lundi 3 février 2020

La Motte aux Bois en 1789 : état des lieux


in Victor-Eugène Ardouin-Dumazet - Le Nord de la France en 1789, Flandre, Artois, Hainaut - Régis Lehoucq éditeur, Lille, 1989 (l'édition originale est un ensemble d'articles dans l'Echo du Nord, parus à la fin du XIXe siècle)
 



 


LA MOTTE-AUX-BOIS - Ce lieu n'est plus qu'un village de 500 habitants, n'ayant même pas rang de commune, puisqu'il dépend de Morbecque; mais c'était jadis, au point de vue administratif, un centre considérable. 
 
Sa position au milieu de la belle forêt de Nieppe en avait fait le siège d'une maîtrise des Eaux-et-Forêts qui tenait ses séances le samedi. Près de ce tribunal, il y avait un receveur, un aumônier, un arpenteur juré, quatre procureurs, un garde général et quinze gardes particuliers, plus un garde pour chacun des bois de Bailleul, de Merris et d'Ecousses.
 
En outre la Motte-aux-Bois, qui avait possédé un château fortifié, pris en 1645 par les maréchaux de Gassion et de Rantzau, était restée le chef-lieu de la seigneurie ressortissant à ce château, seigneurie portant en 1789 le titre de Château Royal dit les Cinq Tenances. Ce château royal était une juridiction qui tenait ses séances le mardi de chaque semaine. Il avait comme grand bailli pour le roi, M. Clennewerck, avocat au Parlement, capitaine. Un lieutenant-bailli, sept échevins, un greffier, un commis au greffe, un collecteur et cinq sergents complétaient cette juridiction.
 
On a dû être frappé de l'énorme quantité de gens de lois qui existaient dans la Flandre maritime. D'après les chiffres que venons de donner pour chaque ville, in voit alors qu'il y avait alors, dans les pays qui forment aujourd'hui les arrondissements de Dunkerque et d'Hazebrouck; 178 avocats, 50 procureurs. Aujourd'hui, ces professions n'existent plus que dans les deux chefs-lieux et il n'y a que 16 avocats et 9 avoués.
 
Le nombre extraordinaire des avocats et des procureurs ou "chicanous" s'expliquait par cette multitude de tribunaux et de juridictions que l'on rencontrait dans chaque ville. Comme le justiciable devait entretenir ces nuées de magistrats, d'avocats, de procureurs, de greffiers, de sergents, etc., on comprend les cris jetés dans les cahiers contre les gens de loi et de la Justice. Certes, tout n'est pas pour le mieux aujourd'hui, mais cependant il y a eu progrès sensible de ce côté-là. Et c'est à la Révolution qu'on doit ce progrès."

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