurée finalement par 4 pièces de 4 cm Flak, un projecteur de 150 cm et deux
canons de 7,62 cm…
le Leitstand
A la fin de septembre 1944, la batterie est enlevée par la 3e
division d’infanterie canadienne et les pièces neutralisées.
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