In : Guides illustrés Michelin
des Champs de bataille (1914-1918) - Arras et les batailles d'Artois - Michelin
et Cie, Clermont-Ferrand, 1920
"ARRAS PENDANT LA GUERRE
Les Allemands n'ont occupé Arras
que pendant trois journées. Entrés dans la ville le 6 septembre 1914, ils
durent se replier le 9. A part quelques pillages, ils ne se signalèrent par
aucun acte de violence mais imposèrent de fortes réquisitions en argent, vivres
et objets.
Presqu'aussitôt après leur
départ, commença le "martyre d'Arras". Les troupes impériales, en
effet, restèrent accrochées aux portes même de la ville et l'investirent du
nord au sud, à une très faible distance, d'une lieue à peine par endroits. Le
cimetière, situé dans le faubourg Saint-sauveur (derrière la gare), dut être organisé
défensivement; de profondes tranchées sillonnèrent en tous sens ses allées.
Le siège dura trente et un mois,
jusqu'en avril 1917. Les bombardements furent innombrables. Ils commencèrent le
6 octobre 1914, et dans les seules journées des 6, 7 et 8, plus de 1.000 obus
tombèrent sur la ville, dont seules la gare et les casernes étaient occupées
militairement. Les artilleurs ne cessèrent de tirer sur les quartiers du centre
et principalement sur les deux célèbres places qui étaient la plus belle parure
monumentale d'Arras. Dès le 7 octobre, l'Hôtel de ville fut incendié, quelques
jours plus tard, 69 obus abattaient le beffroi.
Les bombardements, dans la suite,
se ralentirent : presque chaque jour cependant, quelques éclatements de bombes
venaient rappeler la présence toute proche de l'ennemi. Puis, à certains
moments, les tirs de destruction reprenaient furieux. Le 9 juillet 1915,
notamment, près de 6.000 obus, dont un grand nombre étaient incendiaires,
explosèrent dans Arras, parachevant la ruine de la cité, mettant le feu à
l'ancienne abbaye Saint-Vaast et à la cathédrale.
L'année 1916 et les premiers mois
de 1917 virent d'autres bombardements non moins violents. Jusqu’à l'offensive
d'avril 1917 qui dégagea la ville. Arras ne connut pas une heure de réelle tranquillité.
On comptait, à cette époque, 962
immeubles complétement détruits, 1.595 partiellement détruits et non
réparables, 1.735 atteints plus ou moins sérieusement mais réparables. Sur les
4.521 maisons de la ville (faubourgs non compris), 292 seules étaient indemnes.
Cependant le martyre d'Arras
n'était pas encore consommé. En mars 1918, lorsque se déclencha la grande
offensive impériale, les bombardements reprirent, causant de nouvelles ruines,
abattant complétement des édifices encore debout. La ville, que certains de ses
habitants s'étaient toujours refusés à abandonner, dut être alors totalement
évacuée. Cinq mois après, à la fin d'août 1918, l'armée britannique enfonça les
lignes ennemies devant Arras et mit en deux jours la ville définitivement hors
de portée du canon."
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